I just want my beer ♣ Max

« - Quelle est l'heure de la sortie du patient docteur Voïnov ? Pour que je puisse remplir la fiche de liaison.
- 20 heure 58 »
Répondit le chirurgien après avoir levé les yeux vers l'horloge qui surplombait le bloc opératoire. Il regarda le patient endormi s'en aller sur un brancard. C'était un vieil homme qui souffrait d'une artère coronaire qui s'obstruait. Sans l'intervention, il risquait l'arrêt cardiaque à tout moment mais c'était de l'histoire ancienne pour lui à présent. Il pourrait reprendre sa vie normale. Alekseï enleva ses gants et arracha le tissu bleu qui protégeait sa tenue opératoire. C'était sa dernière opération de la journée et il était temps que cela se termine. Il adressa un signe de tête aux infirmières qui s'activaient afin de rendre le bloc opératoire propre avant que les femmes de ménage ne viennent terminer le travail. Il n'était pas très expressif comme praticien et les infirmières et infirmiers qui l'assistaient ne savaient jamais sur quel pieds danser avec lui.
Il était tard et pourtant il n'était pas le dernier chirurgien à sortir de sa salle. En effet, en arpentant les couloirs, il passait devant deux ou trois salles qui étaient encore ouvertes. Il prit la direction de la salle de repos en attrapant sa blouse au passage, qu'il enfila. Il avait dans l'espoir d'y trouver Max, son grand ami et confrère, qui devait être lui aussi sur le point de terminer son service. Sur le chemin, il fut arrêté par le chef de bloc qui l’interpella :
« - Docteur Voïnov ? Vous avez l'air sur le point de partir mais je dois vous dire qu'il y a beaucoup d'urgences ce …
- J'en ai rien à faire, il y a les médecins de garde pour ça. »
Lui rétorqua-t-il, toujours avec sa légendaire délicatesse. Il n'avait vraiment pas envie de passer la nuit ici et il se dépêcha de rejoindre la salle qu'il avait initialement prévu d'atteindre. Lorsqu'il ouvrit la porte, sans grande surprise, il trouva Max assit avec quelques infirmières, buvant un café.
« Ma parole, je te trouve toujours ici, j'ai l'impression que tu ne travailles jamais Max ! »
Lança Alekseï, un ton rieur qui était essentiellement destiné à son ami. Le cardiologue se dirigea vers la machine rouge qui devait contenir ce délicieux breuvage qui est censé faire garder les yeux ouverts. Dans une grande déception, Alekseï se tourna vers son ami, le verseur vide dans la main et un air faussement désabusé sur le visage.
« Tu ne fous rien de ta journée et en plus tu ne me laisse même pas un peu de café ? Je devrais aller me plaindre à la direction ! »
Sur ces mots, il émit un rire franc et prépara un nouveau café. Les infirmières gloussaient à la vue de ces deux très charmants médecins, tout les deux célibataires qui plus est. Sans y faire attention, Alekseï tira une chaise vers son ami et s'installa dessus presque en s'y laissant tomber. Il aimer taquiner Max, mais il savait très bien que ce dernier avait sûrement eut, lui aussi, une journée très chargée. Il était vraiment bosseur et c'est aussi ça qu'appréciait Alekseï. Ils s'étaient rencontrés lors de l'arrivée du cardiologue et le courant est instantanément passé entre eux. Ils sont très vite devenus un duo incontournable de l'hôpital, jurant parfois et riant à gorge déployée d'autre fois, dans les couloirs sans se soucier du monde qui les entourent. Ce sont les deux médecins aux accents bizarres et ils aiment ça.
« Je sais pas toi, mais moi je suis partant pour aller se boire une bière dès qu'on sortira de ce trou. »
Alekseï lança cette invitation en sachant très bien que son confrère accepterai.  

« Mademoiselle, c'est la quatrième fois que je vous vois ici, cette semaine. Et nous sommes Mercredi. Votre appendice a été retiré et l'incision est tout à fait normal. Elle mettra plusieurs semaines mais cicatrisera normalement. » Max passa sa paume dans sa tignasse, les yeux posés sur la jeune femme devant lui. Au départ, il avait tout de même vérifier que tout allait bien quand elle était arrivé mais là. Quatre fois en trois jours, c'était plus qu'une grosse connerie. Ce n'était pas la première fois que des patients s’inquiétaient après une opération mais à ce stade là, il avait plus l'impression d'être l’appât plus que la santé de celle-ci. « Vous êtes sûr, Docteur ? » Non, pas du tout, je fais ça uniquement pour vous voir partir, je suis un très mauvais médecin, c'est connu. Max avait l'envie de sortir ce genre de phrase mais il se devait de rester poli et ça, même si l'envie n'y était plus. Sourire encré sur le visage, Max ajouta. « J'en suis certain, faites moi confiance. J'ai du travail maintenant. » D'un geste de la main, il quitta la salle et rejoignit le couloir. Et à peine était-il sorti que l'une des infirmières lui tombe dessus. Max reposa les yeux sur la montre et fut plus qu'heureux de voir qu'il n'allait pas tarder à finir. « Docteur Agnew, le patient de la chambre 165 ...
- se plaint de douleur abdominale. Je sais. L'intervention est prévu dans plusieurs heures. Je ne peux rien lui donner pour le moment. » Max s'excusa à nouveau et prit le chemin de la salle de pause. Il avait besoin d'un café, de quelque chose de plus fort même. Mais l'alcool était légèrement prohibé sur le lieu de travail. Quel dommage. Max pousse la porte de la salle et n'est pas surprit de voir deux infirmières déjà occupés à papoter. En général, la salle est bien plus pleine que ça mais l'heure tardive devait avoir envoyé la plupart des infirmiers ou médecins hors de l’hôpital ou occupé avec tel ou tel malade. Forcément. C'était un hôpital après tout. Saluant les jeunes femmes, il se dirigea directement vers sa meilleure amie du moment. La cafetière. Cafetière presque vide, d'ailleurs. Tant pis pour le suivant, pensa simplement Max en prenant ce qui restait de café et rejoignit la table. Déjà, les conversations fusaient sur les patients, l'envie de s'en aller, d'aller dormir et Max s'y joignit avec plaisir. Même si le sujet constamment tourné sur l'hôpital lui donnait envie de dormir, il n'allait pas remballer tout ça.
D'ailleurs, à peine assis depuis quelques minutes qu'une grosse voix doté d'un puissant accent emplis rapidement la pièce. « Ma parole, je te trouve toujours ici, j'ai l'impression que tu ne travailles jamais Max ! » Sans même tourner la tête, Max savait de qui il s'agissait. Impossible de le confondre avec quiconque. Alekseï, seul médecin dont Max était réellement proche. Cela faisait déjà quelques temps qu'ils se connaissaient et Max l'adorait et ne s'en cachait jamais. C'était son meilleur ami et tout le monde dans l'hôpital en était conscient. «  Moi ? Travailler ? Mais où tu vas chercher ça. » Déclara Max en riant. Suivant déjà son ami du regard. Pas de café ? Oups. En général, Max refaisait du café en guise de respect pour les autres mais ce soir, il n'avait pas eu l'envie. Puis il savait qu'Alekseï ne lui en voudra pas. D'ailleurs, le voilà qui se manifeste. Sourire toujours présent sur les lèvres, Max levait les yeux vers son amis. Se plaindre à la direction pour un manque de café. Vraiment. «  Va donc te plaindre, tu viendras pleurer devant chez moi puisque tu ne trouveras jamais un collègue aussi magnifique et drôle que moi. Qu'est ce que tu ferais entre ses murs sans moi, Hm ? » Bien entendu, Alekseï était un très bon médecin, un ami hors pair et si Max venait à partir, il continuerait de se débrouiller tout aussi bien. Toutefois, rien ne dit qu'il s'amusera autant dans la salle de pause ou dans les couloirs s'il n'y était pas. Et c'était aussi valable du coté de Max. Son ami prit place à coté de lui alors que l'écossais se mit à boire une énième gorgée de café.« Je sais pas toi, mais moi je suis partant pour aller se boire une bière dès qu'on sortira de ce trou. » Comment pouvait-il lire dans ses pensées ? A l'instant, il avait pensé à de l'alcool. Bon, un faible alcoolé tant donné qu'il s'agissait de bière mais la question n'avait pas réellement lieu d'être. Max était célibataire, sans enfant et personne ne l'attendait chez lui. Alors quelle raison aurait-il de refuser une sortie aussi intéressante ? Parce que oui, c'était toujours intéressant bien qu'ils se soient fait virer de plus d'un barre à cause de bruit qu'ils faisaient tout deux. «  Une seule ? Petit joueur. Je suis partant, tu le sais. Oh, tu te souviens de la patiente qui est venu trois fois déjà ? Elle est revenu, vingt minutes avant.  » Max en avait déjà parlé sous le coup de la rigolade mais il s'attendait presque à ce que la patiente ne l'attende devant l'hôpital voir pire.

Aussi magnifique et drôle que Max ? Alekseï arqua un sourcil de façon très exagérée puis éclata de rire. C'est vrai que les services hospitaliers seraient bien moins drôles sans son grand ami.
« Ah mais je suis perdu sans toi Max, c'est bien vrai. Je te suivrais jusqu'en écosse s'il le fallait tu le sais bien. »
Le russe continua de rire. Max était une des seules personnes avec qui Alekseï se sentait bien et avec qui il riait à s'en décrocher la mâchoire. Il avait prononcer sa dernière phrase sur le ton de la plaisanterie mais en réalité, il serait réellement malheureux si un jour il devait se séparer de son ami alors il préférait se dire que ce moment n'arriverait jamais.
Il hocha la tête en guise de remerciement lorsqu'une des infirmières présentes se leva pour lui servir son café et fut très heureux que son ami accepta son invitation. Bien évidemment, il était certain qui ni l'un ni l'autre ne s’arrêterait à une seule bière. Il était d'ailleurs presque prévisible qu'ils terminent au beau milieu de la nuit à appeler un taxi pour pouvoir rentrer, car ils seraient très probablement incapables de se rendre chez eux par leurs propres moyens. Les ravages de l'alcool sont terribles n'est-ce pas.
Il écouta attentivement le récit de son confrère et un petit sourire en coin se dessina sur son visage. Cette patiente venait voir le docteur Agnew un nombre incalculable de fois par semaine. Pour une appendicectomie qui s'était pourtant très bien passée. Le cardiologue hésitait entre la considérer comme une hypocondriaque ou alors, et cette idée était bien plus drôle, de s'imaginer qu'elle venait exclusivement pour voir son charmant médecin traitant et donc que sa plaie ne lui faisait absolument pas mal.
« Mais mon vieux … Je t'ai déjà dit qu'il fallait arrêter de draguer tes patientes. Tu les fais toutes craquer avec tes beaux yeux bleus alors je pense que tu risques de revoir cette demoiselle en manque d'amour ! »
Il adressa à son ami un clin d’œil évocateur. Cette femme était probablement éprise de son médecin et cela amusait énormément Alekseï qui n'avait de cesse de taquiner son ami sur ce sujet. Max était d'ailleurs beaucoup plus à l'aise que lui avec la gente féminine et c'était peu de le dire. Depuis le décès d'Anna, sa fiancée, Alekseï était devenu presque fuyant avec les femmes, surtout en dehors de son temps de travail. Sauf avec Ashleigh, son étudiante qui faisait tout pour le séduire et qui ressemblait un peu trop à Anna d'ailleurs. Il fallait qu'il en parle à son ami, pour avoir son avis, et il le ferait une fois assis confortablement dans un fauteuil, un rafraîchissement à la main.
Une fois qu'ils eurent terminés leurs cafés, les deux hommes se levèrent et prirent la direction des vestiaires afin de sortir le plus vite possible de l'hôpital avant que quiconque ne les intercepte. Mais c'était sans compter les jeunes étudiants saouls du samedi soir. Des gloussements stridents se firent entendre du côté des urgences et un interne arriva en courant dans les couloirs. L'écossais et le russe baissèrent instinctivement la tête afin de passer inaperçus, presque à raser les murs. Non pas nous, s'il vous plaît, pas nous. Malheureusement, le jeune homme s'arrêta devant eux, complètement essoufflé et en posant ses mains sur ses cuisses il leur demanda de l'aide.
« Docteurs, s'il vous plaît, il y a un groupe d'étudiantes complètement saoules qui viennent d'arriver aux urgences. Deux d'entre ce sont battues avec d'autres filles et elles ont des plaies ouvertes qu'il faut recoudre. Je suis déjà en train de m'occuper d'un patient alors, vous pouvez m'aider ? »
Alekseï se retint fermement pour ne pas l'envoyer paître et serra les dents en poussant un long soupir d'agacement. Il laissa son confrère répondre car celui-ci avait beaucoup plus de tact en ce qui concernait les relations humaines.  

« Ah mais je suis perdu sans toi Max, c'est bien vrai. Je te suivrais jusqu'en écosse s'il le fallait tu le sais bien. » Max se mit à sourire tout en agitant la tête. Réellement, si Alekseï n'était pas là, il s'ennuierait d'une telle force. Certes, il adorait son travail mais parfois, la rigolade le détendait réellement. Quand à le suivre jusqu'en Ecosse, il espérait que ça n'arrive jamais. Non pas qu'il ne voulait pas qu'il rencontre sa famille mais c'était encore trop compliqué dans la tête de Max. Même si Alekseï connaissait un bon nombre de chose sur sa famille à l'heure qu'il est. « Tu supporterais 5millions d'Ecossais toi ? Crois-moi, j'arrive à réduire mon accent mais là-bas, tu ne te retrouverais pas même en demandant ton chemin. Certains mots sont très différents. » C'était aussi en parti pour ça que ses premières années à Harvard avait été un réel enfer. Son accent, ses expressions bizarres et un manque cruel de confiance en lui avait rendu la première année insupportable. Mais ce n'était plus important maintenant. Il avait évolué dans tout les sens du terme. Max avait tout de suite accepté pour sortir. Il était très rare voir impossible qu'il refuse lorsqu'il s'agissait d'Alekseï. C'était un peu la seule personne à qui il ne refusait rien du tout. « Mais mon vieux … Je t'ai déjà dit qu'il fallait arrêter de draguer tes patientes. Tu les fais toutes craquer avec tes beaux yeux bleus alors je pense que tu risques de revoir cette demoiselle en manque d'amour ! » Max se mit à rire et les infirmières par la même occasion. Il ne draguait pas les patientes. Il était juste.. normal. Gentil et ça suffisait à en attirer plus d'une. Que pouvait-il y faire ? Il ne faisait rien avec les patients si ce n'est son boulot. Mais derrière cette rigolade, Max savait très bien qu'il allait la revoir un bon nombre de fois. Certes, il se montrait toujours gentil, essayant de dire gentiment qu'il ne fallait pas revenir si le problème n'était pas urgent. Mais il allait finir par être bien plus ferme si ça continuait dans le temps. « Elle a dix neuf ans, elle pourrait être ma fille, s'il te plait. Et ce n'est pas de ma faute si je suis né avec une beauté renversante. » Max adresse un clin d'oeil à son ami, mêlé à son rire avant de finir le café qui lui restait et attendit patiemment que son ami ne fasse de même. Une fois fait, les deux s'étaient déjà mis en quête de rejoindre les vestiaires, délaisser leurs blouses et enfin sortir de l'hôpital pour ensuite rejoindre le bar et s'enivrer d'alcool.
Dans le couloir, des gloussements, des voix de femmes bien trop fortes pour être à jeun. Max leva les yeux vers son ami. Tout deux n'avaient même plus besoin de parler pour se comprendre. D'un regard, Max savait déjà qu'il fallait faire preuve de beaucoup de discrétion, se faire tout petit. Mais difficile avec leurs carrures respectives. Du moins, celle d'Alekseï. Mais dès que l'interne courra dans le couloir, Max le voyait gros comme une maison. Ils allaient rester plus longtemps à cause de ça. Et ça ne loupa pas. « Docteurs, s'il vous plaît, il y a un groupe d'étudiantes complètement saoules qui viennent d'arriver aux urgences. Deux d'entre ce sont battues avec d'autres filles et elles ont des plaies ouvertes qu'il faut recoudre. Je suis déjà en train de m'occuper d'un patient alors, vous pouvez m'aider ? » Max donna un léger coup de coude à son ami puisqu'il le sentait déjà bouillonner et avoir l'envie de remballer l'interne. Au final, ils se complétaient plutôt bien. Un groupe d'étudiante. Deux s'étaient battus mais dans quel état était les autres ? A tout les coups, ils allaient devoir supporter les dires bizarres des jeunes femmes. Max leva les yeux sur son ami avant de sourire en direction de l'interne.  « Hm, il n'y aucun docteur de libre, médecin de garde ou autre ? On est censé avoir déjà terminés.
- Ils sont tous avec un patient.
-  Je vois. On va s'en s'en occuper.. » annonça Max en tapotant le dos de son ami. A tout les coups, ça ne lui plairait pas mais il ne pouvait pas faire grand chose face à ça. C'était leurs travail et ils ne pouvaient pas laisser les étudiantes sans le moindre soin. Avant que son ami ne dise quoi que ce soit, Max le poussa en direction des gloussements et conversations qui fusaient dans le couloir. « Je te paye les bières ce soir. Courage. » Très honnêtement, Max tentait de se donner autant de courage qu'Alekseï allait devoir avoir lui aussi. Parce que supporter une étudiante ivre, c'était quelque chose de très délicat. Accompagné de son ami, Max rejoignit déjà les urgences pour découvrir un groupe de filles installés sur les chaises. A leurs arrivés, un pseudo sifflement venant de l'une d'elle le fit sourire amusé par la situation. Au final, tout ça risquait d'être drôle. Max leva les yeux vers son collègue et fit passé un simple "Sois aimable." par le bien de son regard puis se dirigea déjà vers une blonde bien moins souriante que les autres. Evidemment, la plupart des salles étaient prises et il n'y avait qu'une de libre. « On va devoir utiliser une salle pour deux. » L'étudiante présente devant lui avait plusieurs coupures au visage, une plus profonde au niveau de l'arcade. Comment des étudiantes pouvaient se battre et s'ouvre comme ça. Max amène déjà la jeune femme dans la salle et l'installe sur le bord du lit. Suffisamment vers le haut pour que la patiente d'Alekseï puisse faire de même. « Bonsoir, je suis le docteur Agnew. Vous pourriez m'expliquer comment ça s'est passé ? » Honnêtement, ça allait être bien compliqué puisqu'elle ne faisait que pouffer de rire malgré la douleur. Le médecin gardait son calme et tentait de comprendre les propos peu cohérents de la jeune femme. S'il comprenait bien. L'une des étudiantes lui avait piqués sont petite-amie. C'était une bonne idée de les mettre côte à côte ? D'ailleurs, à peine Alekseï et sa patiente n'arrive que celle de Max se réveille et se fait plus virulente. Bien plus qu'elle ne l'était. Elle se redresse et tangue déjà pour aller reprendre sa bagarre. « Hey ! Hey! Du calme, c'est un hôpital, pas un ring de catch. » Max attrape la jeune femme et l'installe sur une chaise, les mains fermement posé sur les épaules. « Ecoutez, où vous vous calmez, où c'est le tranquillisant. Je dois vous soignez et si vous bougez comme ça, je vais vous défigurer. »

Ses yeux bleus qui avaient virés au noir océan plongés dans ceux de l'interne, Alekseï pensa à toutes les insultes possibles et inimaginables qu'il pourrait lui lancer, là, maintenant, tout de suite. Mais il se ravisa de prononcer un seul mot lorsqu'il sentit le coude de son ami sur son propre bras. Non pas qu'il était fainéant, mais le contact humain, c'était pas son truc. Ironique pour un médecin ? C'est d'ailleurs pour cela qu'il avait préférentiellement choisi la chirurgie. Moins de patients éveillés, plus d'endormis.
 « - Hm, il n'y aucun docteur de libre, médecin de garde ou autre ? On est censé avoir déjà terminés.
- Ils sont tous avec un patient.
- Je vois. On va s'en s'en occuper.. »  
Le russe poussa un long soupir non dissimulé mais ne dis toujours rien. Il préférait ne pas se mêler de cette conversation sous peine de ne pas contrôler les mots qui allaient sortir de sa bouche. L'éternel mauvais caractère russe. Max était là, et était beaucoup plus diplomate que lui, beaucoup plus professionnel et surtout avait un meilleur contrôle de lui-même. Il avait trouvé en la personne de l'écossais, une sorte d'âme sœur. Un ami qui le complète et que lui aussi complète. Et dans cette situation, il était très content d'être avec lui. Toujours fixé sur l'interne qui commençait à éprouver de la peur vis-à-vis du cardiologue, ce dernier sentit les mains de Max pousser dans son dos. Une véritable scène de dessin animé en quelque sorte. Dans les couloirs, plusieurs regards se retournèrent sur eux.
« - Je te paye les bières ce soir. Courage.
- J'espère bien, parce que je préfère tes 5 millions d'écossais et même mes 145 millions de russe, plutôt qu'une bande de pimbêches alcoolisées. »
Puis ils se mirent en route vers les urgences. Alekseï râlait mais savait pertinemment que son ami n'était pas plus enchanté que lui de devoir reculer leur beuverie. Ils auraient même pu se repérer à l'odeur puisque le service empestait l'alcool et raisonnait de rires ainsi que de pleurs féminins. Un sifflement de la part d'une des jeunes femmes arracha un grognement à Alekseï qui fut aussitôt réprimer par le regard de Max qui voulait tout dire : sois gentil s'il te plaît. Le russe prit sur lui et se dirigea vers la deuxième estropiée : une jeune femme brune, complètement décoiffée et vêtue d'une robe noire un peu trop courte. Elle était en larme et n'arrivait vraisemblablement pas à s'arrêter de pleure. Alekseï posa sa main sous son menton et sans aucune douceur, il lui releva le visage. Visiblement, sa rivale était plus combative qu'elle. Cette dernière était griffée de partout, son nez saignait, elle avait une boucle d'oreille arrachée et présentait une plaie assez profonde dans le coin de la bouche, au niveau du pli labial.
« - On va devoir utiliser une salle pour deux.
- Décidément, on ne se quitte plus. En tout cas, c'est moi qui suis tombé sur la victime de la bagarre, c'est vraiment pas mon jour. »
La victime en question n'entendit même pas ce qu'il venait de dire, trop occupée à faire entendre ses sanglots dans l'hôpital tout entier. Le temps qu'il aide la jeune femme à se relever, Max était déjà entré dans la salle. Ce serait trop facile si elle voulait bien prendre la peine de se lever alors puisque celle-ci ne semblait pas réagir aux demandes du chirurgien, ce dernier l'attrapa par les épaules et fit quelques mètres pour l'installer aux côtés de la patiente de Max. Les hurlements de l'étudiante redoublèrent d'intensité. Alekseï serra fort sa mâchoire et reporta son attention sur le récit décousu de l'autre bagarreuse. Une histoire de voleuse de petit ami ? Alekseï arqua les sourcils en signe d'étonnement. Quelle idée de se battre pour des garçons qui, vu leurs âges, devaient déjà les avoir trompées plus d'une fois. Il lança un regard désespéré à son confrère lorsque la blonde bondit soudainement sur la brune qui n'avait pas cessé de pleurer. Le russe poussa un juron dans sa langue maternelle avant de s'interposer entre les deux femmes saoules. Max avait déjà intercepté sa patiente et l'avait assise plus loin sur une chaise.
« - Ecoutez, où vous vous calmez, ou c'est le tranquillisant. Je dois vous soignez et si vous bougez comme ça, je vais vous défigurer.
- Ne, hic ! … Ne soyez pas si méchant docteur Agnew … Hic ! … Si vous étiez mon petit ami et que … qu'elle vous avez piqué à moi, hic ! … Je vous défendrais aussi sauvagement … Hic ! »
Lui répondit-elle avec un petit sourire évocateur sur les lèvres et les cheveux qui lui revenaient sur le visage. Elle se mit à rire sans aucune raison et posa sa main sur le torse de Max. Alekseï assista à cette scène et ne put s'empêcher d'émettre un rire étouffé.
« Alors docteur Agnew, ce n'était pas une meilleure idée d'aller boire une bière plutôt ? »
Lui lança le russe sur le ton de la plaisanterie. Puis il se retourna vers sa patiente pour commencer à lui nettoyer le visage du sang qui cachait partiellement les plaies qu'il allait devoir recoudre. Il n'avait même pas prit la peine de se présenter, de toute façon, elle n'était certainement pas en état de comprendre un traître mot de ce qu'il pourrait lui dire.  

Max n'en croyait simplement pas ses yeux. Deux étudiantes qui se battent pour un mec. C'était à s'en tordre de rire. Il est vrai que ça n'arrivait pas si rarement que ça mais généralement, elles ne se battent pas. Ce sont des remarques, des insultes mais jamais de bagarre. Max avait donc immobilisé sa patiente sur l'une des chaises et venait de lui expliquer qu'elle devait à tout prix se calmer sauf si elle voulait être défiguré. Il devait quand même s'occuper de son arcade alors il valait mieux qu'elle ne bouge pas du tout. Où le moins possible. « Ne, hic ! … Ne soyez pas si méchant docteur Agnew … Hic ! … Si vous étiez mon petit ami et que … qu'elle vous avez piqué à moi, hic ! … Je vous défendrais aussi sauvagement … Hic ! » Max avait l'envie de rire réellement. Sa patiente se mit à rire et même à mettre sa paume sur son torse. Le médecin posa gentiment les doigts sur son poignet pour l'y ôter avant que son meilleur ami n'en remet une couche. « Je suis flatté que vous seriez capable de vous battre pour moi sauf que je ne trouve pas qu'une femme qui se bat soit réellement sexy pour moi. Et je suis persuadé que la personne pour laquelle vous vous battez le pense aussi. » Max était honnête. C'est mignon une femme qui se bat pour lui mais pas au sens propre du terme. Et pour en revenir à ce qu'Alekseï disait. Si. Boire une bière était bien mieux que de s'occuper de ses filles mais fallait-il remuer le couteau dans la plaie. Une bière, du whisky, n'importe quoi suffisamment bon pour pouvoir lui faire oublier une soirée pareille. « En effet, Docteur Voïnov, je regrette ouvertement d'avoir accepté. Tu as quels horaires demain? Parce que je ne compte pas rentrer à dix heures. » Il comptait rester autant qu'il le pouvait. Max ne travaillait pas ou n'était pas censé travailler le lendemain mais il était toujours impossible de prévoir. Pour le moment, c'était quasiment sûr.
La patiente d'Alekseï commence déjà à s'agiter. Elle hoquette, se fige un peu sous les doigts d'Alekseï qui tente de nettoyer ses plaies. « P-Pourquoi..? vous allez.. t-toujours voir ailleurs... même q-quand vous avez une.. copine ?! Tous d-des connards! » Ajoutez les sanglots et c'était difficile compréhensible.  Max se tourna vers son collègue, bien curieux de savoir ce qu'il allait pouvoir répondre à celle-ci. Léger sourire aux lèvres, le médecin se retourna vers sa propre patiente pour attraper les mèches et décaler de son visage. Max releva légèrement le visage de la jeune femme puis commençait déjà à nettoyer le sang qui avait commencé à sécher sur certaines zones de son visage. En parallèle, la patiente d'Alekseï semble avoir oublié le petit ami au profit du russe. « Vous êtes c-célibataire ?» Max éclate de rire.

« Je suis flatté que vous seriez capable de vous battre pour moi sauf que je ne trouve pas qu'une femme qui se bat soit réellement sexy pour moi. Et je suis persuadé que la personne pour laquelle vous vous battez le pense aussi. »
Comme un enfant, Alekseï étouffa un rire non contrôlé aux paroles de son ami. Il se l'était permit puisque les jeunes femmes étant saoules, elles ne se rendraient probablement pas compte de l'hilarité des médecins qui prenaient soin d'elles. La jeune femme mit quelques secondes pour comprendre ce que venait de lui dire Max puis elle mima avec exagération la déception. En général, une femme faisait une petite moue, c'est très mignon, mais là, c'était tout bonnement ridicule et pathétique.
Rentrer à dix heures ? En effet ce n'était pas dans les intentions du russe non plus, ni même dans ses habitudes. Vu comme la soirée avait commencé, il était beaucoup plus probable que les deux hommes finissent dans un bar de la ville, à boire autant comme autant et à ne plus pouvoir rentrer par leurs propres moyens. Cela leur arrivait régulièrement. Ils aimaient ça et ne s'en cachaient pas. Ils venaient tout deux de pays où la fête est joyeuse et ne connaît jamais de fin alors forcément, ils n'étaient pas les derniers à picoler comme des trous.
« J'ai un cours demain matin à 11 heures. Mais ne t'en fais pas, ce ne sont que des premières années, alors que je sois sobre ou encore ivre, ils n'en comprendront pas un traître mot. Et toi ? »
Il lança un regard amusé à son ami alors que celui-ci commençait à soigner sa patiente qui venait miraculeusement de retrouver la parole. A croire qu'elle avait mit plus de temps qu'ils ne l'avaient pensé à comprendre ce que venait de dire Max.
« Vous n'êtes v-vraiment pas drôle … Docteur. J-je suis c-certaine que vous … Que vous la p-préférez elle ! »
S'exclama-t-elle en pointant du doigt l'amie qui était assise en face d'Alekseï. Cette dernière, comme réveillée par enchantement elle aussi, s'agita entre les mains du russe qui poussa son énième soupir de la journée.
« - P-Pourquoi..? vous allez.. t-toujours voir ailleurs... même q-quand vous avez une.. copine ?! Tous d-des connards!
- C'est agréable de votre part de nous considérer ainsi en tout cas. C'est probablement pour cet état d'esprit que votre bien aimé est allé voir votre meilleure amie d'ailleurs. »
A ces mots, la meilleure amie en question tenta de sauter une nouvelle fois de sa chaise pour venir arracher les cheveux de brune. Instinctivement, Alekseï tourna le dos à la blonde afin que les deux femmes femmes ne puissent plus avoir de contact visuel. Max calma très vite sa patiente et se mit à prodiguer ses soins. Pour le moment, elle restait plutôt calme.
« Vous êtes c-célibataire ? »
Alekseï n'en cru pas ses oreilles. Venait-elle réellement de lui demander ça ? Tout en haussant les sourcils, il termina d'ôter le sang séché de son visage. Il commença à s'occuper de son oreille qui ne nécessiterait probablement que d'un seul point du suture. Le médecin se mit alors à préparer la petite seringue de produit anesthésiant local pour que les points se fassent sans douleur.
« Oui tout à fait, mais je ne suis absolument pas intéressé si c'est ce que vous voulez savoir mademoiselle. »
Le russe se tourna discrètement vers Max et roula des yeux avant de reproduire avec ses lèvres, mais sans son, les mots « au secours ».
« V-vous allez me faire mal D-docteur ? Non parce q-que ... Que vous ç-ça va, mais votre c-copain il a p-pas l'air commode ! »
La blonde joignit ses mains entre ses propres genoux et se mit à balancer ses jambes comme une enfant.  

Il était généralement très rare que Max rentre tôt lorsqu'il sortait avec Alekseï. Simplement parce les deux compères ne se fixaient pratiquement jamais de limite. Plus d'une fois, Max était venu travailler avec une gueule de bois sans nom. Et travailler dans un hôpital avec une gueule de bois était généralement très compliqué. Tout simplement parce qu'un hôpital, ça s'agite, c'est bruyant. Forcément. De ce fait, difficile de se concentrer réellement. « J'ai un cours demain matin à 11 heures. Mais ne t'en fais pas, ce ne sont que des premières années, alors que je sois sobre ou encore ivre, ils n'en comprendront pas un traître mot. Et toi ? » Bon. Max était rassuré. Il n'allait pas avoir à se retenir ou même rentrer trop tôt à cause du travail d'Alekseï. C'était déjà une bonne chose. Max n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait allier professorat et travail à l'hôpital. « Je ne travaille pas demain. C'est encore mieux que toi. Enfin, jusqu'à nouvel ordre, ce n'est pas le cas. » Max avait à peine fini sa phrase que sa patiente se réveille. Préférer la patiente à une autre ? C'était déjà absolument improbable qu'il ne sort avec une patiente mais en plus une étudiante. Non, impossible. Trop jeune déjà et ce n'était simplement pas possible de son coté. Il aurait l'impression de sortir avec sa fille potentielle. « Je ne préfère aucune de vous deux. Et croyez moi, je suis très drôle mais ça n'a rien à voir avec mes préférences. » Alekseï rajouta une couche. Max ignorait si ça avait été fait en toute connaissance de cause ou non mais à peine les deux à nouveau en contact visuelle, elles s'agitèrent à nouveau. Décidément, il allait falloir les tranquilliser... Max grogna et déposa à nouveau ses paumes sur les épaules de l'étudiante pour la tenir en place. De vraies boules de fureur. « Un mouvement et c'est le tranquillisant. Je ne rigole plus. » Max avait peu de patience en général. Simplement parce qu'il n'aimait pas faire un travail en une heure trente alors que ça ne devait pas nécessiter plus d'une trentaine de minutes, voir moins. Aussi, il connaissait à légèrement en avoir ras la casquette et son accent revenait en force rien que pour cette raison. Max finissait de nettoyer le visage de sa patiente et se redressa déjà pour attraper la seringue qui, à l'origine, était non loin du lit. Et déjà, le célibat d'Alekseï venait sur le tapis. Demander à un médecin du double de son âge s'il était célibataire. C'était la meilleure. Max réprimait son rire pour ensuite rejoindre sa patiente. « V-vous allez me faire mal D-docteur ? Non parce q-que ... Que vous ç-ça va, mais votre c-copain il a p-pas l'air commode ! » Lui faire mal ? Bien sur que non. Si ce n'était pas nécessaire. D'autant plus que l'anesthésie devait remédier à la potentiel douleur qu'elle pourrait ressentir. Mais Aleklseï, peu commande. C'était faux. Il pouvait faire peur au premier abord, être un peu bourru mais pas de là à ne pas être commode. Max ôta la protection recouvrant la seringue puis agita la tête. « Je risque de vous faire mal si vous bougez, oui. Mais l'anesthésiant vous endormira au moins la zone. Et mon copain est très commode, il faut juste apprendre à ne pas lui taper sur le système nerveux. Rien de bien horrible. Ne bougez pas. » Max se mit à pouffer de rire, il n'était pas très bon pour pouvoir décrire quelqu'un. Il adorait Alekseï et n'avait donc pas un avis très objectif de son meilleur ami. Max décala l'imposante mèche de la blonde pour ensuite injecter l'anesthésiant dans la zone qu'il devait recoudre. A commencer par l'arcade sourcilière gauche. « I-Il faut vraiment u-une piqûre.. » La patiente d'Alekseï recommençait à s'agiter et c'était déjà levé pour pouvoir s'éloigner du médecin et de la seringue. Apparemment, elle était bien plus effrayé par la piqûre qu'Alekseï à présent. Max se tourna d'ailleurs vers la jeune femme puisqu'elle titubait dangereusement. « On va échanger. Prend celle-ci, je vais m'occuper d'elle. l'arcade est déjà endormi. » Max savait très bien qu'il allait avoir peu de patience et autant qu'ils échangent pour que Max tente de la calmer sans trop d'encombre. Le médecin rejoignit la brune et la rattrapa à nouveau avant qu'elle ne tombe. Décidément, elles avaient chargés la dose. « Asseyez vous, déjà. Ce serait bête de vous blesser un peu plus. Et je ne peux pas vous recoudre à vif. C'est vraiment pas possible. »