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J'ai des envies de meurtres face à mon ridicule, je ne saurai même pas dire ce que j'espère en entreprenant cela, entre Miwako et lui, je me sais en train de faire une connerie, de me complaire dans la vague de mes propres idioties, mais tant pis, j'ai voulu, je tente, putain, je survie. Trois mois déjà que mon père ne m'a pas adressé la parole, trois mois que je m'essaie à cette vie qui ne me ressemble pas. Me transformer en future mère modèle, chose avec laquelle je ne m'en sors carrément pas. Toujours au même point, à tenter de me dépatouiller avec mes lendemains. Devenir une autre et ne même pas le remarquer, il faut bien avouer qu'à ce jeu, je suis bien douée. Je me dépeins dans les envies des autres, et parfois, j'en viens à penser que je n'ai jamais encore vécu pour moi. C'est grisant, d'arriver à vingt neuf ans et comprendre cela. Mais lorsque ses songes deviennent présents avec trop de force, je les efface, je les ignore, et encore une fois c'est mon monde qui trépasse, qui m'agace. Et quand j'ai eu envie – ou plutôt le besoin – de prouver à mon père une nouvelle fois qu'Omnicom pourrait me revenir une bonne fois pour toute. Lui montrer que mes espoirs restent inchangés bien que j'ai choisi l'amour à son mariage arrangé. C'est avec une facilité déconcertante que j'ai pensé à lui. Me souvenant de nos années universitaires, de ses talents, et de la vivacité avec laquelle je m'y prenais pour lui déplaire. Et malgré le fait que nos contacts étaient restés faibles, parce que c'est comme ça, la vie, ça poursuit son chemin, et on ne reste pas longtemps étudiants aussi bien qu'insouciant, il a étrangement répondu présent.
Le dos courbé, assise sur une chaise trop dure de la bibliothèque, je l'attends. J'ai les pupilles qui vacillent entre les différentes informations, les décomptent d'Omnicom. Parce que même si mon père m'a renié, il faut croire que je suis encore appréciée de quelques-uns de ses associés. Alors je regarde, j'essaie de comprendre, de mieux visualiser, quand c'est tout autre chose qui attire mon attention. Un magazine ayant perdu son propriétaire. La photo de couverture m'interpelle. « Le fils Suttler se remet d'avoir été largué devant l'hôtel. » Alan, entouré de trois filles en bikinis, juste là pour cacher, pour faire croire à un brin de féminisme détourné, putes à souhaits. « Vacances à Ibiza, le jeune millionnaire savoure sa liberté. » Que je m'entends murmurer, un besoin de le tuer se perdant dans ses mots que je n'aurai pas du cracher.
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