Bonne ou mauvaise surprise ? + Happy

« Soit à l’aéroport dans une heure et si tu n'es pas là, je viendrai te chercher moi-même sans-souci. Prend seulement ton passeport. »

Voilà le message que tu venais d’envoyer il y a un peu moins d’une heure à ton propre jumeau, tu allais l’emmener quelque part pour qu’il prenne un peu de plaisir enfin du moins plus qu’il ne pouvait en prendre actuellement. Tu passas ta langue sur tes lèvres, tu avais les mains dans les poches attendant son arrivée, attendant qu’il se ramène pour que vous puissiez prendre le jet privé de tes parents pour partir à Amsterdam pour que tu puisses lui prendre des putes dignes de ce nom. Tu avais remarqué à quel point son ancienne copine était coincée, à quel point elle passait pour quelqu’un de frigide alors c’était ton rôle de l’aider dans cette chose, toi qui prenait sûrement plus son pied que lui. Tu passas encore une fois ta main dans tes cheveux te demandant s’il allait venir ou pas, tu le prendrais réellement mal de ne pas le voir devant toi après l’effort que tu étais en train de faire. Tu lui demandais rien, mais juste sa présence, tu ferais en sorte de tous payer sachant qu’il n’avait pas les moyens alors, que tu en avais plus que lui, beaucoup plus.

Happy ne pouvait s’empêcher de lire et de relire le sms que son jumeau lui avait envoyé quelques instants plus tôt. Prendre son passeport, être à l’aéroport… c’était un piège ?! Difficile de penser le contraire étant donné la façon dont ils s’étaient quitté après leur rencontre. Houleuse, leur rencontre. Pourtant, la curiosité avait poussé l’américain à prendre juste son sac en bandoulière, son passeport - comme demandé - et de rejoindre effectivement Ael. Enfin, d’essayer en tout cas car le trafic était plutôt pourri aujourd’hui. Par chance, il fut pile à l’heure pour le rendez-vous prévu, et fut en mesure d’apercevoir son jumeau au loin. Ce dernier crierait-il victoire ? Difficile à dire. En tout cas, le futur véto prenait ladite invitation avec une montagne de pincettes, histoire de ne surtout pas être déçu à l’arrivée. « Bonjour » lança-t-il d’un ton relativement aimable, bien que prudent. « C’était un canular ton message ou bien… ? »

Tu avais une cigarette dans les mains, encore et toujours. Tu devrais sûrement arrêter, mais vu ce qu’il se passait dans ta vie ce n’était pas plus mal. Tu allais être père, putain, un gamin aurait tes gènes, tu étais dans une situation sentimentalement trop compliquée pour toi qui détestait les sentiments et pour couronner le tout, tu avais des soucis avec ton propre jumeau parce que tu étais trop con pour être sympa vers lui. Quoi que tu étais en train de faire un pas vers lui, non ? Tu penchas ta tête en pensant à une telle chose attendant qu’il arrive, qu’il se ramène et tu ne savais même pas s’il était capable de venir ou pas, tu pourrais comprendre qu’il ne vienne pas après ce que tu as été capable de lui dire. Tu étais bien le seul à insulter son jumeau de pute, mais tu assumais totalement. « Salut. » Tu étais en quelque sorte soulagé de le voir, tu tiras une nouvelle fois tout en levant les yeux au ciel avant de reprendre la parole. « Si c’était un canular, je ne serais même pas devant toi à l’heure actuelle. Je t’emmène à Amsterdam. »

Pour être honnête, Happy ne savait pas très bien ce qu’il foutait là, avec son sac en bandoulière, devant Ael. Il le dévisagea un peu, normal, ils s’étaient sortis de telles amabilités que l’américain doutait fortement pouvoir revenir en arrière. Difficile de ne pas être persuadé que son frère le détestait alors qu’il ne connaissait strictement rien de sa vie et que visiblement, à part son petit nombril, il ne s’intéressait pas à grand-chose. « Oh tu aurais bien été capable de venir pour me dire d’aller me faire foutre, non ? » fit-il valoir sans violence, commençant à être hautement habitué aux sautes d’humeur du loustic. Et puis il le croyait sincèrement capable de venir pour mieux le planter, quoique, là il avait l’air sérieux. Happy pencha légèrement la tête, avant de froncer les sourcils. « Pourquoi Amsterdam ? » Il avait peur de la raison à laquelle il pensait. Sincèrement.

Tu soupiras face à la réaction du jeune homme, sérieusement si tu avais eu envie de lui faire un coup de pute, tu n’aurais pas bougé ton cul de ta propre maison pour la simple et bonne raison que tu devais faire attention à Aymalyne qui portait votre enfant, de ta sœur qui était là. Des choses dont bien plus importante que lui, mais pour une fois tu avais envie de faire un truc pour lui, un truc bien du moins à tes yeux. « Non, je n’aurais pas pris la peine de sortir de chez moi pour faire ça. Tu aurais été là comme un con à m’attendre, mais comme tu peux voir c’est pas le cas. Alors soit tu mets tes doutes en silence, soit tu me dis que tu ne veux pas et j’annule. » En gros décide toi et fais pas chier. Mais autant ne pas le dire d’une telle manière connaissant la personne que tu avais devant toi, il pourrait très vite prendre la mouche et te faire une crise. Tu n’avais pas envie de te battre pour une telle chose. « Parce que vu comment été ton ancienne copine autant que je fasse en sorte que tu connaisses le vrai plaisir. J’suis quasi sûr que tu n’as jamais eu une bonne partie de jambes en l’air et c’est ce que j’vais t’offrir. » Tu haussas les épaules tellement pas gênées de dire une telle chose, de lui faire savoir ce que tu avais en tête. Tu étais comme ça de toute manière.

« Tu pourrais juste éviter de prendre la mouche à chaque fois que j’essaye de comprendre un truc sur toi ? Allo je te connais depuis quoi ? Quelques semaines ! Pas étonnant que je doute de ta façon d’être étant donné la façon dont on s’est envoyé chier la fois dernière » mit-il en avant dans le plus grand calme, ne rajoutant aucunement de l’huile sur le feu. Happy avait beau savoir lire entre les lignes avec une grande facilité, on ne pouvait pas lui demander d’être extralucide pour autant. Il fallait qu’Ael mette un peu d’eau dans son vin sans quoi leur voyage à Amsterdam allait virer au pugilat. « Ah… ah ouais quand même ! » fit-elle avant de laisser échapper un petit rire. Oui, l’américain s’avouait amusé que son frère, qui détestait apparemment tout ce qu’il représentait puisse avoir ce genre de geste et même soit soucieux de son bien être à ce niveau là. Aussitôt, les traits d’Happy se détendirent, prêt à jouer le jeu, mettant de côté la rancune ayant été la sienne jusqu’ici avant d’oser un sourire. « J’y suis sensible. Très sensible. J’sens qu’on va se marrer, je ne sais pas pourquoi… on y va ? » reprit-il d’un ton plus léger.

« Tu pourrais remettre toutes mes actions en doute ? Tant que tu feras pas d’effort, je vois pas pourquoi j’en ferais dans cette histoire. » Non, mais il rêvait lui. Il mettait en doute tous ce que tu étais capable de faire et il fallait que tu sourisses en ne disant rien. Il te connaissait pas, c’était clair et tu te demandais réellement si tu avais envie qu’il te connaisse. Bref, tu montas dans l’avion ne faisant pas attention à lui, s’il ne voulait pas venir soit, mais pour une fois que tu faisais quelque chose pour quelqu’un, tu aimerais bien que la personne ne le remarque, mais il était peut-être trop con pour voir une telle chose. Tu te plaças dans un siège laissant tes mains se poser sur une table en regardant le plafond, tu tournas finalement la tête le voyant rentrer dans l’avion. « On ira dans un hôtel de mon père, on aura rien à payer et on aura chacun sa chambre. » Il était hors de question que tu dormes avec lui, ouais réellement impossible parce que tu n’avais pas envie de le voir sauter une quelconque personne ou se faire sauter. Tu ne savais pas s’il savait si faire ou pas, tu ne préférais pas savoir.

Happy leva les yeux au ciel. Pour sûr, Ael avait inventé la mauvaise foi, ce n’était pas dieu possible. Mais plutôt que de chercher la guerre et d’envenimer les choses - et d’annuler en prime le voyage, lui qui ne partait jamais - il se contenta de monter docilement dans l’avion dans le plus grand silence. Un silence quasi monacal. Son jumeau finit par tourner la tête vers lui et cela le surprit, de même que son discours. « En même temps si l’on est à Amsterdam vaut mieux… j’ai hâte de voir l’hôtel » fit-il en tentant un sourire avant de rejoindre sa place, sentant l’ambiance s’alourdir de minute en minute, au point que c’en devint insupportable. Ce fut à ce moment là que l’américain se tourna à nouveau vers Ael, faisant cet effort qu’il lui reprochait apparemment de ne jamais faire alors que jusqu’ici, il en avait fait et pas qu’un peu, surtout lors de leur rencontre. « Je pense qu’on pourrait essayer de repartir sur de bonnes bases et apprendre à se connaître plutôt que de se cracher tout le temps à la gueule, non ? C’est la première fois que je quitte le territoire, c’est super sympa que tu m’emmènes et j’ai pas envie qu’on gâche ça. Je suis désolé d’avoir douté, je ne pensais pas que tu m’inviterais. Je pensais que tu ne voudrais plus jamais voir ma tronche, c’est tout. On fait table rase ? » proposa-t-il en lui tendant la main pour sceller l’accord.

Non, franchement ce gars te sortait pas les trous de nez, réellement. Tu ne savais pas quoi faire, ni quoi dire pour qu’il arrête de croire que tu es un monstre, un putain de monstre qu’il ne lui voulait que du mal. Tu étais un connard et grand dieu, tu l’assumais totalement, mais tu avais aussi un cœur. Tu étais aussi capable de faire des choses bien pour les autres, pour faire plaisir à ton entourage et surtout qu’il puisse profiter en quelque sorte de ce qu’il n’a pas pu avoir dans sa vie. Mais s’il était comme ça, il pouvait clairement aller se faire foutre. Tu n’allais pas te prendre la tête toutes les semaines avec ce mec. « Ouais, mais on y va pour toi et pas pour moi. » Ouais, tu devais malheureusement rester droit parce que pour le coup, tu avais fais pas mal de connerie en très peu de temps. Tu avais fait en sorte de mettre ta meilleure amie enceinte même si tu ne le voulais pas réellement, ça s’était passé et tu assumais ton acte à fond. « On fait table rase. » Tu pris sa main pour sceller l’accord sans rien dire de plus, tu ne pouvais clairement rien dire de plus parce que tu ne savais pas quoi penser. Tu n’aimais pas qu’on remette en doute tes actions donc s’il faisait des efforts, peut-être que ça pourrait mieux se passer entre vous.

Okay, Ael lui faisait clairement comprendre qu’il était allé trop loin mais nul besoin de cela, Happy le savait déjà et la culpabilité pesait fortement contre ses épaules. La preuve, il marchait sur des œufs et peinait à ouvrir la bouche de peur de dire une connerie et de voir son jumeau se barrer purement et simplement ! « Vrai, t’as fait cet effort pour moi » reconnut-il une fois assit, se tournant une fois en vol, ceinture détachée et possibilité de pouvoir parler plus librement avec son frère en face sans risquer un torticolis. Par une chance incroyable, Ael accepta de serrer sa main et de faire table rase, alors que jusqu’ici, le futur véto n’était pas certain qu’il accepte la chose. C’était un premier pas vers une possible entente, bien que tout restait encore à faire. Le voyage allait être long jusqu’à Amsterdam, autant ne pas les passer à s’entretuer. « Merci d’avoir accepté de faire table rase… ça me permet de te dire officiellement qu’en fait… t’es tonton. C’est un peu compliqué et je le sais pas depuis longtemps moi-même mais d’une petite Marie. C’était l’occasion rêvée de te l’apprendre du coup ! » Happy ne savait pas si c’était possible d’avoir de quoi boire pour célébrer, il attendait plutôt la réaction du jumeau d’abord.