HOLLERY + I can't try but I'll never forget

I can try but I'll never forget
— with hollery

Je crois que pas mal de gens me diraient que c’est une mauvaise idée de venir voir Avery comme ça, mais je leur répondrais que personnellement, je ne pense pas que ça en soit une. J’veux dire, avant toute chose, on est amis lui et moi et il n’y a pas de raison qu’on puisse agir comme tel. J’appréhende un peu sa réaction parce que même s’il est attaché à nous, à moi, je sais qu’il arrive à se distancer de tout ça et il me l’a prouvé à plusieurs reprises : c’est toujours lui qui s’éloigne, lui qui m’envoie balader et qui arrive à me regarder dans les yeux et à me dire qu’il a tourné la page ou qu’il a tiré un trait sur nous. « D’accord. » Téléphone à l’oreille, il raccroche et je vois bien le regard qu’il me lance. Un regard à moitié surpris et qui n’a pas forcément envie qu’on revienne sur notre dernière conversation. « C'est en quel honneur ? » Je fais un pas dans sa chambre et je me tourne vers lui en souriant un peu. « Bon. On a merdé j’pense qu’on est tous les deux d’accord avec ça ? J’t’ai fait mal, tu m’as fais mal et je suis sûre qu’on le regrette tous les deux. » Je pose le sachet plastique de bouffe sur le bureau et je le regarde à nouveau. « J’suis encore amoureuse de toi. J’ai jamais arrêté de l’être et je pense que je le serai toujours. Maintenant tu l’sais, mais ça changera rien de toute façon parce que j’suis amoureuse de Lincoln aussi. » Je ne pensais pas avant que c’était possible d’aimer deux personnes, je n’y avais jamais cru et pourtant, je me retrouve aujourd’hui dans cette situation. « Ca changera rien parce que je t’aime, parce que je l’aime et parce que la grande différence entre ces deux situations, c’est que lui, il m’aime aussi et ça n’est plus ton cas. » Il me l’a fait comprendre l’autre soir.. enfin, je pense. Du coup, ça facilite forcément les choses. Y’a pas de choix à faire, rien. J’suis avec lui, j’suis bien avec lui et il n’y a pas de raison que ça change. « On peut juste oublier tout ça et reprendre où on était avant l’autre soir ? J’ai pas envie de te perdre Avery. J’ai pas envie de perdre ce qu’on a. » Je continue de le regarder, espérant que sa réponse sera positive. Même si ce qu’on a est compliqué, même si on se fait souvent du mal je peux pas m’imaginer sans lui dans ma vie. C’est juste impensable.

Instinctivement, il dirait qu’en discuter est la pire idée du siècle. Pourtant il le faut. Il faut crever l’abcès ou le malaise va s’installer entre les deux étudiants. C'est loin d'être son souhait. Av aimerait juste revenir en arrière. S’il pouvait effacer cette journée, il l’aurait fait. Que ce soit la fusillade, les visions d’horreurs, cette conversation. « Bon. On a merdé j’pense qu’on est tous les deux d’accord avec ça ? J’t’ai fait mal, tu m’as fais mal et je suis sûre qu’on le regrette tous les deux. » C’est plus difficile de tenir le regard aujourd’hui ; y a plus l’adrénaline, plus l’affront dans les yeux.  « J’suis encore amoureuse de toi. J’ai jamais arrêté de l’être et je pense que je le serai toujours. Maintenant tu l’sais, mais ça changera rien de toute façon parce que j’suis amoureuse de Lincoln aussi. » Tu sais, ce que tu m’as dis l’autre soir, j’me le suis pas répété. J’ai trié le tout, j’me suis dis que t’avais balancé ces mots à cause de la colère. Je joue avec la facilité. Je me noie dans le déni. Parce que ce que tu m’racontes là, ca ne me rend pas insensible. Tais toi Holly. Tais toi si c’est pour rappeler le passé. On a merdé ce soir-là. Point. Pas besoin de reprendre où on en était. « Ca changera rien parce que je t’aime, parce que je l’aime et parce que la grande différence entre ces deux situations, c’est que lui, il m’aime aussi et ça n’est plus ton cas. » Les yeux se ferment un instant. Je veux rien voir ; pas ce que tu penses de mon cœur battant ; pas ce que ma poitrine me dit. Mes mains se joignent. Enfant nerveux. Je subis ta sentence. « On peut juste oublier tout ça et reprendre où on était avant l’autre soir ? J’ai pas envie de te perdre Avery. J’ai pas envie de perdre ce qu’on a. » Une vague de frisson l’envahit. Rapide. Intense. « Ouai ouai. J’ai déconné, j’étais pas bien. C’était con de ma part de t’attaquer à propos de ce que tu ressens pour Lincoln. » Pouah, l’hypocrite. Mais c’est bien, il devient meilleur menteur avec le temps. « Si tu juges qu’il est bon pour toi, alors okay, j’dirais plus rien. Et pour le reste.. c'est bon, on y reviendra pas.»  Parler de Lincoln est devenu plus confortable que de parler de nous.

(Invité)