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L’épuisement ne se détachait pas de mon visage et même si je trichais en prenant soin de me maquiller, de faire toujours en sorte que mon image soit impeccable, je sentais bien que j’étais en train de péter un câble à l’intérieur. Je me sentais me rapprocher dangereusement de ce point de rupture et malgré moi, cette envie de me barrer revenait, de couper les ponts avec tout ce qui se passait ici. La situation n’avait rien à avoir avec celle d’il y a quatre ans mais j’ignorais pourquoi elle faisait remonter tout ce que j’avais ressenti à cette période-là. Je me sentais impuissante, épuisée, triste et comme emprisonnée. Je n’avais parlé qu’à peu de personnes depuis l’incendie de la Eliot et la sortie de Noah, c’était comme si parler me demandait de faire un effort considérable et avec la date du mariage qui approchait je sentais que je perdais un peu plus pied. J’avais passé ma journée à gérer des problèmes d’entreprise, c’était l’un des inconvénients d’être une héritière pleine aux as. Je devais me rendre à l’évidence, je ferais sans doute une excellente avocate mais je n’étais pas faite pour la finance, je ne savais pas parler aux actionnaires, je ne savais pas comment calmer leurs craintes et encore moins supporter leurs caprices. Malheureusement pour moi, mon oncle lui était parfaitement à l’aise dans ce monde-là, comme tous les Lloyd d’ailleurs et plus le temps passait, plus je voyais mon héritage m’échapper. Exaspérée après avoir passé ma journée au téléphone, je finis par sortir vers 18h, direction le centre-ville, j’avais besoin de prendre l’air, de manger un morceau et de voir autre chose que les quatre murs de ma chambre. Je sortais de mon petit restaurant chinois préféré, un plat emporté en main, me disant que le moment où je le dégusterais serais le seul bon moment de la journée et je croisai une silhouette connue. Une ancienne amie en vrai, je ne lui avais pas parlé depuis tellement longtemps que je ne savais même plus ce que ça faisait. Je l’ignorais, faisais comme elle n’existait pas et comme si l’amitié qu’on avait partagée n’existait pas. Pourtant ces dernières semaines j’avais eu maintes occasions de lui parler, je l’avais croisé plusieurs fois à l’hôpital et je supposais que comme moi, elle venait voir Noah. Je l’avais ignoré, alors même que la curiosité et l’inquiétude me rongeait en sachant qu’il était possible qu’ils soient proches. C’était plus facile pour moi de faire comme si elle n’existait pas plutôt que de me prendre ce qu’on avait fait en pleine figure. Je la dépassai de quelques mètres, faisant comme si je ne la connaissais pas comme à mon habitude avant de m’arrêter et de soupirer bruyamment. « Lara …. », je ne savais absolument pas ce que je foutais, ni ce que j’allais lui dire. Je finis par me retourner en la regardant « Je dois te rappeler qui je suis ou tu t’en souviens encore ? ». L’insolence m’avait toujours aidé quand je me sentais mal à l’aise et c’était exactement le cas.
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