Nom, prénom, mensurations ?

Besoin de sortir, besoin de me changer les idées… Logé chez Feryel, j’avais trouvé refuge dans un bar pour la soirée. La présidente Quincy était overbook, et dîner en tête à tête aux chandelles avec son insupportable coloc, non merci. Me voilà donc, installé à une table, avec une poignée d’amis Eliot. Un à un, ces derniers se levèrent et quittèrent l’établissement. Des cours à réviser, la fatigue des récents évènements, et me voilà rapidement seul à ma table. Mon regard balaya alors les lieux, cherchant quelqu’un pour me tenir compagnie… Et mes prunelles se stoppèrent sur cette sulfureuse blonde. Jolie. Sexy. Et eliot. Je l’avais déjà aperçue au sein de la confrérie, avant que cette dernière ne parte en fumée. Je me concentrais en l’observant, me concentrant histoire de me remémorer son prénom. Un VP qui ne connaissait pas le nom et le prénom de chacun de ses membres, ça n’était pas sérieux. Et c’est fier et persuadé d’avoir réussi à m’en souvenir que je m’avançai vers elle pour lui offrir un verre en la saluant : « Bonsoir TaNia. Tu vas bien ? Je t’offre un verre ? » On ne refuse pas une invitation de son vice président, jamais. Même quand ce dernier se plante haut la main…

Les tuiles à Harvard ça n'en finissait pas. Toi, qui avait opté pour une chambre à la Eliot pour profiter un peu de ses journées et soirées étudiantes pleine de vie, tu te retrouvais à y renoncer définitivement aux vues des circonstances atténuantes. Pourtant ton père t'avait prévenu, en appartement tu seras plus tranquille. Forcément il ne pouvais être que rassuré de te savoir à la maison dans un bel appartement dans un quartier sécurisé. Princesse de son papa peut-être, mais il avait toujours eu du mal avec ton côté aventurière qui tenait pas en place. Quoiqu'il en soit, ce soir tu prenais un verre, un joli cocktail  fruits rouges qui avait tendance à te faire du bien en toutes circonstances. Abordée par presque ton prénom, surprise, tu as reconnu Cole bien plus qu'aisément. Tu as grimacé avant de sourire légèrement. « Outch.. essaye encore. » Lui as-tu suggéré. Arf tu détestais ça. Tu préférais encore qu'on ignore ton prénom plutôt qu'on l'écorche. « Peut-être même deux verres, si jamais tu aspires à te faire pardonner. » Tu ne le connaissais que très peu mais tu lui reconnaissais un charisme certain.

J’arrivais vers la demoiselle, sourire charmeur, regard chaleureux, son prénom au bout des lèvres… Ou pas. Elle grimaça aussitôt en l’entendant, me gratifiant d’un –outch- révélateur de ma bêtise, me laissant une chance de me rattraper. Bye bye mon assurance, j’enchainais maladroitement : « La fatigue, les incendies, je suis désolé… » Prenant un air éreinté d’un coup, espérant qu’elle n’allait pas d’emblée me cataloguer comme le pire VP de l’histoire de la confrérie. En tout cas, elle ne perdait pas le nord, profitant de mon erreur pour réclamer un deuxième verre. « Tout ce que tu voudras… » fis-je en faisant un signe de main au barman pour qu’il approche et nous serve avant de reporter mon attention sur la jeune femme, redoublant de concentration pour tenter de me remettre son vrai patronyme en tête. J’étais certain de ne pas être très loin du compte pourtant. Tina ? Non… Je me retins de le dire, continuant de réfléchir mentalement quelques secondes avant d’opter pour une autre option : le présentations formelles. « Cole Smythe Wildingham. Vice président de la Eliot House et occasionnellement amnésique. » me présentai-je donc avec un certain humour, en lui tendant la main avant de préciser : « Les jolies filles m’ont toujours fait perdre mes moyens. » Ouais, Cole timide devant une nana, on n’y croit presque. Mais toute les excuses étaient bonnes pour justifier ma défaillance de VP.

Il se pointait face à toi sur de lui, et en même en se plantant il gardait cette classe, cette tenue, ce charisme. C'était toujours plaisant de faire face à ce genre de personnes, et puis un vice président c'était pas rien. Vous étiez bien servis chez les Eliot. Oui tu étais satisfaite. Tu n'étais pas tant une suiveuse, mais disons que tu aimais être au milieu d'une certaine osmose, te sentir en phase avec tes paires. « C'est vrai que ça a foutu un sacré bordel.. » Oui tu étais un peu blasée par tout ça. Hormis le fait que ce détail avait donné raison à ton père, tu restais quand même outrée de voir que le karma en avait un peu trop après Harvard. Tu étais trop joviale pour tout ça, toi ! Tu as remercié ton interlocuteur d'un sourire, sans avoir véritablement exigé des excuses certes mais il s'était excusé en plus t'offrir un verre, peut-être même deux vu que tu jouais les capricieuses. « C'était déclaré ça ? Je veux dire ton côté amnésique ? Pour peu qu'il y ait erreur sur la marchandise.. ça peut vite fausser les votes ces conneries. » Peut-être un peu taquine, sans trop te prendre au sérieux. Tu te doutais bien qu'il essayait de faire passer au mieux cette erreur sur ton prénom. C'était classe de sa part. Tu lui as tendu la main poliement avant de rire à sa réplique. Oui c'était plus fort que toi. « Je suis persuadée que c'est l'inverse. Ta réputation te précède cher VP. » Oui autant dire les choses comme elles étaient. Tu as bu une gorgée de ton verre avant de reprendre, bavarde que tu étais. « TaLia.. tu n'étais pas très loin.. Talia Esma Wolfer. » Pour reprendre la présentation du jeune homme, oui.  

Il semblerait que malgré ma boulette, toutes mes chances ne soient pas grillées. J’aurais pu baragouiner un truc sur mon premier amour imaginaire du nom de Tania, pour justifier ma gaffe sur son patronyme, mais je choisis de mettre tout ça sur le dos des récents événements, la fatigue et le bordel que cet incendie avait eu comme conséquence. Elle approuva, sans se départir de son joli sourire, autre indice qui me laissa espérer avoir encore mes chances. J’essayais, de toutes mes forces, de remettre les bonnes lettres, dans le bon ordre, dans ma tête, mais finalement, mon cerveau avait peut être vraiment grillé dans les flammes… Ou alors il était déjà saturé de noms de nanas, autre possibilité. J’optai donc pour des présentations formelles, usant d’humour pour justifier mon omission. Elle s’amusa donc de ma supposée amnésie me tendant quand même sa main que je serrai avec un petit sourire, ajoutant une autre excuse pour ma défense qui, pour le coup, la fit carrément rire. Et ma réputation arriva sur le tapis. « Et qu’est-ce qu’elle dit ma réputation ? » Que tu vas finir dans mon lit ? Mon sourire s’étira, je le savais bien ce qu’on disait, j’avais été élu –le plus intimidant- au bal, pas –le plus intimidé- Et j’appris finalement son identité, constatant qu’en effet, sur une simple lettre je m’étais trompé. « Enchanté de te rencontrer officiellement Talia Esma Wolfer. » Ce qui me permit d’enchainer : « C’est d’ailleurs surprenant qu’on ne se soit pas davantage parlé avant ce soir… » Et je m’avançais peut être un peu là… Enfin si j’avais déjà eu la demoiselle dans mes conquêtes, me tromper sur son prénom m’aurait surement valu une gifle et non pas ce charmant sourire. « On devrait rattraper ça, apprendre à mieux se connaître… » Mes prunelles se perdirent sur sa silhouette un instant, puis restèrent bloquées sur ses lèvres… Nos bouches devraient apprendre à mieux se connaître oui, voilà ce que semblait crier mon regard.

  Oui c'est vrai tiens ! Que disait sa réputation ? Une chose est sure tu en as retenu ce que tu voulais. Tu le voyais comme un mec en place. Assumé, charismatique et   entier. Bourré de défauts, tu n'en doutais bien mais il s'en sortait bien par sa prestance. C'était amplement suffisant à tes yeux. Il ne laissait pas indifférent. C'était ce qui fallait quand il s'agirait d'avoir des représentants, non ? Elle dit que tu attises toutes sortes d'émois, que tu ne laisses jamais indifférent. Blanc ou noir. Certainement. Tu ne voulais pas trop le flatter pour autant. Tu restais vague mais tu n"étais pas celle qui lui apprendrait quoique ce soit sur ce qu'on pense de lui. Tu as bizarrement et ridiculeusement apprécié qu'il reprenne ton patrinyme complet et tu as fini par répondre à sa remarque. Sûrement parce que je préfère qu'on vienne à moi et non l'inverse. Non tu n'étais pas si associable mais chercher à copiner avec le vice président ? Loin de toi l'idée. Pourtant tu lui reconnaissais ses atouts. C'était plus gratifiant comme ça, selon son initiative spontanée ! Tu as fait un pivot de quarante cinq degrés sur ton haut tabouret pour mieux lui faire face. Tu as senti cette intensité dans son regard sortie de nulle part. Tu as sourit. Tes lèvres pulpeuses ne pouvaient se retenir de sourire. Ton verre à la main après une gorgée tu lui as demandé. Qu'est-ce' tu proposes ? Un portait chinois ? Oui tu te jouais cette tension qu'il installait avec une facilité déconcertante. Tu n'en attendais pas moins de lui pourtant ! Mais ça n'empêchait que tu en étais outreusement amusée.

  J’aimais la réponse de la demoiselle. Pas trop niaise, pas trop mielleuse, pas trop flatteuse pour mon égo, mais pas trop piquante non plus. Ses mots étaient chargés de vérités en fait. Un petit sourire étira mes lèvres, et elle m’expliqua ensuite qu’elle était souvent dans l’expectative : elle attendait qu’on vienne à elle. Pas la peine de préciser que j’avais passé ces trois derniers mois en couple, et que donc je m’étais tenu loin de toutes les jolies filles dans son genre capable de mettre à mal ma fidélité. Ceci expliquait donc cela, et pourquoi, probablement, nous n’avions pas encore fait des étincelles, la blondinette et moi. « Une chance que ce soir j’ai surmonté ma timidité pour t’aborder. » soufflai-je alors, avec une certaine forme d’ironie au moment d’évoquer mon pseudo côté introverti. Mon regard se baladait partout, partout là où voudraient se balader mes mains, mes lèvres… Cette fille me plaisait, et quand je soufflai vouloir la connaître davantage, quelque chose dut me trahir dans mon regard surement. Elle ne releva pas, jouant la carte du –faire connaissance- jusqu’au bout, avec une répartie qui m’arracha un petit rire. Un portrait chinois. « C’était pas ce que j’avais en tête mais soit… » Je me plierais à l’exercice. Je saisis mon verre, pris une gorgée avant d’entamer donc le jeu : « Si tu étais un animal, tu serais... ? » demandai-je donc à la jeune femme, commençant chastement la partie mais curieux malgré tout de découvrir sa réponse.

Tu t'amusais de ce caractère qu'il s'inventait. Vous ne connaissiez pas et il en profitait certainement. Pourtant tu savais que toi comme lui vous étiez conscients du fait que tu entrais simplement dans son jeu. Bien sur qu'il n'était pas timide. Tu ne l'étais pas non plus. Bien que tu restais un peu réservé par moment. Reste plus qu'à espérer que tu n'en seras pas déçu. Ce serait bête tant d'efforts vains. Oui, tu étais taquine, joueuse, décontractée et pour le coup tu rentrais dans son jeu assez naturellement. Il était trop charismatique pour que tu t'y plies pas. Amusée de le voir se résoudre au portrait chinois, tu en as rit légèrement en buvant de ton verre. Déposant ton verre sur le comptoir tu vins à répondre. « J'ai toujours été fasciné par les léopards. Est-ce c'est l'animal qui me représente le plus ? Va savoir. ». As-tu répondu. Tu aurais adoré gambadé dans la savane, et tu adorais la beauté de cet animal. C'était assez commun pour toi qui avait grandit en Afrique du Sud, bien que tu sois américaine d'origine. « Plus attrayant encore.. si tu étais.. un des sept péchés capitaux ? » Oui tu n'allais quand même pas lui demander quel fleur il était ! Non il était trop charismatique pour que tu ne saisisses pas cette occasion de le creuser sur des questions plus énigmatiques.

  Après une bourde sur son prénom, je me rattrapai comme je pouvais, et je m’en étais plutôt bien sorti, puisqu’elle ne m’avait pas encore complètement éconduit, que quand je suggérais allusivement mon envie de davantage faire connaissance, elle ne m’envoyait pas bouler. Bon, le portrait chinois, c’était peut être une façon aimable de me faire passer le message –je ne suis pas intéressée- mais le message ne passa pas avec moi. Au contraire, je m’engouffrais dans la brèche et jouais le jeu, me lançant donc dans l’exercice en la questionnant en premier lieu. « T’as un côté félin alors… Je tâcherais de m’en rappeler. » commentai-je avec un sourire. Et j’avais terriblement envie de sentir ses ongles griffer sauvagement mon dos, si vous voyez ce que je voulais dire… En tout cas, Talia s’amusait à entretenir le mystère en laissant planer le doute quant au fait que le léopard était l’animal qui la représentait le plus. « Tant que c’est pas la mante religieuse, moi ça me va… » plaisantai-je alors. On savait tous que la mante dévorait le mâle après l’accouplement… A mon tour de jouer au –si tu étais- et la blonde lança alors une question moins bateau. Mon sourire s’élargit. « La luxure… » Ca allait de soit. Et vu la façon plus qu’intéressée avec laquelle je la dévorais des yeux, il était clair que c’était avec elle que je voulais m’adonner à ce pêché ce soir. « Si tu étais… Un des cinq sens ? » Histoire de cerner si elle était plutôt tactile, visuelle… jeune femme, commençant chastement la partie mais curieux malgré tout de découvrir sa réponse.

Tu prenais plaisir à confirmer la réputation de Cole. Il n’en loupait pas une, et c'était pas tant lourd. Non c'était raffiné, classe et assumé. Un joli cocktail qui contribuait à ce que tu passe un bon moment. Tu as légèrement haussé les épaules, l'air de dire que c'était possible. Cela dit ce côté félin tu le tenais beaucoup de ton environnement de vie. La savane africaine, c'était ton jardin d'enfants, ton caprice de toujours. Riant légèrement aux espoirs de Cole, tu as fini par dire. « Tu n'en loupes pas une, en fait. » Ce n'était en rien un reproche au contraire, tu t'en amusais et pour le coup tu ne t’étonnais même pas que la luxure soit le péché capital qu'il le définisse le mieux à son goût. Cela dit, l'ambiance du moment ne t'épargnait pas du tout. Tu étais incapable de dire à quel moment est-ce que tu avais plongé dans le jeu de Cole. A sa question tu as pris quelques secondes, jouant de ton doigt sur le contour du verre, lentement, subtilement. Ton corps parlait presque pour toi. « Le toucher, sans trop hésiter. » Oui tu étais tactile. C'était aussi le seul sens qui te paraissait le plus frustrant à perdre. Ta mère avait perdu l'audition, tu signais beaucoup d'ailleurs. Ne pas entendre ou ne pas voir te paraissait moins dramatique depuis. « Hum.. que je ferais-tu... si tu étais une femme le temps d'une journée, très cher Smythe-Wildingham ?  » En voilà une question qui t'intriguait chez ce beau vp. Tu n'aurais pas autant misé sur ce jeu, pourtant c'était assez intéressant, ça nourrissait ce côté attractif.