Méditation ▬ Mecky & Jimmy ▬
]L'entendre répéter après moi mes propos me fis tout de suite réaliser à quel point c'était stupide. Tandis qu'il riait, je me mettais à rougir violemment en baissant la tête pour cacher ma honte. Me voilà qui souriait à présent amusée par ce que j'avais pu penser en premier lieu sur ce qu'était la méditation. J'en savais plus à présent et me sentais même honteuse d'avoir pu croire toute ses choses erronées... Comme quoi, l'ignorance n'a rien de ce que la connaissance peut bien m'offrir.
Tandis qu'il s'était éclipsé pour nous préparer les boissons chaudes qu'il m'avait proposé, je gesticulais silencieusement sur ma chaise quelque peu nerveuse. Allais-je seulement me prendre au jeu ? me demandais-je. A son retour, j'eus bien vite réponse à ma question. Question que j'avais posé sans être vraiment certaine de connaitre la réponse. Non pas que cela ne m'interesse pas mais je croyais après coup simplement vouloir gagner du temps. Mes deux mains entouraient la tasse chaude qu'il m'avait tendu, je hochais la tête songeuse finalement décidée à me laisser porter par l'expérience. Je sentis d'ailleurs dans son discours comme une brève hésitation, un moment de doute au cours duquel il s'était surement demandé s'il faisait bien de me dire la suite... Je l'en remerciais d'ailleurs avec un franc et mince sourire qui s'élargit lorsqu'il évoqua la grande probabilité que sans la méditation il serait devenu un dangereux asociale. Je vais éviter le pire alors ! plaisantais-je à mon tour. Jimmy poursuivait toujours, avec de douces et rassurantes paroles qui finirent de m'apaiser. Hochant légèrement la tête, je murmurais : ... Je te fais confiance. Puis je repris un brin plus fort tout en me redressant sur ma chaise. Et oui ! Je suis prête.
Alors que Jimmy semblait m'expliquer la posture qu'il me proposait d'adopter je réalisais que son timbre de voix me préparait à ce qui allait suivre. Je l'écoutais attentive, silencieuse, docile, curieuse aussi... Je gardais un instant mes paupières ouvertes préférant regarder là bas, au loin, dans ce vide lointain, ce vide qu'était ma vie sans mémoire. Puis, mes paupières se fermèrent d'elles même. Alors qu'il me demandait de me concentrer sur moi, je me focalisais d'abord sur sa voix, sur le bruit de ses pas sur le sol... Ou de, tiens ! Serait-ce de la musique que j'entendais là ?
Et, enfin, j'obéissais, faisant progressivement abstraction du reste, j'étais immobile, parfaitement figée comme si l'on m'avait ôté la liberté de mouvement. Je savais que je pouvais me lever, là tout de suite, et partir. Mais je ne le désirais pas. J'étais presque aussi immobile que ce jour fatidique où l'on m'avait retrouvée dans la forêt Chilienne. Pourquoi donc pensé à ça ? me demandais-je en me raccrochant à la voix de Jimmu. Cette voix qui me rassurait, qui se voulait protectrice et bienveillante. Comme celle qui m'avait parlé lorsque l'on m'avait conduit à l'hôpital. Un médecin sans doute, toujours la même, douce, calme, rassurante. Cette voix avait été mon point d'ancrage alors que je m'imaginais seule, perdue et blessée. Le Dunster me demandait de ne pas me focaliser sur le passé mais sur ce que je ressentais là, maintenant. Je m'éloignais alors de cette image que mes souvenirs avaient fait resurgir.
Je m'attardais sur les sons sur lesquelles il me disait de me concentrer, un à un, n'entendant plus que cela, me focalisant sur ceux ci, m'accrochant ensuite à sa voix, à son timbre, au mot qu'il posait, lentement. Je les laissais m'atteindre, me porter, transporter...
De nouvelles images m'apparaissaient, j'étais immobile là aussi, dans une chambre d'hôpital encore, mais pas au Chili. Non, les médecins parlaient anglais sans le moindre accent... Je pleurais silencieusement, mes mains posées sur mon ventre. Je semblais inconsolable, dévastée, même si je ne me souvenais pas du pourquoi, je me revoyais hospitalisée sans en connaitre le motif. Je ressentais simplement ce que j'avais ressenti à ce moment là.
Fronçant légèrement les sourcils, je tentais de me trouver une échappatoire. Il m'en fallait une, là, tout de suite ! me convainquais-je en essayant de me raccrocher à la voix roque et rassurante de Jimmy. Mon coeur me faisait mal. A moins que ce ne soit mon ventre. Je ne savais pas trop... Je ne savais plus. Ma respiration s'était légèrement accélérée et je voulais déjà rouvrir les yeux et quitter le petit cocon dans lequel un part de moi s'était réfugié.