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you can't fly unless you let yourself fall, alexis.

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did you know you’re an angel who forgot how to fly ? did
you know that it breaks my heart everytime to see you cry ?


02.10, 22h38 - ses jambes tiennent à peine. la fraicheur de cette soirée c’était transformé en un froid glacial qui vous transperce, vous assomme et vous fait chuter sous le poids du vent. son téléphone frotte contre son oreille alors que sa main tremble. la deuxième s’accroche à un poteau qui n’est pas loin. elle sent la chaleur de la lame l’assaillir, l’arme préférée de la douleur, celle qui fait saigner mais qui ne tue pas, ou presque. sa vue se trouble, devient incohérente avec son environnement. puis le silence. seulement le bruit des voitures passent et balayent avec eux les grains de sourire qu’elle a laissé tomber sur le sol à la seconde où elle a décroché. son âme cri, son cœur pleurent et ses muscles souffrent. son souffle se coupe et sa respiration se fait rapide, saccadée, presque inexistante. dans un dernier effort surhumain elle lève le bras pour appeler un taxi et laisse derrière elle les fragments de paroles échangés au téléphone. il est presque onze heure ce soir, un cœur saigne quelque part en ville. son âme valse avec la mort et change de partenaire pour revenir à la vie, continuant cette danse incessante. il est presque onze heure ce soir et un esprit se casse parce qu’une partie de lui semble endommagé, un morceau de son être lui sera peut-être arraché. 02.10, 23h04 - ses pas sont lents, elle n’est plus qu’un pantin désarticulé à qui on aurait coupé les fils qui la maintienne debout, qui la maintenant en vie. son visage est dévoré par les larmes, ses traits sont lourd d’un chagrin beaucoup trop exprimé au travers des pleurs qu’elle n’a pas su contenir. elle approche avec douceur comme si sa présence pouvait casser ses os, meurtrir son âme, ouvrir ses plais et faire arrêter son cœur. elle ose à peine le toucher et chacune de ses inspirations est faite avec la plus grande des précautions. c’est dingue cette capacité qu’à l’humain à être doux face à la mort et violent face à la vie. on ne tue pas qu’avec des armes. on blesse avec des mots, des départs et même de l’amour. et pourtant, ce soir, elle aurait voulu remplir sa chambre de toute l’affection qu’elle lui porte pour le voir aller mieux, pour le voir lui sourire à nouveau comme il savait si bien le faire. un sourire dont elle se souvient, qu’elle affectionne particulièrement, lui, le garçon auquel elle ne s’attendait pas, l’homme qui a su être là dans les pires moments mais qui a aussi su créer les meilleurs de tous ses souvenirs. sa main glisse jusqu’à la sienne et la prend avec la plus grande des précautions comme lorsque l’on manipule du verre capable de se briser au moindre mouvement brusque. ce qu’elle redoutait le plus à cet instant c’était de le perdre, de le voir s’évanouir au creux de ses mains avant qu’elle n’ait eu la possibilité de tout lui dire. de lui avouer à quel point sans lui elle n’est rien. qu’à l’instant où ils se sont vu, il s’est installé en elle pour ne plus jamais s’en aller. à cet instant, au creux de son cœur, il a la plus grande place, la plus importante, la plus imposante. elle aimerait lui dire que s’il partait ce soir, elle n’y survivrait pas, elle ne pourrait jamais s’en remettre et qu’une partie de son âme partirait avec lui, peu important ce qu’est la suite, si c’est le paradis ou juste le néant. ses yeux se posent sur les machines qui l’entourent et elle sent sa tête chargée par les bips incessant qui la provoque. comme un rappel que chaque instant est une seconde de gagnée, une minute de sauvée, un instant de plus face à la mort. elle pose lentement son front contre ses poings et se retient de hurler, elle garde en elle les cris d’une douleur insupportable. « je suis là. je te le promets. » un murmure. une caresse vocale qui lui semblait importante. incapable de savoir s’il l’entendait ou non, elle espérait, sans se l’avouer, qu’il pouvait sentir sa présence, son souffle contre sa peau et que ses mots parvenaient jusqu’à son esprit de combattant, réveillant son esprit de soldat et sa rage de ne jamais baisser les bras face à l’horreur, même face à sa propre mort. 03.10, 13h12 - installée dans un fauteuil, à quelques centimètres de lui, indiana à la yeux rivés sur son visage et doucement, ils roulent sur son corps aux multiples blessures recouvertes de bandages blancs. il semble si paisible et pourtant, elle peut ressentir toute sa douleur. chaque balle qui a transpercé son corps a transpercé son cœur à elle. elle repasse le chiffre dans sa mémoire et ses mains viennent écraser ses cheveux en arrière avec fureur. elle tord et se replis sur elle-même avant d’attraper sa main. ses doigts se mêlent aux siens comme une évidence. geste anodin qu’ils n’avaient jamais partagés quand il était encore debout la tête pleine de rêves et d’espoirs inexprimés. un sourire se dessine quand le médecin entre dans la pièce et il s’efface en quelques secondes, s’évapore en une fumé de tristesse qui souffle sur son visage. les paroles fusent dans la pièce mais elle n’écoute rien. elle est ailleurs, quelque part à la recherche d’une vérité, d’une explication. elle entend des bruits qu’elle est incapable de rassembler pour créer une phrase compréhensible. tout ce qu’elle réalise c’est qu’il est là, entre ses mains et tout ce qu’elle peut faire c’est être présente. 08.10, 19h22 - « ah, et aujourd’hui j’ai barré un élément de ma liste. tu sais ce que j’ai fait ? tu vas jamais me croire. j’ai traversé la ville en sous vêtements. ouais. je me suis gelée le cul. mais ça valait le coup. t’aurais adoré, j’en suis sûre. Mais c’était facile à réaliser. c’était un truc auquel j’avais pensé une fois en regardant une série, un petit truc un peu drôle à faire. j’ai eu de la chance de pas me faire choper surtout. je me serais retrouvée en garde à vue et j’aurais appelé qui vu que toi t’es là ? j’aurais appelé holden. va lui expliquer pourquoi j’étais en sous-vêtements au comico. » 09.10, 09h01 - entre ses mains, un livre. neige de maxence fermine, racontant l’histoire d’un jeune garçon si passionné par les haïku qu’il se rend dans le sud du japon pour parfaire son art. un livre qu’elle a adoré lire et qu’elle partageait avec lui depuis deux jours déjà. « neige était devenue funambule par souci d’équilibre. elle, dont la vie se déroulait comme un fil tortueux, entrelacé de nœuds que nouaient et dénouaient la sinuosité du hasard et la platitude de l’existence, excellait dans l’art subtil et périlleux consistant à évoluer sur une corde raide. […] c’était son destin. avancer pas à pas. d’un bout à l’autre de la vie. » ces paroles la touchèrent en plein cœur. comme l’écriture du destin qu’alexis avait prédit en étant à l’endroit même où l’on avait décidé de mettre fin à sa vie. 13.10, 17h00 - elle est installée, sous une couverture, son corps recroquevillé sur lui-même, les genoux contre sa poitrine, les bras autour de ses jambes. assise ainsi, on la prendrait presque pour une adolescente, une âme fragile et sans défense. son cœur pleure l’absence de son meilleur ami. elle est si bouleversée qu’elle n’a pas réellement dormi depuis des jours, incapable de fermer les yeux, voulant être consciente au moment de son réveil. sa voix est presque éteinte, sa chaleur de son sourire s’est envolé et ses silences sont pesant pour toutes les personnes qui viennent le visiter. elle est là, inlassablement, comme un post it que l’on aurait oublié d’enlevé sur un coin du bureau. elle se lève et ses doigts viennent se mêler à ses cheveux dans une tendre caresse qu’elle s’était très peu accordé les premiers jours. une proximité physique était née entre eux alors que leurs esprits étaient à des kilomètres l’un de l’autre. sourire éclair passa sur la commissure de ses lèvres avant que son visage croulent sous les rides de l’expression de la peine, de la douleur, de la souffrance. elle s’installa près de lui, les larmes roulant sur ses joues blanchit par le manque d’appétit et de sommeil. allongée près de lui, presque dans ses bras, elle s’effondre. impossible pour elle de s’arrêter. il lui manque. « reviens. je t’en supplie. j’y arriverais pas si t’es pas là. je t’en prie alexis. reviens moi. » aujourd’hui, 21h55 - elle avait allumé la télé pour la première fois la veille et depuis, elle résonnait dans la chambre sans interruption. jour et nuit. un fond sonore, une paroi en mouvement qui lui donnait un semblant de vie sociale, elle qui avait passé tous ses moments libres ici, sans ne jamais tenter de sortir ou voir du monde. elle était restée là, dans l’attente, l’attente qu’il daigne ne plus vouloir l’abandonner. elle espérait qu’il se réveille et ses espoirs ne sont jamais mort. encore aujourd’hui, ils sont toujours bien vivants.
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Troquer le néant de la mort pour le vide d'une existence sans vie, c'était le deal qu'il avait accepté, à son âme défendant, en laissant son cœur repartir. Renaître sur une civière dans une ambulance, on avait sûrement connu plus majestueux. Le bruit de la sirène qui s'épuise à écarter les voitures qui lui barrent le passage lui parvient aux oreilles. Un bruit flou, décalé de tout ce qu'il était encore capable de percevoir. Tout semblait désordonné, chaque partie de son être avait décidé de n'en faire qu'à sa tête. Et son esprit, conscient, tentait d'harmoniser tous ses sens dépareillés ; mais il était claquemuré dans un sarcophage d'impuissance. Tout était proche mais inatteignable, tout semblait vouloir être limpide mais perdurait imperceptible. Son état, c'était l'indécision absolue, la tentative de cohabitation de forces, d'idées contradictoires et opposées. La situation simplifiée à l'extrême, à un axiome à la de base de l'existence : le tiraillement entre la vie et la mort. Alexis se sentait reposer nu sur un vide solide au milieu d'un gouffre éternel qui le scrutait de partout. Terrible sensation totalitaire d'être épié sous tous les angles par un infini cruel.

Chaque lieu de décès a le goût de la terre que l'homme heurte en tombant. La synagogue de Paris devant laquelle il s'était fait poignarder avait au moins l'avantage d'avoir la saveur de on pays. Ici il était loin de tout, loin de l'intérêt ou de l'empathie, de la solidarité nationale. Loin des siens, loin de lui en somme. Mourir loin de soi-même est la chose la plus dure à encaisser pour quelqu'un qui a cherché à vivre pleinement.Il se sentait comme une bouteille d'eau remplie à l'extrême, et qu'on aurait par la suite laissé glacer. Alexis voulait exploser, briser ce carcan, foutre en l'air ces frontières silencieuses. Depuis quelques jours – si tant est que la notion de temps le marqua encore, il entendait de lointains murmures. Le bruit n'était pas régulier, plutôt distendu : tout était inégal. Dans la même pièce un son pouvait sembler venir du fond d'une vallée, en écho, ou bien directement du creux de son oreille. L'univers neutre dans lequel il était plongé valait sans nul doute celui qui physiquement s'enlaidissait sous les assauts de la technique et de la modernité, celui qu'il venait de quitter en fermant ses paupières. Et il s'était retrouvé propulsé, éjecté malgré lui dans « l'Attente » de Roland Barthes dans son Discours d'un Fragment Amoureux. « L'attente est un enchantement : j'ai reçu l'ordre de ne pas bouger. […] L’être que j’attends n’est pas réel. Tel le sein de la mère pour le nourrisson, je le crée et je le recrée sans cesse à partir de ma capacité d’aimer, à partir du besoin que j’ai de lui : l’autre vient là où je l’attends, là où je l’ai déjà créé. Et, s’il ne vient pas, je l’hallucine : l’attente est un délire. » Il attendait. Mais est-ce que quelqu'un l'attendait ?

La réponse vint. Une délicate pression sur sa main, il la regarda, mais d'où il était, il ne voyait rien. Il sentait quelque chose mais il ne voyait rien. Voir en introspection son enveloppe extérieure était une situation insoutenable. Une voix lointaine qui semblait désemparée parvint jusqu'à lui, le français l'aurait reconnue entre mille. Triste, effondrée, il n'était plus vraiment capable de définir l'état de l'âme d'une personne d'où il était. Muet, Alexis se contentait d'écouter ce qu'il pouvait.  « Putain j'ai loupé ça, tu fais toujours des trucs cool quand je suis pas là. J'espère que t'as été filmée histoire que je puisse voir ce que ça donnait. Après bon voilà même si j'avais pas été à l'hosto', c'est pas sûr que je serais venu te chercher, ça m'aurait fait rire que ton père prenne l'avion pour te chercher dans cet état là. T'es vraiment tarée des fois toi. » Rien n'était sorti. Pourtant intérieurement il rigolait de l'annonce que sa meilleure-amie venait de lui faire. Il ne lui avait jamais dit à quel point elle comptait pour lui. Et c'était maintenant qu'elle ne pouvait plus l'entendre, et qu'il ne pouvait plus rien dire au monde, qu'il voulait s'épancher sur ce qu'il ressentait. Rien n'était plus horrible pour lui que des gens à qui il tenait souffrent plus que lui à cause de lui. Comment fallait-il faire pour ouvrir les yeux ? Que fallait-il faire pour rejoindre la voix qui l'appelait et qui le berçait avec une histoire. Fallait pas qu'elle s'arrête. « Continue de lire. » murmurait-il. Toujours rien. Peu importe qu'elle l'entende, le militaire voulait qu'elle continue. En fait il ne voulait pas qu'elle le laisse seul. Il avait besoin d'elle pour affronter cette peur du vide noir au quotidien. L'entendre au loin le supplier de rester était insoutenable car il savait ce qu'avait été la vie d'Indiana, que voir une personne chère au bord du trépas ne pouvait qu'éveiller de vieux démons. Elle avait en elle des passions aussi belles que dangereuses, comme Kleist et Hölderlin. Des forces créatrices hors du commun ; l'un s'était suicidé, l'autre avait fini fou. C'était une crainte enfouie au plus profond d'Alexis : voir son amie basculer.

Ces paroles, comme un murmure dans le vent, l'avaient frappé insidieusement et une rage intérieure le parcourait. Une rage contre lui-même. La rage du détenu innocent qui veut sortir de sa cellule. Les « putain de merde » se mêlaient aux « fils de pute » et ricochaient contre les parois de son esprit, comme des atomes agités à toute vitesse. Alexis le sentait, il y était presque, il allait la retrouver. Si elle était encore là. Il était possible que des années se soient écoulées et que toutes les sensations procurées par l'extérieure se soient envolées depuis longtemps. Peut-être qu'une infirmière allait lui annoncer que depuis quinze ans plus personne n'était venu à son chevet. Ça méritait d'être tenté car rien ne vaut la liberté lorsqu'elle rime avec la vie. Un souffle lui parcourut le visage, ça ressemblait à un déclic. Son monde se déchira comme un drap arraché. Un œil puis l'autre, un mur blanc lisse faisait face à son regard. Une antichambre du monde réel ? Mais son ancienne bulle continuait d'exploser de toute part, ses oreilles s'acclimataient tout son entourage, et le son de la télé accrochée au mur leur parvint. Sa tête, encore un peu lourde, tourna sur le côté, ses yeux – jusque là encore mi-clos – s'ouvrirent un peu plus à la vue d'un visage qui leur était vital. Alexis sourit, racla un peu maladroitement sa gorge.
- Alors comme ça tu te balades presque à poil dans Boston, et sans moi ? S'enquit Alexis avec un grand sourire pour dédramatiser la situation et ne pas sombrer dans des jérémiades ridicules de retrouvailles. Ça te dérangerait de changer de chaîne ? Parce que là tu regardes des conneries c'est chiant.

Voilà comment il avait décidé de traiter la jeune femme qui l'avait admirablement surveillé, qui avait mis sa vie entre parenthèses pour lui. Pour sa défense Alexis n'était jamais très expressif sur ses sentiments, il ne disait rien, il préférait montrer. Leur lien devait être réellement fort pour qu'elle soit restée comme ça alors que rien, aucun accord, ne l'y obligeait. Jamais il ne s'était interrogé là-dessus tant tout semblait couler de source entre eux. La réponse était arrivée avant même que la question ne fut posée. Les taquineries ça mettait plus à l'aise selon lui, et puis merde, il avait pas été éduqué à la grande sensiblerie. Son regard se perdait, admiratif, sur le visage de cette amie chère qui avait veillée sur lui ; puis, plus vague, il continuait sur son lit d'hôpital, les branchements, ce blanc partout. C'était flippant. Son esprit était encore un peu confus, sa tête tournait toujours un peu, mais au milieu de ce marasme, une idée fixe revenait perpétuellement. Le temps de tout réorganiser minutieusement, fastidieusement aussi, et quelques mots purent se dégager.
- Merci, d'être là, déclara-t-il avec gène. Le remerciement n'était pas forcément bien placé dans le répertoire de la fierté. Puis il ajouta, ah... tu m'as manqué.
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le malheur elle l’a survolé. bien trop jeune pour affronter un monde où la mort vous arrache ceux que vous aimez, elle avait été dévastée, détruite par la disparition de sa mère. ‘’perdre quelqu’un’’. l’expression la plus ridicule qu’elle a entendu au court de sa courte vie. comme si il lui était possible de la retrouver un jour comme on le fait avec des clés ou des lunettes. on ne perd pas quelqu’un. on le voit disparaitre, s’évaporer pour ne laisser que des souvenirs et des bribes d’histoires qui avec le temps qui passe seront moins clairs, moins détaillés. on perdra les points obsolètes et on ne retiendra que les meilleurs moments, les instants les plus marquants. elle a bien trop souffert, elle a trop perdu d’un coup, elle s’est perdu elle-même. elle est convaincue qu’elle ne se retrouvera jamais d’ailleurs. quand sa mère est morte elle a perdu une partie d’elle-même et quelque part, elle a comblé le vide avec autre chose, avec d’autres personnes, elle a changé, elle a évolué et il reste peu de l’insouciance qu’elle avait à l’époque. la petite fille était morte le jour où elle a vu sa maman descendre sous terre. et la mort, elle l’avait de nouveau sous les yeux aujourd’hui. elle faisait face à l’incompréhension, aux doutes et à l’incertitude. elle ne voyait plus les machines, elle ne faisait plus attention à leurs bruits infernaux. tout ce qu’elle était capable d’admirer, c’était à quel point il semblait paisible, endormi, là, tout près d’elle. une proximité qui n’était pas la leur, qui était jusqu’à aujourd’hui inexistante. mais le contact était tout ce qui la rattachait à lui, tout ce qui lui permettait de tenir le coup pour ne pas sombrer dans la folie de la dépression. elle tenait bien trop à lui. et aujourd’hui, elle réalisait à quel point elle l’aimait, à quel point il lui était vital, à quel point sa vie avait un goût amer accompagnée de son absence. la télécommande entre les mains, elle zappait et bien que ses mains soient actives, sont regard était vide, perdu dans le néant de l’air. elle était totalement absente, presque ailleurs. elle ne s’était jamais demandé à quoi ressemblerait sa vie s’il n’était plus là et c’était surement quelque chose qu’elle redoutait, c’est pour cette raison qu’elle attendrait, qu’elle n’y penserait pas. pas aujourd’hui, ni demain. c’était beaucoup trop douloureux. mais il y a parfois des évènements marquants, des miracles qui vous bouleversent, vous submerge et vous engloutit, comme un ras de marré d’émotions incontrôlables. une lueur d’espoir, un semblant de vie qui apparait sous vos yeux et c’est tellement formidable, ça fait tellement de bien que ça fait mal parce que l’on est terrifié à l’idée de se réveiller et de se rendre compte que tout ça n’était qu’un rêve. pourtant sa voix résonna dans la pièce et même si elle s’était accroché à celle-ci pour ne jamais oublier la manière qu’il avait si particulièrement de prononcer les r, quand elle l’entendit, ce fut comme une découverte, un renouveau, un bouffée d’air pur, un seconde souffle. elle s’arrêta quelques secondes, ses yeux se fermèrent naturellement et son visage affichait les traits des pleurs, ceux qui ne sont pas encore là mais qui frôlent le visage. « dis moi que tu viens d’ouvrir la bouche et que je n’ai pas rêvé. » elle se retenait de toutes ses forces de ne pas s’effondrer. elle était si épuisée qu’elle doutait presque de ce qu’elle avait entendu, comme un rêve un peu trop réaliste. une douce utopie de le voir réveillé, là, tout près d’elle, à ricaner sur ce qu’elle a pu lui confier certains jours. et sa voix fit écho de nouveau dans la pièce et ce fut comme un sursaut du cœur, un coup de poings dans la poitrine qui soulève les larmes et les émotions les plus sincères, les plus profondes. elle ouvrit les yeux doucement et le regarda en coin pendant de longues secondes. et n’importe qui aurait pu lire dans son regard le soulagement mais aussi la joie. tellement de joie. elle ne put retenir les sentiments qu’elle a trop longtemps espéré voir éclore à la vue de son regard. elle se leva avec précipitation et sans un mot elle vint attraper son visage entre ses mains avant de coller sa tête dans le creux de son coup pour ressentir la vie qu’il avait en lui, la chaleur d’un corps en mouvement, bien vivant. submergée par les larmes, elle a été incapable de dire quoi que ce soit. le silence était devenu son quotidien et aujourd’hui c’était ses mots qui lui tenaient compagnie. elle se redressa et déposa un baiser sur sa joue, son visage toujours logé au creux de ses doigts. « je suis partagée entre l’envie de te ruer de coups pour m’avoir abandonné pendant si longtemps et l’envie de t’embrasser parce que tu m’es revenu. » dit-elle totalement sérieuse, presque trop. et pourtant, il était évident au milieu de tout ça que la seule chose qu’elle désirait le plus à cet instant c’était qu’il la prenne dans ses bras, qui la rassure, elle qui a tant souffert de son absence, qui s’est laissé mourir à mesure qu’il ne donnait aucun signe de vie. son pouce caressait presque avec trop de tendresse la peau de sa joue et son regard ne quittait plus le sien. c’était surréaliste, presque extraordinaire. ce genre de moment, on ne les oublie pas, ils sont bien trop marquant, précieux. Une utopie devenue réelle en une fraction de seconde. ce matin elle se rendait en cours, elle en était ressortit tard le soir. il y a à peine quelques minutes elle était là, désemparée, pleine d’espoir mais se préparant chaque minute à la possibilité qu’il la laisse là, seule, et à présent, il avait les yeux ouvert. à 22:01, il avait prononcé des mots dont elle se souviendrait surement pour toujours. et les prochain qu’elle allait entendre serait encré en elle toute sa vie. c’était une évidence. les remerciements n’était pas à faire, la gratitude n’était pas à donner. son regard était doux et un sourire bien trop tendre se dessina sur le coin de ses lèvres. quelque chose de discret que seul lui qui la connaissait si bien aurait pu déceler. « j’ai cru mourir sans toi. » voilà ce qu’elle lui répondit. il ne lui avait pas manqué. c’était pire que ça. chaque jour tournait autour des heures de visite, autour de son sommeil constant, de son coma persistant. il était devenu le centre de son monde lui qu’elle ne voyait que comme un simple ami, un de ses meilleurs. aujourd’hui, il était devenu le centre de son univers, sa raison de se lever chaque matin depuis des semaines. une attention qu’elle n’avait jamais porté à personne, qu’elle n’avait jamais souhaité donné. son visage se ferma comme après que l’euphorie et l’adrénaline des retrouvailles soient partis. et d’un revers de la main elle effaça toute trace des larmes qui avaient roulées le long de ses joues. ses doigts vinrent jouer en quelque sorte avec le tissu de sa robe d’hôpital et son regard valsa un peu partout, partout mais jamais avec le sien. la fuite. « je t’interdis de me quitter. je t’interdis de partir. ne refait plus jamais ça. tu m’entends ? » finalement, elle accrocha ses yeux au sien, marquant avec audace ses mots. « je m’en remettrais pas. »
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