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did you know you’re an angel who forgot how to fly ? did
you know that it breaks my heart everytime to see you cry ?
you know that it breaks my heart everytime to see you cry ?
02.10, 22h38 - ses jambes tiennent à peine. la fraicheur de cette soirée c’était transformé en un froid glacial qui vous transperce, vous assomme et vous fait chuter sous le poids du vent. son téléphone frotte contre son oreille alors que sa main tremble. la deuxième s’accroche à un poteau qui n’est pas loin. elle sent la chaleur de la lame l’assaillir, l’arme préférée de la douleur, celle qui fait saigner mais qui ne tue pas, ou presque. sa vue se trouble, devient incohérente avec son environnement. puis le silence. seulement le bruit des voitures passent et balayent avec eux les grains de sourire qu’elle a laissé tomber sur le sol à la seconde où elle a décroché. son âme cri, son cœur pleurent et ses muscles souffrent. son souffle se coupe et sa respiration se fait rapide, saccadée, presque inexistante. dans un dernier effort surhumain elle lève le bras pour appeler un taxi et laisse derrière elle les fragments de paroles échangés au téléphone. il est presque onze heure ce soir, un cœur saigne quelque part en ville. son âme valse avec la mort et change de partenaire pour revenir à la vie, continuant cette danse incessante. il est presque onze heure ce soir et un esprit se casse parce qu’une partie de lui semble endommagé, un morceau de son être lui sera peut-être arraché. 02.10, 23h04 - ses pas sont lents, elle n’est plus qu’un pantin désarticulé à qui on aurait coupé les fils qui la maintienne debout, qui la maintenant en vie. son visage est dévoré par les larmes, ses traits sont lourd d’un chagrin beaucoup trop exprimé au travers des pleurs qu’elle n’a pas su contenir. elle approche avec douceur comme si sa présence pouvait casser ses os, meurtrir son âme, ouvrir ses plais et faire arrêter son cœur. elle ose à peine le toucher et chacune de ses inspirations est faite avec la plus grande des précautions. c’est dingue cette capacité qu’à l’humain à être doux face à la mort et violent face à la vie. on ne tue pas qu’avec des armes. on blesse avec des mots, des départs et même de l’amour. et pourtant, ce soir, elle aurait voulu remplir sa chambre de toute l’affection qu’elle lui porte pour le voir aller mieux, pour le voir lui sourire à nouveau comme il savait si bien le faire. un sourire dont elle se souvient, qu’elle affectionne particulièrement, lui, le garçon auquel elle ne s’attendait pas, l’homme qui a su être là dans les pires moments mais qui a aussi su créer les meilleurs de tous ses souvenirs. sa main glisse jusqu’à la sienne et la prend avec la plus grande des précautions comme lorsque l’on manipule du verre capable de se briser au moindre mouvement brusque. ce qu’elle redoutait le plus à cet instant c’était de le perdre, de le voir s’évanouir au creux de ses mains avant qu’elle n’ait eu la possibilité de tout lui dire. de lui avouer à quel point sans lui elle n’est rien. qu’à l’instant où ils se sont vu, il s’est installé en elle pour ne plus jamais s’en aller. à cet instant, au creux de son cœur, il a la plus grande place, la plus importante, la plus imposante. elle aimerait lui dire que s’il partait ce soir, elle n’y survivrait pas, elle ne pourrait jamais s’en remettre et qu’une partie de son âme partirait avec lui, peu important ce qu’est la suite, si c’est le paradis ou juste le néant. ses yeux se posent sur les machines qui l’entourent et elle sent sa tête chargée par les bips incessant qui la provoque. comme un rappel que chaque instant est une seconde de gagnée, une minute de sauvée, un instant de plus face à la mort. elle pose lentement son front contre ses poings et se retient de hurler, elle garde en elle les cris d’une douleur insupportable. « je suis là. je te le promets. » un murmure. une caresse vocale qui lui semblait importante. incapable de savoir s’il l’entendait ou non, elle espérait, sans se l’avouer, qu’il pouvait sentir sa présence, son souffle contre sa peau et que ses mots parvenaient jusqu’à son esprit de combattant, réveillant son esprit de soldat et sa rage de ne jamais baisser les bras face à l’horreur, même face à sa propre mort. 03.10, 13h12 - installée dans un fauteuil, à quelques centimètres de lui, indiana à la yeux rivés sur son visage et doucement, ils roulent sur son corps aux multiples blessures recouvertes de bandages blancs. il semble si paisible et pourtant, elle peut ressentir toute sa douleur. chaque balle qui a transpercé son corps a transpercé son cœur à elle. elle repasse le chiffre dans sa mémoire et ses mains viennent écraser ses cheveux en arrière avec fureur. elle tord et se replis sur elle-même avant d’attraper sa main. ses doigts se mêlent aux siens comme une évidence. geste anodin qu’ils n’avaient jamais partagés quand il était encore debout la tête pleine de rêves et d’espoirs inexprimés. un sourire se dessine quand le médecin entre dans la pièce et il s’efface en quelques secondes, s’évapore en une fumé de tristesse qui souffle sur son visage. les paroles fusent dans la pièce mais elle n’écoute rien. elle est ailleurs, quelque part à la recherche d’une vérité, d’une explication. elle entend des bruits qu’elle est incapable de rassembler pour créer une phrase compréhensible. tout ce qu’elle réalise c’est qu’il est là, entre ses mains et tout ce qu’elle peut faire c’est être présente. 08.10, 19h22 - « ah, et aujourd’hui j’ai barré un élément de ma liste. tu sais ce que j’ai fait ? tu vas jamais me croire. j’ai traversé la ville en sous vêtements. ouais. je me suis gelée le cul. mais ça valait le coup. t’aurais adoré, j’en suis sûre. Mais c’était facile à réaliser. c’était un truc auquel j’avais pensé une fois en regardant une série, un petit truc un peu drôle à faire. j’ai eu de la chance de pas me faire choper surtout. je me serais retrouvée en garde à vue et j’aurais appelé qui vu que toi t’es là ? j’aurais appelé holden. va lui expliquer pourquoi j’étais en sous-vêtements au comico. » 09.10, 09h01 - entre ses mains, un livre. neige de maxence fermine, racontant l’histoire d’un jeune garçon si passionné par les haïku qu’il se rend dans le sud du japon pour parfaire son art. un livre qu’elle a adoré lire et qu’elle partageait avec lui depuis deux jours déjà. « neige était devenue funambule par souci d’équilibre. elle, dont la vie se déroulait comme un fil tortueux, entrelacé de nœuds que nouaient et dénouaient la sinuosité du hasard et la platitude de l’existence, excellait dans l’art subtil et périlleux consistant à évoluer sur une corde raide. […] c’était son destin. avancer pas à pas. d’un bout à l’autre de la vie. » ces paroles la touchèrent en plein cœur. comme l’écriture du destin qu’alexis avait prédit en étant à l’endroit même où l’on avait décidé de mettre fin à sa vie. 13.10, 17h00 - elle est installée, sous une couverture, son corps recroquevillé sur lui-même, les genoux contre sa poitrine, les bras autour de ses jambes. assise ainsi, on la prendrait presque pour une adolescente, une âme fragile et sans défense. son cœur pleure l’absence de son meilleur ami. elle est si bouleversée qu’elle n’a pas réellement dormi depuis des jours, incapable de fermer les yeux, voulant être consciente au moment de son réveil. sa voix est presque éteinte, sa chaleur de son sourire s’est envolé et ses silences sont pesant pour toutes les personnes qui viennent le visiter. elle est là, inlassablement, comme un post it que l’on aurait oublié d’enlevé sur un coin du bureau. elle se lève et ses doigts viennent se mêler à ses cheveux dans une tendre caresse qu’elle s’était très peu accordé les premiers jours. une proximité physique était née entre eux alors que leurs esprits étaient à des kilomètres l’un de l’autre. sourire éclair passa sur la commissure de ses lèvres avant que son visage croulent sous les rides de l’expression de la peine, de la douleur, de la souffrance. elle s’installa près de lui, les larmes roulant sur ses joues blanchit par le manque d’appétit et de sommeil. allongée près de lui, presque dans ses bras, elle s’effondre. impossible pour elle de s’arrêter. il lui manque. « reviens. je t’en supplie. j’y arriverais pas si t’es pas là. je t’en prie alexis. reviens moi. » aujourd’hui, 21h55 - elle avait allumé la télé pour la première fois la veille et depuis, elle résonnait dans la chambre sans interruption. jour et nuit. un fond sonore, une paroi en mouvement qui lui donnait un semblant de vie sociale, elle qui avait passé tous ses moments libres ici, sans ne jamais tenter de sortir ou voir du monde. elle était restée là, dans l’attente, l’attente qu’il daigne ne plus vouloir l’abandonner. elle espérait qu’il se réveille et ses espoirs ne sont jamais mort. encore aujourd’hui, ils sont toujours bien vivants.
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