KYLA ▼ and i try, try, try, try.

C'était la deuxième fois que la jeune Archibald se rendait dans cet endroit. La première fois, elle cherchait Dante pour s'énerver contre lui. Lui faire manger la poussière et lui faire regretter d'être si distant et con avec elle. Aujourd'hui.. C'était tout à fait différent. Déjà, parce qu'elle ne venait pas le voir lui, mais sa colocataire, Kyla. Pourquoi ? Vous le saurez bien assez vite. Ensuite, elle ne comptait ni pester, ni être exécrable comme visiteuse. Venue en paix, elle fut surprise de voir la grande brune mettre des cartons à l'extérieur de chez elle et son ancien amour. Ne comprenant pas trop ce qu'il se passait, deux choix s'offraient à elle : faire demi tour ou s'approcher et tenter de faire la causette. Certes, leur première rencontre n'avait pas été très paisible, mais Sarah n'était plus aussi en recherche de vengeance comme avant. Depuis sa discussion avec le Winthrop au Cap Breton, elle souhaitait juste tourner la page et avancer tranquillement. Sauf que rien n'allait depuis la rentrée et reprendre une existence calme et équilibré n'arrivait pas à se faire. « Bonjour » dit-elle calmement alors que la brune s'arrêtait dans son geste. « Promis, je n'essayerais pas de rentrer chez vous deux cette fois-ci » rajouta-t-elle avec un léger sourire. Étrangement à la dernière fois, elle semblait.. Différente. Peut-être que la brunette se trompait mais.. Il y avait un truc de bizarre. Elle ne semblait pas aller bien et.. Le fait de la voir faire des cartons étaient plus que douteux. Quelques mois plus tôt, Sarah aurait été heureuse de cette vision car elle aurait pensé – à tort peut-être – que c'était les affaires de Dante et qu'il avait choisi de revenir vivre avec elle mais.. Non. Et cette pensée n'était plus d'actualité de toute manière.

Fatiguée, usée, tout ce que vous voulez. Je ne suis pas bien, je ne me sens pas bien et là, j'ai l'impression de planter Dante dans le dos mais... j'en ai besoin. J'ai besoin de me barrer chez Méline, j'ai besoin de renouer avec ma soeur et de laisser les hommes de ma vie derrière moi. Ouai. Trahie par mon père, larguée par Cole, silence radio de la part de Dante... J'en ai marre. Tous les mêmes, visiblement. Assise sur un carton, je craque, les larmes que je retiens depuis des heures finissent par glisser le long de mes joues. Je n'ai prévenu personne de ce déménagement alors je me démerde toute seule. Je pleure comme une madeleine mais je ne m'arrête pas, chargeant ma voiture le plus rapidement possible, entre deux sanglots. Et quand j'entends la voix de Sarah, je sursaute, le carton en mains. « Promis, je n'essayerais pas de rentrer chez vous deux cette fois-ci » Je la regarde et hausse les épaules, comme indifférente. " Tu pourrais, c'plus vraiment chez moi " Enfin si. Y a toujours mon nom sur le bail, j'vais toujours payer le loyer, juste au cas où. Et parce que c'est mon cocon, mon petit nid. " Tu voulais quelque chose ? " Demandais-je simplement en posant mon carton dans le coffre de ma voiture et passant mes pouces sur mes joues pour essuyer mes larmes. Aller, abrège Archibald, j'ai assez le coeur en miette, t'amuses pas à le piétiner encore plus.

La voir entrain de charger des cartons déstabilisait complètement Sarah. À un tel point qu'elle venait de totalement oublier la raison de sa présence ici. Mais le plus étonnant à ses yeux était de voir les larmes de la grande brune rouler sur ses joues. Avant, elle lui aurait dit de se casser, que Dante n'avait pas besoin d'elle pour vivre et un tas de conneries juste pour la blesser et la provoquer davantage. Pourquoi ? Juste pour se venger, pour en rajouter encore et encore pour faire souffrir tout le monde. Désormais.. Ce n'était plus le cas. Elle ne savait pas l'origine des perles salés de la demoiselle, mais qu'importe. Que ce soit de la faute de Dante -vu que c'est relativement toujours de sa faute, il faut l'avouer- une dispute ou juste un déménagement, la jeune Archibald se sentait tout à coup de trop. Pourtant, en face d'elle, il n'y avait que Kyla, pas une troupe de personne qui la fixait comme si elle n'était pas la bienvenue ici. " Tu pourrais, c'plus vraiment chez moi " Elle n'y croit rien. Ce serait comme si elle-même se disait que l'appartement quartier d'Italie n'était qu'à elle, et plus à Dante car il n'y met plus les pieds. Non, quand on a vécu à quelque part avec une personne, ça reste à « nous ». Aussi difficile soit-il quand l'autre est absent, temporairement ou pour de bon. " Tu voulais quelque chose ? " Sa question la désarçonne car elle ne retrouve toujours pas la raison de sa venue et la gêne s'installe quelque peu en elle. « Je.. je peux faire quelque chose ? » tenta-t-elle. Tout ce que la jeune étudiante savait, c'était qu'elle n'était pas venue voir Dante mais.. Pourquoi venir voir une femme qu'elle a dans le pif depuis que son ex petit ami l'avait choisi pour le bal ? Peut-être pour faire.. Des excuses ? Haha. Qui sait !

Je n'aime pas pleurer, craquer et tout ce qui va avec mais là, c'est plus fort que moi. Je n'arrive plus à tenir la barre du bateau de ma propre vie. C'est à croire que je suis à bord du Titanic et qu'après avoir percuté l'iceberg Dante, l'iceberg Cole m'a fait sombrer dans les profondeurs de l'océan. Ouai, ça doit être ça. Éreintée, fragile, je tente de ne pas hurler, de ne pas me poser sur un carton et pleurer toutes les larmes que je retiens depuis bien trop longtemps. Je pourrais le faire, ça me ferait un bien fou mais ... Non. On est dans la rue et quand je vois Sarah dans mon champ de vision - je la reconnais, même si ce dernier est brouillé - je me dis qu'il faut que je sois forte. Je ne suis pas forcément douce et gentille avec elle mais bon. Je n'ai pas le temps pour des chichis et elle a presque l'air là par hasard. Genre, Coucou, je me retrouve sur ton chemin quand t'en as le moins besoin. Je la regarde, essuyant les larmes sur mon visage et attends une réponse à ma question mais.. rien. Ok. La communication, c'est toujours pas notre truc. « Je.. je peux faire quelque chose ? » Elle a l'air embarrassé et j'ai presque envie de lui dire que ouai, elle peut faire quelque chose : rentrer chez elle. Mais je ne suis pas comme ça, je ne suis pas dans cette phase aujourd'hui. Aujourd'hui, je suis juste triste comme un caillou. " Tu peux m'aider à charger les derniers cartons ouai... " Soufflais-je simplement en la regardant. Elle allait pas y planquer un truc dedans hein ? " Que me vaut cet élan de gentillesse ? " Finis-je par la questionner. Je veux connaître tes secrets les plus sombres...