Family portrait Ø Gabrielle

feat Liam & Gabrielle ✖ Tellement de temps sans la voir, deux mois exactement. Nous ne nous étions pas parlés pendant ces quelques mois, je ne lui avais même pas dit adieu. Au fond, je m'en voulais car c'était ce que je lui avais reproché lorsqu'elle était venue me voir après être revenue. Du coup, sa réaction me faisait peur, peut-être allait-elle me rejeter ou, avec un peu de chance, me comprendre et m'accueillir comme si nous étions réellement frères et sœurs. Prenant une grande inspiration, je continuais d'observer le bâtiment en face de moi, tentant de trouver le courage de frapper à la porte. Elle m'en voudrait, c'était sûr. Mais j'avais besoin de lui parler, de ses conseils, espérant que Gabrielle m'aiderait, oublierait toutes nos engueulades, nos différents. On ne s'était jamais très bien entendus depuis la mort de nos parents, enfin de ses parents. Pourtant, avant ça, on avait l'habitude de prendre soin l'un de l'autre. Puis elle m'avait accusé, avait rejeté la faute sur moi, pauvre gosse qui lui en avait voulu sans comprendre sa douleur. Mais j'avais grandi, aujourd'hui je pouvais lui faire face, me prendre tout dans la gueule sans broncher. Il ne me restait plus qu'à frapper à la porte pour le prouver. Et pourtant mes pieds ne bougeaient pas. Les mains dans les poches, je restais appuyé contre ma voiture, contractant la mâchoire. Tout ça me rappelait lorsque sa famille m'avait adopté, j'avais agi de la même manière, restant devant la porte sans oser y entrer, comme si ce n'était pas ma maison mais celle d'inconnus. Etrangement, ce souvenir me donna la force de me placer devant sa porte et, d'un geste sûr, de frapper dessus. « Ouvre Gab' c'est moi Liam ». Peut-être cela allait-il la faire réagir plus vite. Ou peut-être qu'elle m'ignorerait.

feat Liam & Gabrielle ✖ La Eliot avait brulé et une grande partie de mes affaires avec, la faute à pas de chance, à cette espèce de poisse qui me suivait depuis l'été. Il avait fallu que comme par hasard, ce stupide incendie se déclenche quelques jours seulement après mon déménagement à la Eliot, le soir même ou j'avais décidé d'aller y faire un tour avec Noah histoire de le sortir de l’hôpital. J'avais perdu pas mal de vêtements et quelques affaires auxquelles je tenais, comme ce violon que mon père m'avait offert. Du coup j'étais de retour au manoir, à attendre qu'on m'attribue une autre chambre, supportant difficilement le temps qui passait. Je me sentais étrangement seule, alors que je savais pertinemment que je ne l'étais pas, qu'il me suffisait de prendre mon téléphone pour que quelqu'un rapplique dans cette maison bien trop grande pour moi. Pour couronner le tout, depuis quelques jours mon téléphone n’arrêtait pas de sonner, il fallait croire que l'annonce de mon mariage à venir avait excité les investisseurs, certains se montraient enthousiaste, d'autres très inquiets et moi j'avais juste envie d’arrêter de jouer à ce petit jeu et de tous les envoyer se faire foutre. J'étais au téléphone avec mon oncle, en train de me disputer un énième avec lui, essayant de lui faire comprendre que je ne comptais pas me marier quand quelqu'un frappa à la porte, chose qui me fit soupirer d'exaspération. Ce fut juste avant d'entendre une voix connue ... Liam ? Le téléphone toujours à l'oreille je vins lui ouvrir la porte avant de rester muette devant lui. Petit con qui s'était barré sans rien me dire, qui avait fait exactement ce qu'il m'avait reproché. J'étais partagé entre l'envie de lui dire d'aller se faire foutre et de le prendre dans mes bras. Mon oncle lui, criait toujours à travers le téléphone et d'un geste las je raccrochai avant de prendre mon frère dans mes bras. " Tu t'es barré ... " et moi j'avais besoin de toi.

feat Liam & Gabrielle ✖ Mais qu’est ce que je foutais là ? Elle voudrait sûrement pas me voir, je m’étais barré comme un connard, je l’avais laissé tomber alors qu’on s’était promis de toujours être là l’un pour l’autre. J’aurai pu ne plus jamais montrer, fuir pour ne pas revenir mais ça aurait changé quoi ? Rien, à part lui confirmer que j’étais un lâche. Mais, cette partie là de moi, je voulais pas qu’elle la voit. Non, il fallait qu’elle ait envie de me prendre dans ses bras encore et encore, qu’elle répare petit à petit mon cœur meurtri par tant d’erreurs faites. T’étais la seule à pouvoir me comprendre Gabrielle, la seule qui savait me parler sans me mettre totalement en rogne. Celle à qui je donnerai mon cœur volontiers sur un plateau d’argent pour qu’elle le piétine. Et, le pire était que je te regarderai sûrement faire avec un sourire en te remerciant. Pourquoi ? Sûrement parce qu’on était tous deux des monstres, des rejetés. Toi tu te vengeais en usant de ton charme tandis que moi je fuyais. Deux opposés que rien n’aurait pu assembler, excepté la douleur. Celle qu’on partageait depuis tant d’années déjà. Tes parents étaient morts, tout comme les miens. Des abandonnés de la vie, des punching ball du destin. Deux cons qui ne voulaient pas être aimés, juste adulés. « Mais je suis revenu ». Juste pour toi. Pour revoir ton sourire. Pour voir le regard effrayé de tes victimes quand ils se rendaient compte qu’ils n’avaient pas à faire à n’importe qui. Non, toi t’étais la reine de glace au tempérament de feu. Quand tu restais stable, j’explosais. Alors, avec tes bras tu m’entourais et me stabilisais. C’était comme ça entre nous. « Et je veux plus te quitter ». Ne me laisse plus jamais partir.