Ebony T. Asher-Grey ► Evanna Lynch

1997 à 2007 ~ Les années bonheur.

J’ai vu le jour un certain 1er juillet, en présence de mes deux parents. Mon arrivée était une véritable joie pour eux, qui avaient eu tant de mal à avoir un enfant. Alors forcément, rien n’était trop beau pour la petite Ebony Tegan. J’avais le droit à tous les derniers jouets dernier cri, tout ce qui se faisait de mieux pour la petite Asher Grey, qui serait sans doute la seule enfant de ce couple. Forcément, j’étais heureuse. Mais je ne le savais pas. Pour moi c’était juste normal d’avoir tout ça. Je ne comprenais pas que d’autres aient beaucoup moins. A que c’était beau cette innocence. Bien sûr, j’ai eu droit aux écoles privées, aux professeurs particuliers. Il fallait que je sois la meilleure, il n’était pas possible d’être moins que cela. C’était beaucoup de pression pour moi, mais je supportais. Après tout, c’était la seule contrepartie à la vie de rêve que je menais.

Mon père était le patron d’une grande société, il gagnait vraiment beaucoup d’argent. Disons, de quoi avoir deux maisons aux Etats Unis et une en France, sur la côte d’Azur. J’ai vraiment eu une enfance de rêve. Jusqu’à mes dix ans.

2007 ~ La disparition d’une mère.

Je revois encore mon père entrer dans ma chambre, mon petit monde d’innocence. A ce moment, la pire chose qu’il puisse m’arriver c’est qu’Eliott aie une meilleure note que moi au test de math, c’est dire… Et là, mon père, le visage grave, m’annonce que ma mère est morte… C’est tout mon monde qui s’effondre. J’ai ressenti une immense colère, j’ai détruit tout ce qui passait sous ma main. J’avais tellement mal que je n’arrivais pas à pleurer. C’est cette colère qui m’a fait tenir jusqu’à l’enterrement. Mon père n’était pas d’un grand soutien. Il recevait du monde en permanence alors que j’aspirais à un peu de tranquillité. Mais apparemment, il fallait bien que ces personnes viennent nous témoigner de leur affection. J’étais devenue une vraie furie. Hargneuse avec tout le monde.

Mon père ne m’a jamais dit de quoi ma mère était morte. Je ne l’ai découvert que des années après. Quand j’ai appris qu’elle ne voulait plus de cette vie, qu’elle ne supportait plus cet univers quasi parfait. Qu’elle ne supportait plus mon père, ses déplacements permanents, cette absence de prise sur la réalité. Elle voulait partir, loin. Mais il a refusé. Quand elle a parlé de divorce, il a affirmé qu’il allait ruiner sa vie, qu’elle n’aurait rien et qu’elle ne pourrait plus jamais me voir. Elle n’a pas pu le supporter. Elle ne vivait que pour moi, après toutes les difficultés qu’elle avait eu à tomber enceinte. Ne voulant pas vivre sans moi et ne pouvant plus vivre dans cette prison dorée, elle a décidé de mettre fin à ses jours… Mais, comme je le disais, c’est quelque chose que j’ai appris seulement récemment.

Après ça, j’ai continué à vivre, sans en avoir vraiment envie, comme s’il manquait une partie de moi. Bien sûr, j’avais toujours mon père, mais rien n’était plus pareil, il n’était jamais à la maison. J’ai continué d’avoir de bonnes notes, et d’être sage comme il me le demandait. Mais en moi bouillait une grande colère qui ne voulait que s’exprimer. J’étais comme une grenade dégoupillée qui attend sagement avant d’exploser. Et le pire c’est que, les employés de maison de mon père en étaient conscients alors que lui non. Il est passé complètement à côté de la souffrance dans laquelle j’étais en train de m’enfoncer.

A côté du secondaire, il fallait aussi que j’assiste à de nombreux galas pour mon père. Pour montrer à quel point sa fille s’en sortait bien malgré l’absence de sa maman. Mon père s’est servi de moi pour son entreprise, pour décrocher des contrats. C’était tellement facile d’être le veuf éploré. Je peux paraitre rancunière, surtout qu’à l’époque j’adorais cela. Être habillée comme une princesse, être traitée comme une grande, assister à des galas, siroter du champagne tout en discutant avec des garçons très sexys. Je ne savais pas tout le reste.

2013 ~ Le temps des choix d’université.

C’est au moment où je remplissais mes dossiers que la bombe a explosé à Harvard. Bien sûr, j’ai aussitôt décidé de ne pas venir. Mais mon dossier était déjà rempli et mon père, sans me prévenir, a envoyé ledit dossier. Quelle n’a pas été ma surprise de recevoir une lettre d’admission. J’étais furieuse contre mon père de s’être mêlé de cela. Mais d’un autre côté, j’étais heureuse. Ma peur s’était effacée.

2013 ~ Une bombe dans ma vie familiale aussi.

Le 1er juillet 2013, le jour de mes dix-huit ans, j’ai reçu une lettre. Encore aujourd’hui j’ignore qui me l’a envoyé. Mais cette lettre était de la main de ma mère. Et elle m’expliquait absolument tout ce que mon père avait passé sous silence. La raison pour laquelle elle était morte, la raison pour laquelle je n’avais plus de mère.

J’ai littéralement explosé. Toute la fureur qui était en moi est soudainement sortie. Je me suis rendue dans l’entreprise de mon père, qui bien évidement n’avait pas pris sa journée pour la passer avec moi. Et j’ai démoli son bureau. J’ai jeté l’ordinateur par la fenêtre, retourné chaque meuble. Je crois que j’ai traumatisé ses employés aussi.

Et sans un mot, je suis partie. De retour à notre maison, j’ai emporté toutes mes cartes bleues, et mes valises et j’ai mis le tout dans mon coupé. Il était hors de question que je reste une seconde de plus dans cette maison que ma mère avait tant voulu fuir. J’ai passé l’été à Boston, à faire la fête. J’ai vécu dans la suite d’un hôtel très luxueux pendant tout ce temps, attendant le moment où mon père me ferait couper les vivres. Mais il ne l’a jamais fait. Alors j’ai continué à m’éclater, en boite, dans des bars. J’ai pris environ une cuite par soir, pour oublier ma souffrance. Et puis, c’est devenu un mode de vie.

J’ai fait ma rentrée à l’université, étudiant la politique et la philosophie, mes deux passions. Mais à côté, j’ai continué à sombrer dans un comportement rebelle. Je bois beaucoup, je me suis mise à fumer. Et j’ai même découvert la drogue dernièrement. J’adore la sensation de planer.

Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être deux personnes à la fois. D’un côté, il y a la Ebony sage, qui réussit ses études avec brio, étant la meilleure chaque année, qui fait toujours très sage devant les profs. Et de l’autre, il y a la Ebony qui est accro à l’adrénaline, qui repousse sans cesse les limites de sa propre vie, qui est à deux doigts de devenir accro à la drogue, qui fume déjà trop et bois trop souvent. Une Ebony autodestructrice en somme.