Les préparations du mariage (Jaley) / Privé

C’était le jour le plus long, je redoutais ce moment depuis bien longtemps. Nous avions appelé une femme, pour organiser notre mariage, et qui dit organisation dit évidemment tout le bordel qui s’en suit. Les invités, les plats, les tables, la décoration, nos vêtements, mais aussi la musique. J’en perdais déjà la tête. Évidemment, nous étions samedi et j’avais dans un miracle réussi à faire changer d’avis la femme qui ne voulait absolument pas travailler le samedi, ce qui dans le fond est tout de même quelque chose de normal. Descendant rapidement à la cuisine, je prenais une bouteille de vin, ainsi que trois verres. Je sens que cette journée ne va jamais se terminer. Je regarde passer Harley, qui lui était plus enthousiaste que moi.

« On attends plus qu’elle. Avant de décider quoique ce soit, tu me demandes. Je veux pas qu’elle note dans son cahier des choses que je n’aime pas. »

Je parlais en l’occurrence des choses qui feraient référence à l’homosexualité. Je ne veux pas de cliché, je veux pas de rose, trop de fleurs, je veux pas avoir un drapeau gay en hurlant que je soutiens. Non non non, je veux de la simplicité, et je sais qu’Harley est du même avis que moi. Alors que nous attendons patiemment cette femme, je m’échappe de la salle à manger pour envelopper Harley qui se tenait encore dans la cuisine pour préparer des petits apéritifs. Vu les heures où nous allons être posté sur une chaise, il serait préférable de manger et de boire. Je sais que c’est important, mais je suis plus sur la défensif qu’autre chose. La sonnerie retentissait, et immédiatement je vins ouvrir en posant mon regard sur la femme plutôt jeune, arquant un sourcil. Tout de même surpris.

« Bonjour, je suis James. Harley est à l’intérieur.  »

Je regardais longuement la femme qui se trouvait face à moi, elle me tendit sa phalange et je la pris rapidement avant de la relâcher. Elle se présentait au nom d’Eva, qu’elle était organisatrice depuis de bonnes années, et qu’elle était ravie que nous l’aillions choisi. Honnêtement, ce n’est pas vraiment nous. Dans le sens où j’ai téléphoné à une agence donnant quelques informations sur nous et le mariage. C’était comme ça, qu’elle avait été engagée, et jamais je ne l’avais vu auparavant. Alors qu’elle nous sourit, je la fais entrer en renfermant la porte derrière son passage.  

« Le salon est là. »

Elle traînait derrière elle une valise, sans doute où se trouvait toute la paperasses qui nous montrerait les exemples, et même les prix. D’ailleurs, je m’en foutais du prix tant que cela me plaisait à moi et Harley. Suivant notre invitée, nous nous asseyons rapidement autour de la table basse. Croisant les bras sur le torse alors que mon regard voyageait sur les traits de la jeune femme. La discussion doit se faire autour de la table à manger, mais peut-être que pour commencer nous devrions parler ici. Je n’aimerai pas perdre mon temps, et si je vois qu’elle n’est pas à la hauteur je n’hésiterai à la renvoyer.

Elle prit la parole, croisant ces jambes ainsi que ces mains positionnées sur son genou surélevée.

« Vous allez vous marier en quel date ? Que je vois la disposition et la réservation des lieux. Sachant que nous devons visiter les endroits.  »

J’avais un peu oublié. Je pensais que nous irons voir des photos, et qu’on jugerait par rapport à celles-ci.

« Le vingt-huit décembre.  »

Notre date est symbolique, c’est la date où nous nous sommes mis ensemble, et j’estimais que cette dernière doit être célébré.  

Je regardais longuement la femme qui se présentait devant nous. Honnêtement, je n’aimais pas comment elle posait son regard sur moi mais je n’en fis pas un drame, après tout cela ne devait être que professionnel et cela devait simplement être sa manière de dévisager ces clients. Lorsqu’elle aborde la question du lieu, je tourne mon attention vers Harley qui prend l’initiative de répondre. D’ailleurs c’est une très bonne réponse, j’hoche la tête à plusieurs reprises en reprenant les paroles de ce dernier.

« Comme à dit Harley, nous voulons quelque chose de simple. Pas de château… Pas une salle abandonnée… On veut quelque chose de simple, d’attirant… »

Je termine ma phrase en serrant la phalange de mon compagnon, la caressant du bout de mes doigts. J’estimais qu’un mariage devait souligner le caractère des deux personnes… Même si nous avions des caractères vraiment durs… Je n’avais pas en tête un mariage extravagant.

« Oh oui, attirant… D’accord. »

Elle posait le bout de son stylo entre ces lippes, et l’air de rien elle se remettait à écrire ce qui me fit intérieurement ricaner. Je ne sais pas ce qu’elle est en train de faire mais c’est hilarant de voir ainsi une personne. Elle ne me draguait pas, du moins la seule vision que j’avais de cette femme, et qu’elle était tellement dans ces pensées qu’elle ne s’entendait plus, qu’elle ne réalisait peut-être pas son attitude.

Tournant le regard vers le profil de Harley, je vins embrasser sa tempe avant de voir la jeune femme se crisper par ce geste. Je fais faire comme si je ne l’avais pas vu, et je priais intérieurement que cela soit vivement le cas d’Harley, parce que contrairement à moi… Il serait capable de lui demander si elle ne venait pas d’avoir un tic nerveux.

« Il y a chose très importante que je préfère souligner avant. On ne veut pas de stéréotype. Je ne suis pas ainsi et Harley encore moins. Pas de rose, pas de fleurs partout. Je veux même que dans cette salle on puisse accrocher quelques tableaux de mon fiancé. C’est important pour moi. »

Oui, cela je l’ai pas dit, je voulais lui faire la surprise. Voir ces tableaux accrochés dans la salle de notre mariage serait pour moi quelque chose de magnifique.  

Je ne remarquais même pas que la femme me draguait, enfin… J’en avais pas l’impression. Peut-être que c’était moi qui ne savais plus comment on se faisait draguer d’une manière grossière. Je fusillais l’organisatrice. En pouffant limite de rire. Bordel, c’est limite hilarant de voir une femme qui doit gérer notre mariage, draguer un des mariés. Je déviais bien vite mon regard sur le profil d’Harley, alors que lui n’étais pas du tout en train de rire, mais au contraire. Je pouvais sentir sa haine s’échapper et ces propos. Dans un sens, cela me rassurait. J’aimais particulièrement voir Harley de la sorte, cela me montrait à quel point il m’aimait et à quel point il ne voulait pas que des inconnu(e)s s’approchent de moi. Alors je le laisse faire, je regarde sa bouche se bouger rapidement au fil des mots qu’il enfonce dans le crâne de la femme. Et puis il se coupe. C’est sans doute parce que je venais de proposer de poster ces tableaux dans la salle de notre mariage. C’était vrai.  Il a un talent de dingue, et je ne vois pas l’utilité de les cacher ou de les laisser chez-nous.

« Oui, je veux que tes peintures soient accrochées. »

Il me saute au cou, et sous la surprise je viens à peine d’entourer sa nuque qu’il me couvre de sa tendresse. Que je lui rends avec plaisir. Mes lèvres cherchent les siennes, jusqu’à les trouver et les lier durant un laps de temps. Puis, je l’insiste à se mettre à sa place. Ma voix est rauque et devient clairement plus froide qu’auparavant.

« Qu’on soit clair. Si je vois que vous essayez de me draguer, de me provoquer. De faire du rentre dedans, je vous vire et j’expliquerai avec plaisir le pourquoi à votre patron. »

J’affiche désormais un faible sourire. Elle me regarde droit dans les yeux, et s’applique à regarder ces feuilles pour trouver des lieux et le thème que nous aimerions. Ce n’est pas très difficile. Du moins, j’imagine que nos demandes ne sont pas vraiment compliquées.

« « Pour les couleurs, vous avez une idée ? »

Elle nous regarde les deux, et je me penche en avant, posant mes coudes sur la table en faisant glisser le classeur qu’elle nous affiche devant les yeux. À vrai dire, je n’en ai aucune foutue idée. Et j’espérais qu’Harley sache un peu plus que moi.

« Pas des couleurs flashs, non ? »

Je me tourne vers lui, je n’aime pas les couleurs flashs, après s’il y a qu’une seule pourquoi pas, mais pas du vert avec du bleu, ou du jaune.
 

Je fus surpris des propos d’Harley lorsque ce dernier crachait ces paroles en face de la femme. Même celle-ci laissait apparaître une mine surprise. Il se passe quoi là ? Je n’ai absolument rien remarqué. Encore moins qu’elle me draguait et ce ouvertement. J’ai limite de la peine pour elle puisque cela n’a effectivement pas marché et que j’étais tellement à fond sur l’organisation du mariage que je n’ai même pas mesurer ce qu’il m’entourait. Je soupire, presque grossièrement. Ma main se déplace sur la cuisse de mon tendre aimé, avant que ce dernier ne se jette à mon cou pour me couvrir de tendresse. J’allais l’entourer la taille, avant de froncer les sourcils en fusillant la femme qui me regardait sous ces longs cils. J’hallucine.

« Harley a raison pour les couleurs. Je ne veux pas de flashs, c’est horriblement moche et ce n’est pas notre genre. Vous voyez la maison ? Les couleurs sont en harmonies. »

Je suppose qu’avec les années de métier elle savait reconnaître un peu les près les goûts de ces clients lorsqu’elle arrivait chez eux. Mais en la regardant voyager ces prunelles autour d’elle, bizarrement je doutais grandement de ces capacités à nous fournir les choses dont nous aimerions.

« Je peux vous demander depuis combien d’années vous travailler dans ce domaine ? »

Elle se tend un court instant. Avant de me tendre un papier qui désignait un diplôme et les années dans ce domaine. Peu de temps, mais elle avait bien réussi son examen. Je haussais les épaules, d’un air distant. Je m’en tape de combien elle a fait, tant qu’elle se décide de se bouger le cul pour faire les choses correctement, je m’en tape.

« Alors pour les couleurs ça serait très doux… D’accord. Vous voulez un photographe ? Je peux vous proposer une séance de photos avant le mariage pour placer quelques photos de vous dans la salle. Très peu, évidemment. Et pour les lieux vous aimeriez ainsi ? »

Elle nous temps quelques photos des dernières trouvailles. Dont elle était très fière vue la tête qu’elle avait. Je regarde, attentivement en tirant sur mes lippes afin de former une fine ligne. J’aimais bien ce genre d’endroits. Honnêtement cela me plaisait bien. Sauf les couleurs, et il ne fallait pas oublier que nous étions pas beaucoup.

« Nous ne sommes pas beaucoup. Nous avons décidé d’unir juste les proches et quelques amis. » Elle hochait activement la tête.

« Oui, évidemment. Mais cela peut être très joli même sans remplir la pièce de genre. »