TAMSAGE • " Elle a les yeux noirs et le corps d'une bombe. "

Désireuse de fuir ton auto-emprisonnement. Désireuse d'oublier un amour perdu à jamais. Tu le sais, tu le sais bien au fond de toi que plus rien ne sera jamais comme avant, que t'as tout perdu sur une mauvaise main, sur un coup de bluff qui t'as tiré dans une dette que même si t'était milliardaire tu n'aurais pu payer. Une dette de sentiment. La pire. Tu regardes à travers ton verre, tu t'amuse avec le liquide à l'intérieur bêtement, tu te regarde te noyer à l'intérieur sans te battre.. Nan, t'as plus envie de te battre, ça t'intéresse plus de te battre pour une vie que tu méprises plus que tout, pour une vie qui t'as tout enlevé. Wake up Sage ! Wake up ! T'es en train de t'endormir sur ce comptoir, trop d'alcool, trop de drogue et ce soir, même avec toute ce que t'as pu ingurgiter tu n'trouve pas la paix. Et bordel c'que t'es pathétique, c'que tu m'dégoute quand t'es dans cet état là, un état de léthargie dont tu n'arrives pas à te défaire. Tu sombres dans les décombres d'un désordre amoureux. D'un supplice de sentiments qui te tiraille. Ton enfant mort, le coma, la rumeur, la goutte de trop qui vient te donner le coup de grâce. Le coup de la fin et tu sens qu'elle est proche, tu sens que tu la touche du bout des doigts sans jamais faire le grand saut. Tu te redresse, descendant de ton tabouret bancal pour rejoindre la sortie en titubant. Passant ta main dans les cheveux, le bruit te fait mal au crâne et le regard des autres sur toi te tue à petit feu. De l'air. T'as besoin d'air. Et elle est là, chevelure brune, visage de cire, elle est là et elle est belle. Tu la regarde de loin, laissant la sono derrière toi, ces traits.. Tu les connais. Tu la connaît. Un rêve ? Une illusion ? Peu importe, tes jambes avancent malgré toi. - Qu'est ce tu fous ici ? Que tu demandes un brin agressif. Tout ce qu'elle est te rappelle tout ce que t'as perdu. Noah. Tu la déteste autant que t'as envie d'rester, de la regarder et la regarder encore.

Couronne en carton brisée à tes pieds, princesse malsaine écorchée jusqu'à l'os, c'est dans la noirceur de la nuit que tu trouves ta lumière, dans les entrailles d'un monde hostile, destructeur que tu essayes vainement de te reconstruire. Être dépouillé de tout ce qu'il possède, tu n'as plus rien à perdre, plus rien à retenir, plus à quoi t'accrocher pour ne pas couler dans la marée noire qui n'attend plus que ça. Plus que toi. Et c'est sur elle que tu tombes, sur celle qui te rappelle tout ce dont tu n'veux pas te souvenir, et elle se trouve là, ce soir, juste pour t'emmerder, pour te rappeler un peu plus que tu n'as plus rien. Absolument rien. Tu lui en veut, tu n'aime pas l'image qu'elle te renvoie à la gueule. "Je.. rentre chez moi ?" Tu n'aime pas son sourire qui te prouve, qui te montre encore une fois à quel point t'es misérable ce soir. Tu peux lire la pitié dans ses iris bruns. Elle te dénigre d'un battement de cil, d'une mince fossettes qui la rend encore plus attirante qu'elle ne l'est déjà.. Tu pouffes un rire insolent, penchant légèrement la tête sur le côté prête à lui répondre avant que ton prénom ne s'échappe d'entre ses lèvres. Ton sourire s'efface, tu te redresse comme tu peux en fronçant les sourcils. - En chaire et en os pour ton plus grand plaisir.. Que tu lances provocante à souhait avec toute l'arrogance que tu n'as jamais eu. Son nom à elle t'échappe, ou encore tu ne l'a jamais connu. C'est mieux ainsi non ? Tu veux pas te souvenir, tu veux pas savoir. Ce serait juste un nom de plus sur la liste que tu devras oublier, que tu devras probablement rayé. Tu l'sais, tu sens l'odeur du danger, de l'interdit avec lequel t'as pourtant envie de jouer ce soir. Ouais, t'as envie de jouer quand elle s'approche comme ça, quand elle tes yeux se mélangent aux siens, quand elle rit. Ce rire irritant, amer que tu connais que trop bien ! "T'a l'air complètement explosée." En mille morceaux si tu savais. Il ne reste plus rien de moi, plus rien de vrai, de potable, de doux, d'humain.. Plus rien. Et tu t'approches d'un pas vers elle, réduisant un peu plus la distance entre vos deux visages, regardant ses yeux tours à tours. - Tu crois ? Tu arques un sourcil, la narguant d'un sourire hypocrite au coin des lèvres. Tu finis par reculer, ton corps est lourd, tes pas se font difficilement et tu viens t'adosser contre ce mur froid, fouillant dans ta poche ton paquet de clope que tu trouves pas. - Putain, fait chier ! Tu grognes en laissant retomber ta tête en arrière, pinçant les lèvres de colère. - T'as une clope ? Que tu demandes avec nonchalance en lui adressant un petit signe de tête en sa direction.

Encore une soirée dont tu n'as plus goût, où tu n'arrive plus à t'évader, c'est sûrement l'effet de trop l'faire, d'trop essayer d'oublier sans jamais pouvoir y arriver, la sensation d'y croire s'estompe à chaque fois, à chaque nouvelle nuit où tu te planque dans un tas d'mensonges que tu penses vérité. Pauvre conne. Tu l'sens ce soir, tu l'sens comme t'as eu tort, comme t'es tout autant détruite, que ni l'alcool, ni la drogue arrivent à te sortir de ton trou. T'es faite pour y rester, pour y crever c'est tout. Appuyée contre ce mur humide, l'envie d'abîmer un peu plus tes poumons te prend, tu fouilles, fouilles mais ne trouve rien. Et rapidement tes nerfs sont à vif, changement d'ambiance, l'illégal qui fait tourner tes sentiments en bourrique, qui brûle ton cerveau petit à petit. tête, "J'ai arrêté." Tu sers à rien. Dégage. Encore une petite sainte, une connasse de plus qui fait partie de son monde bien trop classe, bien trop beau pour la pauvre tâche d'ombre que j'suis. "de toute façon.. j'pense que tu devrais rentrer chez toi.." C'était quoi ça ? Hein ? C'était quoi ce conseil minable que tu viens d'me donner ? Tu te retiens d'exploser de rire. - Tu penses c'bien.. Garde tes pensées à la con pour toi la prochaine fois. Tu t'en passe, t'as pas besoin d'ça, t'as pas besoin d'elle même si son parfum vient encore te chatouiller le nez, même si t'as envie de plonger dans son cou pour le sentir encore. "Tu veux que j'te ramène ?" Tu comprends pas, t'as du mal à assimiler, tu regardes sur ta droite un instant avant de reposer les yeux sur elle. Elle et ses grands airs, elle son empathie de merde dont tu veux pas. - Quoi ? Tu veux plus t'passer de moi c'est ça ? Tu lances avec un sourire en coin arrogant, mordant dans ta lèvre inférieure avant de t'avancer vers elle. Tu la toise de haut en bas. T'es belle bordel. - J'vais te faire plaisir alors.. Ramène moi.