DAHLIA ELSY GRANGER ► bella hadid.

Tinky Winky, (clique)
je sais pas trop pourquoi j'écris cette lettre ce soir. Peut-être parce que je m'emmerde, ou que j'ai besoin de parler, tout simplement. Putain si c'est pas triste, je n'ai personne d'autre à qui adresser cette lettre mise à part toi, mon doudou. Ne le prends pas mal surtout. Mais à qui d'autre j'aurai pu l'adresser de toute façon ? Mes parents ? Laisse-moi rire, qu'est-ce qu'ils s'en foutent de moi. Ils ont jamais été là pour moi, pour personne d'ailleurs. L'autre folle et le poivrot ambulant, que de magnifiques exemples. Je les ai jamais aimé de toute façon, ils n'ont rien de parent, juste des cassos qui n'ont jamais assumé leur gosse. Qu'ils crèvent, qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Leur mort, elle va rien changer à ma vie, si ce n'est l'améliorer. Je sais ce que tu vas te dire, Tinky. « Ohlala Lia dis pas ça, c'est tes parents quand même, patati prout prout » Ouai ben, non. Rien à faire, ils m'aiment pas, j'les aime pas. C'est du donnant-donnant, tu vois ? Après, j'aurai aussi pu l'adresser à l'un de mes frères ou l'une de mes sœurs. On est tellement nombreux en plus, sept quoi. Sept gosses perdus, laissés à eux-mêmes. Mais j'ai coupé tout contact avec eux il y a deux ans, en venant aux États-Unis, et je ne sais pas trop si j'ai envie de les revoir, ces sales têtes. J'ai horreur d'être une Granger, j'ai horreur de me rappeler de là d'où je viens, de repenser à mon passé. Et eux, ils ne symbolisent que ça. Le passé, ce passé que je tente chaque jour de balayer de ma pensée pour pouvoir pleinement profiter de cette nouvelle vie que je m'offre. Et puis même, même si j'avais adressé cette lettre à l'un d'eux : auquel ? Si avant, nous étions tous tellement proches, aujourd'hui que nous sommes plus ou moins adultes, ça n'est plus du tout le cas. Surtout elle là. Ha punaise, rien que penser à sa sale tronche, j'ai les poils qui se dressent. Cette traîtresse que j'aimais tant avant, putain. J'ai juste envie de l'a cogner maintenant. Et je retiens mes mots, parce que je sais que tu es une âme sensible Tinky. S'il te plaît, du jour au lendemain, la meuf se barre de la maison sans explication, sans rien ! Elle nous a abandonné, elle m'a abandonné quoi ! Non mais, laisse tomber je vais arrêter de parler d'elle, sinon je sens que je le crayon va éclater entre mes doigts là.
La famille Granger, elle est loin derrière moi. Je veux plus penser à eux, je veux plus rien avoir à faire avec eux. Ils sont du passé, j'tourne la page de la famille. Ils ne m'ont jamais rien apporté d'autre que le désespoir et l'abandon, je veux passer à autre chose maintenant.


Je crois que c'est surtout pour cette raison que je suis venue poser mes fesses à Harvard. Bon déjà, parce que je voulais quitter le ciel gris de l'Angleterre qui commençait vraiment à me miner le moral. Et puis, c'était surtout une manière pour moi de tout reprendre à zéro. Dix-huit ans, la majorité, direction les États-Unis et cette prestigieuse université. Merci à mon cerveau de si bien fonctionner et de m'avoir permis d'y entrer. Tu le sais toi, Tinky, à quel point je suis intelligente, hein ? Je crois bien que t'es l'un des seuls à le savoir. Tout le monde pense que je ne suis qu'une espèce de cruche sans cervelle, tout ça parce que je suis méga bonne. La modestie ? J'connais pas trop. J'ai toujours tout déchiré à l'école, bon sans être première c'est sur, mais sans jamais rien étudier, je m'en sortais avec les félicitations, les mentions et tout le blabla. On m'a plusieurs fois annoncé que j'avais un QI légèrement supérieur à la moyenne, mais je n'y crois pas trop. Je sais me débrouiller, c'est tout. J'ai toujours su le faire, me d'emmerder toute seule. Je n'ai jamais dépendu et je ne dépendrai jamais de personne. Je crois que c'est aussi pour cette raison que j'ai jamais été en couple. Et que ça risque pas d'arriver de si tôt. Être en couple, l'amour, les niaiseries, les câlins et les p'tits bisous là, c'est tellement pas pour moi. Je ne sais pas, j'suis juste jamais tombée amoureuse et je crois que ça n'arrivera jamais. Mon truc à moi, c'est plutôt les coups d'un soir, multiplier les gars sans jamais m'attacher. Baiser, mais jamais faire l'amour.

(clique) Je suis fière de moi Tinky, je suis du genre multi-fonctions là. J'arrive à faire plusieurs trucs en même temps : bouffer mon big-mac en t'écrivant tout en chauffant un papy au téléphone. J'ai envie t'éclater de rire à chaque fois que je joue la comédie, juste pour les exciter. Il leur en faut peu, j'ai juste à dire que je suis à poil et c'est bon, sont satisfaits. Je ne sais plus trop comment j'ai commencé ce job d'animatrice, mais il me plaît vraiment. Bon je compte pas le rester éternellement, mais franchement quand je vois le salaire que je touche à la fin du mois, rien que pour dire des conneries au téléphone, ça vaut le coup. Putain une fois Tinky, je te dis pas comment j'ai bloqué. S'il te plaît, c'était une meuf qui m'avait appelé. Une nana quoi ! J'ai toujours chauffé que des mecs moi, ça m'a fait tout drôle. Mais je ne sais pas, c'était.. différent ? Différent mais un peu plaisant. Ouai ok je n'assume clairement pas, mais putain je ne sais pas comment expliquer. Je suis tout ce qu'il y a d'hétéro pourtant, j'te le jure. Enfin, je crois ? Je sais pas Tinky, je dois t'avouer que ces derniers jours, je me pose trop de questions là, et ça me saoule grave. À cause d'elle là. Freja. Sérieux, elle fait chier. Pourquoi je pense tout le temps à elle ? Dégage de ma tête meuf quoi. Je suis paumée, ça fait un moment qu'on est potes, qu'on traîne presque tous les jours ensemble mais dernièrement, j'ai l'impression que mon regard sur elle a changé.

Bon, je vais éviter d'en parler parce que ça me donne trop mal à la tête. Et ça m'énerve, surtout. Eh, en vrai comment j'écris trop ma vie là. Désolée Tinky, je dois trop te saouler là. J'arrête, promis. De toute façon, toi, vie tu l'as connais déjà par cœur. T'as toujours été à mes côtés, depuis genre mes deux ans je crois, non ? Ouai, mon seul ami. Putain si c'est pas triste ça.