Zoey Holloway ► Eva Lynch

Parfois la vie nous fait de beaux cadeaux. Pour moi le plus beau c’est Lewis. Je suis née seulement trois minutes après lui et j’ai gagné un grand frère et un jumeau parfait.

Née un 14 avril 1992, j’étais la seule fille d’une fratrie de trois. Un grand frère, Raphaël et un jumeau, Lewis. Tout pour un début de vie idyllique. Malheureusement, ce n’est pas toujours un conte de fée. Mon père est parti à la naissance de notre petit frère, trisomique, et ma mère s’est retrouvée toute seule. Nous qui vivions déjà modestement, cela n’a pas vraiment arranger les choses… Surtout que le petit dernier, Nolan, demandait beaucoup d’attention. Pourtant ma mère et moi avons toujours eu cette complicité particulière. Et malgré Nolan, je ne me suis jamais sentie seule. Et puis, bien sûr, j’avais Lewis. Un amour de grand frère, toujours prêt à prendre ma défense.

La vie n’était pas rose tous les jours bien sûr, et Raphaël a sacrifié sa vie pour que nous puissions faire ce que nous voulions. Je lui en serais éternellement reconnaissante. C’est grâce à lui que j’ai pu aller à l’université, que j’ai suffisamment de temps pour étudier. Il a toujours été comme un père pour moi, même s’il reste juste mon grand frère.
J’aimerais pouvoir lui rendre toutes ces années qu’il a perdu à cause de l’abandon de notre père. Lui aussi, il aurait pu faire de longues études, et avoir un travail un peu meilleur. Mais il n’a pas eu le choix… Je ne pourrais jamais lui rendre tout ce qu’il m’a donné et tout ce qu’il m’a permis de faire dans la vie. Mais je sais que, sans lui et son acharnement, je ne serais certainement pas dans une université aussi prestigieuse. Je serais sans doute déjà dans une entreprise, à exercer un travail qui ne me plairait pas. C’est aussi en reconnaissance de cela que je veux tout donner et être la meilleure pour réussir.

Je n’en ai jamais voulu à mon père d’avoir déserté la famille. Je ne peux pas dire que cela ne m’a pas fait souffrir, je sais que tout aurait été plus facile s’il avait été présent. Mais c’est la vie, et je ne veux pas passer ma vie à avoir du ressentiment contre d’autres personnes. Bien sûr, cela ne veut pas dire que mon père a encore une place dans mon cœur. Il reste mon géniteur, pour le reste, il n’a rien à faire dans ma vie et je ne compte pas le laisser y entrer. Il fait partie du passé.
J’aimerais pouvoir lui rendre toutes ces années qu’il a perdu à cause de l’abandon de notre père. Lui aussi, il aurait pu faire de longues études, et avoir un travail un peu meilleur. Mais il n’a pas eu le choix… Je ne pourrais jamais lui rendre tout ce qu’il m’a donné et tout ce qu’il m’a permis de faire dans la vie. Mais je sais que, sans lui et son acharnement, je ne serais certainement pas dans une université aussi prestigieuse. Je serais sans doute déjà dans une entreprise, à exercer un travail qui ne me plairait pas. C’est aussi en reconnaissance de cela que je veux tout donner et être la meilleure pour réussir.

Finalement, je n’ai pas eu l’enfance la plus facile du monde. Entre un père absent et un petit frère trisomique, rien n’était facile. Et être élevée dans ces conditions, surtout avec le manque d’argent, ce n’était pas l’idéal. Et j’aurais pu très mal tourner par la suite. Mais pour autant, je ne me suis jamais sentie malheureuse. J’avais une famille, un frère prêt à tout donner pour les autres et Lewis. Un jumeau que la vie m’avait offert, un frère pour l’éternité. Rien que cela me comblait de bonheur.

Les études, la chose la plus importante à mes yeux…

J’ai très tôt compris que notre situation familiale n’était pas optimale. Et j’ai toujours voulu sortir de ce système. Le seul moyen de ne plus être cette famille pauvre, avec un enfant handicapé et un père aux abonnés absents, à mes yeux, c’était les études. Il était hors de question que je m’arrête d’étudier à la fin du lycée. Je voulais obtenir un diplôme, qui me permettrait d’aider ma mère, de soutenir Raphaël aussi, pour qu’il puisse enfin penser un peu à lui. J’ai toujours été très studieuse. C’est ce qui m’a permis de décrocher une bourse pour la fac de Toronto et ensuite de pouvoir rejoindre la magnifique université d’Harvard. J’ai choisi d’étudier le droit et le journalisme. Deux matières qui n’ont pas forcément beaucoup en commun, mais qui me passionnent toutes les deux. J’adore étudier la loi, et peut-être que je serais une grande avocate ou un professeur reconnu. Mais l’écriture et notamment en journalisme, c’est comme une passion pour moi. Et je rêve aussi d’être une grande journaliste. Autant dire que je ne sais pas vraiment où je vais, mais j’adore étudier.

J’ai très envie de réussir surtout pour prouver que mon passé n’est pas insurmontable. J’ai trop souvent vu des filles de mon quartier abandonner pour exercer un métier très rapidement, parfois même avant la fin du lycée. Toutes me disaient « à quoi bon continuer, on ne peut pas réussir, tu vois bien d’où l’on vient… ». Ce fatalisme m’a toujours agacé. Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on ne peut pas réussir. De la même façon, ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on va forcément devenir un délinquant. Je suis contre ces stéréotypes et je veux réussir pour le montrer. Bien sûr, je ne suis pas la première, ni la dernière à vouloir cela. Mais au moins, quand je serais dans la vie active, je saurais que ma réussite, je ne la dois qu’à moi seule et à mon travail acharné pour m’en sortir.

Lewis, mon jumeau, ma moitié.

Bien sûr, en dehors des études, j’ai d’autres passe-temps. L’un d’eux serait peut-être de sauver mon frère de lui-même. Parce que sans lui, je ne suis plus rien. Je suis prête à tout pour lui et j’ai peur de le perdre. Je compte beaucoup sur lui. On est vraiment complémentaires. Et je suis prête à tout abandonner pour lui. Je l’aime pour tellement de raisons. Il est protecteur avec moi, au point d’en être parfois pénible, il m’a suivi ici alors que ce n’était pas forcément son envie, juste pour être avec moi. Lewis sera avec moi pour toujours et je n’ai aucun doute là-dessus. Nous formerons toujours un tout. Je ne pourrais pas vivre sans lui à mes côtés. Je l’adore.
Au point d’en être parfois jalouse des autres femmes qui prennent de la place dans son cœur…

Lewis, c’est un peu celui qui me sort de mes bouquins quand je travaille. C’est mon roc quand je m’effondre et je sais que je pourrais toujours compter sur lui, quoi qu’il se passe. J’ai très envie de réussir surtout pour prouver que mon passé n’est pas insurmontable. J’ai trop souvent vu des filles de mon quartier abandonner pour exercer un métier très rapidement, parfois même avant la fin du lycée. Toutes me disaient « à quoi bon continuer, on ne peut pas réussir, tu vois bien d’où l’on vient… ». Ce fatalisme m’a toujours agacé. Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on ne peut pas réussir. De la même façon, ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on va forcément devenir un délinquant. Je suis contre ces stéréotypes et je veux réussir pour le montrer. Bien sûr, je ne suis pas la première, ni la dernière à vouloir cela. Mais au moins, quand je serais dans la vie active, je saurais que ma réussite, je ne la dois qu’à moi seule et à mon travail acharné pour m’en sortir.

La vie n’est pas toujours rose.

Et j’en ai fait l’expérience. Parfois, on fait confiance, on admire les mauvaises personnes. C’est ce qui m’est arrivé dans j’étais plus jeune. J’admirais mon grand frère, et ses amis. J’aurais voulu être un peu comme eux, aussi libre de profiter de la vie, de sortir. Jeune, j’admirais surtout son meilleur ami. Mais parfois, ce n’est pas une bonne chose… Il a profité de ma naïveté et de moi par la même occasion, me violant à plusieurs reprises. Si j’ai réussi à le caché à Lewis au départ, il a fini par s’en rendre compte. Il me connait par cœur…

Quand je repense à cette histoire, je me sens bête d’avoir cru que tout allait bien se passer. C’était idiot de croire que le meilleur ami de mon frère allait s’intéresser à moi en tant que fille. Mais je ne peux pas revenir sur ce passé. Maintenant que c’est arrivé. La seule chose que je puisse faire c’est prendre en main mon avenir.

J’aurais pu me replier sur moi, me laisser abattre. Mais cela m’a rendue plus forte. Bien sûr, il m’est très difficile d’accorder ma confiance à des hommes désormais. Mais Lewis m’aide à être plus sûre de moi. Et je me suis débarrassée du problème. De ça, Lewis n’est pas au courant. Comment aurais-je pu avouer à mon frère que j’avais commis un meurtre ? Je sais que je peux lui faire confiance et qu’il ne me laissera pas tomber. Mais je ne préfère pas lui en parler.
Le meilleur ami de Raphaël pensait pouvoir agir impunément, et recommencer encore et encore. Comme si j’allais lui obéir. Alors, un soir où il m’avait proposé de le rejoindre, j’y suis allée. Je voulais juste être en paix, et ne plus avoir peur de lui. Je l’ai tué. Je n’en suis pas fière, et c’est sans doute pour cela que Lewis n’est pas au courant. Mais je suis plus tranquille désormais.

Toute cette partie de mon passé pourrait influencer la personne que je suis. Oh bien sûr, je ne peux pas dire que cela n’a pas d’impact. J’ai toujours cette petite appréhension quand un garçon me fait part de son affection : se pourrait-il qu’il soit comme l’autre ? Mais je ne veux pas le laisser m’atteindre encore. Et, si j’ai fait ce qu’il fallait pour me débarrasser de ce monstre, pour ne plus avoir à le recroiser encore et encore, je ne peux pas dire que cela ne m’a rien fait. Prendre la vie d’un homme m’a changé. J’ai toujours cette part d’innocence en moi parce que je suis comme cela, mais en même temps, je sais que dans le fond, j’ai aussi une petite part de noirceur. C’est sans doute pour cela que je fais tout pour être gentille. Je refuse que mon cœur devienne noir. Je veux conserver ma vision de la vie : je veux encore croire aux contes de fée. Pour surmonter cela, Lewis m’a beaucoup aidé, comme toujours. Même s’il ne sait pas que j’ai tué le démon (et je ne sais pas si je me résoudrais un jour à le lui avouer…) il a toujours continué à me voir comme celle d’avant. Je dirais que c’est grâce à lui si je n’ai pas laisser mon âme basculer dans la noirceur. Encore une fois, il est mon héros.  

Harvard, un rêve de petite fille..

Quand j’étais petite, je suivais de nombreuses séries télévisées et également, je dévorais tous les romans qui me passaient par la main. J’avais une grande préférence pour les romances. Surtout parce qu’en général ce sont de belles histoires qui finissent bien. D’ailleurs, cela doit venir de là si je crois encore au prince charmant à mon âge. En dévorant ces romans, j’ai eu l’occasion de voyager par la pensée dans de nombreux univers. Londres, Paris, la Californie, et beaucoup d’autres encore. Et je dois bien l’avouer, la première fois que j’ai rencontré la ville de Cambridge et son université, Harvard, j’ai adoré. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai vraiment accroché. Etant plus grande, je me suis renseignée sur cette université. Pas vraiment dans l’optique d’y rentrer : je savais que je n’avais pas les moyens et j’étais loin de vouloir miser mon admission sur l’hypothèse de l’obtention d’une bourse. Mais j’adorais m’imaginer ce que serait ma vie là-bas. J’ai totalement cessé d’y penser après avoir tué le démon qui avait abusé de moi. En partie parce que j’estimais que je ne méritais pas d’entrer dans cette prestigieuse université après ce que j’avais fait même juste en pensée. Pour autant, je dois bien avouer qu’une part au fond de moi, rêvait toujours à Harvard.

Une fois ma tranquillité d’esprit retrouvée, j’ai enfin pu reprendre le cours de ma vie. Et j’ai eu l’opportunité, après trois ans d’études à Toronto, de pouvoir rejoindre Harvard, grâce à une bourse. J’étais tellement heureuse quand je l’ai appris, que des larmes sont sorties de mes yeux. Bien sûr, mon bonheur a été encore plus complet dès que j’ai eu la certitude que Lewis venait avec moi. Harvard, j’en avais toujours rêvé. C’était l’université dont tout le monde parlait et un rêve pour moi. La première fois que j’ai parcouru le campus, je me suis sentie comblée, je savais que j’allais pouvoir continuer mes études et être vraiment heureuse ici.

Comme une envie de profiter de la vie, de chaque instant.

Si le drame que j’ai vécu m’a un temps poussé à la terreur, désormais, je profite de la vie. Je veux garder le sourire à chaque instant et arrêter de me demander si les personnes en face de moi risquent de me faire du mal. J’ai décidé que tout le monde avait le droit à sa chance. Je suis toujours prête à rendre service aux autres. D’ailleurs, à côté de mes études, j’ai rejoint une association qui aide les autres. Si je croise une personne qui semble triste, je m’arrête pour lui demander ce qui ne va pas, si quelqu’un a des difficultés en cours, je l’aide, si une petite mamie essaie de traverser une route, je traverse avec elle. Je suis comme ça. Et j’adore faire de nouvelles rencontres.

Cela fait maintenant deux ans que je suis à Harvard, j’entame ma troisième année à l’université, et je suis toujours aussi heureuse d’y être. J’adore cet endroit.