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J'trahis pas mes potes. Jamais de la vieUn soupir, un soupir venait de s’extraire de ma cavité buccale. J’en pouvais plus. Je fusillais chaque passant qui osait poser un regard sur moi, c’était comme si en cette journée, je me sentais maudis. Je dévalais les rues, en crachant des grognements de mécontentement. J’avais sans faire exprès garé ma voiture dans une place qui n’était évidemment pas une place. Et bien sûr, c’était le moment où les personnes passaient pour appeler la fourrière et me la prendre quand j’étais au boulot. D’abord, j’ai cru que c’était un vol, mais finalement une bonne femme m’a accosté en m’insultant d’imbécile et d’ignorant, que ma voiture s’était fait prise par la fourrière et que je ne méritais pas de la reprendre, que j’étais un vieux sale riche. Ouais, je n’abuse même pas, c’était vraiment ces propos. Alors, imaginez-vous, marchant dans les rues, avec votre sac. Les yeux cernés comme jamais, la peau pâle tant vous êtes épuisé. Vous voyez un peu ? C’est l’état dans lequel je suis. Désemparé. Je ne vois plus personne, depuis quelques jours. À part Harley évidemment. Mais depuis notre voyage, j’évite grandement de sortir, histoire que mes proches ne puissent voir l’état de mon visage qui est encore gonflé par les impacts et quelques cicatrices qui logeaient ma nuque. Je ne vais pas nier le fait que cela ne m’empêche pas de vivre, je suis quelqu’un de très distant, et je dois avouer que moins de personnes, je vois, mieux je me porte. Cependant, c’était tout le contraire. Comme si je quémandais une sorte de besoin, de présence auprès de moi. Harley, était mon fiancé. L’homme que j’aime le plus au monde. Mais ce n’était pas comparable. Il n’avait pas le même avis, pas un rapport extérieur des choses. Et depuis cette bagarre des plus violentes, je préfère ne plus aborder le sujet, au risque de m’énerver de lui hurler dessus. Ce n’était pas lui le coupable, dans un sens, il n’a fait qu’écouter son cerveau, qui lui dictait d’aller discuter avec son fils de chien d’ami. Mais il ne m’avait pas prévenu, et encore aujourd’hui cette partie reste en travers de la gorge. Je monte le premier étage, et me réfugie bien vite dans l’ascenseur en posant mon doigt sur le bouton qui désigne le numéro de mon étage. J’habite tout en haut, en quelque sorte, c’est le plus grand appartement, nous sommes deux dans cet étage, et d’habitude, je réussis à monter sans prendre ce petit habitacle. Mais en cet instant. Je crois que si je monte ne serait qu’une marche, je tombe tant l’énervement me prive des autres sentiments.
J’arrive, les portes s’ouvrent. Je pousse un long soupire en me dégageant de cet endroit. Les cheveux en bataille, je repose ma mallette sur le bord de ma porte, alors que je tourne la poignée avec la clef à l’intérieur. C’est à ce moment précis, que cette chaleur familière vient me chatouiller les narines. Je pénètre dans mon petit paradis. Avant de me rappeler que je n’ai absolument pas pris les lettres qui étaient dans ma boîte. Putain de merde, tu n’es pas si con, si ? Je grogne pour moi-même, ma conscience est littéralement pliée en deux tant elle se fout de ma gueule. Alors, je ressors de l’appartement, en prenant le soin de verrouiller la porte. Ce n’est pas une question de confiance, mais plutôt une certaine habitude qui est dure à perdre. Au même moment, où je parviens à me retourner, je tombe nez à nez avec Benji. Mon sang se glace, mon cœur tambourine violemment, presque sauvagement dans ma cage thoracique. Je reste choqué par cet affrontement. Je pensais qu’il était au boulot, ou encore en vacances, que sais-je ! Mais non, il est bien là, face à moi. Je me suis éloigné comme un con, je n’ai pas voulu lui donner des explications, j’ai failli tuer quelqu’un, mais c’est vraiment nécessaire d’en parler ? Je prends sur moi, j’affiche un très léger sourire qui est à peine visible, mais qui déforme les traits de mon faciès. « Salut, Ben. » C’est mon meilleur ami, c’est le type pour qui je pourrai également tuer. Je me sens à l’étroit d’un coup, je sens mon mauvais côté reprendre le dessus. Mais je me calme, il ne faut pas que je panique. « Je vais aller chercher mes lettres. » Excuse de merde, ouais. Mais n’empêche que c’est la vérité.
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