HOLDEN WARNER ► charlie winzar.

Paris. La belle capitale française. J'adorais cette ville, mais je devais maintenant la quitter. Je n'en avais pas envie, cela faisait 12 ans que j'étais ici et je m'y sentais tellement bien. J'avais mes amis, j'avais mes habitudes. « Papa, on peut pas rester encore ici ? » demandais-je en déposant mon sac à dos devant l'entrée, où se trouvait tous les cartons. « Non, tu sais, c'est pour le travail. Puis, tu vas pouvoir voir tes grands-parents très souvent une fois qu'on sera à New-York ! » rétorquait-il, faisant signe aux déménageurs de tout mettre dans le camion. Et oui, c'était le boulot. Et il fallait bien qu'on y aille, parce que papa faisait déjà de nombreux allers-retours entre New-York et Paris depuis plusieurs mois. Alors je n'avais pas le choix, je devais partir et découvrir de nouveaux endroits. Je descendais dans la rue de mon immeuble et je rentrais dans la voiture, direction l'aéroport. Je fixais le paysage par la fenêtre, regardant une dernière fois toutes ses rues et tous ses endroits que j'aimais tant. J'étais triste, mais une fois que je me serais habitué à New York, tout irait mieux, il le fallait. Je devais faire une croix sur ma vie parisienne. Parce que les studios Warner était le plus important, de toute façon.

Mais putain, elle était où. Je passais de pièces en pièces, la cherchant partout, demandant à toutes les personnes que je croisais. Mais ils étaient tous saoules, alors c'était compliqué d'avoir des réponses claires. Je montais à l'étage et je décidais de faire toutes les chambres, voyant des choses que j'aurais préféré ne jamais voir de ma vie. Et me voilà dans une des salles de bains de cette grande maison. Elle était là, sur le sol. « Hope ? Hope répond-moi ! » disais-je en me jetant sur le sol, je l'attrapais et je tapotais sur son visage, paniqué. Ses yeux s’entrouvraient légèrement. « Hold.. Je me sens.. pas bien.. » Elle chuchotait à peine. C'était pratiquement inaudible. Elle avait le teint pâle, les yeux rouges. Mais qu'est-ce qu'il s'était passé. « Ca va aller, hein. Regarde-moi, ferme pas les yeux et continue de me parler. » disais-je doucement, cherchant mon téléphone dans ma poche pour appeler les secours. Je composais le numéro et j'avais peur. J'avais peur parce qu'elle allait mal. J'avais peur parce que j'avais un mauvais pressentiment sur la fin de cette soirée. « Je peux pas.. J'tiens.. plus.. » Non non non. Elle devait tenir. Je donnais toutes les informations au secours et je continuais de tenir sa tête, la fixant. J'avais les larmes aux yeux, parce que je savais ce qu'il se passait. Je coupais le téléphone, le jetant à terre et je me concentrais de nouveau sur elle. « Tu vas tenir, j'en ai rien à foutre ! Tu vas tenir parce que tu peux pas me laisser seul ! Je sais pas ce que t'as pris ce soir, mais j't'en prie, me lâche pas. J'ai besoin de toi, si j'te perds, je perds tout. Je ne peux pas vivre sans toi ! » Clairement, je ne pouvais pas imaginer ma vie sans elle. J'observais ses bras, il y avait des signes de piqûres et voilà qu'elle se mettait à convulser d'un coup. Putain. Merde. Je savais pas quoi faire, alors que les larmes coulaient sur mes joues, inévitablement. « HOPE PUTAIN CONCENTRE TOI SUR MA VOIX ! » hurlais-je en essayant de la calmer, la serrant contre moi. Et quelques secondes après, les sirènes ont retenti, les secours sont arrivés et ils l'ont embarqué. Derrière l'ambulance, je lui tenais la main alors qu'ils essayaient de la sauver. Ils essayaient de la tenir en vie. On arrivait à l'hôpital et ils partaient avec elle. Je me retrouvais seul, au milieu de ce grand couloir au ton blanc. Je me laissais tomber contre le mur et je pleurais. Je me laissais totalement aller, je laissais tout sortir. Et après plusieurs heures d'attente, le verdict tombait. Ils avaient rien pu faire. Elle était morte. Morte d'une overdose. Morte d'un mélange de merde trop fortes pour son petit corps. Elle était partie. C'était terminé. Tout ça pour une soirée où elle avait voulu planer. Elle avait tellement plané, qu'elle avait rejoint le ciel. Après deux ans d'amour avec elle, deux ans de bonheur, je me retrouvais seul, le coeur brisé. Je le savais déjà, je serais incapable d'aimer de nouveau. Elle était si jeune, 17 ans. On ne pouvait pas mourir aussi jeune, putain. J'avais organisé son enterrement avec ses parents, j'avais laissé une rose rouge sur sa tombe et je lui avais dit adieu. Je devais avancer, je devais vivre. Mais c'était presque impossible, j'avais perdu ma moitié. Mon pilier. L'amour de ma vie.

8 ans ont passé. Etudiant brillant à Harvard, que j'avais réussi à intégré à mes 18 ans grâce à mes résultats exemplaires -et aussi à mon compte bien remplis- j'essayais d'avancer. Je n'oubliais pourtant pas cette soirée. Je n'étais jamais retombé amoureux. J'avais peur d'aimer, peur d'être brisé de nouveau. Ma vie était des plus banales, entre les études, les quelques sorties que je m'autorisais et mes amis. Il n'y avait rien de plus monotones. Mais j'avais décidé de changer cette année, j'avais décider que j'allais essayer d'évoluer, de revivre. Mais je savais d'avance que ça allait être compliqué. Parce qu'Hope hantait mes pensées. Parce que l'espoir d'être heureux était parti, même si je ne le montrais que très peu.