(mara) ⊰ It's been a long year without you my friend

Depuis mon retour, j'ai déjà vu quelques personnes, déjà. Ma famille, pour commencer, puis j'ai intégré les cours, ma nouvelle maison, fait quelques retrouvailles, sans pour autant les planifier. Mais y a une personne que j'ai pas prévenue de mon retour. La plus importante, en fait, tout simplement parce que je voulais qu'elle le voie en face à face, lire la surprise dans ses yeux, à ma Lara. Un an et demi sans sa meilleure amie, c'est dur. Même avec les conversations Skype, les multiples photos, messages, même des lettres et des cartes postales, c'est pas la même chose qu'après avoir passé des années aux côtés de Lara. Huit ans qu'on se connait, qu'elle me connaît sur le bout des doigts, alors forcément, la séparation, on l'a mal vécue, pour ne pas dire que ça a été le plus dur pour moi, en plus d'être sans ma famille. Et voilà que je traverse les couloirs de la Dunster House en train de jouer les ninjas jusqu'à ce que j'arrive devant la porte de sa chambre. Et qu'est ce que je fais ? Je fous mon téléphone en route, avec la musique de la maison des poupées à fond. LA chanson que je m'amusais à lui mettre sans arrêt quand on était gamines jusqu'à la rendre folle. Plus qu'à espérer qu'elle soit dans sa chambre, maintenant.

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— Mara ♥

Allongée sur mon lit, emmitouflée dans mon sweat tout doux et mon écharpe, j'étais en train de bosser les cours que j'avais eus plus tôt dans la semaine, tentant de rattraper le léger retard que j'avais pris par rapport à d'habitude. J'avais eu une semaine assez... compliquée. J'étais allée voir Noah tous les jours après mes cours, et si je me trouvais complètement illogique d'agir ainsi, je m'étais également rendue compte que ça me faisait presque du bien. Passé le moment de surprise où je m'étais rendue compte qu'il ne pouvait plus parler... ou qu'il ne voulait plus, je n'arrivais pas vraiment à le deviner, je m'étais presque habituée à communiquer avec lui via mon calepin que je lui avais filé. Pour autant, on ne se disait pas grand chose. J'étais toujours aussi curieuse vis à vis de lui, perturbée aussi de voir que petit à petit, je commençai à l'apprécier. Puis j'avais décidé de quitter la coloc. Maintenant que Roman et Carter étaient officiellement un couple, je me sentais réellement de trop au loft, à lâcher des petits sourires en les voyant complices et tendres l'un envers l'autre, tout en me sentant terriblement mal à l'aise. Fallait que je les laisse tranquilles. Alors j'étais partie et depuis, en attendant de me trouver un nouvel appart, je créchais dans ma chambre à la Dunster House. Le nez plongé dans mes cours de marketing, je mis quelques secondes avant de capter que mon attention était distraite par une musique venant du couloir. Et quand je reconnus la mélodie, je sentis un véritable bond dans ma poitrine, en même temps qu'un pincement au coeur. Parce que la musique de la maison des poupées avait une signification particulière pour moi et.. que j'étais immédiatement en train de m'imaginer l'impossible. Et qu'en ouvrant la porte, je savais que j'allais être déçue de voir que ce n'était aps Margot qui était là, à quelques mètres de moi. Néanmoins, je ne pouvais m'empêcher de me lever, avançant jusqu'à la porte que j'ouvrais doucement, pour jeter un oeil. Puis l'explosion de joie. Mais non !! m'exclamai-je en ouvrant la porte en grand, avant de me jeter dans les bras de ma meilleure amie, les yeux humides. J'y croyais pas ! Qu'est-ce que tu fais ici ?! Pourquoi tu m'as rien dit ? dis-je sans cesser de l'étreindre, autant pour cacher mon émotion que parce que j'avais besoin de ça, de l'avoir dans mes bras.

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S'il y en a bien une pour laquelle je n'ai pas le moindre doute quand à sa réaction sur mon retour, c'est Lara. Il ne s'est pas passé une seule journée depuis mon départ sans qu'on ne se donne des nouvelles, par tous les moyens en notre pouvoir : Appels, Skype, messages, mails, et même cartes postales. Une mise en contact chaque jour, pour se répéter les mêmes choses, parler du manque de la présence de l'autre, de ce besoin de se revoir "au plus vite". Bientôt que j'aimais à lui dire chaque fois. Et bientôt, c'est aujourd'hui. Après une attente qui me sembla durer une éternité, la porte de la chambre visée s'ouvrit, tandis que j'étais là, au milieu du couloir, à m'attirer des regards intrigués voir consternés au vu de la musique que je mettais à fond dans leur maison. Mais qu'importe, j'oublie tous les regards dès que Lara m'aperçoit, ouvrant aussitôt sa porte jusque là entrouverte en grand. Mais non !! Un rire chargé d'émotion de revoir cette petite tête brune m'échappe, avant que je ne réponde, taquine: « Mais si! » Que je m'exclame alors, et c'est tout en riant que je l'accueille dans mes bras dès qu'elle s'y jette. Il y a la famille qu'on a, et celle qu'on choisit. Moi, j'avais choisi Lara y a des années déjà. Mes mains tremblent sous l'émotion quand je la serre fort contre moi, la grande brune, qui demande alors: Qu'est-ce que tu fais ici ?! Pourquoi tu m'as rien dit ? Clairement, elle est sous le choc, et je me félicite intérieurement d'avoir réussi mon coup. Je reculais légèrement, sans pour autant relâcher mon étreinte, pour mieux la voir. « Je voulais te faire une surprise... Je crois que j'ai réussi ? » Dernièrement, sur Skype, j'avais du lutter pour lui faire croire que j'étais toujours en Corée du Sud. Refuser les appels, prétexter un mauvais réseau... Enfin, j'expliquais les raisons de ma présence. « J'suis de retour, Lara. Pour de bon. » Pas de retour en Corée. Du moins, pas pour y vivre.

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L'émotion me rendait fébrile. Et si d'habitude je détestais ce genre de sensations là, je m'en moquais royalement. Parce que c'était Margot. Ma meilleure amie, la soeur qu'on avait oublié de me donner. Qu'importe si ma voix tremblait et que je me sentais toute chose à ce moment là, j'avais juste besoin de laisser ma joie s'exprimer. Je voulais te faire une surprise... Je crois que j'ai réussi ? Je lui fis une légère tape sur l'épaule tout en souriant, comprenant que je m'étais fait avoir comme une débutante. Un mauvais réseau hein ? Saloperie ! dis-je tout en riant, avant de la prendre à nouveau dans mes bras. Mon dieu ce que ça faisait du bien de la voir face à moi, en chair et en os après un ans d'absence. Puis voyant que nous avions des spectateurs dans le couloir, je la faisais rentrer dans ma chambre. J'suis de retour, Lara. Pour de bon. Je la regardais avec un grand sourire qui, décidément, n'allait pas quitter mes lèvres de si tôt. Sérieux ? Tu reviens à Harvard ? demandai-je avec une once d'excitation dans la voix. Elle ne repartait pas en Corée et.. c'était presque un soulagement de l'entendre. T'as raison. La webcam te faisait une sale tête, t'es bien mieux en vrai dis-je avec un sourire malicieux, sachant très bien qu'elle allait m'assassiner.

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Je suis fière de mon coup, fière de voir qu'elle ne s'attendait certainement pas à ce que je débarque à Harvard, à ce que je sois aux Etats Unis, tout simplement. Un mauvais réseau hein ? Saloperie ! J'éclate de rire devant sa bouille, visiblement vexée de s'être fait avoir par mes mensonges. Une tape sur l'épaule, et mon rire redouble, avant qu'elle me reprenne dans ses bras. « Y a toujours du haut débit, à Séoul, en fait. » Avouais-je enfin à Lara, laquelle m'entraîne dans sa chambre maintenant que j'ai fini de me donner en spectacle devant les autres résidents de la Dunster House. Ce que je fais là? Je suis de retour, tout simplement. Sérieux ? Tu reviens à Harvard ? Je hoche la tête à l'affirmative, allant m'asseoir sur son lit sans la quitter du regard. « Oui, officiellement, je suis réinscrite depuis quelques jours. J'ai décidé de reprendre vraiment le cours de ma vie. » Parce que la Corée, c'était vivre, mais par procuration, sans vraie réalité, sans but concret, et surtout, sans ceux que j'aime. T'as raison. La webcam te faisait une sale tête, t'es bien mieux en vrai Waaait, what? Prenant un air outré, j'attrape l'oreiller le plus proche de ma main pour lui jeter dessus. « Je te remercie, Kovalenka! » Malgré le ton accusateur dans ma voix, je rigole, bien évidemment. Un coup d'oeil à la chambre, et je demande: « Alors, Dunster, hm? Ca veut dire que t'es une future présidente des Etats Unis? » le tour en tirant la langue, maline.

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Oui, officiellement, je suis réinscrite depuis quelques jours. J'ai décidé de reprendre vraiment le cours de ma vie. J'étais tellement contente qu'elle ait décidé de revenir. Quand elle avait décidé de partir, bien évidemment que j'avais respecté son choix. Et puis, j'avais bien vu qu'elle en avait eu besoin, même si ça m'avait déchiré le coeur. Mais ça ne m'avait pas empêché de la soutenir pendant tout ce temps, de l'appeler tous les jours, de lui demander comment était la Corée et si elle était heureuse là bas. Aujourd'hui l'avoir devant moi, c'était un réel soulagement. D'une part parce que je savais que nous allions pouvoir nous voir comme avant, mais également parce que ça montrait qu'elle allait mieux. Et c'était tout ce qui importait. Le lui balançait une vacherie dans la tronche, parce que c'était aussi ma manière à moi de témoigner ma joie et évidemment, la riposte ne mit pas bien longtemps à arriver quand je reçu un de mes oreiller en plein dans la tronche. Je riais en attrapant le coussin, avant de venir m'asseoir sur mon lit à côté d'elle. Ou plutôt m'affaler si on voulait le terme exact. J'étais à l'aise avec Margot, c'était le moins qu'on puisse dire. Je roulais des yeux en l'entendant me dire que j'étais la future présidente du pays, tellement ce cliché était répandu sur le campus, tout en lui souriant, amusée. Ouais. C'est Michelle Obama qui m'inspire. J'me suis dit qu'ici je trouverais bien un homme influent à épouser dis-je en haussant les sourcils à plusieurs reprises. En réalité, ça ne pouvait pas être plus faux ah ah. Au point où j'en étais moi et mon caractère de merde, j'étais quasi certaine de finir seule et vieille avec des chats. J'aime bien cette confrérie. Puis j'ai décidé d'essayer de.. me rapprocher des gens ? dis-je, assez peu convaincue moi-même.

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Lara, c’est l’autre grande sœur que le destin m’a apporté, c’est la prolongation de ma famille. Même mes sœurs et mes parents ont pris l’habitude de la voir débarquer à la maison quand on était gamines, malgré nos deux années d’écart. Bébé Margot, 12 ans, et la jolie Lara, 14 ans. Physiquement comme moralement, tout nous a toujours opposé, tout le monde se demande sur quoi notre amitié repose. Et la vérité, c’est que moi-même j’saurais pas l’expliquer, tout ce que je sais, c’est que la retrouver, là, c’est retrouver ma moitié. Elle vient rapidement s’affaler à mes côtés dans son lit, et je me laisse tomber en arrière avec un petit sourire, sans manquer de la taquiner sur sa nouvelle maison. Ouais. C'est Michelle Obama qui m'inspire. J'me suis dit qu'ici je trouverais bien un homme influent à épouser J'éclate de rire en secouant la tête, imaginant Lara en First Lady aux côtés d’un président américain. Weird. « T’as tout prévu, en fait, j’vais venir ici aussi ! » Faaux, j’suis très contente de la Lowell House, puis là-bas, j’ai Kaya, qui plus est. J'aime bien cette confrérie. Puis j'ai décidé d'essayer de.. me rapprocher des gens ? Oh ? Oh. Je tourne plus nettement la tête vers la brune, en haussant les sourcils. « Qui êtes-vous, et qu’avez-vous donc fait de ma meilleure amie. » Je laisse échapper un rire, avant de reprendre, plus sérieusement. « C’est une bonne initiative. Et jusque maintenant, ça se passe comment ? » Parce que je la connais, et je sais qu’avec ceux qu’elle connaît bien, comme moi, c’est un amour. Avec d’autres, c’est une autre affaire.

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Ca me faisait tellement de bien de la voir, c'était fou. J'avais l'impression de retrouver une part de moi que j'avais mise de côté depuis trop longtemps. On était pas faites pour rester loin l'une de l'autre elle et moi. Et l'idée qu'à présent j'allais la voir à nouveau comme avant me rendait toute excitée. Et ça me soulageait aussi, quelque part. Je riais en l'entendant me dire que j'avais bien tout calculé, et qu'elle allait me rejoindre. Évidemment qu'est-ce que tu crois ! Je prévois toujours tout moi dis-je l'air amusée. Je plaisantais bien sûr.. même si il était vrai que j'avais tendance à garder un certain contrôle sur ma vie en toutes circonstances. Mais je lui avouais tout de même que rejoindre une confrérie avait été une décision importante pour moi qui essayait de faire.. des efforts. ? Je souriais à nouveau en l'entendant se foutre de moi, et c'est vrai que c'était facile vu qu'en général, j'avais du mal à sympathiser avec les gens que je ne connaissais pas. D'ailleurs, je crois qu'il n'y avait qu'avec elle que j'étais aussi détendue et moi-même. Ca.. se passe dis-je avec un léger sourire. Non en vrai ça se passe pas si mal. J'ai même une chambre ici t'as vu ! J'ai quitté la coloc avec Roman.

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Évidemment qu'est-ce que tu crois ! Je prévois toujours tout moi Oh je ne crois rien du tout, j’ai l’habitude, je la connais. Si j’ai tendance à prendre les choses comme elles viennent depuis mon enfance, Lara, elle, est presque une maniaque du contrôle, incapable de supporter ce qui la prend au dépourvu. Son destin est une ligne droite toute tracée, et le mien une courbe avec ses hauts et ses bas. « Je sais, je n’en doute pas une seconde. » Je tire la langue en riant, et je l’écoute m’avouer qu’elle essaie de se sociabiliser. Ce qui, en soit, est un vrai miracle, et du coup, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur le rendu de ses efforts jusque maintenant. Ca.. se passe. Non en vrai ça se passe pas si mal. J'ai même une chambre ici t'as vu ! J'ai quitté la coloc avec Roman. La bouche en cœur, les yeux plissés, je l’écoute et à la fin de sa phrase, je siffle même, admirative, levant les bras en l’air. « Elle a quitté la coloc avec Roman ! Ca explique le temps pourri ces derniers jours, merde Lara, t’aurais pu attendre l’été est pas fini ! » Je rigole en me tortillant, roulant pour venir appuyer ma tête rousse sur son épaule. « C’est pas trop dur ? J’sais que vous étiez… Proches. Fin, tu sais de quoi je parle. » Fut un temps où elle était dingue de ce gars. Et si elle m’a dit que c’était fini, j’pouvais pas m’empêcher de douter. Elle montre rien, mais elle a bon cœur, ma Lara.

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— Mara ♥

En réalité, ça me faisait bizarre d'être ici, de me retrouver telle une parfaite étudiante à partager des espaces de vie tels que la cuisine, un frigo, de saluer tout le monde dans les couloir et de dormir dans cette petite chambre avec ma salle de bain. J'étais restée longtemps en colocation avec Roman, c'était presque devenu une habitude de le voir tous les jours et de partager mon quotidien avec lui. Mais toute chose avait une fin. Et depuis qu'il s'était officiellement mis en couple avec Carter, je m'étais mal vue rester avec eux pour tenir la chandelle en permanence. Autant qu'ils soient tranquilles. Même si oui, je devais avouer que tout ça me manquait. Je donnais une légère tape sur l'épaule de ma meilleure amie en l'entendant se foutre de ma gueule, mais amusée au fond. Mais je la laissais venir près de moi, soulagée quelque part de la voir enfin près de moi et pas en Corée ou je ne sais où. « C’est pas trop dur ? J’sais que vous étiez… Proches. Fin, tu sais de quoi je parle. » Je me pinçai légèrement la lèvre en jouant avec le cordon de mon sweat, repensant à cette période que j'avais écarté de ma vie depuis un moment maintenant. Même si.. bon. « Ca me manque un peu c'est sûr, mais c'est mieux comme ça. Ca m'aurait vite gonflé de le voir roucouler avec Carter à longueur de journée. J'suis juste.. un peu déçue de pas trop avoir de nouvelles » dis-je en haussant les épaules.

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