Fliquaille & démerdement » ft Ael

« BORDEL DE PUTAIN DE MERDE ! » vociféra Moana contre le mur gris, terne et sans âme en face d’elle. Il était bien évident que la piquante sicilienne ne s’adressait pas à son comparse de conneries - et en l’occurrence de cellule - se trouvant juste à côté d’elle. Pourquoi les flics les avaient arrêtés et flanqué en détention ? Bonne question. Ils n’étaient pas ivres, ni coupables d’attentat à la pudeur, non. « Tu crois qu’ils n’aiment pas les graffitis ? En plus de pas avoir inventé le fil à couper l’eau chaude, ils ont AUCUN GOUT CES ENCHOSÉS ! » La demoiselle n’avait pas honte de beugler bien fort ce que tout le monde avait tendance à penser tout bas. Et en même temps, elle tentait de fomenter dans son esprit un plan machiavélique histoire de les faire sortir d’ici. « Dis bichon… y’avait bien que des gars quand on a été arrêtés ? »

Toi dans une cellule ? Si tu l’avais su quand tu avais commencé ta soirée avec la jeune brune et ben tu aurais été plus qu’étonner. Mais bon actuellement tu étais dans la merde, tu étais dans une merde totale et tu ne savais pas quoi faire, tu ne savais pas du tout quoi faire alors, tu étais assis sur le banc qui était dans la pièce regardant Moana qui était en train de crier, qui était en train de péter un câble alors, que tu étais tranquille toi. Tu te demandais presque si elle serait capable de te frapper ensuite, de te sauter dessus parce que tu ne faisais rien, mais vous étiez trop proches pour qu’elle fasse une telle chose. « Je crois seulement qu’ils sont extrêmement con. » Tu souris en coin sachant que c’était vrai, les flics ont toujours été très con, il ne fallait pas mentir. « Ouais, il y avait bien que des mecs pourquoi ? » Tu fronçais les sourcils te demandant ce que Moana avait en tête, tu avais bien envie de savoir ce qu’elle serait capable de faire pour vous faire sortir de là. Tu n’avais jamais vécu dans une pièce aussi petite, il y avait une première fois à tous réellement.

Moana pouvait beugler à en réveiller les morts, elle n’aurait jamais frappé personne à moins d’être réellement à bout. Hors, malgré les apparences, elle était presque calme pour les circonstances. Rien de plus désagréable que d’être enfermé comme une criminelle, après tout… Ael devait sûrement partager son point de vue, même s’il était plus calme encore qu’une étendue d’eau sous un paisible matin de printemps. De quoi la pousser à avoir un plan machiavélique… ce dont elle était passée récemment experte, du reste, à force de faire des conneries avec son meilleur pote et partner in crime. Il fallait être inventif ! « Ouais… y sont tellement cons j’suis limite désolée pour eux ! » s’exclama-t-elle avant de le rejoindre de plus près, se mettant à parler un peu plus bas pour être certaine que son pote soit le seul à l’entendre. Sa réponse lui arracha un sourire narquois et amusé en même temps, car c’était exactement ce qu’elle attendait… « Bah les mecs ils sont faibles… surtout les flics ! T’imagine, ils z’ont pas tronché leurs femmes depuis des plombes s’ils sont en garde ! Et peut-être même que bobonne a joué la carte de la migraine, tout ça tout ça… ça va arranger nos affaires, vu que moi… j’ai un beau cul et j’sais m’en servir, tu m’suis mon chou ? »

Tu attendais presque que Moana te gueule dessus, mais tu n’aurais qu’à lui donner le numéro de ton père pour en sortir aussi vite. Mais autant dire, que c’était assez drôle de la voir perdre son calme comme ça, toi sadique ? Jamais, mais tu avais bien besoin de rire un peu et sur le coup c’était le cas. Tu savais que tu aurais dû le faire dès le début, mais tu avais tellement l’habitude de voir une Moana calme, que pour une fois tu voulais profiter de la vision que tu avais sous les yeux. « Ouais, mais il en faut dans la vie des cons comme ça sinon personne se retrouverait enfermer. » Tu fis une boude comme désolé pour eux alors, que tu étais amusé dans le fond. De toute manière, il n’allait rien vous arriver parce que tu n’allais pas faire en sorte que ta meilleure amie ait des soucis. Ton père allait faire en sorte de vous blanchir tous les deux, c’était bien une bonne chose d’avoir un père comme le tien, con, mais avec du pouvoir et surtout de l’argent. Tu écoutas Mo’ d’amouur avant de rire ne pouvant t’en empêcher. « Tu sais que c’est loin d’être bête, amour ? Il faut que tu le fasses, dragues-en un assez pour qu’on puisse partir d’ci. Et c’est vrai que tu as très beau cul, il risque de tomber dans le piège facilement. »

Moana ne s’en serait jamais pris à Ael, elle ne s’extirpait pas de ses propres responsabilités, ce n’était pas le genre. Autant elle pouvait agir de façon très légère et inconsciente lorsque sa petite personne uniquement était en jeu, autant jamais elle se rendrait responsable les autres de ses propres conneries. En l’occurrence, ils étaient aussi fautifs l’un que l’autre de leur enfermement chez les flics. La sicilienne le savait, l’anglais aussi, alors autant éviter de se prendre le chou. Le mieux, c’était de prendre la tête à la fliquaille. Ça, c’était un plan bien meilleur ! « Ouais t’as raison mon bichon… j’dirais même qu’on se ferait bien chier sans ces cons, tu t’rends compte, on pourrait plus se foutre de leur gueule ! La tragédie du siècle ! » Il fallait bien se le dire, Moana n’était jamais à l’abri d’amuser la galerie rien qu’avec ses remarques. Mais elle offrait en prime un plan diabolique à son partner in crime, qui sembla y adhérer sur le champ. Parfait. « Bien sûr que je suis pas conne ! Y’en a un peu dans mon pois chiche, faut pas croire… » rit-elle de bon cœur, sachant qu’elle avait oublié effectivement d’être idiote. Normal, pour un futur médecin. Elle commença à remonter outrageusement sa jupe, ouvrit plusieurs boutons de son chemisier et ébouriffa légèrement ses cheveux, prête à faire feu. « Ça va, je suis assez bombasse ou j’en rajoute chou ? »

« Oh tu sais on finira par trouver une autre personne pour se moquer d’elle, c’est pas les cons qui manquent dans ce monde, mais ça sera juste moins drôle. » Tu souris en coin ne pouvant faire autrement, tu n’avais aucune raison de te cacher et tu n’avais surtout pas peur des conséquences. D’accord, tu ne pensais pas que tu allais finir ici, mais comme quoi une soirée avec la jolie brune était pleine de surprise. Tu n’allais pas t’en plaindre, vu les derniers événements dans ta vie tu en avais réellement besoin, besoin d’oublier, de faire la fête sauf que tu devais en parler à Mo d’amour, tu devrais lui dire même si tu savais que ça allait lui faire du mal, tu ne pouvais pas lui mentir. « Je vais être papa Moana. » Super l’annonce, super comment tu étais capable de lui dire, mais tu ne savais pas comment le faire, comment lui dire que tu avais fais cette connerie là et surtout que la mère ne serait pas la femme avec qui tu ferais ta vie. Ce n’était pas une erreur, enfin tu n’en savais rien, bref c’était prise de tête. Tu regardas la brune souriant en coin, elle était canon et putain les gens se damneraient pour l’avoir dans leur lit, toi le premier, mais tu l’avais déjà, mais pas dans le sens que tout le monde voudrait. « T’es superbe comme ça, rajoute rien ça ferait trop après. »

« Mouais pas faux… déjà le fait qu’ils aient pris la mouche c’est moins fun ! Aucun humour sans déconner ! » haussa-t-elle les épaules d’un air faussement pompeux. Moana aimait juste bien rire aux dépends d’autrui, et s’il s’agissait d’un gardien de la paix, encore mieux. En bonne fille de mafieux, il était bien évident que la loi ne pouvait pas être son fort. Ceci étant, la sicilienne était à des années lumières d’imaginer quel couperet allait lui tomber sur la nuque. Ael, beaucoup plus sérieux que précédemment, lui lâcha une véritable bombe digne de celle d’Hiroshima, la laissant bouche bée un bon moment. Les souvenirs les plus odieux lui montèrent en tête et elle déglutit avec difficulté. « Au moins toi tu bastonneras pas la future môman » fit-elle d’un air plus absent, avant de secouer la tête et de se reprendre. Un petit secret que Moana n’avait jamais partagé avec personne, pas même son partner in crime préféré. « Tu sais quoi, si j’peux gagater avec ta permission, ça sera top… franchement c’est marrant j’t’imagine bien en papounet ! C’est prévu pour quand ? » reprit-elle dans un grand sourire content. La piquante brune était sincère, toujours. « Ouais trop ce serait pas cool… maintenant faut que j’attire habilement l’attention ! »

Tu ne savais pas pourquoi tu avais lancé cette chose comme ça à une de tes meilleures amies, tu n’en savais strictement rien, mais tu n’avais jamais eu le temps avant puis tu connaissais son passé, tu n’avais pas envie de lui faire du mal, de la voir souffrir à cause de cette nouvelle alors, tu t’étais enfin lancé même si tu savais que tu lui faisais du mal. Tu finis par te lever pour te rapprocher d’elle tout en fronçant les sourcils entendant ce qu’elle venait de te dire, c’était une blague non ? Tu posas ta main sur sa joue tout en la regardant dans ses yeux, te perdant presque dedans. « Il t’a frappé ? » Tu avais besoin de le savoir, tu avais besoin de connaître la vie de Moana, c’était plus fort que toi, mais tu en avais besoin pour la connaître, juste pour savoir ce qui se passait dans sa vie, ce qu’elle avait pu vivre ou ne pas vivre. Surtout parce que tu étais en colère de savoir qu’on avait pu poser sa main sur elle, sur la brune qui était devant tes yeux et qui représentait beaucoup de choses dans ta vie. « Je m’imagine pas du tout père, je sais pas du tout comment je serais et j’ai presque l’impression que ça serait horrible. Mais ouais, tu auras ma permission pour gâter cet enfant comme jamais. Elle en est à son deuxième mois. » Tu passas ta langue sur tes lèvres avant de poser ta bouche au coin des lèvres de la brune, comme pour te faire pardonner d’avoir fait en sorte qu’elle repense à cette dure épreuve dans sa vie. « Cris, faire genre que tu as vu un cafard ou un truc comme ça, bébé. »

Moana ne savait guère pourquoi elle venait de lâcher une bombe pareille. D’ordinaire, être la seule au courant d’un tel évènement dans sa vie lui paraissait plus pratique, moins douloureux… mais aujourd’hui, face à l’aveu d’Ael, c’était sorti tout seul. Il fallut d’ailleurs que son meilleur ami se rapproche et pose sa main contre la joue de la sicilienne pour qu’elle replonge son regard dans le sien et laisse apparaître cette tristesse qui la bouffait littéralement depuis trois ans. « S’il n’avait fait que me frapper… disons que ma fausse couche est pas forcément qu’accidentelle » admit-elle à demi mot, craignant d’aller plus loin. Ce n’était pas le moment de mettre le jeune homme en colère, non pas contre elle mais contre son ex. De toute manière, toute colère serait parfaitement inutile, le type en question habitant toujours en Nouvelle-Zélande aux dernières nouvelles. « Horrible ? Mais nan chou ! Tu sais, ça s’apprend. Personne peut te juger, y’a pas de bonne école de parents ou de manuel miracle ! Tu feras comme tous les autres… à ton rythme, comme tu pourras, et il sera heureux comme tout ce bébé. Compte sur moi pour te soutenir au max et le gâter à fond ce bout d’chou ! Il va même l’être trop ! » rit-elle doucement, avant de hocher positivement la tête, lui rendant son bisou au passage. « Sa grossesse se passe bien au moins ? » s’enquit-elle aussitôt, même si elle ne connaissait pas encore la future maman. Mais une chose était sûre, Moana n’avait aucune rancune ni tristesse à l’évocation du futur bébé de son partner in crime. « Ouais, crier c’est pas con… t’es un génie mon ti’ chou ! AU SECOUUUUUURS QUELQU’UN J’VAIS MURIIIIIIIIIIIIR !!!!! »

C’était juste étrange, étrange d’apprendre cette chose que maintenant et ça te faisait mal, mal de savoir qu’elle avait pu souffrir de la sorte même si tu ne la connaissais pas à l’époque, tu n’en avais rien à foutre, cela te faisait mal quand même d’apprendre qu’on avait pu toucher à la brune. Puis tu faisais une chose que tu faisais peu, très peu même, tu pris la jeune femme dans tes bras la serrant fortement contre toi, faisant en sorte de lui faire comprendre que tu serais là, toujours là sans prendre la parole. Ce n’était pas la meilleure chose à faire de parler de ça, tu serais capable de t’énerver et de partir dès demain pour aller le tuer, donc autant se taire. Puis un sourire se dessina sur tes lèvres en l’entendant te dire que tu serais un bon père, tu ne pensais clairement pas comme elle. Tu allais devoir t’occuper d’une petite chose, d’un truc tout petit et qui parlait même pas, comment tu serais capable de comprendre ce qu’il voudrait hein ? Puis tu devrais le changer, l’horreur autant le dire. « J’essaierais d’être totalement là pour lui, de lui donner ce qu’il faut et d’essayer de faire ce qu’il faut pour être le meilleur père possible. Mais ça risque d’être compliqué, je suis un peu trop centré sur moi alors, comment m’occuper aussi d’un enfant hein ? Il sera heureux, c’est sûr, je risque de lui donner beaucoup trop, mais je suis comme ça. » Tu souris doucement en pensant à une telle chose, c’est clair que tu allais lui donner tous ce qu’il voudrait parce que tu voudrais juste le voir heureux et qu’il ne manque de rien, jamais. « Pour l’instant, ça va. » Tu étais heureux de voir qu’elle s’inquiétait en quelque sorte pour Aymalyne même si elle ne la connaissait pas, c’était toujours bien de savoir que des gens pouvaient être heureux de savoir que vous alliez être parents. « Je sais amour. » Tu souris en coin avant de te retenir d’éclater de rire en voyant ce qu’elle était en train de faire et surtout ce qu’il se passa ensuite. Un policier venait devant la cage dans laquelle vous étiez pour voir ce qu’il se passait dans cet endroit. « Qu’est-ce qui se passe ici ? »