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La pluie s'abattait sur Boston depuis quelques heures déjà. Hors de question pour Milo de reporter sa séance de jogging, il était parti courir sous cette pluie torrentielle. La musique à fond dans les oreilles, l'eau dégoulinait sur lui. A vue d'oeil, il devait être environ onze heure du soir, les rues étaient désertes. Il fallait être fou pour sortir par ce temps là. La pluie s'écrasait lourdement sur le sol, laissant un bruit de fond assez agréable, surtout lorsqu'on était à couvert. Le Winthrop était dingue de sport et ne se limitait pas à une banale averse. Le besoin de se défouler était beaucoup trop grand pour se ne pas courir. Les nerfs à vif à cause de ses récentes découvertes, il avait cette envie de se changer les idées. Ses pas étaient francs et maîtrisés, il devait rester concentrer s'il ne voulait pas glisser. Déjà deux fois qu'il manqua de justesse de se casser la gueule, il devait contracter les abdos s'il ne voulait pas finir dans le caniveau. C'était un bon moyen de faire d'une pierre deux coups. A y regarder d'un peu plus prêt, il devait être le seul taré à être dehors. A fond sur sa course, ses muscles étaient chauds et douloureux. Voilà deux heures qu'il courrait, alternant endurance et rapidité. Son adhésion à Harvard était une chance qu'il ne voulait pas laisser passer. Milo se donnait les moyens pour y arriver, peu importe le prix à payer. Il était clairement prêt à faire d'énormes sacrifices dans sa vie personnelle pour sortir diplômé de cette brillante université. Le jeune homme a toujours été très consciencieux dans ses études et a toujours fait en sorte d'être bon à l'école. Ambitieux et têtu, il voulait devenir quelqu'un et ne pas rater sa vie était devenu une priorité. Il voulait que ses parents, adoptifs, soient fiers de lui. Leur décès fut un véritable électrochoc pour le Winthrop qui n'était âgé que de douze ans à l'époque. Sous ses apparences de connard dur à cuir se cachait un petit gamin à la recherche de ses origines. Pas évident de percevoir cette faiblesse puisque Milo ne laissait rien paraître. Il mettait un point d'honneur à rester fort, peu importe les circonstances. Sa présence dans les rues de Boston, sous cette pluie, témoignait largement son mal être et ce besoin de vérité. Le beau brun n'a jamais été aussi prés du but qu'aujourd'hui. C'était trop pour lui, il ne supportait plus cette situation et savait que quelque chose de lourd se cachait derrière ses origines. Comme cette ressemblance anormale avec ce Eden, ce prince de je ne sais plus quoi. C'était de la pure folie. L'esprit embrouillé, il continuait de courir en essayant de mettre un peu d'ordre dans ses idées. Les yeux plissés, Milo ne voyait plus grand chose devant lui, la pluie devenait épaisse et il ne distinguait plus les formes autour de lui. Semblance à de la grêle, il dû se réfugier dans le premier bâtiment qu'il trouva. Le Winthrop grimpa les quelques marches hâtivement et ouvrit la porte. « Putain » grogna-t-il en levant les bras. L'eau ruisselait encore le long de son corps. Il était trempé, de la tête aux pieds. Il ne mit pas longtemps avant de lever la tête et de reconnaître la Mather House. Un léger sourire vint orner ses lèvres. Machinalement, il attendit quelques secondes sur le pas de la porte, histoire de ne pas en foutre partout et puis, se rappelant qu'il n'était pas chez lui ici, avança dans l'immeuble. Milo était un connard de base et ne pensait qu'à sa gueule. Il se foutait bien de savoir qu'il mettait de l'eau partout et qu'une femme de ménage allait devoir passer derrière lui. Il enleva sa capuche ainsi que ses écouteurs qui étaient foutus avec l'eau. Il les décrocha de son Ipod et les balança dans la première poubelle venue. Les Mathers devaient s'estimer heureux qu'il ne les ait pas balancés dans le couloir. Quoiqu'il en soit, il marcha lentement vers les étages, histoire d'en foutre partout. C'est donc avec une petite idée en tête qu'il se dirigea vers les escaliers. Il les emprunta pour se rendre à l'étage voulu. Noyé jusqu'aux os, il déboula dans le couloir où il marcha d'un pas déterminé. Un gars un peu chelou s'avançait dans sa direction. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il ne voulait pas être emmerdé ce soir. Les deux hommes se croisèrent sans même se regarder, sachant que le Winthrop était prêt à bondir. Quelques mètres plus tard et le voilà devant la chambre de Lucky. Entre Milo et sa meilleure amie, c'était assez explosif mais le beau brun adorait cette fille et avait besoin de sa présence. C'était comme ça, il n'était pas démonstratif dans ses paroles mais compensait par le fait d'être toujours présent dans sa chambre. Surement un peu trop. Inconsciemment, il espérait que quelqu'un soit présent dans cette putain de chambre. Lucky ou Ashleigh, peu importe, il se contenterait de l'une des deux. Milo était relativement chiant avec les deux blondes mais elles lui rendaient bien. Une fois devant la porte, il s'arrêta et posa sa main sur la poignée. Il jeta un rapide coup d'oeil à droite puis à gauche avant d'entrer, silencieusement, dans la chambre. Elles étaient connes aussi, à laisser leur chambre ouverte. Le silence régnait en maitre à l'étage, ce qui était plutôt étonnant pour des Mathers. Il fallait bien avouer qu'ils étaient en pleine semaine et donc, les étudiants devaient soit dormir, soit réviser. Il faisait noir complet dans cette pièce. Le regard de Milo se porta machinalement vers la lumière du réveil qui indiquait 00:15. En effet, il était plus tard que prévu. Il plissa les yeux et remarqua rapidement que le lit de Lucky était vide. Le Winthrop fronça les sourcils avant de reporter son attention sur le deuxième lit que composait cette pièce. Il vit Ashleigh dormir paisiblement. Un petit rictus s'afficha sur le coin de ses lèvres. L'envie de l'emmerder était beaucoup trop forte, il ne pouvait que céder à la tentation. Calmement, il referma la porte et se dirigea vers son lit. C'était con mais Milo avait envie de rire. Il attrapa le bord des couettes et vint se glisser dans le lit. Mouillé et collant, il vint s'installer, comme s'il était chez lui, sous les draps. En parfait connard qu'il était, il passa sa main dans son dos en prenant soin de se coller à elle. « Ash, j'ai froid, réchauffe-moi. » dit-il avant de rigoler. Il venait de mouiller tout son plumard. L'enflure !
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