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Sloan n'en pouvait plus. Il venait d'atteindre son point de non-retour. Cette situation avec Charline le rendait complètement fou, il était obsédé par elle et prendre du recul n'était visiblement pas la solution à ce problème. Il l'aimait, comme jamais il n'avait aimé une femme auparavant. Cela défiait toutes les limites qu'il s'était fixé au départ. L'impression que la brunette faisait parti de sa vie depuis des années, il ne pouvait clairement plus s'en passer. Accro à cette fille, toute cette mise en scène n'avait absolument aucun sens. Lui faire croire qu'il avait couché avec Biddie alors qu'il était clairement incapable de trouver une autre femme attirante. L'Eliot ne voyait qu'elle et vivait très mal cette pseudo amitié. Ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde mais c'était le seul moyen qu'ils avaient trouvés pour continuer à alimenter leur relation malsaine. Son deuxième portable dans la main, il envoyait des messages à Charline depuis deux bonnes heures. Il lui parlait par le biais de Marvin, un gars qu'il avait inventé dans l'unique but de continuer à lui parler. C'était stupide et pas très malin de sa part. Ils apprenaient à se découvrir depuis environ trois semaines et passaient parfois des nuits entières à se parler. La petite Granger avait certainement capté que c'était lui mais il s'en foutait complètement, il continuait à le faire. « Mais qu'est-ce-que j'fou bordel ! » marmonna-t-il en passant sa main dans les cheveux. Sloan n'arrivait plus à se contenter de lui parler par le biais de messages ou de rencontres vite fait. Non, il en voulait plus, il la voulait sans devoir se cacher et se mentir à soit-même. Il aimait cette meuf, il en était raide dingue et avait l'impression de la perdre un peu plus chaque jour. C'est bon, il avait perdu assez de monde dans sa vie, il ne voyait pas ce qu'il deviendrait sans sa princesse à ses côtés. Le jeune homme se leva brusquement en regardant le portable, il plissa les yeux en voyant qu'elle ne répondait pas. Un élan de rage vint le submerger et il balança le portable, de toute ses forces, contre le mur. Le portable s'écrasa en milles morceaux sur le sol de sa chambre d'hôtel. Sans chercher plus loin, il prit le premier sweat à capuche qui traînait là et quitta précipitamment la chambre. Le beau brun traversa le couloir, la démarche rapide et énergique. Il passa devant l'ascenseur mais pour aller plus vite, il dévala les escaliers deux par deux. Il manqua de se casser la gueule à un moment mais se rattrapa sur la rampe d'escalier. « Putain ! » jura-t-il. La drogue ainsi que sa bipolarité omniprésente l'avaient énormément affaiblie et c'est tout juste s'il tenait sur ses deux pattes. Sloan avait besoin de changer de mode de vie, cela devenait urgent. Une fois en bas, il traversa le hall d'entrée, fit un signe au réceptionniste au passage et sortit de son hôtel. Il monta dans le premier taxi venu. Hors de question pour lui de prendre la voiture, pas tant que son problème de drogue ne s'était pas arrangé, il en avait presque perdu confiance en lui. Quoiqu'il en soit, le taxi le mena directement devant l'appartement de Charline. L'Eliot sortit de la voiture après avoir tendu un billet au chauffeur. Il leva la tête par pure réflexe, histoire de voir si quelqu'un était présent dans l'appartement. Visiblement oui. Le jeune homme s'approcha de la porte et, à sa grande surprise, remarqua qu'elle n'était pas correctement fermée. Ravi de pouvoir débarquer à l'improviste, il poussa la porte et entra dans l'immeuble. Il grimpa les escaliers et toqua à la porte de son appartement. Sloan baissa la tête en attendant une quelconque réaction de l'autre côté. Il inspira profondément avant de relever la tête en voyant la poignée se tourner. Il ignorait comment il allait s'y prendre, il ne savait pas quoi lui dire ou quoi faire. Il sentait le stress monter en lui. C'était pas vraiment évident pour lui de tout lui avouer. Il ignorait s'il allait tout lui balancer de but en blanc, il ne savait pas comment réagir et se mettait la pression tout seul. Lorsque la porte s'ouvrit, il fut surpris de voir la colocataire de Charline. Ses sourcils se froncèrent, il n'avait pas forcément envie d'avoir un public, c'était déjà assez difficile comme ça. « Elle est où ? » demanda-t-il sur un ton légèrement agressif. Sloan n'aimait pas cette meuf et visiblement c'était réciproque. Il ne prit même pas la peine de la saluer ou quoique ce soit, il n'était pas venu pour être gentil avec sa colocataire. Cette dernière haussa les épaules et répondit « Dans la salle de bain » sur le même ton que lui. L'Eliot ne chercha pas à comprendre plus loin et se dirigea vers la salle de bain, pas de merci, rien du tout. Il connaissait cet appartement pour y être déjà venu quelques fois. Il se stoppa devant la porte et tendis l'oreille. Il n'entendit rien et commençait à douter de sa présence ici. Néanmoins, il ne se dégonfla pas et enclencha la poignée pour entrer dans la salle de bain. Il ne toqua pas, il ne prit même pas la peine d'annoncer sa présence. Lorsqu'il entra dans la pièce, il vit Charline complètement nue dans son bain. Un large sourire vint alors orner son visage lorsqu'il capta son regard. Elle semblait tellement surprise de la voir débarquer ici. Et lui dont ! « Je passais dans le coin. » dit-il subtilement. Sloan vint fermer le taquet derrière lui et s'avança vers la baignoire. Il enleva ses chaussures une par une, les balançant dans le coin de la pièce. « Et j'ai eu envie de venir te voir. » continua-t-il en enlevant son sweat et par la même occasion son t-shirt. « J'sais pas, faut croire que tu me manquais ! » Le beau brun la regarda, amusé par son propre discours qui n'avait aucun sens. Une fois devant la baignoire, il éclata de rire et entra dedans, avec le jean. En s'asseyant, l'eau du bain déborda, noyant la salle de bain. Il s'en foutait, il n'était pas chez lui. Heureusement pour eux, la baignoire était grande et ils passaient largement à deux. Sloan allongea ses jambes contre les siennes et la fixa intensément. C'était là où était sa place, avec Charline et nulle part d'autre. « Faut qu'on se cause princesse. J'veux que tu écoutes attentivement ce que j'ai à te dire et seulement après tu pourras te jeter sur moi. » dit-il sur un ton anormalement neutre. Il déglutit en essayant de rester concentré sur son regard. La vue presque parfaite sur sa poitrine était troublante mais il n'était pas là pour ça, pas de suite du moins. Ses avants-bras délicatement placés sur le rebord de la baignoire, il prit son courage à deux mains pour lui avouer tout ça. « Déjà, je tiens à m'excuser pour le Summer Camp. J'ai complètement merdé à la dernière soirée. J'sais pas ce qui m'a prit, un surplus d'alcool et de drogue, j'ai péter un câble. Le voir te draguer, ça m'a rendu dingue. J'suis pas d'une nature jaloux mais là, mais j'étais fou ! Je ne me contrôlais plus, j'avais l'impression que quelqu'un d'autre agissait à ma place. C'est facile de dire ça, je n'ai aucune excuse, tout est de ma faute. J'suis parti sans te le dire parce que c'était surement plus simple ainsi. Je ne voulais pas t'affronter, j'ai préféré fuir plutôt que de m'expliquer avec toi. C'est lâche et stupide. Je m'excuse pour ça. Ensuite, pour mon comportement odieux envers toi. Je n'ai pas couché avec Biddie mais c'est la seule excuse que j'ai trouvé pour te tenir à l'écart de moi. Je voulais que tu me déteste, que tu m'en veuilles et que tu tire un trait sur moi. J'ai pas rompu avec toi parce que j'me suis tapé une vulgaire meuf mais parce qu'on me l'a demandé. » commença-t-il sur un ton parfaitement calme. Sloan se livrait, à coeur ouvert et parlait droit dans les yeux. Il se voulait le plus sincère possible, tant pis pour les conséquences, le mensonge avait assez duré. Machinalement, il mit sa main droite dans l'eau et le posa sur le mollet de Charline. C'était plus fort que lui, il avait besoin de la toucher, de la retrouver. Même si dans le fond il ignorait sa réaction, il profitait peut être, une dernière fois de son corps si parfait. « Georges a eut vent de cette altercation et j'ai failli me faire virer des Eliots. Le deal avec mon beau-père consistait à me calmer et à finir Harvard chez les Eliots. Il a dû mettre le prix pour me faire rester chez les bleus mais à côté de ça, il m'a demandé de ne plus te fréquenter. J'sais pas ce qui m'a prit Charline ! J'ai cru que je pouvais m'éloigner de toi mais j'en suis incapable. Regarde moi, j'ai même été jusqu'à me faire passer pour Marvin pour continuer à te parler. J'ai fait n'importe quoi les dernières semaines, j'me suis drogué plus que de raison, j'ai bu jusqu'à plus soif. J'ai tout essayé pour t'oublier ... » dit-il. Sloan déglutit avant de conclure par un « ... Mais je n'y arrive pas Charline. Je t'aime et je ne peux pas lutter contre ça. » sincère et émouvant. L'Eliot se surprit lui-même dans son discours. Il venait de parler avec son coeur et n'avait rien calculé avant. Et voilà, la bombe était lancée, il lui restait plus qu'à croiser les doigts pour qu'elle lui pardonne et qu'elle lui donne une seconde chance. Il s'en remettait à elle.
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