BASTIEN&SOANE | trouble never comes alone

Conduite en état d’ivresse, c’est ce qu’ils m’ont dit. Ils m’ont embarquée au poste alors que je rentrais chez moi à bord de mon 4x4. J’avoue avoir bu mais je suis toujours lucide, quoiqu’un peu inconsciente de ce qui pouvait m’arriver dans mon état. Je sais pourtant que c’est mal, mais je tiens plutôt bien l’alcool alors je me dis que tout est ok. En arrivant au poste, ils ont pris mes affaires, j’ai fait mon petit cinéma de princesse pour pas qu’ils me volent ce qui pouvait être dans mon sac, surtout pas mes tunes. Je refuse d’ailleurs qu’ils y jettent un œil, comme si j’avais un truc à cacher, de la drogue planquée au fond. Je leur mens en disant n’avoir bu que deux ou trois verres, puisque je sais parfaitement que c’est faux et que je peux facilement tripler ça. Leurs têtes me reviennent pas, en tout cas, et pourtant, on dirait que je vais devoir me les farcir pendant de longues heures, à moins que ma sœur vienne me récupérer rapidement. Mais j’en doute. Pas tout de suite en tout cas. Ils m’ont jetée dans la cellule avec d’autres types, sûrement là pour des raisons semblables et arrêtés cette nuit visiblement. Cellule de dégrisement, je crois que c’est comme ça qu’ils l’appellent. Je fixe un à un les autres personnes, à la limite de les dévisager sans trop le vouloir. Et mon regard reste planté sur l’un d’eux, comme si j’avais vu un fantôme.

«  Et alors qu’est-ce que ça fait de se retrouvé à la fac ? » se moqua Jo avant de prendre une bonne gorgé de café. Bastien afficha une légère moue. Pas un sourire, juste un demi comme il savait si bien les faires. « Tu pose la question parce que tu n’a jamais eu le plaisir d’y aller ? » Il n’avait pas l’intention de se laisser démonter. Entre Jo et lui il lui y avait toujours eu une espèce de complicité, une affection camouflé derrière les railleries de l’un et l’autre. Bastien serait pour toujours le «  Blue » aux yeux de Jo, même si cela faisait maintenant plus d’un qu’il avait intégré le FBI. Bastien but à son tour un gorgé de café. «  J’comprend pas pourquoi j’peux pas venir ici en journée et puis rencontré chez lui le soir. » «  Parce que tu crois qu’un type comme Mancini ne surveille pas ce que fais son fils ? Il sait toujours tout sur tout. Si tu veux jouer les fils modèle et avoir sa confiance tu va devoir apprendre à l’être. » Bastien serra les dents, tandis qu’il pensait à son «  père ». Il avait du mal à qualifier ainsi l’homme qui avait fait assassiner sa mère… «  Bon faut que j’file » dit-il en finissant son café d’une traite. «  RDV ici dans 1 semaine j’imagine ? » dit-il à l’ intention de Jo qui acquiesça. Il sortit de la salle d’entretien et passa devant les cellules de dégrisement sans se douté d’une étudiante d’Harvard s’y trouvé…

Lucide, je suis certaine de l’être. Au contraire du type que je fixe depuis bien cinq minutes. Aucune réaction de se part. J’ai l’impression qu’il est mort. Ca fait combien de temps qu’il est là, au juste ? C’est l’alcool ? La drogue ? Ou il git ici depuis si longtemps qu’il a rendu l’âme pour vrai ? Je me suis contentée de poser mon cul à terre, dans un coin, en fixant une à une chaque personne présente. Jusqu’au moment où j’ai entendu une porte claquer. J’ai bondi, comme si on m’avait appelée pour enfin me sortir d’ici. Je me suis pressée jusqu’aux barreaux, les saisissant fermement dans mes mains en passant le bout de mon visage entre deux d’entre eux. « Eh ! S’te plaît ! Je vais être obligée de rester là combien de temps encore ? C’est pas tout, mais j’ai des cours à bosser, moi. » lançai-je au seul flic présent à cet instant. Un peu comme si ma présence ici était de sa faute, et non de la mienne. Comme si c’était lui qui m’avait forcée à boire puis à conduire jusqu’à chez moi. Je sais pertinemment qu’il a rien à voir avec ça. Mais il pourrait me faire sortir d’ici, non ? « Je manque pas d’argent, je peux payer, y a pas de souci, mais je veux rentrer chez moi ! » Prête à payer des milles et des cents, oui. Prête à tout pour sortir de cet endroit crasseux, pour ne plus être entourée par tous ces types aussi louches les uns que les autres.