The Campbells || We're not a family

Depuis le temps, Eliot devrait savoir que la chance et lui faisait dix milles, même s'il n'avait jamais cherché à se mettre à dos la chance. Mais le fait est qu'il se l'est mis à dos, à un moment ou à un autre dans la vie, il avait perdu la chance depuis belle lurette. Et en montant dans cet ascenseur, il aurait dû calculer ce petit détail et prendre les escaliers au lieu de jouer les fainéants pour rentrer chez lui après la fin de ses cours. Mais il n'avait pas bien calculé et il aurait aimé se gifler lui-même lorsqu'il reconnut la personne qui monta avec lui dans l'ascenseur. Athéna. Bien évidemment. Des années qu'ils connaissaient tous les deux l'existence l'un de l'autre, des mois qu'ils fréquentaient tous les deux Harvard, et autant de temps qu'elle l'ignorait royalement. Triste réalité pour des frères et sœurs. Oui, frère et sœur. Ou du moins, demi-frère et demi-sœur, terme plus correct et Athéna l'enverrait sûrement balader sur Mars si elle l'entendait dire qu'ils étaient de simples frère et sœur, parce qu'ils ne l'étaient pas, et étaient loin de l'être malgré les nombreuses tentatives d'approche d'Eliot. A la fin, il avait fini par abandonner. Et se contenter du contact avec son paternel, leur paternel et aucun autre membre de cette famille qu'il aurait aimé tant connaître. Il soupira, et ferma les yeux, tentant d'ignorer la présence d'Athéna, et son hostilité qui se faisait ressentir même si elle ne pipait mot. Elle lui tourna obstinément le dos, et il savait qu'encore une fois, ce n'était pas aujourd'hui qu'il lui adresserait la parole sans risques. Au moins, ce n'était que quelques minutes dans l'ascenseur, elle n'aurait pas à le supporter plus longtemps. Ou c'est ce qu'ils croyaient tous deux. Jusqu'à ce qu'un bruit sourd se fit entendre, et les lumières de l'ascenseur s'éteignirent soudainement. Pas besoin d'un génie pour comprendre les choses, en additionnant deux par deux, Eliot comprit assez vite : « Non non non non, putain non ! » Lâcha-t-il malgré lui, la panique parlant pour lui. Est-ce qu'on l'a déjà dit qu'Eliot et la chance ça faisait dix milles ? Non ?

Moi qui pensais que ma journée ne pouvait pas être plus pourrie ? Me voilà bloquer dans un ascenseur et ça n'a rien de charmant ou de "hot" comme dans les films. Seigneur non ce serait de l'inceste même si penser qu'Eliot est de ma famille est une idée à laquelle je suis bien loin de me faire. Oui, mon père à eu un fils avant moi, ce qui ne signifie qu'une chose, en vérité sa vie ne tourne pas qu'autour de moi et ce n'est pas moi qu'il aime le plus non plus. C'est fort égoiste de ma part je le sais bien mais remettons l'église au milieu du village : j'ai vécu 16 ans en pensant que j'étais la seule alors maintenant voir que c'est plus le cas ça me traumatise il faut le dire. Je regarde autour de moi, en plus je n'aime pas les endroits clos comme ça et l'autre débile est déjà entrain de péter un cable. Je lève les yeux au ciel, il va quand même pas se mettre a avoir peur "comme une fille" ? On a assez de moi franchement. Oui, en ce moment j'ai beaucoup de mal à accepter Eliot et sa présence ce qui fait que tous m'énerve chez lui je n'y arrive pas. Une part de moi veut le connaitre, veut en apprendre davantage sur lui mais une autre me dit qu'il va juste me voler ma famille et ce n'est pas quelque chose que je laisserais se faire je n'y arrive tous bonnement pas. Je le regarde et reprends "Pousse toi" pour arriver au bouton d'appel et appuyer bien une dizaine de fois dessus chose qu'il avait surement faite mais sait-on jamais. C'est génial, ma vie est géniale ... me voilà dans un ascenseur avec Eliot ... ma vie est vraiment pourrie en ce moment faut le dire. Je soupire et me passe une main dans les cheveux reprenant "C'est un four ici j'espère que ce foutu bouton fonctionne. Tu vas pas me faire un malaise quand même ?" oui qu'il me fasse pas le coup, parce que si il veut que je panique complètement il ne manquerait plus que ça faut le dire.

Athéna. Sa demi-sœur qui ne l'avait accepté. Et il ne savait pas pourquoi parce qu'elle ne lui avait jamais réellement donné de chance, dès le début, elle l'avait snobé, ignoré, lui faisant comprendre qu'il était tout sauf la bienvenue dans la famille. Et il aurait bien aimé lui faire part de son ressenti à lui, qu'il n'avait nulle intention de la remplacer en quoi que ce soit ou quelques soient ses craintes, il n'avait jamais eu l'occasion. Parce qu'elle l'avait rembarré, méchamment. Et il était con Eliot, con ou persistant selon les avis, mais il continuait d'espérer qu'un jour, elle change d'avis. En rejoignant Havard, il avait peut-être pensé qu'à force de se croiser, les tensions s’aminciraient, qu'ils allaient arriver à un semblant d'entente, surtout qu'Eliot entretenait dorénavant une relation quasi père-fils avec leur père, mais il était loin du compte le petit. Naïf. Trop naïf. Parce que cinq ans après son arrivée et près de dix ans après la découverte l'un de l'autre, rien n'avait changé. Elle le méprisait autant, et ils n'étaient jamais restés bien longtemps ensemble dans une pièce. Sauf aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, le monde était contre Eliot. Ils étaient bloqués dans un ascenseur, évidemment. Et alors que le jeune homme pesta contre cette foutue boîte en métal, Athéna ne perdit pas de temps, et le bouscula pour atteindre le bouton d'appel. Ok, tout s'annonçait bien, comme toujours. Eliot soupira. « Pas besoin d'être brutale, me pousser ne fera pas venir les secours plus vite. » Grogna-t-il, alors qu'elle pressa comme une folle sur le bouton d'appel et lui lança une réplique digne d'elle-même. Eliot se retint de lever les yeux au ciel parce qu'entre lui et elle, elle était la plus paniquée et celle la plus apte à tomber dans les pommes, soyons clairs. « T'as l'air plus dans un sale état que moi, ne prie pas trop fort. Enfin, j'imagine qu'être coincé ici avec ton demi-frère diabolique, ça ne doit pas aider. » Ironie quand tu nous tiens. Et Eliot pointa vite l'éléphant dans la pièce, leur lien familial, en sachant qu'elle allait l'étrangler. Mais elle allait sans doute le faire à un moment ou à un autre, pourquoi attendre ?

Eliot est mon demi frère, mais rien que de prononcer ce mot là, demi frè_re ça m'énerve. Mon père a eu une vie avant de m'avoir je le sais bien mais il a été faire un enfant a une autre que ma mère. J'ai du mal à accepter Eliot dans ma vie, je ne l'aime pas, ca m'énerve juste davantage qu'il soit là. Il pourrait pas vivre en hermitte sur une autre planète ? Non il faut qu'on se partage Harvard, il faut qu'il voit mon père de tant en temps et moi je ne dois rien dire. Mon père est tellement content d'avoir un garçon. Oui une fille c'est bien mais on s'inquiète tout le temps pour elle tandis qu'un mec, il va pouvoir l'emmener aux matchs de football américains ou autre pour voir le match oui parce que même si je suis cheerleader présente pendant le match il s'en fiche. Enfin, je n'ai pas envie de voir Eliot tous les jours. Nous avions un équilibre familial et sa venue compromettait 16 ans de ma vie en tant que fille unique. Parfois j'ai envie de le connaitre, je me sens mal de faire ça mais après je me rappelle qu'il n'est pas le bienvenue. La fierté voilà ce qui m'empêche surtout de retourner vers lui. Il est donc là avec moi dans l'ascenseur alors que ce dernier se bloque. Dieu à vraiment de droles d'idées parfois. Je crois qu'on ne sera jamais resté aussi longtemps dans une même pièce étant donné que je suis toujours à le fuir. Je veux que ça aille vite, je bouscule Eliot pour arriver au bouton je finis par me retourner reprenant "Tu aurais pu le faire dès que ça s'est bloqué, on va pas rester ici pendant des heures" oui ça me panique je deviens un peu méchante. Je respire et je vois Eliot pas très bien, je dis qu'il n'a pas intérêt à me faire un malaise, oui, je flippe assez comme ça. Il me rétorque que j'ai l'air pire que lui je le regarde reprenant "Oui, je suis un peu claustrophobe et être bloquée dans un ascenseur encore plus avec toi, c'est pas dans mes projets. Et arrête je n'ai prononcé ni le mot diabolique ni même demi frère. On est pas une famille toi et moi, Tu as la tienne avec qui tu as toujours vécu et moi j'ai la mienne aussi." j'essaie de rester calme mais c'est compliqué, j'ai du mal à ne pas paniquer davantage, je finis par me laisser glisser pour m'assoir ça m'énerve, il m'énerve, tous m'énerve. Pourquoi il est sympa comme ça ? Ironique mais sympa quand même. "Tu pourrais pas être je ne sais pas moi désagréable, con ou je ne sais quoi d'insupportable ?" oui que je puisse le détester à juste titre. Je passe pour une vraie connasse a ne pas le vouloir dans ma vie.

Honnêtement, Eliot n'avait jamais réellement compris l'animosité dont Athéna faisait preuve envers lui, parce qu'aux dernières nouvelles, rien n'était sa faute. Et ni la faute de sa mère, de leur père, qui n'avait pas commis d'adultère, mais avait juste eu une vie avant, simplement. Il n'y avait rien de scandaleux, la mère d'Eliot était loin d'être une de ces femmes avides d'amour assez stupides pour devenir la maîtresse d'une autre, non, elle était juste tombée amoureuse et enceinte au lycée du mauvais homme. Et rien ne concernait Eliot ou Athéna parce que c'était de l'histoire ancienne et aucun des deux n'avaient subi de préjudice. Ou si, Eliot, il n'a pas eu la chance de connaître son père biologique, du coup il était celui qui devait le plus être en colère si on puisse dire, mais au lieu de cela, il avait toujours tenté de raisonner Athéna - en vain. Il ne l'avait jamais compris, et il s'était promis d'un jour de le faire, la comprendre. Peut-être qu'aujourd'hui était le jour. « Calme-toi s'il te plaît, vraiment, rien ne fera arriver de l'aide plus vite. » Ou peut-être pas aujourd'hui vu comment elle était actuellement en panique et lui lançait des piques d'un ton méchant. Pour changer. Elle répétait encore et encore l'excuse du 'on est pas de la même famille', ce qui était relativement faux, sachant qu'ils partageaient le même sang. Et un jour, il tenterait aussi de le lui faire comprendre. Un jour, pas là. A la place, il rebondit sur une autre de ses remarques qui l'avait tilté. « T'as peut-être eu la chance de toujours vivre avec la tienne de famille, mais pas moi. » Répondit-il calmement en faisant référence à son adolescence catastrophique avec la mort de ses parents, de son déménagement à l'autre bout de l'Europe etc etc. Mais évidemment, elle ne le savait pas, elle ne voulait pas. Elle devait même royalement s'en faire là, de sa petite révélation. Eliot la regardait dans son coin, calmement, tenter de se reprendre en main alors qu'elle l'accusait d'être trop, hm, sympa ? Doucement, il rit. « Faut bien compenser ton propre caractère explosif qui suffit largement pour deux. » Plaisanta-t-il, conscient qu'elle allait sans doute mal le prendre. Mais bon, à ce stade, qu'est-ce qu'elle ne prenait pas de mal venant de lui ? « Pourquoi ? Tu cherches à tout prix une excuse pour me détester ? »

Je crois que personne ne comprend réellement pourquoi je n'aime pas Eliot. C'est vrai aux premiers abords il est gentil, sympa, dévoué et voilà au final moi je ne veux même pas apprendre à le connaitre. C'est simplement que j'ai vécu pendant 16 ans en pensant que j'étais la seule pour mon père et maintenant ca fait quelques années et je ne sais pas vraiment comment je dois le considérer, j'ai pas envie qu'il vienne boulverser l'équilibre que ma famille a aujourd'hui, j'ai pas envie que mon grand père le préfère à moi. Pourquoi je devrais l'accepter en plus de ça ? Je n'ai pas envie du tous alors je le repousse loin. Au fond de moi je le sais je me sens aussi coupable, il aurait pu avoir la belle vie, le prestige d'être le fils d'un chirurgien plastique reconnu mondialement et au final ce prestige c'est moi qui l'ai et ça me plais faut le dire. Je suis fière de mon père. Je lui ai volé sa vie en quelques sortes, si mon père n'avait pas laissé sa mère je ne serais pas ici à l'heure où je vous parle. C'est assez contradictoire je sais, je ne sais pas quoi faire alors je fais l'autruche, je le repousse loin, le plus loin possible et je le dénigre, j'enfonce ma tête dans le sable en lui disant qu'il n'est pas de ma famille, ce qui est vrai dans un sens. Je ne sais pas ce qu'il veut mais pour moi si il est venu c'est pour prendre ce que j'ai de plus cher, ma famille, ma vie je me méfie c'est vrai. Parfois je me demande si ma mère n'est pas partie quand elle a apprit la vérité. Je ne sais plus vraiment, je sais juste que Eliot est sans doute gentil mais plus il est loin mieux je me porte. Seulement voilà, je le garde le plus loin possible de ma vie, mais le destin m'en veut je crois, le karma je vous le dis. Nous voilà tous les deux bloqué dans un ascenseur, déjà que je n'aime pas les endroits clos en plus il faut que je sois avec lui, j'ai la poisse je vous le dis. Ca m'agace, je m'agace sur ce foutu bouton, pourquoi l'appelle d'urgence n'a pas l'aire de fonctionner ? Eliot reste calme ça me mets hors de moi je ne sais pas. Il me demande de me calmer, ça m'agace encore plus, je le regarde reprenant "On est suspendu au dessus du vide, je ne vais pas me calmer" oui il suffit qu'un cable lache et pouf plus d'Athéna, plus d'Eliot. Je lui fais ensuite une remarque, lui et moi on est pas une famille, on ne l'a jamais été il a la sienne, j'ai la mienne fin de l'histoire. Il rebondit sur mes propos et j'ai un temps d'arrêt. Je me sens horrible, il n'a pas grandit avec sa famille je le regarde et je reprends "J'ai pas non plus toujours vécu avec ma famille, ma mère est partie quand j'étais encore jeune. Et c'est pas de ma faute non plus si ton père est parti avant que tu naisses et qu'en l’occurrence ce soit surtout le mien." oui c'est pas de ma faute... Mon dieu Athéna tu es horrible oui je m'en veux de lui dire ça, mais le stresse tous ça, ça n'aide pas pour que je sois gentille et calme. Ca m'agace qu'il soit sympa comme ça, c'est vrai il pourrait pas etre atroce et pas sympa ? Je le regarde alors qu'il me dit qu'il faut bien un calme entre nous deux vu mon sale caractère, j'ai un temps d'arrêt, il est sérieux là ? Je ne réponds rien, vexé avant d'être pertubée par sa question, pourquoi je dois le détester ? Je le regarde avant de reprendre "Je te déteste pas toi. Je déteste qui tu es pour mon père." oui, qu'il soit mon demi frère quoi, cette idée là ne me va pas mais alors pas du tous.

Athena commençait à perdre patience, enfin elle n'en avait pas beaucoup eu depuis que tous les deux étaient bloqués dans l'ascenseur mais son humeur semblait s'empirait, et le peu de patience qu'il lui restait menaçait de disparaître à tout moment. Au plus grand malheur d'Eliot qui, lui, s'efforçait de rester calme et quelque peu sociable malgré qu'il se retrouvait coincé avec la personne qui devait plus le détester au monde. « Les secours vont bientôt arriver, encore une fois, rien ne les fera venir plus vite, Athena. S'il te plaît, calme-toi, on ne risque pas de mourir aussitôt. » Rétorqua-t-il sur un ton de grand frère instinctif qu'il aurait voulu ne pas avoir en ce moment-même, surtout avec elle, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait ce caractère qui voulait toujours apaiser et rassurer les gens autour de lui dans les situations extrêmes et quand bien même ces personnes ne semblaient pas enclins à être rassurés, il continuait, encore et encore. Et inconsciemment, avec Athena, il se prenait sans doute pour son grand-frère, parce que techniquement et génétiquement, il l'était aussi. Même si les choses ont été plus que compliquées dans leur vie, à tous les deux. Détail qu'Athena ne se priva de lui faire rappeler à Eliot, 'c'est pas de ma faute non plus si ton père est parti avant que tu naisses'. Il respira un grand coup, fixa un moment Athena avant de répondre, toujours autant calmement et sincèrement : « Je suis désolé pour ta mère. » Il aurait bien rajouter que la sienne était morte, mais ce n'était pas le moment de faire un concours de celui qui avait la vie la plus triste. « Et je n'ai jamais dit que c'était ta faute si notre père est parti avant que je naisse. Mais ce n'est pas non plus la mienne, tu sais. » Alors s'il te plaît, arrête de me détester, aurait-il aimé ajouter, mais il l'avait tellement dit tant de fois dans le passé qu'il ne s'efforça même plus de le faire. Elle savait ce qu'il ressentait, et avait l'air de ne pas y porter trop d'importance. Elle le détestait. Enfin, c'est ce qu'il se disait, c'est ce qu'il croyait. Jusqu'à ce qu'elle lui dise que non, elle ne le détestait pas. Du moins, pas lui. « Qui je suis pour ton père, notre père ? T'as peur que je te remplace ? Qu'il t'efface de son existence parce que je débarque ? Tu sais, tu lui manques. » Confessa-t-il, parce qu'il se disait que c'était le bon moment. Peut-être que toute cause n'était pas perdue avec Athena, sa demi-sœur.