Orlane K. J.-Bianca ► Zoey Deutch

« Comme deux gouttes d'eau. » △ "M'mân, Faith a encore pris ma poupée !" Me plaindre, voilà mon passe temps favori dès mon plus jeune âge. Ce n'était pas facile tous les jours d'avoir une soeur, surtout lorsqu'elle venait fouiller dans vos propres affaires pour dénicher la perle rare. "Vous allez pas recommencer toutes les deux..." Notre mère... On lui en a fait voir de toutes les couleurs avec notre caractère de merde. La pauvre semblait désespérée de nos chamailleries incessantes, a un tel point que son agacement se faisait entendre dans le son de sa voix. Lorsque ce n'était pas moi qui me plaignait, c'était ma soeur à coup sûr. Il faut dire qu'on ne rendait pas la tâche aisée à nos parents, surtout pour des broutilles pareilles. Mais voilà, nous étions soeurs et tout ne pouvait pas être forcément rose entre nous, même entre jumelles. Parce que oui, nous n'étions pas que de simples soeurs : nous étions nées le même jour, au même moment (à quelques secondes près) mais nous n'avions pas le même physique. Nous étions de fausses jumelles, comme dirait les autres. Et même si elle s'amuse à toujours prendre ce qui ne lui appartient pas, je ne l'échangerai pour rien au monde. Il faut dire que Faith et moi, on est un peu comme les dix doigts de la main, dans le genre inséparables. Je pense que c'est notre lien de jumelle qui nous rend aussi proche l'une de l'autre. On ne fait jamais rien l'un sans l'autre, ou presque. Elle est ma meilleure amie, ma confidente, ma soeur, ma meilleure ennemie et tout ce qui pourrait faire de nous deux personnes liées. Je peux avoir mes plus grands fous rires avec elles, comme mes plus grandes déceptions. On partage tout ensemble, même nos amoureux lorsque nous n'étions pas plus hautes que trois pommes. En bref, elle est indispensable à ma vie et je ferai n'importe quoi pour elle. "Promets moi que jamais on ne se quittera..." — "C'est promis ! A la vie, à la mort." lui assurais-je alors que notre petit doigt venait mutuellement s'accrocher l'un à l'autre. Ce geste était notre signe de promesse, notre volonté de ne jamais se quitter.


Nos bagages étaient faits et les cartons de déménagement avaient pris de l'avance sur nous. Nous étions contraints de quitter Sao Paulo, notre ville native où l'on avait grandit toute notre enfance. Oh, je savais que ce n'était pas le pire des endroits qui nous attendait, mais ça me fendait littéralement le coeur d'abandonner tous mes amis. "Ecoute chérie, je sais que c'est difficile pour toi de partir, mais c'est comme ça... Tu te feras de nouveaux amis à Paris, tu verras." Mon père aura beau vouloir me sortir tous les arguments possibles sur terre, ma peine était bien trop grande pour être apaisée. Je n'avais tout simplement pas envie de partir, pas envie de tout abandonner comme ça. Tout ce que j'avais bâti durant mon enfance, toutes ces personnes avec qui je m'étais liées... J'avais littéralement l'impression de les trahir. Mais je savais que je n'avais d'autre choix que de suivre et de me faire à la situation. Mon père avait eu une proposition d'emploi dans une entreprise de finances qu'il ne pouvait refuser. C'est vrai que Paris a toujours été un endroit qui m'attirait, mais jamais je ne pensais y vivre un jour. Ce qui me faisait le plus peur dans ce changement de vie était la langue : je ne parlais pas un seul mot français et j'appréhendais déjà l'apprentissage. Contrairement à moi, Faith était complètement enjouée à l'idée d'habiter sur le territoire français. Elle fut d'ailleurs mon pilier principal dans cette réhabilitation. Elle avait réussi à me donner le goût de découvrir et de profiter. Les premières semaines, voir les premiers mois avaient été assez compliqués. J'avais eu du mal à m'insérer dans cette nouvelle population totalement différente de la nôtre. Mais j'avais fini par m'y faire plus vite que je ne le pensais.

Depuis l'âge de seize ans, ma vie était déjà toute tracée puisque je savais pertinemment ce que je voulais dire plus tard. "Et ben moi, j'ai envie de devenir avocate." Ma mère avait l'air surprise à cette annonce. Et à vrai dire, je comprenais son étonnement. Comme tout enfant, j'ai voulu faire beaucoup de choses: maquilleuse de star, coiffeuse, dompteuse de tigres, styliste comme ma mère, vétérinaire, police à cheval et j'en passe. Mais cette fois, j'étais sûr de ce que je voulais faire. Mes parents ignoraient complètement d'où me venait cette envie de travailler dans la justice. Mais ils étaient fière de voir que j'avais choisis ces études. Bon, je savais que ma mère aurait voulu que je prenne la relève de sa boutique vestimentaire, mais ce n'était pas pour moi. J'avais beau être le genre de fille coquette, toujours à la une des nouvelles tendances de la mode et qui prenait soin d'elle, je voulais devenir avocate coûte que coûte. Peut-être avais-je trop regarder ces séries policières que l'on voit chaque jour à la télévision? Enfin peu importe, mon choix était fait, et je n'avais plus l'intention de changer. Je savais que devenir avocate demandait des études fort poussée et une grande motivation, mais j'étais déterminée. J'ai toujours été bonne élève, qui ramenait de beaux points à la maison pour le plus grand bonheur de mes parents. "C'est un très bon choix ma chérie." s'exclama mon père avec un grand sourire. Je savais que mon père tenait à ce qu'on fasse le bon choix pour nos études. Non pas qu'il allait nous imposer un choix, mais il espérait que vise au plus haut pour être sur que notre destin soit assuré. "Tu es certaine que c'est ce que tu veux faire, ou tu vas encore changer d'avis ? Tu sais, tu pourrais encore changer d'avis d'ici là." Mon sourire et mon haussement de tête voulait tout dire: j'étais certaine de ce choix. Il est vrai que j'avais encore le temps d'y réfléchir, mais j'étais déterminée à entreprendre ces études.

« Petit à petit, l'oiseau fait son nid. » △ Le grand départ était annoncé : je quittais définitivement ma famille pour aller à l'autre bout de la Terre. J'avais été acceptée dans l'une des meilleures FAC des Etats-Unis et c'est une opportunité que je me devais d'accepter. Lorsque j'avais ouvert ma lettre d'acceptation, mon choix était fait et encré dans mes projets. Mes parents étaient heureux d'apprendre cette nouvelle, bien qu'une partie d'eux ne voulait pas me laisser partir. Dans à peine une semaine, je prendrai la direction de Cambridge pour rejoindre le campus d'Harvard. Je n'arrivais décidément pas à y croire, mais je m'en réjouissais. Le plus dans tout ça, c'est que je ne partais pas seule puisque ma soeur jumelle me suivait. Certes, elle n'avait pas été acceptée à Harvard, mais elle comptait bien tenter sa chance pour la saison prochaine. Et puis comme on se l'est toujours promis, jamais on ne se quittera. "Vous avez vraiment choisi l'endroit pour partir vous deux..." nous confiait ma mère alors que ses yeux étaient boursouflés par ses pleurs répétitifs. C'est vrai que Paris - Cambridge, ce n'était pas vraiment la porte à côté. Oh, évidemment qu'elle était heureuse de nous voir prendre notre envol, mais deux filles d'un coup, ça fait beaucoup. "Ne t'inquiète pas maman, ce n'est pas ces milliers de kilomètres qui nous sépareront." Nous étions une famille très proche l'un de l'autre. Ma soeur et moi n'avions jamais manquer de rien, au contraire, nos parents veillaient toujours à nous chérir jusqu'à nous pourrir de cadeaux. C'est sur que ça allait leur faire un grand vide de nous voir partir toutes les deux simultanément, mais ça devait bien arriver un jour. "On vous promets qu'on ne vous oubliera pas. Je veux qu'on s'appelle toutes les semaines !" Une exigence qui me tenait à coeur, qui nous tenait à coeur. La séparation allait être difficile au début, mais je suppose que je m'y ferai avec le temps. Après tout, je m'envolais pour mon avenir.


Partir, du jour au lendemain sans jamais rien dire à personne. Ma vie était devenue bien trop compliquée pour que je continue à vivre ici dans de telles conditions... Je savais que venir à Harvard changerait ma vie, mais j'ignorais qu'elle impliquerait tant de peine. Entre la perte de ma soeur lors de l'attentat et ma vie amoureuse chaotique, plus rien ne me retenait ici, ou presque. Alors je suis partie, comme ça, sans rien dire, telle une voleuse qui veut conserver le peu de richesse qu'elle possède. Peut-être que je n'avais pas le droit de m'effacer de cette manière, mais c'est la seule sortir de secours qui s'était présenté à moi en cet instant ultime. Rejoindre ma famille à Paris m'a permis de me ressourcer, de faire le point avec moi-même et tout ce qui m'entoure. J'ai appris à me découvrir à nouveau, à connaître des points que je ne me suspectais même pas auparavant. Aujourd'hui, je pense être prête à faire mon grand retour, celui que personne ne dois soupçonné. Si je pensais quitter Cambridge pour toujours, une certaine partie de moi restait malgré tout rattachée à cet univers. J'ai essayé de me convaincre que mon départ était la meilleure chose que je pouvais faire, mais l'envie de revenir était bien trop présente. J'ai longtemps hésité à revenir, j'ai longtemps hésité à affronter mes démons. Mais je ne suis une femme de caractère qui a besoin d'affronter ses mauvais démons. Je refais donc mon grand retour, sous une personne différente, mais toujours la même au fond.