MILO ✮ DÉGAGE TA SALE GUEULE DE MON LIT !

Saoul, Milo était complètement saoul. Il sortait d'une soirée fortement alcoolisée. Encore une fois, il s'était incrusté à une fête donnée en l'honneur d'une Mather qu'il ne connaissait absolument pas. Voilà seulement trois semaines qu'il avait intégré Harvard, il commençait à prendre ses marques. Il a toujours été facile et s'adaptait à de nombreux environnements. Le Winthrop a toujours été quelqu'un d’extrêmement envahissant et ce, avec tout le monde. Il aimait entrer dans la vie des gens et se faire remarquer, surtout en amitié. Il savait être très fidèle en amitié mais pas en amour. Il mettait un point d'honneur à ne pas s'attacher et passait, en règle générale, pour un connard de base. C'était comme ça. Il ne voulait pas souffrir du coup, il faisait souffrir les autres. Milo déambulait dans les couloirs des Mathers, l'air vide de tout bon sens. Il titubait légèrement mais essayait, tant bien que mal de faire bonne impression. Il était seul dans ce couloir interminable. Plus il avançait et plus il avait l'impression que ce couloir était grand. La boisson avait des effets indésirables sur lui. Ce soir, il n'y avait pas été de main morte sur l'alcool et avait usé, abusé, de la gentillesse de la personne dont c'était l'anniversaire. Il était incapable de ressortir le prénom de cette meuf, de toute façon elle était moche donc n'en valait pas vraiment la peine. En bon connard qui se respectait, Milo avait adressé la parole qu'aux meufs physiquement jolies. Ou autrement dit, aux bonnasses. Il appuya lourdement sa main sur le mur et se pencha vers l'avant. Bordel, il était complètement mort, il ne savait même pas où il allait. Enfin si, il avait bien une petite idée mais l'anarchie la plus complète régnait dans son cerveau, l'empêchant de réfléchir correctement. Il était incapable d'aligner deux idées dans sa tête. Le Winthrop leva la tête et continua son chemin jusqu'à la porte voulue. Avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve en ce moment, il ouvrit la porte et entra à l'intérieur. Il quitta la lumière du couloir pour se retrouver dans la pénombre la plus complète. Par pure réflexe, il mit ses mains devant lui et s'abaissa légèrement. Milo est grand, il se rapprochait machinalement du sol, la chute n'en sera que moins douloureuse. C'était l'effet vodka ça. C'est avec difficulté qu'il rejoignit le lit de Lucky, il se glissa dedans et ne prit même pas la peine de lui répondre. Sa meilleure amie était tout pour lui, il s'était dirigé vers elle par pure inconscience. Comme un besoin de chaire fraîche, il posa sa main bouillante sur la douce cuisse de Lucky. Cette dernière ne mit pas longtemps avant d'ouvrir la lumière et de râler dessus. « Ah putain, ferme la lumière ! » jura-t-il. Le beau brun s'était habituée à l'obscurité totale, recevoir de la lumière en pleine gueule n'était pas forcément agréable. Il fit une grimace pour exprimer son mécontentement. A la suite de ça, Lucky lui parla d'Ashleigh mais il était beaucoup trop mort pour capter un tiers de ce qu'elle venait de dire. « C'est ça ! » grogna-t-il, pas content en plus. Il ne bougea pas d'un pouce. Hors de question qu'il dégage de son lit. C'est mort, il était bien là. Comme une envie de s'évader dans un monde meilleur, Milo ferma les yeux. Mais c'était sans compter sur une Lucky en pleine forme. La blondinette vint écraser ses pieds froids sur lui et le poussa hors du lit. Tel un poids mort, il se laissa tomber lourdement sur le sol. Il y eut trois secondes de battement avant qu'il ne sorte un  « aie » peu convainquant. Allongé sur le sol, le Winthrop ne bougea plus. En fait, il était à bout de force, l'alcool l'achevait à petit feu. Sa meilleure amie s'approcha du bord du lit et lui demanda s'il avait survécut à sa chute., elle lui tendit également une main bienveillante. « Ma parole, t'es une salope toi, tu laisserais mourir un pote dans la galère. » dit-il avant de rigoler. Milo lui attrapa sa main et, il fallait s'y attendre, tira dessus pour faire tomber Lucky. A son tour, la blondinette vint s'écraser sur lui. D'un geste lent et maladroit, il la bougea de sur lui et la laissa tomber sur le sol. « Lucky ... Un conseil, arrête les gâteaux au chocolat, t'as prit au moins dix kilos là. » dit-il avant d'exploser de rire. C'était pour la taquiner mais l'alcool augmentait l'envie de la faire chier. Allongé sur le dos, il se redressa et se jeta de tout son long sur le lit de Lucky. Il attrapa un oreiller qu'il lui balança en pleine gueule. « Allez, bonne nuit ! » dit-il en se mettant sous les couettes. Le répit allait être de courte durée, surtout avec une folle comme celle-là.

L'alcool commençait à faire effet dans ses veines, le rendant pittoyable et minable. Milo s'était mit la tête à l'envers par simple plaisir. Il s'était incrusté à une fête dont il ne connaissait même pas les 9/10ème des gens. Il était ainsi, il aimait s'imposer, c'était plus fort que lui. Il s'était rendu à cette soirée dans l'espoir de trouver une proie, une fille qu'il pourrait se faire plus ou moins facilement. Bon bah, vu son état et l'endroit où il se trouvait actuellement, c'était plutôt raté. Résigné à baiser ce soir, il s'était machinalement approché de la chambre de sa meilleure amie. Même s'il ne voulait pas trop se l'avouer, la blondinette aux yeux globuleux était hyper importante pour lui. Le Winthrop avait besoin d'une Lucky dans sa vie et le nier serait pure folie. Cette fille était à la base de sa vie, elle le conseillait et il savait, de temps en temps, l'écouter. Enfin là, il l'entendait parler mais n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle pouvait bien lui dire. Fermer la lumière et ouvrir la porte. Ou l'inverse. Bref, il soupira bruyamment et lança un « Arrête, tu m'donne envie de vomir ! » en grimaçant. Profitant d'une petite baisse de régime de sa meilleure amie, il se précipita dans le lit. Enfin, se précipiter était peut-être un peu trop fort dans ce cas. Il se leva pour se caler dans le lit. S'installer confortablement sous les couettes, bordel il était bien là. Lucky embraya sur son poids, il leva les yeux au ciel. Ah les femmes, toutes les mêmes, susceptibles à l'idée qu'elles puissent avoir prit 100 grammes en plus. « Mais tais-toi, demain tu mangeras de la salade, comme les tortues et tu perdras 2 kilos, tu pourras t'envoler comme une serviette dès qu'il y aura un poil de vent ! » dit-il en rigolant à sa propre connerie. Son discours ne voulait rien dire et l'alcool en était le seul responsable. D'un geste brusque, Lucky vint enlever la couette de son corps. Milo grogna et s'étira de tout son long. Bordel, ce lit était hyper confortable. Elle prit également le coussin sur lequel il était installé et s'amusa à taper dessus. Le Winthrop se redressa légèrement. « Barre toi bordel ! » lança-t-il dans un mélange de racle et d'amusement. Il était mort de chez mort. Les coups de coussins lui donnait limite des vertiges mais finalement c'était drôle de la voir aussi énervée. Milo se redressa et choppa le coussin d'à côté pour lui assigner un coup. Bon bien, sur, un petit hein. Parce qu'avec la force qu'il avait celui-là, il serait capable de la faire valser à l'autre côté de la pièce, juste avec un coussin. « Va chier dans un carton avec ton coussin là. » rala-t-il en explosant de rire. Venant d'un connard comme lui, c'était plutôt étonnant qu'il n'ait pas encore remarqué qu'elle était presque à poil. Non, sa vision était surement beaucoup trop trouble pour ça. « Bon ok, ça suffit ! » grogna-t-il avant de se mettre debout sur le lit. Il dut se tenir au mur pour éviter de tomber. Le pauvre, même calé contre un mur, il arrivait encore à tituber. Il avança de quelques pas et oh exploit, descendit du lit de Lucky. Il s'avança vers celui d'Ashleigh et vint s'affaler dedans. Il balança ses chaussures dans pièce et enleva, tant bien que mal, son pantalon. « Allez femme, FERME la lumière et allume nous des bougies. » lança-t-il pour se foutre de sa gueule. Non mais vraiment, il disait n'importe quoi. « Et elle est pas là ta copine ? Putain ce qu'elle est bonne elle ! » Il explosa de rire avant de regarder Lucky. Il la provoquait mais c'était plus fort que lui. Elle allait le massacrer !

Milo était complètement bourré et s'était dirigé, machinalement, vers la piaule de sa meilleure amie. Même si une amitié vache les unissait, ils étaient toujours présents l'un pour l'autre. Il tenait à cette fille plus qu'à quiconque sur terre. Elle était tout pour lui et clairement, il ne voyait pas sa vie sans cette fille. Il aimait la faire chier, la taquiner, l'énerver, la chercher et l'aimer. Jamais il ne se le disait, il n'y avait pas besoin de mot pour exprimer ce qu'ils vivaient ensemble. Une histoire d'amitié sincère et fusionnelle qui n'avait d'égal que leur ingratitude. Alors que le Winthrop continuait son petit discours aussi inspirant que stupide, il regarda sa meilleure amie se lever et s'approcher de lui. Elle faisait quoi là ? « T'es partie la chercher ? » dit-il en rigolant. Milo savait pertinemment qu'il n'avait pas le droit d'approcher Ashleigh. Lucky lui avait strictement interdit et c'était justement pour cette raison qu'il la harcelait. Ne jamais dire au jeune Castellan ce qu'il devait ou ne devait pas faire. Il était le seul maître de ses décisions et rien ni personne ne pouvait aller à l'encontre de ça. Plus la brunette allait lui interdire de l'approcher et plus il allait vers elle. C'était contradictoire mais tellement prévisible de sa part. Sans chercher à comprendre, sa meilleure amie s'approcha de lui et vint poser sa main sur son front qui, apparemment était brûlant. « Qu'est-ce-que tu raconte ! » grogna-t-il avant de vérifier par lui même. Il était bouillant mais ça ne changeait pas de l'ordinaire. Non franchement, lui se sentait très bien et ne voyait pas vraiment où était le problème. Il la regarda préparer pleins de trucs pour lui, il ne comprenait pas très bien. Lucky lui apporta même une bassine au cas où il aurait envie de vomir. Il rigola sous sa remarque. « Mais t'es sérieuse ? J'vais pas vomir, t'inquiète pas. » dit-il en croisant les bras, pas content. Il reporta son attention sur le plafond avant de bouder. « Lâche moi avec Ashleigh, elle est bonne c'est pas de ma faute. Et puis eh, viens pas me faire croire qu'elle est innocente hein. Elle m'cherche aussi, j'suis pas le seul à blâmer. » Comme un gosse de huit ans qui venait de faire une connerie, il essayait de se justifier mais c'était raté. Il n'était, effectivement, pas le seul fautif dans cette histoire et comptait bien lui faire comprendre. Lucky lui demanda alors pourquoi il s'était mis la tête à l'envers, une question qui surpris le jeune homme. Milo tourna sa tête vers elle et plissa les yeux. « Pourquoi cette question ? » la questionna-t-il. C'était vraiment très bizarre ce revirement de situation. Il la regarda sans comprendre. En temps normal, il se serait braqué mais là, son taux d'alcoolémie lui empêchait de réfléchir convenablement. Comment passer de l'euphorie au doute en trente seconde. Merci Lucky. Le jeune homme ne lui avait pas encore parlé de ses recherches sur sa famille et du fait qu'il avait été au Japon pour assister au mariage de son frère jumeau. Il n'arrivait pas à lui dire tout ça, il n'arrivait pas à parler de lui et même si cette histoire allait faire grand bruit, il repoussait ce moment tant redouté. Milo semblait avoir perdu toute joie de vivre, serait-ce le bon moment pour lui parler de tout ça ? Il était saoule et ne se rappellerait surement de rien demain matin. C'était maintenant ou jamais. La brunette avait raison, il faisait super attention à sa santé, son bourrage de gueule avait une raison bien précise. Sans savoir pourquoi, ni comment, le Winthrop lui attrapa le bras et l'attira vers lui. Il attendit qu'elle s'allonge à ses côtés, sous les couettes pour lui balancer un « j'ai retrouvé mes parents biologiques » des plus déconcertants. Sans attendre la moindre réaction de sa part, il continua à parler. « Eden de Gluj'saispasquoi c'est mon frère jumeau. Il s'est marié au Japon le week-end dernier, j'y suis allé et j'ai rencontré ma famille. J'ai vu ma mère biologique. Et le pire dans tout ça c'est que j'suis l’héritier au trône de Norvège, le fils jumeau né dix minutes trop tard, celui qu'on a abandonné à la naissance pour pas faire polémique ! » La bombe était lancé. Attention à ta réaction Lucky, il n'était pas vraiment d'humeur à rire sur ce sujet là. Milo était écorché à vif et rencontrer sa vraie famille l'avait profondément affecté.

Se livrer n'était pas une chose facile pour Milo, même avec sa meilleure amie. En règle générale, il mettait un point d'honneur à tout garder pour lui. Il évitait ainsi tout jugement et débat inutiles. Mais là, tout semblait différent, déjà il était saoul. Et en plus de ça, il avait besoin d'en parler, il pouvait pas garder ses trouvailles pour lui, c'était impossible. Le week-end dernier, il s'était rendu au Japon pour assister au mariage de son frère jumeau qu'il ne connaissait pas du tout, il ne l'avait même jamais vu avant. Là-bas, il fit la rencontre d'une bonne partie de sa famille et notamment de sa mère biologique. Ce fut un véritable choc pour le beau brun. En temps normal, il était très bavard et racontait n'importe quoi mais là, devant la femme qui l'avait mise au monde, il était resté anormalement mué. Aucun mot n'était sorti de sa bouche et il avait assisté impuissant à la scène. Sa mère biologique s'était approché de lui, avait posé ses mains sur ses joues et l'avait regardé de longues minutes. Cette dernière s'était même mise à pleurer, réduisant à néant ses chances d'échapper à son destin. Elle l'avait appelé mon fils, mon garçon et lui, bah il s'était contenté de la regarder, choqué. Rien ne pourrait pardonner ce qu'elle lui avait fait, il se sentait trahit et de trop dans cette famille qui n'était, visiblement, pas la sienne. Une expérience traumatisante qu'il ne voulait pas revivre. Il fronça les sourcils en entendant que Lucky n'arrivait pas à le suivre. La brunette résuma parfaitement la situation, il avait un frère jumeau qui venait de se marier, il avait découvert son existence et par la même occasion, qu'il était également héritier au trône de Norvège. « Ouais, en gros c'est ça. » répondit-il de manière assez neutre. Milo ignorait s'il avait réellement de la fièvre ou si sa meilleure amie se foutait de sa gueule. En réalité, il s'en fichait un peu, l'alcool lui permettait d'oublier et de se livrer un peu plus facilement. Il la regarda méchamment lorsqu'elle lui avoua avoir de la chance que ses parents soient encore en vie. « Tu dérailles Burberry ! Mes parents sont morts il y a dix ans et tu l'sais très bien. » dit-il sur un ton agressif. Milo parlait là des Castellan, ses parents adoptifs qui décédèrent dans un accident de voiture il y a dix ans de cela, juste avant qu'il ne soit recueillis par John, son parrain. En aucun cas le roi et la reine de Norvège étaient ses parents. Cette affirmation le mettait hors de lui. Il tourna sa tête vers Lucky en pensant aux parents de la jeune fille. Encore une terrible histoires. Ils étaient pathétiques tous les deux sur ce lit. Il fronça, de nouveau, les sourcils en l'entendant parler. Piquée à vif, sa meilleure amie essayait de lui donner des conseils sur sa famille biologique. Il devrait passer du temps avec eux et ne surtout pas les renier comme il le faisait si bien. Pourtant, c'était plus fort que lui. Le Winthrop posa ses yeux sur le plafond, son regard en était vide de sens. Il inspira bruyamment mais ne lui répondit pas. Il n'allait pas l'écouter, il était juste hors de question qui leur pardonne, sa fierté était directement attaquée. Il ne voulait pas faire d'effort et préférait encore rester ce petit orphelin à la recherche d'un quelconque apaisement plutôt qu'un trou du cul impuissant et manipulé. Comme un gosse pas content, il croisa les bras sur son torse en entendant Lucky l'appeler mon prince. « Déjà pour moi ça sera : votre altesse. Et t'as intérêt à m’obéir, sinon... » dit-il avant de marquer une courte pause. Il essaya de réfléchir mais c'était peine perdue, l'alcool avait brouillé tous ses sens. « Sinon j'sais pas mais fais gaffe à ton cul. D'ailleurs en parlant de cul, qu'est ce qui te prends de vendre le tien à l'autre débile d'Eliot ? » balança-t-il, le plus naturellement du monde. Milo voulait bien sur parler de Cole ici. Il se doutait de quelque chose mais ignorait toute l'histoire. Allez Lucky, balance. De toute façon, il était saoule et en oubliera surement la moitié d'ici demain.