LORNA BLACK ► troian bellisario

je ne suis pas une sainte. je ne suis pas non plus une fille populaire. je ne suis ni belle ni moche. en fait il y a beaucoup de choses que je ne suis pas. mais j'aurais bien du mal à vous dire ce que je suis vraiment.

commençons peut-être par ma naissance. je suis issue d'une famille de la classe supérieure américaine, et bien heureuse de l'être. il n'y a aucun bonheur dans la pauvreté. on dit que l'argent ne peut acheter pas la santé, moi je vous dis qu'il paye les meilleurs médecins du monde pour qu'ils vous donnent un bonus d'années à vivre. ce n'est pas en afrique que l'espérance de vie crève le plafond, vous en conviendrez. il parait aussi que l'argent n'achète pas l'amour. c'est dans une certaine mesure un peu plus vrai, toutefois il agrandit les horizons, et surtout, il donne des opportunités. par exemple, je n'aurais peut-être jamais pu rencontrer mon ex petit-ami si je n'avais pu bénéficier d'une invitation à cette soirée élitiste il y a deux ans. et pour tout le reste, il y a eurocard mastercard. ce n'est même pas moi qui le dit voyez ?

que dire de plus si ce n'est que la vie n'est pas aussi palpitante que veut bien nous le faire croire gossip girl quand on a du fric. ma famille ressemble à toutes les autres ou presque. un grand frère modèle sur le papier, un peu moins en réalité. qu'importe puisqu'il est assuré de reprendre la place de papa lorsqu'il partira à la retraite. ce fameux père qui passe plus de temps au travail qu'à la maison, même si cela ne m'a jamais vraiment dérangée. sérieusement. je comprends ses motivations, ses responsabilités. mieux encore, j'aspire aux mêmes. j'admire sa dévotion à son entreprise. des pères, il y en a des milliards. des pdg de nike, il n'y en a qu'un. maman quant à elle était juriste de son vivant. elle travaillait avec papa. bien qu'elle s'efforcait d'être plus présente que lui pour nous élever alex et moi. la culpabilité maternelle sans doute. quand son cancer l'a emportée il y a dix ans déjà, j'ai pris la décision de suivre ses traces. un jour aussi je travaillerai avec papa. et alex.

ce jour n'est plus si loin que ça. j'entame ma dernière année à la law school d'harvard. le temps est passé vite. j'y ai vécu tant de choses. j'ai assisté aux cours, aux tds, aux tps. j'ai rendu des projets, potassé des dossiers, passé des jours et des nuits à la bibliothèque pour étudier. je me suis fait des amis, des ennemis, des amants et des futurs collègues. j'ai intégré une fraternité, j'ai été bizutée, j'ai bizuté. j'ai fait la fête, j'ai eu la gueule de bois, j'ai refusé des joints, j'ai accepté des rencards. j'ai souri, j'ai ri, j'ai angoissé, j'ai pleuré. j'ai triste, heureuse, puis triste, puis heureuse. j'ai vécu.