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Il y a trois choses qui comptent pour moi. L'argent, ce qu'on peut faire avec l'argent, et vous.



Tout était en marche. Et moi, je préparais cette campagne comme on prépare une guerre. Ne négligeant aucun détail, aucune étape. Ces présidentielles étaient l’occasion pour moi d’occuper mon esprit, de combler l’ennui de mes jours vide. Au moins, je fais le deuil de ma mère en essayant de ne pas y penser tout le temps. Au moins, j’oublie Sage quelques temps. Ma récente intégration au sein de l’Harvard Crimson nous a donné une assise confortable et un poids non négligeable sur la vie de l’université. Noah Arjen d’Aremberg écrit dans l’un des plus influents journaux des Etats-Unis. Dois-je rappelé que J.F Kennedy et F.D Roosevelt ont aussi noirci ces pages ? J’avais annoncé la nouvelle plein d’entrain à Cole, mais j’attendais de voir Tate en personne pour lui présenter la surprise. Première entreprise : enchaîner les interviews sur les candidats des futures maisons. Tate et Cole sont mes amis, et pour ne pas éveiller les soupçons quant à ma partialité, j’avais finalement céder à Ivy leur interview. Ce qui ne m’empêchait pas pour autant de les retrouver pour les mettre au fait de nos avancées. Et puis, Cole et moi n’avons pas vraiment pris le temps de discuter du différent qui nous avait quelque peu délié. J’aimerais prendre le temps de m’excuser peut-être, mais surtout de lui expliquer ce qui, dans son attitude, m’a blessé. Ainsi, n’aurons-nous plus jamais la mauvaise surprise de nous fâcher pour des broutilles. 16 heures, j’arrive devant la salle de sport. Le genre de salle qui ressemble à un hôtel cinq étoiles, ma sueur mérite elle aussi d’être essuyée avec des serviettes de soie. Dans ma tenue Lacoste, short blanc, polo blanc, et bandeau en mousse autour de la tête, je pénètre l’endroit saluant ses occupants que je connais déjà. Je suis un habitué des lieux et comme à son habitude, Maria la réceptionniste m’offre une collation tonique, sans alcool bien sûre.  Ma salle de squash est prête, je m’y rends. Je salue au passage, comme je l’aperçois, le consul des Pays-Bas perché sur son tapis de course. Un ami de mon père, un peu comme un parrain. Il s’arrête et vient vers moi : « Toutes mes condoléances Noah, je n’ai pas pu te les présenter à l’enterrement ». Oui, je sais, je n’y étais pas. Trop faible pour assumer, trop meurtris pour réaliser. Je le remercie d’un hochement de tête évitant la conversation qui me met déjà mal à l’aise : « Tu devrais passer me voir au consulat ». Bien, je passerais. Et je m’éclipse priant pour ne plus être confronté à ce genre de situation. Me défouler, j’ai besoin de me défouler. J’ai bien essayé d’évacuer ma tension avec presque toutes les prostituées de luxe de la ville, il n’en reste pas moins que ma rage des dernières semaines gangrène en moi comme une plaie incurable. Et chaque fois on vient me rappeler ce que j’ai perdu.  Mon sac jeté dans un coin de la pièce, j’attrape mon téléphone pour prévenir Cole et Murray, leur dire où me rejoindre, où me trouver. Et en attendant l’apparition de mes comparses, j’attrape ma raquette et commence à taper quelques balles.  

@Tate L.Murray @Cole S.-Wildingham

 

© charney for ilh
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Un sport anglais, forcément j’étais de la partie. Et puis si notre précédente réunion avait permis de sceller les bases de notre campagne électorale, il nous restait encore beaucoup de points à aborder, beaucoup de réformes à mettre en place, de projets à envisager. L’ambition n’était pas ce qui allait manquer, surtout pour trois cerveaux comme les nôtres.  Il n’y avait pas que cela bien sûr. Car si avec Tate tout semblait être clair, avec Noah ce n’était pas le cas, la preuve dans notre façon étrange de nous saluer l’autre fois, à coup de sarcasmes révélateurs des tensions sous jacentes entre nous. Ses textos exprimaient clairement son envie de passer outre. Il s’était même excusé pour ses réactions excessives. Alors on zappait tout et on se faisait un câlin ? Non, je crois qu’il restait quand même quelques points à éclaircir. J’aimais plutôt l’idée d’oublier ce différent, d’un autre côté, j’étais curieux… Qu’est-ce qui pouvait avoir entraîné sa soudaine révulsion à l’égard de Kyla ? La révélation soudaine d’un amour inconditionnel pour ma personne ? Joke… Ca m’intriguait tout de même, j’étais donc à la fois désireux de savoir, mais aussi un peu rebuté de découvrir cette vérité, c’est donc tout en ambivalence que je me rendis au rendez vous convenu. 16h. Salle de sport. Short, T shirt et veste de jogging sur moi. Je me sentais presque déguisé ainsi, sans mon costard. Je saluai la réceptionniste avant d’énoncer le nom de d’Aremberg qui fit aussitôt s’éclairer son regard. Elle m’expliqua le chemin, je suivis ses indications arpentant quelques couloirs pour me retrouver devant le terrain, et derrière les parois en plexi, j’aperçus la silhouette du grand brun qui déjà raquette en main faisait valser les balles. Je l’observais un instant, frapper avec rage les projectiles, avant de m’avancer et de manifester ma présence ainsi : « Je t’apprends rien mais il faut un adversaire pour que la partie soit intéressante… » Passant ensuite de l’autre côté de la vitre, après m’être allégé en posant mon sac dans un coin, je fis quelques pas ensuite vers le garçon, manquant de me manger l’une des balles qu’il venait de frapper en pleine figure. Le missile frôla de peu mon visage, me faisant sursauter et ronchonner : « Fais gaffe, je peux pas avoir un cocard pour les élections, ça ferait mauvais genre… »  
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