Il ne faut pas se fier aux apparences ♠ Denys

Today is the day. Le Grand jour de la Winthrop qui va accueillir son plus beau mâle. Et ouais. Sitôt arrivée à la Lowell, Lyra s'est déjà tapée l'affiche en demandant qui était doué en maquillage et costume. De quoi se faire des relations. Cela n'a pas été facile de cacher sa tignasse, mais en l'arborant d'un bonnet, ils y sont pas mal arrivés et franchement le résultat est assez bluffant, ouais les Lowell sont doués.  Le Beau  Mâle donc, se dirige vers les abords de la Winthrop près de laquelle, elle doit retrouver son meilleur ami. Elle est super heureuse de le revoir même si c'est pour un défi fou de la sorte, c'est un peu l'essence même de leur relation. Lui comme Veïa se sont fait discrets ces derniers temps, mais elle ne peut leur reprocher, c'est une période pendant laquelle tout le monde est occupé. Un sourire irradie son visage quand elle l'aperçoit. « Salut mec ! Ça va ? » Elle lui mime un Check de mecs, se retient difficilement de rire et le regarde toute fière, prête à défier la gente masculine de la Winthrop. Son rêve le plus secret s'apprête à se réaliser.  

Lyra, ma Lyra. Quand j’avais reçu son sms, celui où elle me demandait si j’étais prêt pour le fameux défi de la winthrop, je réalisais que depuis le retour à Cambridge on n’avait pas pris le temps de se voir… Et quand je calculais mentalement que j’avais déjà vu deux fois Veïa pendant ce même laps de temps, je ressentis une vague de culpabilité. Même si ma meilleure amie, je le savais, ne me tiendrait pas rigueur d’être moins présent, d’être assez pris entre la reprise des cours, le déménagement à la MH, l’inté au sein de la confrérie, elle serait peut être un peu vexée lorsqu’elle saurait ce qui se tramait entre Veïa et moi… Bref, je chassais ses pensées pour répondre à l’affirmative et on se fixa rendez vous devant mon ancienne frat’ : la winthrop house. J’avais parié avec la demoiselle que mes anciens camarades rouges ne s’y laisseraient pas prendre et l’enjeu était quand même un gage pour moi si elle réussissait son coup, un gage pour elle si elle se faisait prendre. Je la vis approcher, démarche masculine, accoutrement complètement différent, ses formes et ses cheveux dissimulés et je ne pus empêcher un franc éclat de rire en la voyant me saluer. « Plus grave la voix Lyra, plus grave… » lui conseillai-je avant de me corriger : « Enfin Lyro plutôt ? A moins que tu aies trouvé un autre pseudonyme plus viril ? » Je me marrais, taquin, mais mes yeux ne pouvaient s’empêcher de scruter ce visage familier, et pourtant différent, c’était qu’elle était douée la petite. « Ca va et toi, mec ? » C’était vraiment étrange, ce sentiment… Est-ce que les wiwi s’y laisseraient prendre, leur radar à nanas n’allait-il pas se mettre en route ?

Elle voit qu'elle l'impressionne et elle n'est pas peu fière. Même quand il lui suggère de prendre un ton plus grave. « J'aurais aussi bien pu endosser le rôle d'une sang de bourbe ou bien d'un mec bien poilu habillé en rose cochon pour entrer dans cette fraté, ce qui n'aurait pas rendu mon ton de voix si louche par rapport à mon look mais en attendant on va prendre la navette spatiale pour mon baptême de mâle tu vois ? » Elle éclate de rire face au n'importe quoi de sa phrase, le pire c'est qu'elle n'a rien bu la pauvre. « Mais je préfère te laisser le choix du pseudonyme du coup, on dira que je suis ton pote pas très bavard ! » Parce que c'est clair qu'elle serait vite grillée si elle parlait beaucoup, difficile de se fabriquer une pomme d'adam en quelques minutes. Puis Denys rentre dans le jeu et voilà qu'ils se mettent en route doucement. « Mon rêve se réalise, mieux serait insupportable. » Elle se plaît à ressentir cette adrénaline absurde, de relever ce défi qu'on peut qualifier d'à la con, mais les études les stresseront suffisamment alors autant rigoler un peu, non ?

« Là c’est mieux. » soufflai-je, encourageant devant sa tonalité de voix quelque plus virile, avant de pouffer à ces paroles. « Tu n’es pas forcée d’avoir l’air stone pour te faire passer pour un mâle… Y’en a des sobres aussi. » On buvait pas tous des bières en fumant des joints, à moitié pêtés. Elle me laissa ensuite l’honneur de choisir son pseudonyme. « Robert. Rob. Ca t’ira bien ça, ma couille ! » rigolai-je en lui assenant un petit coup sur sa frêle épaule, ajoutant alors, moqueur : « On aurait peut-être du faire quelques séances à la salle de muscu avant de tenter l’expérience. Si ils te touchent, c’est perdu d’avance pour toi. » la taquinai-je au sujet de sa musculature. On avançait jusqu’à l’entrée du bâtiment, mon ancienne maison. Je savais que je risquais d’y croiser des têtes connues, ayant gardé de nombreux amis sous l’étendard rouge. « Fais pas trop le con Rob, je joue ma réput’, je connais du monde ici moi… » lui soufflai-je discrètement avant de pousser la porte et de… ne pas laisser Lyra passer avant moi. Si en tant normal, je lui aurais galamment tenu la porte, aujourd’hui, ma meilleure amie était censée être un mec alors au diable les bonnes manières.

Un petit sourire d'auto-satisfaction ne fait pas de mal puisqu'il lui assure que c'est mieux. Elle rit légèrement, levant les yeux au ciel avant de rétorquer. « Oh attends, on sait bien que les Winthrop carburent à la bière en jouant au billard et en sautant des nanas le soir venu. » Ou comment s'enfoncer un peu plus dans les clichés mais ce n'est là que pur provocation du spécimen Strudwick. Voilà qu'elle est baptisée par son meilleur ami, il fallait bien lui trouver une identité masculine. « Robert, c'est classe, c'est viril, ça sent l'homme et en plus on peut m'appeler Rob. J'achète. » Bon c'est vrai que sa carrure l'était pas franchement mais elle espérait tromper temporairement l'ennemi en adoptant un sweat et une veste. « Ils sont pas tout le temps entrain de se tripoter non ? » Parce que c'est vrai que si ils venaient la tripoter elle était dans la merde. Les deux acolytes rejoignent l'entrée de la confrérie et Denys pousse la porte du sanctuaire. Les voilà désormais dans le hall des Winthrop et Lyra ne peut réprimer un sourire tout guilleret avant de se ressaisir, prenant les devants elle décide d'aller voir la salle commune et alors qu'elle voit tous ces beaux-mâles, c'est un peu le paradis. Certains se lèvent pour accueillir Denys et elle se contente de garder le silence, histoire de pas se faire griller de suite.

 On faisait dans le cliché, et Lyra en rajouta une couche en me servant le stéréotype usuel du parfait winthrop : bière, billard et nana. « J’ai été winthrop pendant deux ans je te ferais dire ! » protestai-je avec un petit air offusqué. « Alors c’est comme ça que tu me vois ? » Je prenais un air vexé, sans réellement m’offusquer, trop conscient du second degré des mots de mon amie. Je lui attribuais ensuite un nouveau patronyme, qu’elle adopta aussitôt. Et lorsque taquin, c’est ma main qui tapa amicalement son épaule, je ne pus m’empêcher de faire remarquer que le manque de musculature pourrait potentiellement la trahir. « Si, désolé de te décevoir mon petit Rob mais à la winthrop on est très tactiles. » répliquai-je ma main venant alors claquer son petit derrière en me marrant. Parce que c'était juste histoire de lui faire peur, histoire qu’elle se voit déjà perdante, notre défi courant toujours, le gage menaçant de lui tomber au dessus de la tête. « Fais gaffe en plus j’ai plein de ménage à faire dans ma chambre. » Le gage allait être tout trouver si elle perdait. On passa les portes du sésame, avançant dans le hall et j’avouais que retrouver les locaux me faisait franchement plaisir. Je me plaisais chez les verts, bien sûr, mais c’était ici que j’avais fait mes premiers pas, quand j’avais fait mes débuts à Harvard. On débarqua dans la salle commune et on y avait pas fait trois pas que déjà plusieurs amis rouges s’avançaient vers moi, étonnés et curieux de ma venue. « Hey, les gars ça fait plaisir de vous voir. Ca a changé ici ? » commentai-je en notant plusieurs aménagements différents que dans mes souvenirs. Lyra, la maline, se tenait en retrait, espérant surement ainsi la jouer discret et ne pas se faire reper’ mais l’enjeu toujours là, je n’allais pas la laisser s’en sortir si facilement. « Et Rob, fais pas ton timide, viens que je te présente. » interpellai-je alors ma BF avant d’expliquer à mes interlocuteurs : « C’est un futur bizut. »

Le sarcasme se peint à nouveau sur ses traits, elle ne peut s'en empêcher. « Justement. » Denys et les femmes, Denys et ses potes. Ah. De quoi alimenter bien des clichés, et l'embêter un petit peu au passage. Pourquoi se priver d'un plaisir simple de la vie après tout ? Par contre, il ne la rassure pas sur un possible pelotage, voilà d'ailleurs qu'il lui accorde une petite tape bien sentie sur le postérieur. L'Effarouchée sursaute avant de rétorquer en riant « Arrête, c'est trop pour moi. Tous ces hommes qui se touchent, je vais finir par mouiller ma culotte. » Quoi, y'a pas de mal à fantasmer un peu non ? Les mecs fantasmaient sur les Cabot, les filles sur les Winthrop. C'est tout. C'était une question de tradition. « Profiter d'une amitié pour du ménage, c'est bas. » Mais franchement, ce serait pas cher payé en fait. Elle s'abstient donc de commentaires superflus. Et voilà, ils sont dans le sanctuaire, Lyra ne peut s'empêcher de lancer des regards un peu partout et elle se laisserait bien aller à la séduction. Mais elle est un homme on rappelle. Posture plus droite. « Salut les mecs ! Ça a l'air cool chez vous ! » ça manque juste de femmes, mais bon on va éviter ce genre de remarques. Un sourire décontracté, du moins elle essaie. Pour le moment, ils ont pas l'air de trop cramer. L'un deux rétorque. « Salut Rob ! Tu verras les Winthrop c'est les meilleurs ! » Et que celui-ci lui donne un petit coup de poing sur l'épaule. Ce qui fait décoller légèrement Rob, un brin propulsé contre Denys. « Ouais j'imagine, d'ailleurs on se demande pourquoi ce traître de Zacharias a rejoint la Mather, hin ? » Sourire entendu, allez détournons l'attention , en espérant qu'ils n'aient pas trop remarqué son vol plané, ou bien même l'absence de biceps.

  Quand elle réduisit la WH à un groupe de buveurs de bières amateur de billard et collectionnant les nanas, je lui rappelais quand même que j’en avais fait partie, qu’elle me mettait donc dans le lot par conséquent, pensant qu’elle allait ainsi revoir sa définition du stéréotype rouge par excellence, mais non, comme si sa description m’allait parfaitement, elle répondit un –justement- moqueur qui lui valut une nouvelle petite tape sur l’épaule. « Faut vraiment que je te fasse faire des pompes mon Robbie ! » me marrai-je alors. J’allais pas me vexer, non… Puis moi même je m’y perdais dans mon flot de conquêtes… Peut être que si j’avais pas encore et toujours Gabrielle en tête, tout serait plus simple. Elle le savait très bien Lyra, c’était aussi pour cela que je ne prenais pas la mouche en écoutant ses taquineries.  Elle m’arracha un rire lorsqu’à l’idée de Winthrop tactiles, elle me confia son excitation… « Tu viens pour te rincer l’œil en fait, je le savais… » J’avais déjà une petite idée des corvées que j’allais lui confier si elle se faisait prendre. Parce que oui, y’avait un gage à la clé. « Tu peux parler toi, tu profites de moi pour m’exposer nu à des cours de dessins et te faire du blé… D’ailleurs faudra que tu me redises la date. » Parce que, même si je disais en riant qu’elle –profitait- de moi, j’avais quand même besoin de la thune promise aux futurs modèles moi. Mais trève de discussion, on poussa la porte, passant le hall pour se retrouver parmi quelques anciens camarades. Des amis qui s’avancèrent naturellement vers moi, engageant la discussion. Les regards se dirigeaient d’abord sur moi, parce que surpris de me revoir dans les locaux, mais je ramenais bien vite Lyra aka Rob, au cœur de la conversation. Histoire qu’elle ne s’en tire pas si facilement. Je lus un peu d’étonnement dans les yeux de certains, alors qu’un autre ne sembla y voir que du feu, soulignant la supériorité des rouges avant d’écraser l’épaule de mon amie. Je dus me mordre un instant les lèvres pour ne pas pouffer, avant de reprendre mon sérieux lorsque ce cher Rob s’adressa à moi. Et l’info de ma fuite pour la MH lâchée subtilement fit son petit effet. -Alors c’est vrai tu reviens pas avec nous ? Les mathers ? J’ai mon frère qui est là bas tu sais… machin chose ?- Je croisai le regard de Lyra et un petit sourire qui signifiait –bien joué- étira un instant mes lèvres. « Vous allez tous me manquer les mecs. Mais je crois que ce qui me manquera le plus, c’est le succès qu’on avait auprès des filles. D’ailleurs, Rob ici présent, c’est en grande partie pour ça qu’il veut vous rejoindre. » Et Hop, recentrons l'attention sur Robert.

La complicité comme celle qui la liait à Denys était rare. D'autant plus précieuse parce que rare. Il était une des rares personnes avec laquelle elle se sente parfaitement à l'aise, dans les bons comme dans les mauvais moments et il y a peu d'âmes auxquelles vous pouvez exposer sans la moindre gêne l'ensemble de vos facettes. Dans la situation présente, c'était plutôt la Délirante et Lyra s'en réjouissait au plus haut point. En parlant de pompes. « Méfie-toi, je pourrais te battre à ce petit jeu là. » Ou pas, mais il en va de nourrir la tradition de leur rivalité à deux francs six sous. La raison même de leur présence aujourd'hui d'ailleurs. Et bien entendu, qu'elle était aussi là pour se rincer l'oeil au passage. « Je suis une femme qui sait optimiser son temps tu vois, j'ai un côté pratique très développé. » lui explique-t-elle d'une œillade assurée. Après tout, il n'y a pas de mal à se faire plaisir et à rire un peu... Le défi aurait été nettement moins palpitant à la Cabot... tout de suite. Et si seulement c'était le seul de leurs délires. Non Denys et Lyra c'était plutôt le genre à vous pondre dix conneries à la seconde. « Ouais je t'envoie un texto avec la date, je l'ai noté quelque part,je l'ai plus en tête mais c'est pour bientôt. » Et ça promettait encore un grand moment. De solitude sûrement. Elle avait essayé de tromper la sienne en axant la conversation sur Denys, mais il ne la connaissait que trop bien et avait rapidement détourner son jeu pour braquer de nouveau la lumière sur sa petite personne. Elle se contente donc de lui lancer un sourire appuyé et de regarder l'assistance avec son regard le plus lubrique. « Ouais, vous avez la réputation de pas manquer de compagnie féminine les gars, c'est un mythe ou la réalité alors ? » Certains des gars rigolent, et l'un deux rétorque.  « C'est assez vrai, les filles fondent quand tu dis que t'es Winthrop. » Il se racle la gorge avant de poursuivre. « Mais d'ailleurs, je suis désolé de te dire ça si je me trompe mais t'es pas gay ? Parce que si c'est le cas, faut pas en avoir honte, on est tolérants tu vois. » Rob passe une main effarée devant sa bouche, puis la baisse aussitôt de peur que la finesse et les dessins des phalanges n'interpellent, ses tatouages sont tout sauf gangstas. Elle se contente de regarder Denys en souriant puis observe de nouveau l'assistance.« Un peu des deux en fait ! On peut pas trop me mettre une étiquette tu vois... » Ouais, se faire passe pour un extra-terrestre c'était encore la meilleure solution...

  Oh non, ne commence pas à ce petit jeu là... "C'est un défi que tu me lances là ?" répliquai-je au sujet des pompes. Comme si le challenge en cours aujourd'hui ne suffisait pas... Fallait croire qu'on était vraiment deux gosses, que tout était prétexte à jouer et se défier. "Bah évite quand même de baver et de laisser des hormones se mettre en ébullition devant tous les beaux mâles à l'intérieur..." la taquinai-je lorsqu'elle avoua son intention de se rincer l'œil, ventant le côté pratique de sa mission camouflage. Quelques pas dans la Winthrop et nous voilà entourés d'une poignée de rouges. Et malgré les tentatives de notre Rob pour se faire discret, je réussissais à recentrer la discussion sur lui, malicieusement. Lyra ne perdit pas ses moyens, cherchant confirmation de mes dires auprès de nos interlocuteurs. Ils approuvèrent, forcément, sauf que l'un d'eux, un peu gêné, questionna Rob sur sa sexualité, saisissant l'occasion de réaffirmer la grande tolérance de la fraternité. Ma meilleure amie croisa alors mon regard, un petit sourire étira ses lèvres, les miennes également, un petit instant de complicité suspect sûrement, surtout quand elle répondit au garçon l'ambiguïté de ses préférences en la matière. Ça et l'échange entre nous juste avant, il n'en fallut guère plus au type pour conclure : "Ha... Et vous deux vous êtes... ? Ensemble ?" Si j'étais réputé ouvert d'esprit et que ça ne m’embêtait absolument pas ce que mes potes faisaient de leurs vies et au lit, je n'avais aucunement envie qu'on aille faire courir le bruit d'une love story avec un certain Robert... Imaginez que ça revienne aux oreilles de Gabrielle. Déjà que mes chances avec la belle Eliot étaient maigres, mais alors là... C'est donc un peu effaré que je corrigeai en bafouillant : "Non, non... Pas du tout. On est simplement amis Rob et moi." Et puis ils étaient au fait ici de ma réputation de coureur qui me précédait, du coup ma réaction les amusait d'autant plus et nos interlocuteurs se marraient de plus belle, taquins.