Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility« Breathe out. » Pv. Annalynne.
-25%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable Gamer 16,1” HP Victus 16 – 16 Go /512 Go
749.99 € 999.99 €
Voir le deal


« Breathe out. » Pv. Annalynne.

Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité
breathe out.

Murée et ankylosée dans une torpeur qui allait paraît-il de pair avec la convalescence, Lily avait perdu toute notion du temps. Quand elle ne dormait pas, elle somnolait, glissant avec la timidité d’un enfant incertain dans les bras de Morphée qui lui apportaient un réconfort qu’elle ne parvenait pas à trouver autre part. Dans sa poitrine, la sensation d’oppression constante s’était du jour au lendemain dissipée. Comme si on lui avait arraché une partie de son identité pour lui en fournir une nouvelle, avec laquelle elle apprenait tout juste à faire connaissance. Ses côtes étaient encore douloureuses, et on ne lui avait toujours pas enlevé les agrafes suite à l’opération. En même temps, quand on vous ouvre en deux de façon transversale, pour vous enlever les deux poumons et en remettre deux autres à la place, il ne faut sans doute pas s’attendre à en ressortir frais comme un gardon. Parfois, comme si ses anciens poumons défectueux lui manquaient à la manière de deux membres fantômes, elle oubliait de respirer. Quelques instants seulement. Juste assez pour se rappeler celle qu’elle était avant. En l’espace de quelques semaines, elle avait le sentiment d’être devenu quelqu’un d’autre. Toutes ses aspirations, toutes ses certitudes par rapport à l’avenir, et le fait qu’elle n’en aurait pas notamment … Envolées. Elle avait appris à grandir, à évoluer en ayant un pied dans la tombe. Et maintenant, on était en train de lui expliquer gentiment que ça ne se passerait pas ainsi. Qu’elle aurait un avenir. Qu’elle pouvait compter là-dessus. Merci à cet autre, infortuné de la route qui lui avait fait le cadeau précieux de l’existence au détriment de sa propre vie. Si elle était heureuse ? Lily n’en savait rien. Pour l’instant, elle se sentait lourde, et faible. Mais la sensation de respirer par soi-même était, elle, indescriptible à ses yeux.  Elle ne s’en lassait pas. Commençait tout juste à toucher du bout des doigts des envies qu’elle n’avait jamais osé entrevoir auparavant. Au moins l’attente de la guérison et ces longues heures passées en compagnie de blouses blanches avaient cet avantage : elle avait le temps de réfléchir, parfois un peu trop, à ce qu’elle avait besoin et envie de faire une fois qu’elle serait sortie.

Lily ne se souvenait pas bien de la Nouvelle Ecosse. Même les incidents qui avaient eu lieu dans cette station-service étaient indistincts, rendus vaporeux par les événements qui avaient suivi, et la période pendant laquelle elle s’était trouvée dans un entre-deux incertain. Un pied dehors. Un pied dedans. C’était comme s’endormir pendant une éternité, sans trop savoir où ce sommeil vous mènera. En se réveillant, tout était allé vite. Et rapidement, il avait été conclu que son état était assez stable pour qu’elle soit rapatriée à Boston, où son médecin référent pourrait veiller sur elle. Deux semaines s’étaient écoulées depuis. Et son quotidien se résumait à la visite de certains de ses proches, à une courte balade chaque jour dans le parc autour de l’hôpital pour un peu d’air frais, à des soins quotidiens, et à des périodes de sommeil plus ou moins longues. Ce fut pendant l’une de ses « balades » qu’elle la croisa. Cette silhouette à la fois si familière, et si étrangère à la fois. Elle avait l’impression que leur dernière entrevue remontait à une décennie. Quoiqu’il en soit, installée dans un fauteuil roulant, le bras relié à une perfusion qui la suivait comme son ombre, elle se permit de l’aborder de loin, alors qu’elle était de dos, sans être vraiment sure que c’était bien elle. « Annalynne ? » avait-elle murmuré d’une voix très rauque, quasiment méconnaissable, son timbre ne s’étant pas encore remis de la longue période d’intubation dans laquelle elle avait été plongée. Elle reconnaissait en tout cas son port de tête si parfait, même si elle ne comprenait pas bien la raison de sa présence ici, dans un endroit si … Javellisé.


(c) chaotic evil
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité
breathe out.

Mes paupières battent un rythme distendu et je ne comprends presque pas ce qu'il se passe autour de moi. J'ai été contrôlé, c'est une habitude maintenant, cependant mon esprit est comme déconnecté, branchée sur la fréquence Clay. Je sais que ce qu'il lui est arrivé n'est plus que bénin, qu'il s'en remettra forcément, mais je ne peux nier cette évidence affreuse que ça m'a atteinte plus que de raison. Celle la même que j'ai failli perdre en chemin. « Il vous faut faire plus d'examen. » Éprouvée, j'ai du mal à réaliser, ayant cet extrême besoin de hurler que je vais bien. Que je ne sais plus ce que je suis, où je vais, mais que ça va. Que c'est juste comme ça. Et tout à côté, j'entends la sage femme répondre au praticien. « Le monitoring ne suffit pas ? » J'ai l'être tout entier qui se fatigue quand ce qui se passe en mon intérieur me tyrannise. « Prise de sang, tension, et analyse d'urine. » Pour un contrôle c'est un peu osé, mais je n'en ai que faire j'accepte d'être à moitié torturée. Hochant le visage de manière positive quand je me lève et m'apprête à aller passer une matinée à être examinée.

Quand les doigts fins de l'infirmière attrapent délicatement mon bras, je ressens comme électrique la froideur de son touché. « Il s'est passé quelque chose ces derniers jours ? » Qu'elle questionne à son tour. Je relève mon regard vers le sien, quelque peu chien. Incertaine de savoir si c'est réellement mon chagrin qui m'a affectée. « Non. » Je mens comme on crache souvent au vent. Un choc peut-il jouer sur une grossesse déjà bien entamée ? « Et si les résultats sont mauvais ? » Je m'entends demander, inquiétée. Elle m'adresse un regard compatissant, presque trop bleuté. « Peut-être que vous devriez appeler le papa. » Sûrement pas. Je vais gérer seule, je ne l'embêterai pas avec ça. Et je me mure dans un mutisme volontaire du temps qu'elle me vole du sang et glisse entre mes mains un petit récipient.

Comment sait-on à quel moment l'inquiétude doit remporter la bataille entre tous les sentiments ?
Dans les toilettes, je réalise que pour la première fois depuis six mois, je n'ai pas envie de me soulager, il faut croire qu'il choisit ses instants, cet enfant. Aussi chiant que ses parents. Prévenir Clay … Alors qu'il séjourne lui même dans cet hôpital. Ca relève selon moi de l'hérésie, parce qu'il ne pourrait rien faire, parce que je ne ferai qu'accentuer une chose qui n'a pas de réelle importance, lui dire que je vais mal, qu'il y a tout, au bout de ce curieux fil, qui se balance. Je sais ce qui m'a mise à l'envers, et ce n'est pas la peine d'aller lui en parler, rajouter à sa peine les miennes surtout que j'ai cette sensation que m'avoir proche de lui n'est pas ce qu'il semble le plus souhaiter. Ma tache accomplie finalement, après des minutes à m'énerver personnellement, je finis par sortir et tendre à la demoiselle ce qu'elle m'a demandé. « J'ai besoin de prendre l'air. » De m'évader. De vivre une autre vie, de l'inventer.

Alors mes pas me mènent vers l'extérieur, quand je me sais dans l'incapacité de quitter réellement l'endroit avant d'avoir eu ces fameux résultats. Mon esprit papillonne vers des ailleurs étrangers à mon coeur. Et machinalement je caresse mon ventre en me remémorant cette première question qu'on m'a posé. « L'avez vous senti bouger récemment ? » Non … Non mais je n'ai pas compté les jours, je ne sais pas. Mère indigne, déjà. « Annalynne ? » M'interpelle une voix affaiblie que je peine à reconnaître. Je m'en retourne et regarde face à moi, avant d'abaisser mon regard plus bas. Je suis – de primes abords – captivée par le fauteuil roulant dans lequel elle semble ancrée. Et puis son visage, sa fatigue qui répond que trop bien à la mienne. Bien qu'elle paraît plus diluvienne. « Lily ... » je souffle sans la reconnaître pour de bon. Je détaille ses traits, comme une con. Et mentalement compte depuis combien de temps je n'ai reçu de message de la jeune femme … Trois mois, quelque chose dans ce genre là. « Tes poumons ? » Assurément, je ne vois pas d'autre chose, mais ne peut retenir ma question. Sauf que ce n'est plus de l'oxygène qui la suit, mais bien une perfusion.


(c) chaotic evil


Spoiler:
(Invité)