SARA BANNERS-FAWKES ► Hailey Baldwin

Mademoiselle Banners.» quelqu'un me secoua dans mon sommeille, mais je grognais comme réponse tout en essayant de me soustraire de la source de dérangement. « Mademoiselle Banners il faut que vous vous réveilliez, votre mère souhaite vous voir au plus vite.» Une raison de plus pour l'ignorer et de rester dans le confort de mon lit. Moi qui croyais, en tant que benjamine du trio de la saga Banners-Fawkes, je serais épargnée de toutes banalités concernant le titre de duchesse, je me suis lourdement trompée. C'est un fait, être née troisième et plus pire qu'être née deuxième en tant qu'enfant d'une famille noble. On est presque toujours considéré comme inutile puisque les chances sont minimes d'accéder au titre. C'est exactement à se quoi ma mère évite de donner comme image de la dernière de ces enfants. C'est de là que mon enfer à commencer. Bon je dis peut-être enfer, mais le mien n'est pas aussi affreux que peut l'être pour d'autre. Seulement, c'est le seul mot qui définit bien ma situation. Comme une poupée de satin, elle m'utilise pour bien faire voir la famille et m'afficher comme la plus onéreuse paire de bijoux qu'il soit. Ce cirque ne cessait de continuer. Cela jouait sur mes nerfs. Je commençais vraiment à en avoir marre de cette comédie. « Dites-lui que je me réveillerais à une heure convenable pour la voir » dis-je froidement, « Mais mademoiselle…», « Maria, fiche moi la paix et laisse-moi dormir» ajoutais-je le ton sec. Je savais que la servante allait répliquer de suite, mais au lieu d'entendre sa voix, ce fut celle de ma sœur aînée. « Tu aimes bien la mettre en colère pas vrai ? » répliqua la cadette du trio Banners-Fawkes. « Je m'en fiche, elle fait chier à me réveiller à des heures pas possible il est quoi…» je regardais l'écran de mon réveille et m'épouvantait encore plus, « 6 heures du mat ?! Elle se fout de ma gueule ou quoi ?! Un dimanche en plus ?! C'est le jour du seigneur bon dieu, ça ne lui a pas effleuré l'esprit ? Hors de question que je sorte d'ici. » Je croisais les bras contre ma poitrine, furieuse de ce non-sens et l'injustice que me faisait subir ma mère. Ma sœur se rapproche et s'assit au bord du lit. Je ne pouvais imaginer ce qu'elle avait pu supporter avant qu'elle ne se marie. Ce qui est sûr, c'était bien plus pire du traitement qu'elle m'infligeait aujourd'hui. Isabelle, ma sœur, posa sa main sur le haut de ma tête et me caressa les cheveux, comme autrefois quand nous étions petites. C'était sa façon à elle de me réconforter, bien plus douce de celle de mon frère qui ne faisait que me terroriser à l'époque. « Je sais ce que tu ressens.» me dit-elle compréhensive, « Alors, dis-moi quoi faire pour qu'elle me laisse tranquille» lui répondis-je désespérée de la situation. « Sincèrement, j'en ai aucune idée. », « Merci de ton aide » je levais les yeux en l'air et me laissais tomber sur la matelas. « Maintenant que t'es réveillée, dépêche-toi de descendre, elle s'agite et me donne le tournis. Si on est en retard, on l'entendra se plaindre pour des heures et ça sera pire pour toi. », « Je savais que t'es de mèche avec elle. Elle t'a fait venir en sachant que tu me feras lever. » Dis-je de mauvais sang en m'extirpant des draps pour aller à la salle de bain. J'ai l'impression d'être Cendrillon, une fervente servante qui fait tout ce qu'on lui demande. Aucun droit de dire son opinion, seulement hoché la tête. Malheureusement pour ma chère mère, je ne me laisserais pas faire pour longtemps.

« Tu peux m'expliquer ce qu'est ceci Sara !? » ma mère, rouge de colère, venait de jeter sur la table basse un magazine dont je faisais glorieusement la couverture. Quand je disais glorieusement, ce n'était en rien de positif. Disons que me voir gerber dans une ruelle crade n'a rien de glorieux, certainement pas pour la famille Banners-Fawkes. J'avais bu cette soirée, énormément. Ce n'est certainement pas un crime de boire, mais ça l'est quand on est âgée d'un an de moins que la loi l'exige. Et puis encore, 17 ans, plus de la moitié de ceux qui ont mon âge le font. Contrairement à la plupart, on ne s'attend pas à se faire attraper par les paparazzis lors d'une virée avec les copains dans une boite de nuit. Encore moins à se faire photographier à vider ses tripes sur le pavé et se trouver en première page d'un magazine ou des magazines. Les titres fusaient sur ma connerie, d'après ce que j'ai lue, j'avais un lourd problème d'alcool, que je me montrais rebellais souvent contre mes parents (ce qui n'est pas faux sur certains points) , que je suis enceinte, que je consommais des drogues fortes et que je devais suivre dans les prochains jours une cure de détoxication. Tout ça simplement parce que je m'étais bourrée la gueule pour une seule et unique soirée. Un faux pas et voilà ce qui arrive. Comme bonus, j'avais ma mère qui m'engueulait en montant de plus en plus le ton et mon père qui me regardait, affichant un air déçu, ça me déchirait littéralement le cœur. Malgré la relation épouvantable que j'entretenais avec ma mère, avec mon père, nous nous entendions sur une note plutôt parfaite. Lui à la place me laissait tranquille et convainquait parfois ma mère de me ficher la paix pour une journée. Mais après ça, je ne crois pas pouvoir bénéficier de son aide. « J'ai merdé je sais, c'est une erreur, rien qu'une. » dis-je exaspérée tout en détournant du regard pour ne pas croiser celui de mon père. Ma sœur serra ma main pour me soutenir. Mon Frère lui à la place, regardais la scène d'une mine amusée, crétin. « Une erreur ?! T'appelle ça une erreur ?! Ça ma fille c'est plus qu'une erreur, c'est une abomination.» je frissonnais d'horreur au dernier mot qu'elle prononça. Abomination, génial, rien de plus pour me faire sentir plus mal. Je ravalais les larmes qui menaçaient de couler et fixais mes pieds. « Il est hors de question que tu restes ici à ternir l'image de notre famille.», « Alors quoi ? Tu veux te débarrasser de moi ? » Riais-je piteusement, je savais que ma mère avait une pierre à la place du cœur, mais je réalise maintenant que je me suis trompée, elle en a aucun. « Ne soit pas stupide Sara. Il est plutôt question que tu fasses profile bas pour les jours à venir. Tu iras chez ta tante à Cambridge. », « Quoi ?! Mais pourquoi m'envoyer aux États Unis ? C'est completem…» , « Écoute ta mère Sara » fis d'un ton froid mon père qui ouvra la bouche pour la première fois depuis le début. Je me tus instantanément, contré l'autorité de mon père était au-dessus de mes forces. « On t'a inscrit à Harvard pour l'année prochain. Tu iras là au lieu d'Oxford. Cela aidera à t'éloigner des médias et de mauvaises influences. Il est disons, préférable que tu ne sois pas dans les environs. Ils cherchent qu'à alimenter les rumeurs, ce que nous voulons à tout prix éviter. » Continua-t-il. Il se leva et glissa sur la table une brochure de l'université. Avant de quitter la pièce, il s'arrêta à ma hauteur et je levais les yeux vers lui, « Ne me déçois pas une deuxième fois Sara», il part sans un mot de plus, suivi de ma mère et de mon frère. « Suis-je si horrible que ça ? » demandais-je à ma sœur qui était restée auprès de moi. Elle me caressa le haut de ma tête, ce qui déclencha mes larmes. Je me réfugiais dans ses bras, sanglotant contre son épaule. Quand finalement je fus calmée, elle m'aida à rejoindre ma chambre et, oh joie, mes valises se retrouvaient déjà bouclées près de la porte. « Je ne l'ai jamais vu aussi heureuse de m'extrader aussi précipitamment. » dis-je sans émotion. « Non c'est bon ne dis rien, merci Isa. » dis-je à ma sœur en l'interrompant. Elle hocha la tête avant de me laisser toute seule. Je m'asseyais sur mon lit, croisant mes mains entre elles. Je regardais d'un œil sans émotion ma chambre qui me paraissait anormalement vide sans l'être vraiment. Je m'allongeais sans fermer les yeux, me pelotant contre ma couverture. Je restais enfermée dans ma chambre jusqu'à l'heure de mon départ. Pour une fois, j'étais la seule qui était debout dans toute la maisonnée. C'était mieux ainsi, je ne voulais pas affronter une fois de plus les regards jugeurs de mon père, de ma mère et de mon imbécile de frère. Je laissais seulement une note à ma sœur derrière moi, rien d'autre. Je quittais les lieux dans le sentiment que je ne reviendrais pas. Bizarrement, j'en suis heureuse.

L'euphorie du moment où j'avais quitté le manoir Banners s'est vite dissipée au lors de mon atterrissage à Cambridge. Je me rappelle peu de ma tante Jenna. Les seuls moments où je l'ai vu c'est lors des réceptions de familles, elle se tenait toujours à l'écart des autres et dégageais un air froid. Je ne lui ai jamais adressé la parole et encore moins mes parents. Je suis étonnée qu'ils m'envoient chez elle. La seule chose que je connais d'elle, c'est que tout comme moi, elle est la troisième dans une fratrie. C'est avec appréhension que je me dirigeais vers chez elle. Elle eut la bonté de m'envoyer son chauffeur. J'aurais été incapable d'indiquer l'adresse à un chauffeur de taxi puisque je ne la connais pas. Ma mère s'est vite empressée de me faire dégager sans avoir eu la moindre conscience de me donner des détails. L'amour d'une mère pour sa fille, fascinant. Bref, ce que je m'attendais à voir chez tante Jenna m'a complètement pris au dépourvu. Sa vraie personnalité ne collait pas à celle que je me suis faite d'elle. Pour être précise, tante Jenna était un tantinet folle. Pas dans le mauvais sens du terme. Je dirais plutôt, surexcitée. Une vraie pille énergique. Malgré qu'on n'ait jamais eu d'interaction sociale entre nous, la première chose qu'elle a fait en me voyant, c'est de me prendre dans ses bras. Je jurais que la tête que je faisais, valait de l'or. Elle s'est affairée à préparer un comité d'accueil à mon arrivée. Elle m'avait présenté à ses plus proches amis et Henry, son fiancé. Il était un peu plus âgé qu'elle, mais gardait en lui une âme de jeunesse vivifiante.Je comprenais mieux pourquoi ces deux-là étaient ensemble. Je ne m'étais jamais senti aussi bien depuis des lustres. Tante Jenna me donnait l'occasion d'être enfin moi-même. C'était la bouffé de fraîcheur que j'attendais tant. Contrairement à ma mère, elle était compréhensive et n'a montré aucun signe de désapprobateur lorsque je lui ai raconté le pourquoi de ma présence ici. Comme je disais, ma mère ne s'est pas donné la peine de lui dire la raison de mon envoi aux États-Unis, seulement que j'allais étudier à Harvard et qu'elle refusait que je dorme au dortoir étudiant de l'université, sacré menteuse. Peu importe, c'était une bénédiction de ne plus subir sa présence et d'enfin avoir un peu de liberté. Je suis plutôt reconnaissante d'avoir atterri ici. Pour une fois, je suis heureuse.