An after holiday boy night » ft Devan

Maintenant de retour à Harvard après un Summer Camp où Happy n’avait guère eu le temps de passer une bonne vieille soirée avec Devan, il comptait réparer rapidement cette erreur. Voilà pourquoi il l’avait appelé plus tôt dans la journée, lui proposant de le retrouver à leur bar préféré afin de passer un moment ensemble. Pas forcément hyper longtemps, au cas où son pote n’ait pas grand monde pour faire garder son fils, mais de quoi se raconter leurs vacances respectives… une sorte de mise à jour se faisant tout à fait entre amis. Pour l’occasion, l’américain s’était habillé de façon assez décontractée, avec jean et chemise ouverte, profitant encore des températures clémentes de ce début septembre. Premier arrivé au bar, il prit rapidement une table assez en vue, indiquant par sms à Devan où il se trouvait, afin que son pote ne le cherche pas des plombes. Plus qu’à attendre sa venue…

Happy afficha tout d’abord un grand sourire ravi en voyant Devan débarquer au loin. S’en suivirent rapidement la poignée de main ainsi que l’accolade de circonstance, puisqu’ils ne s’étaient guère vus pendant le Summer Camp. De façon somme toute logique, le beau blond était impatient de connaître les détails des vacances de son pote, au moins autant que le professeur devait l’être. L’américain se rassit aussitôt, avant de faire signe au serveur. « Qu’est-ce que tu veux boire ? J’offre la première tournée ! » Il n’était évidemment pas question de se mettre minable alors que Randy, le fils de Devan devait sûrement attendre son père chez eux. Peut-être le temps des cuites monstrueuses reviendrait-il, mais pour l’heure, il s’agissait surtout d’une soirée sage… y compris dans l’esprit d’Happy, passablement éreinté par ce Summer Camp en folie. « Alors ces vacances mon poto ? »

Une chose restait sûre, Happy était vraiment content de passer un peu de temps en compagnie de Devan. Malgré leurs obligations, malgré leurs emplois du temps, le fait qu’ils aient trouvé un créneau juste avant la rentrée demeurait quasi miraculeux. L’américain n’était pas idiot, il se doutait bien que les cours du prof allait lui prendre une grande partie de son temps, et l’autre serait certainement prise par son fils… « Ça roule pour la seconde tournée alors ! Je vais démarrer comme toi, avec une bière » fit-il à l’attention du serveur dans un petit sourire aimable. Devan répondit par la suite à la question du beau blond, ayant visiblement du mal à trouver un début à tout ce qui lui était justement arrivé durant ces fameuses vacances. Happy pouvait dire la même chose… « Pour être honnête oui, j’étais au courant pour sa maladie. Faut pas m’en vouloir, elle m’avait fait jurer de rien dire, elle voulait t’en parler elle-même au moment opportun. Elle m’a appelé pour que je vienne la retrouver en France. Je l’ai soutenu comme j’ai pu, j’ai essayé de la convaincre de t’appeler mais elle n’a jamais voulu… je suis vraiment content qu'enfin elle soit venu te trouver, et qu'elle ait pu passer du temps avec toi comme avec Randy, tu n'as pas idée ! »

Le pire dans tout ça ? C’est que la culpabilité d’Happy ne pouvait pas être plus importante. Crystal lui avait expressément demandé de ne surtout rien dire à Randy, et même si l’envie n’avait pas manqué, l’américain avait gardé le silence. « Je sais tout ça, crois moi » souffla-t-il en voyant le malaise évident que cela imposait désormais entre eux. Mais quelque part, cela soulageait aussi le beau blond de dévoiler ce secret si lourd, qu’il portait tel un boulet à la cheville. Devan ne verrait sûrement pas les choses de la même manière, et il lui en voudrait sûrement mortellement, mais Happy osait espérer que leur amitié y survivrait… « J’ai tout fait pour qu’elle t’appelle, qu’elle vienne te voir, qu’elle te dise ELLE de quoi il retournait ! C’était à elle de te le dire, pas à moi ! Tu sais, si les rôles avaient été différents et que tu m’avais demandé de me taire, je l’aurais fait. Tu es mon meilleur pote et crois bien que j’aurais voulu te le dire un milliard de fois. Mais j’étais dans une situation de merde… alors je vous ai soutenu, tous les deux, autant que j’ai pu. Je ne pouvais pas aller contre la volonté de Crystal, Devan… et si je suis allé en France, c’est parce qu’elle m’a supplié de venir. On s’est engueulé suffisamment souvent parce qu’elle ne t’en parlait pas… j’aurais sûrement dû continuer à fermer ma gueule mais non, je ne le veux plus. Je ne veux plus te mentir, même si tu dois me détester pour ça ! Je suppose que c'est le cas de toute façon... »

Le geste nerveux de Devan n’avait bien évidemment pas échappé au regard d’Happy, qui ne lui lançait que de brèves œillades, craignant d’affronter son regard. La honte, la culpabilité, tout se mélangeait dans la tête du beau blond, au point qu’il n’en n’ait même pas touché sa bière, tout juste servie. Pour le moment, l’américain gardait un silence quasi mortel, de crainte de sortir une connerie qui ne ferait qu’envenimer les choses. Mais d’un autre côté, il craignait les prochaines paroles de son meilleur pote, qui ne tardèrent pas à arriver d’ailleurs. « C’était pas de gaité de cœur Devan ! Mais j’étais dans une position merdique : trahir mon meilleur pote, mon frère ou trahir ma meilleure amie se croyant mourante et refusant que tu la vois si faible ! Je pense qu’elle a préféré que tu la haïsses plutôt que tu sois malheureux de la voir diminuée » tenta-t-il, les poings serrés. Cette situation était encore douloureuse, même pour Happy. « Tu sais que ma mémoire m’empêche d’oublier tous les détails de mon existence. Alors ma culpabilité, je la porte comme une pierre en moi, à jamais, je pense que rien que ça, ça me punit pas mal » reprit-il, la mâchoire serrée. « J’ai pas arrêté de lui dire comment tu étais. De la supplier. Mais rien n’y a fait… »