New friends are always great » ft Feldt

Après une harassante journée de cours, Happy se sentait l’âme vagabonde. Aucune envie de rentrer chez lui pour se plonger dans ses autres obligations, il se mit donc à errer dans le parc de l’université, les mains dans les poches, le nez en l’air. Aucun rendez-vous de prévu, aucun pote à rejoindre, il avait donc tout le temps du monde pour laisser ses pensées virevolter dans son esprit, sans carcan aucun. Une pure sensation de liberté s’insufflait peu à peu dans tout son être, et rien ne semblait pouvoir l’extirper de son vagabondage. Rien ? Pas tout à fait. Alors qu’il regardait le ciel, couvert de nuages, il rentra bientôt en collision avec une demoiselle. « Pardon ! » s’exclama-t-il aussitôt, ramassant son sac à bandoulière, tombé de son épaule à cause du choc. « Je ne t’ai pas fait mal ? » Ce visage lui disait quelque chose. Grandement quelque chose même…

Malgré que ses années à Harvard étaient finies, Feldt ne pouvait s’empêcher de vagabonder le long du parc d’Harvard, se remémorant les dernières années. Où était passé sa vie? Les années avaient défilé devant ses yeux en un clin d’oeil. Aujourd’hui, diplômé de la plus prestigieuse université du monde, la vie s’offrait à Feldt, et pourtant, elle semblait encore bien perdue. Elle avait survécu à un tas d’atrocité, avait remonté la pente quand les choses n’allaient pas dans son sens et ne se voyait simplement pas quitter Boston. A présent, elle travaillait au MIT, cherchant à obtenir son doctorat dans l’intelligence artificielle, un sujet vaste et complexe. Perdue dans ses pensées, Feldt sillonnait les chemins du parcs sans but précis. Quand elle avait un besoin d’évasion la rousse aimait marcher seule, se coupant presque de l’humanité. Les jumeaux étaient occupées avec leur grand-père, une tache que Feldt était heureuse de partager avec l’homme qui l’avait sortit de la misère du système. Soudain, la jeune femme percuta un homme, ou plutôt l’inverses. Au final, aucun des deux n’avaient vraiment attention où ils marchaient et avaient fini en collision frontal. Reprenant ses esprit, Feldt observa le jeune homme. « Non pas du tout. Je m’excuse j’aurai dû faire attention. »

Qu’importe qui avait bousculé qui, le résultat restait le même : le choc avait eu lieu, et Happy dû ramasser son sac. Rien n’était fragile dedans, une chance, son cellulaire se trouvait dans la poche de son pantalon. Plus de peur que de mal, en somme. La demoiselle le rassura aussitôt sur le fait qu’il ne lui avait pas fait mal, provoquant un petit sourire amical dans la seconde qui suivit. Les deux ne regardaient pas où ils allaient, sûrement autant dans la lune l’un que l’autre, bien que les raisons soient forcément différentes. « C’est drôle, mais j’ai l’impression de te connaître… » fit-il néanmoins valoir en regardant ce beau visage de plus près, sans pour autant aller jusqu’à la dévisager. Pas étonnant qu’il ait cette impression, sa mémoire étant incapable d’oublier ne serait-ce qu’un tout petit détail emmagasiné. « Je ne pense pas me tromper, mais il y a toujours une marge d’erreur… »

Feldt n’était d’habitude pas si tête en l’air que cela. Aujourd’hui, c’était exceptionnelle, et elle avait bousculé quelqu’un, lui faisant tomber son sac. Cela ne se faisait pas, et clairement elle s’était excusée. Elle ne pouvait pas faire autrement. Etant de nature très poli et courtois, la jeune femme ne faisait pas partie de ses personnes qui partaient sans même s’excuser quand elle bousculait quelqu’un dans la rue. Malheureusement, il y avait beaucoup de personnes comme cela, et Feldt détestait ce monde égoïste et grotesque qu’était les Etats-Unis. Bien sure, elle aurait aimé travailler dans son pays natal, y retourner, mais qui avait-elle la-bas? La tombe de ses parents, un souvenir douloureux d’un temps meilleur. Cette année, elle irait à nouveau leur rendre visite, fin novembre au moment de leur anniversaire de mort, mais elle avait encore un peu de temps avant cela. Feldt s’assurait que le jeune homme allait bien. Son visage lui semblait quelque peu familier, et bien que sa mémoire ne lui faisait quasiment jamais défaut, Feldt devait réfléchir un peu pour se souvenir d’une partie lointaine de sa vie. Feldt n’avait pas oublié, elle avait simplement mis cette partie de sa vie dans un coin de son cerveau pour passer à autre chose. « Happy? » Demanda-t-elle, voulant s’assurer de la validité de son souvenir. « C’est Feldt. On travaillait ensemble au Nirvana. » Une vie qui lui semblait bien lointain à la jeune mère célibataire.

Happy possédait une mémoire infaillible, malgré le temps qui passe. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas croisé la route de Feldt, une demoiselle qui bossait en même temps que lui au Nirvana. Époque révolue certes, mais néanmoins encore bien présente dans ses souvenirs. Le fait que son interlocutrice se souvienne de lui provoqua aussitôt un sourire à l’américain, qui intervint dès lors qu’il entendit son prénom dépasser la barrière des lèvres de la demoiselle. « C’est bien moi, en chair et en os ! » fit-il, encore plus avenant qu’il ne l’était au départ, et pour cause, Feldt était loin de lui être inconnue. « Je savais que je t’avais déjà vue. Même plus que vue en l’occurrence ! Putain ça fait un bail mais tu n’as pas changé en fait… » s’exclama-t-il en lui faisant la bise pour le coup, se permettant de combler l’espace entre eux pour atteindre chacune de ses joues à l’aide des siennes. « Ça me fait super plaisir de te revoir, même par hasard ! Qu’est-ce que tu deviens ? »