until the death do us apart, or murder. (rhae)

C'était une blague. Une putain de grosse blague. Ou un cauchemar, selon les points de vue. Une putain de grosse blague dans un foutu cauchemar, voilà. Les vacances venaient à peine de se finir, les retours à Boston se faisaient petit à petit et en douceur, et Lennox avait été ravi car aucune couille ne lui était arrivé pendant ce Summer Camp, et il avait réussi à atteindre les jours de la rentrée sans craintes et sans menaces de ses paternels de lui couper les vivres, ce qui s'avérait être un miracle. Puis y'a eu ça. Elle. Ce sms, mms, ce truc. CA. Il avait eu envie de jeter son téléphone à travers la pièce quand il avait reçu ses messages, espérant se réveiller de ce doux cauchemar, mais il n'en était rien un cauchemar ou un rêve, et il était content de ne pas eu avoir assez de couilles pour balancer son téléphone contre le mur. Content avant de rire nerveusement deux secondes après, à deux doigts des larmes psychopathiques - oui, telle chose existait bien. Parce que putain de bordel de merde. Le comble dans tout ça c'est qu'il n'avait même pas le temps de digérer totalement l'information parce qu'elle venait, chez lui, ici, d'ici cinq minutes. Ou à tout moment. Et il était bien heureux qu'aucune de ses deux colocataires ne soient présents pour être témoins à cette heure-ci. Témoins du meurtre qui allait venir. Par elle, par sa ... femme. Putain de bordel de merde à chier, il était marié. Ma-rié. A madame Parfaite qui plus est. Mais la personne n'était qu'un détail : il était marié, et tout était sa faute, et il le savait, elle le savait et elle s'apprêtait à lui faire avaler ses conneries, et l'assassiner. Enfin, peut-être que le meurtre n'était pas une si mauvaise idée en soit, à ce moment-ci, non ? Peut-être. Toc, toc, toc. Sûrement même, sûrement.

until the death do us apart, or murder — Rhae n’avait pas prévu de se marier avant longtemps. Elle ne savait pas réellement si elle avait envie de se marier. Son père aurait voulu lui trouver un mari dès qu’elle aurait dix-huit ans, une sorte de mariage arrangé auquel elle n’aurait pas eu le droit de dire non ou sauf au prix de quelques nouveaux bleus. Et elle y avait échappé, par chance, lorsque son père avait été condamné et qu’elle avait été émancipée. Et quelle fût sa surprise, en ouvrant son courrier, de découvrir que finalement, après tout ce qu’elle avait enduré pour ne pas se retrouver dans un mariage sans queue ni tête, qu’elle était finalement la femme de quelqu’un. Bien que calme comme tout dans son quotidien, Rhae devint rouge de colère : Lennox lui avait promis qu’il avait bel et bien annulé leur fameuse nuit de noce arrosée et bien vite regrettée. Elle entendait encore ses mots qui résonnait dans sa tête, elle qui avait des pertes de mémoire, le comble. Mais oui c’est fait Elle venait soudain de trouver la raison pour laquelle elle payait moins d’impôt. UN AN.
Elle avait aussitôt sauter dans sa voiture et était en route pour l’appartement de Lennox. Elle avait franchement espérer mieux pour un retour de vacances. Lorsque Lennox finit par lui ouvrir, elle remarque qu’il n’est pas dans son état normal de connard superficiel et égoïste.
« COMMENT ÇA ON EST MARIÉS ? TU DEVAIS ANNULER CE TRUC. » se met-elle à hurler.
Elle rentre alors dans l’appartement bien qu’elle ne soit pas invitée, ne se souciant pas vraiment des colocataires de Lennox : s’ils étaient là, ça leur ferait un spectacle.
« AVOUE LE LENNOX » continue-t-elle à hurler. « T’es encore marié avec moi parce que tu veux cette foutue nationalité, c’est ça ? Tu t’es dis que tu pouvais profiter de moi ? »

Le mariage et Lennox ça faisait, hm, le nombre maximum qu'on pouvait inventer pour imager qu'ils n'avaient rien en commun et sûrement n'auront jamais rien en commun. Il avait jamais l'intention de se marier, il y croyait pas à ces trucs à la con, contrairement à Edward qu'il savait, finirait marié à la plus parfaite des Bree Van de Camp. C'était tout à fait son style. Ou celui de leur sœur. Et pas celui de Lennox. Lennox avait toujours été le plus immature malgré qu'il soit le deuxième de la fratrie, et le plus insouciant. Et il ne l'avait jamais nié. A quoi bon, il pouvait citer maintes et maintes conneries et événements qui lui étaient arrivés dans sa vie pour démontrer qu'il était immature et insouciant. Et apparemment, il pouvait en ajouter un en bas de la liste. Et le pire faut croire. Se marier. Tout était censé être que des conneries, un faux mariage, parce que c'était comme ça à Las Vegas, non ? Tout était faux. Et c'est pour ça qu'il n'avait pas pris la peine de se préoccuper des papiers nécessaires pour annuler parce que c'était faux. C'était censé être faux, bordel. Censé. Mais il faut croire que rien n'était plus vrai en vue des messages de Rhae et sa venue, en furie dans son appartement. Il n'avait à peine eu le temps d'ouvrir la porte et lancer un seul regard en sa direction qu'elle lui explosa au visage, totalement en furie. Et Lennox avait perdu toutes ses couleurs, non parce qu'il était effrayé par elle - ou un petit peu, peut-être, mais parce qu'à sa vue, la réalité le frappa vraiment : il était marié. Il était marié putain, et la chose qui lui sert de femme lui aboyait à la figure des paroles insensées tout en se frayant un chemin dans son appartement, sans invitation. Lennox la vit gesticuler dans tous les sens à hurler comme une folle, sans pouvoir placer un mot, jusqu'à ce qu'elle assume de fausses raisons sur cette histoire à la con. Là, il lui aboya aussi au visage.  « Putain LA FERME, RHAE ! LA. FERME ! » Elle était ridicule à prétendre qu'il pouvait l'utiliser, elle. Comme s'il avait besoin d'une petite de la classe sociale la plus inférieure pour avancer dans la vie, il avait tout le fric du monde, pourquoi s'embarrasser avec elle ? Mais là, n'était pas la question. « C'était censé être un faux mariage, OK, UN FAUX ! Comment je pouvais savoir que c'était vrai ? On était complètement défoncé et inconscients, QUI laisse des gens bourrés et inconscients se foutre la bague au doigt ? » Il criait aussi, à deux doigts de l'hystérie. Cette histoire allait le rendre dingue.

until the death do us apart, or murder — Rhae hurlait pour parler, c’était un fait. Une sorte de logique. Quelque chose naturel. Certains pensaient que c’était parce qu’elle avait des problèmes d’audition. Et puis d’autres, plus proche d’elle et de son histoire savait qu’elle avait toujours eu l’habitude de crier à la maison pour se faire entendre. Et elle connaissait tellement peu Lennox, qu’elle fût choquée de le voir lui hurler dessus. pendant quelques instants, elle resta silencieuse. Elle sentait dans son regard, dans son attitude, qu’il ne faisait que la rabaisser. Ouais c’est vrai, pourquoi ce monsieur oserait prétendre avoir besoin de la moins que rien qu’elle était à ses yeux. Elle s’adossa contre un mur, un peu choquée par les mots de son… mari. Bordel, elle était mariée à tout ce qu’elle n’aimait pas. Elle était mariée à ce genre de mec qui ne connaissait la valeur de rien dans la vie. Ce genre de type qu’elle… ok. Non, elle n’arrivait même pas à se le décrire dans la tête. Ça lui était impossible.
Elle leva les yeux au ciel quand il finit par lui dire qu’il pensait que leur mariage était un faux. Non. Et elle le savait. Elle le savait parce qu’elle avait vu douze mille films sur les mariages à Las Vegas et qu’on disait toujours à tout le monde que même si c’était Elvis ou Maryline qui vous mariait, bah c’était un vrai. Saletés d’anglais qui ne comprennent rien à rien.
« Mais le mariage c’est un business à Las Vegas, mon très cher mari. »
On pouvait sentir à peine une pointe d’ironie dans sa voix.
« T’as jamais vu FRIENDS ? Ross et Rachel qui se marient bourrés à LV ? Pourquoi je ne faisais que de te demander une annulation à ton avis Lennox ? PARCE QUE C’EST UN VRAI MARIAGE OK ? »
Elle allait devenir dingue. Totalement dingue. Elle était mariée. Et là, un an après, plus question d’annulation de mariage. C’était bonjour le divorce.
« Mais c’est bien, on a un mariage qui a tenu je pense plus longtemps que tout ceux qui ont été célébrés là bas. J’crois qu’on peut être fier youpi. »
Elle ne demande pas la permission, et s’assoit sur le canapé. Pensive, elle retrouve déjà son attitude plus calme, bien que la situation soit en train de la pousser à bout.

Rhae s'était figé, une fois que Lennox l'eut ordonné de sa la fermer, comme si elle avait écouté ses ordres. Et un silence d'or s'abattit sur l'appartement, alors qu'elle s'appuyait contre le mur le plus proche, un air choqué sur le visage, et Lennox reprit sa respiration, tentant de se calmer, afin d'éviter de dégénérer la situation. Elle était bien assez aggravante comme ça, sûrement inutile d'en rajouter une couche.  « Putain vous êtes complètement fêlés en Amérique pour se faire un business autour de mariages où Elvis Presley fait office de prêtre. ELVIS PRESLEY ! » Son ton s'était calmé mais était tout de même froid et cassant, toujours sur les nerfs. Surtout lorsqu'il entendit le petit surnom ridicule et ironique que Rhae lui avait affublé. Vraiment, comment il pouvait savoir que ce n'était pas sérieux tout ça, avec Elvis Presley, s'il vous plaît ? Ça l'énervait. Et elle aidait pas non plus à comparer leur situation à une série télévisée, autrement dit un monde irréel où toutes les situations étaient exagérées et ... irréelles. « C'est qu'une SERIE Rhae, de une, et de deux : t'es le genre de filles Mss Parfaite à faire chier le monde pour un rien, à stresser pour un rien, donc évidemment que t'allais m'emmerder jusqu'au bout pour cette annulation même si c'était rien, c'est pour ça que j't'ai dit que c'était fait. Pour me foutre la paix. » 'Même si c'était rien'. Au final, peut-être que c'était pas rien, justement, Lennox. Abruti. « Mais peut-être que t'avais raison au final. » Ca lui avait arraché la bouche d'avouer ça, il avait balancé ça d'un ton de mauvais perdant. Parce qu'il avait beau être constamment en tord, faut dire ce qui est, il l'avouait jamais, pire, il manipulait les gens pour leur faire croire qu'il était dans la raison. Mais là, tous les faits étaient dirigés contre lui. Il soupira, longuement. Il s'était à peu près calmé. Et avait même eu envie de lâcher un rire nerveux lorsque Rhae lui lança une vanne sur leur mariage tout en s'asseyant paisiblement sur le canapé. « Hé, c'est pas parce que t'es ma femme que tu dois t'approprier tous les meubles de mon appart. Ce canapé vaut plus cher que tout ton salaire dans une vie, tâche d'y faire attention. » Il ne pouvait pas s'en empêcher, de jouer les petits bourgeois péteux. Parce que c'est tout ce qu'il était, et tout ce qu'elle n'était pas. Encore une preuve de leur incompatibilité. Elle allait sans aucun doute lui rire à la figure d'être aussi ridicule et matérialiste à un moment aussi importun et elle avait sans doute raison. Il se reprit, souffla et s'assit en face d'elle. « Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

until the death do us apart, or murder — Rhae était bien trop gentille. Elle était naïve. Bordel. Elle s’en voulut pendant quelques instants tout de même. Elle était arrivée sur ses grands chevaux, avec l’idée de foutre une sacrée raclée à Lennox. Et puis comme d’habitude, elle, la fille bien trop gentille pour un garçon bien trop arrogant s’écrasait face à ça. Arrogant ouais, même pas trop méchant. Il était juste arrogant. Ça devait faire quoi ? Aller, trois quatre années que Lennox était aux États-Unis et elle avait pourtant l’impression qu’il ne connaissait rien de rien au pays dans lequel il résidait et étudiait. Comme quoi il était vraiment trop préoccupé par son propre nombril.
Elle lève les yeux au ciel. Ouais, les États-Unis n’étaient clairement le pays le plus sain du monde mais ses coutumes étaient connus. Et les personnes un minimum cultivée savaient que le mariage pour de faux, ça n’existait pas.
« Ta grand-mère peut se faire ordonner prêtre sur internet et te marier en plein milieu d’un McDonald’s si elle veut. Si tu t’intéressais peut-être à autre chose qu’à toi peut-être que tu le saurais. »
Sa voie n’émet pas une once de méchanceté, et pourtant, ses mots attaquent Lennox directement dans sa fierté : sa famille, sa grandeur, son égocentrisme.
« Mais tu crois que je te demandais une annulation pourquoi ? Pour pouvoir l’accrocher au dessus de mon bureau ? Pour que ça fasse joli ? Et puis maintenant à cause de toi je suis Madame Parfaite. Marié avec Monsieur Hautain. »
Elle rigole lorsqu’elle l’entend dire que finalement, elle avait peut-être eu raison. Bien sûr que oui. En 24 années passées aux USA, en tant qu’américaine même, elle avait sûrement plus de connaissances sur ce qu’elle faisait dans son pays qu’un étranger qui boit du thé ici depuis 3 ans. Rhae lève alors les yeux au ciel. À deux doigts de s’énerver contre son mari et ses grands airs, elle rétorque :
« T’en fais quoi de ton canapé, tu fais que le regarder ? On peut pas s’asseoir dedans ? »
Lorsqu’il finit par lui demander ce qu’ils doivent faire maintenant, elle se demande s’il est sérieux. Elle se demande à quel genre de réponse il s’attend. Honnêtement, il compte rester marié avec Rhae ou quoi ?
« Bah on va chercher une maison en banlieue, appeler tes parents, leur envoyer notre liste de mariage et commencer à parler bébé. MAIS ENFIN LENNOX. Je sais pas toi, mais moi je reste pas Madame Rothschild-Prior, ok ? »
Quoi que, elle avait été vexée par sa remarque sur l’argent, ce nom là pourrait bien lui ramener un chèque.

« J'ai pas besoin de leçon de morale de ta part Miss Je-Sais-Tout, merci. » Elle commençait doucement à l'irriter à faire des assomption sur sa propre personne, ô combien même c'était vrai. Il ne s'intéressait pas aux choses peu nécessaires de la vie, comme tout ce qui ne le concernait absolument pas dans la vie. Mais il n'avait pas besoin, et surtout pas la patience qu'elle lui reproche ceci lorsqu'ils avaient d'autres chats à fouetter. En quoi connaître les lois américaines idiotes sur le mariage sur internet pouvait l'aider à avancer dans la vie ? Même s'il l'avait eu l'information il y un an, dans cette foutue chapelle, avant de pénétrer les portes du Diable vers Elvis, cela n'aurait rien empêché du tout. Enfin, c'est ce qu'il disait pour se rassurer, au fond de lui. « Bon, ça va, je sais, j'ai merdé ! La prochaine fois j'écouterai Madame Parfaite. Non pas qu'il y aura une deuxième fois ! » Rétorqua-t-il d'un ton agacé. Deuxième fois avec elle ou avec n'importe qui. Plus jamais il allait se marier ce con. Il avait déjà fait trop de conneries pour vingt-deux ans de vie. Merde quoi, deux fois qu'il admettait sa défaite en moins de cinq minutes. Clairement, son cerveau réalisait vraiment dans quelle merde il s'était foutu. Vraiment. Quelle merde à chiottes. Il soupirait longuement, et se passait la main dix fois dans ses cheveux, signe de frustration. Et lorsqu'elle lui répondit sur un ton sec à sa remarque sur le canapé, il se contenta simplement de lever les yeux au ciel, refusant de se lancer dans une autre bataille pour aujourd'hui. Vaut mieux choisir ses combats pour mieux gagner la guerre. Il se retiendra de tout commentaire hautain sur leur rang social, et se contentera tout simplement de grincer des dents lorsque leur différence sociale se manifestera d'une manière ou d'une autre. « En plus d'être Madame Parfaite, on pourrait ajouter Madame Humoristique. » Ironisa-t-il à son tour, une fois qu'elle lui avait donné une réponse tout aussi ironique à propose de la suite des événements. « Non mais être divorcé à 22 ans faisait clairement pas parti de mon plan, j'suis même pas capable de penser à relever la lunette des toilettes, tu crois que j'peux être marié ET divorcé à 22 ans ? » A qui la faute abruti ? Mais vraiment, il refusait de se donné un statut de divorcé aussi tôt. Il venait à peine d'avaler le fait qu'il était marié merde, fallait maintenant divorcer. Il voulait s'enterrer au fond de son jardin, actuellement. « T'as même pas remarqué en un an que t'étais mariée franchement, qu'est-ce que ça change ? »

until the death do us apart, or murder — Elle s’en voulait presque. L’alcool faisait vraiment des ravages. Comment avait-elle pu être assez bête pour épouser Lennox. Lennox… Ah Lennox… C’était clairement le genre de mec que Rhae ne pouvait clairement pas supporter. D’ailleurs elle ne le supportait pas à la base, et c’était pour ça que son esprit commençait à bouillonner : elle essayait de resuivre le cours de la soirée, le pourquoi du comment elle avait finit par passer la bague au doigt de Lennox. Merde. Qu’est-ce que ça pouvait être chiant les pertes de mémoires.
« Non, non Lennox. Je ne veux plus être Madame. J’étais très très bien quand je m’appelais Mademoiselle. »
Elle commence à respirer fort. Comme pour essayer de se calmer. Madame. Elle était madame. Parce qu’elle était mariée. Mariée. La dernière fois qu’elle s’était imaginée mariée, elle n’imaginait sûrement pas Lennox à la place de son mari.
« D’ailleurs tant qu’on sera mariés, y aura pas de deuxième fois avec personne. »
Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’ils se dépêchent d’aller chercher des papiers pour finalement remplir ce fichu divorce. C’était dingue. Elle aurait pu simplement demander une annulation, tout simplement. Mais non, il avait fallu que ce petit con de Lennox n’en fasse qu’à sa tête et ne l’écoute pas. Comment pouvait-on ignorer la valeur d’un mariage. Saleté d’anglais. Cons comme leurs pieds ceux là.
« Tu préfères quoi ? Rester marié ? J’en tire quoi moi ? Ça change que aux yeux de la loi je suis madame et crois moi je tiens à mon indépendance. Puis si ça se trouve vu que t’es pas un citoyen américain ils vont enquêter sur notre mariage. Et je veux pas être dans la merde à cause de toi, Monsieur l’Idiot qui n’est pas fichu de faire ce qu’on lui demande. »
Elle lève les yeux au ciel. Elle aurait espéré qu’il range sa grande gueule et qu’il se mette de son côté. Pourquoi ne voulait-il pas divorcer ?
« J’te tire aucun avantage à être mariée à un Rotshchild. Rien que ça ça me fait chier. »
Elle soupira. Elle n’était pas du genre à profiter des situations mais bon, elle était une boursière sur la paille et lui non. Alors bon…

C'est certain, il n'y aurait aucun moyen que leur mariage dure à ces deux-là vu leur entente. Lennox se demandait encore comment est-ce qu'ils avaient fini à l'autel, parce que même alcoolisé, il était sûr de ne pas pouvoir la supporter. A quel moment l'un des deux avait eu la stupide idée de se lancer et pousser l'autre dans les bras d'Elvis ? Ça, ça resterait toujours sûrement un mystère, un mystère qu'il ne veut sûrement pas élucider parce qu'il le savait, ça allait encore retomber sur sa poire. Pour changer. « Eh bah sois mademoiselle, qu'est-ce que tu veux que je te dise ! T'as même pas changé de nom officiellement, tu restes toujours Mademoiselle Pitter-Truc donc me fais pas chier. » Elle avait déjà commencé à lui porter sur les nerfs depuis son arrivée, mais plus le temps passait, plus ça empirait. Il était déjà assez dans la merde sans qu'elle en ajoute avec ses commentaires inutiles et insensés. Ses paroles bourdonnaient de façon agaçante dans ses oreilles telle une abeille qui cherchait à te piquer en période d'été. Rhae cherchait à piquer, et dur. « Putain, c'est bon, je vais aller les chercher demain ces foutus papier de divorce, j'peux définitivement pas resté marié avec toi, c'est clair. » Et deux minutes plus tôt il voulait rester marié le petit. Mais à tout y réfléchir, quand il voyait la mariée, il était certain que ce mariage allait plus vite finir en meurtre qu'en divorce donc évitons le pire. Et pour de vrai, cette fois-ci, il était décidé à aller chercher ces foutus papiers, pas de paroles en l'air. « Par contre, j'te signale que t'en tires plus que moi de ce mariage. Rien qu'avec le divorce, tu vas toucher le gros lot donc sois-en sûre, ce ne sera pas sur moi que tes services à la con vont enquêter. » Pas besoin de rappeler encore une fois qu'ils vivaient tous les deux dans deux sphères sociales totalement différentes, mais Lennox l'avait assez fortement sous-entendu pour qu'elle comprenne. Et partir dessus lui permettait aussi de ne pas admettre qu'elle avait en partie raison, encore, ils allaient sûrement enquêter sur ce mariage à la con et c'était encore des papiers à l'infini pour un rien. Ou il pouvait facilement les soudoyer à l'heure venue aussi, c'était une solution. Ou divorcer aussi, c'était une solution, même s'il le voulait pas vraiment. « Techniquement, t'es aussi une Rothschild maintenant donc la ferme et apprécie. » Il avait été un peu trop tranchant dans son ton, mais elle l'agaçait réellement à pleurer sur son sort alors qu'elle était plus que gagnante dans l'histoire. Pendant ce temps, lui, faisait les cent pas dans le salon, à trouver une foutue solution qui plairait aux deux parties, et c'était pas gagné.

until the death do us apart, or murder — Sobre, Rhae n’aurait jamais eu l’idée d’épouser Lennox. Elle détestait ce mec. Et encore, détester était pour elle un mot bien trop faible pour décrire tout ce qu’il évoquait en elle : le dégoût, la haine. Elle était un petit bout de femme douce comme il n’était pas possible en elle. Et pourtant, Lennox réveillait en elle des sentiments et des envies de meurtres qu’elle n’avait jamais connu. Alors pourquoi diable avait-elle eu envie de lui dire oui devant un Elvis obèse ? Tout ça, elle aurait préféré l’oublier, comme elle oublie les trois quarts des trucs de toute façon.
« Je suis bien contente d’être une Pitter-Truc comme tu dis. J’aurais eu l’air d’une prétentieuse avec ton nom à la con. Regarde c’que ça a fait de toi ? Un pauvre gamin pourri gâté qui comprend rien à la vie. »
Par moment, elle était heureuse d’avoir eu une enfance un peu pourrie. Parce que du coup, elle comprenait un tas de valeur de la vie. La valeur de l’argent, de l’amour, des choses quoi. Elle doutait que Lennox connaisse la valeur d’une baguette de pain. Ou la valeur de quelque chose tout court.
« Tu crois qu’un divorce ça se fait en un claquement de doigt ? Ça fait un an qu’on est marié maintenant, alors crois moi qu’on va avoir le plaisir d’avoir un divorce qui dure un peu plus que trois secondes trente. »
Elle soupire. Elle ne se reconnaissait pas dans ses paroles. Sa fragilité et sa timidité avaient foutu le camp. Elle était sortie de ses gonds, parce que Lennox Prior-Rothschild la forçait à. En même temps, quand on est face à un idiot, ça changeait tout de suite la donne. Encore plus quand c’est un idiot qu’on aime pas.
Lorsqu’il lui parla d’argent, du coin de son esprit, Rhae se mit à réfléchir. C’est vrai qu’elle pouvait demander de l’argent. Pas forcément une pension parce qu’il n’y avait pas d’enfant. Mais après un an de mariage, elle avait peut-être le droit à quelque chose.
« C’est vrai. Mais moi j’ai voulu faire annuler le mariage tout de suite. Donc viens pas pleurer que tu me dois de l’argent maintenant. »
Peut-être que cette histoire ça allait la sortir de sa galère. Peut-être.
« Rhae Rothschild. C’est dégueulasse. »
Elle eut alors l’impression d’être dans un soap opéra, où elle avait fini dans un mariage sans amour par intérêt.
« Tes parents pourraient être contents de voir leur fils marié et posé. Et puis une bridé dans la famille ça vous ferait un coup de pub. »
Elle se mit soudain à penser à tous les autres intérêts qu’elle pouvait en tirer. Merde, Rhae avait changé depuis qu’elle était Mrs. Rothschild.