Je tournais en rond chez moi depuis mon retour.. Denys était encore au Summer camp quand j'ai reposé bagage ici et j'avoue que j'ai prit l'habitude de l'avoir dans les pattes. Je dois même avouer que son absence s'était faite ressentir. C'est horrible, je me répugne de ressentir ce genre de sentiment envers un mec comme lui ! Le manque, le pire de tout les sentiments d'après moi.. Le manque. Clairement, j'avais hâte de retrouver Denys même si je ne sais pas vraiment dans quel optique il est en ce qui me concerne. J'étais partit, sans rien dire à personne, sans lui adresser ne serait-ce qu'un vulgaire texto. Je voulais peut-être me convaincre qu'il n'était pas assez important pour moi pour le prévenir de mon départ imminent, ou encore de mon retour. Il n'est pas important pour moi, je m'en tape royalement, qui est assez puissant pour me faire tourner la tête ? Sûrement pas un compte en banque sec sur pattes. Je me mordais la lèvre, sur mon canapé, je scrutais l'heure toutes les minutes.. Contredisant tout ce que je peux bien penser de Denys, que je me force à penser plutôt, c'est plus simple de se mentir à soit même dans ce genre de cas, c'est plus simple que d'assumer qu'il y a quelque chose entre vous depuis cette dernière rencontre au Summer camp.. Dans ma chambre où ça a malencontreusement dérapé entre nous. Il n'allait plus trop tarder, c'est le jour J, le jour du retour pour tous les étudiants d'Harvard et par la même occasion celui de Denys. Il reste encore ses affaires par-ci par-là, il allait forcément passer par chez vous. Un bruit de clefs, je me redresse, sans savoir réellement pourquoi je panique intérieurement, je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre ni quoi dire, comment me comporter et merde ! Je déteste être dans ce genre de situation où le contrôle m'échappe complètement. Je respire un coup, la porte s'ouvre et laisse apparaitre sa silhouette sur laquelle je ne prend pas la peine de poser mon regard. L'indifférence.. C'est la meilleure arme pour repousser l'attachement, l'envie, les sentiments ou autres conneries. Allongée sur le canapé, un livre à la main, une lecture que j'avais lâchement abandonné, trop préoccupé par la pression de son retour. De le revoir. - N'oublie pas de laisser tes chaussures à l'entrée. Que je lance du salon en entendant la porte se refermer derrière lui. La seule phrase débile qui m'était passé à l'esprit.
Rentré fraîchement du summer camp, j'avais atterri sans savoir vraiment où aller. Ça faisait depuis juillet que j'étais sans nouvelle d'Hippo, qu'elle était partie sans prévenir, sans explication, peu de temps après notre nuit ensemble d'ailleurs... C'était quoi cette manie que j'avais de m'enticher de filles qui préfèreraient me fuir ? Non, Hippo n'était pas Gab, et j'avais son numéro de téléphone. Mais elle n'avait pas répondu quand j'avais tenté de la contacter, ce qui me laisser septique. J'étais mélangé entre un sentiment de confusion et d'inquiétude. Peut être était-il arrivé quelque chose à la belle ? Peut être avait-elle simplement voulu prendre ses distances avec moi après notre nuit ensemble ? Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander, vu que le timing de son départ coïncidait étrangement avec le moment où nous avions craqué... Pourtant, malgré toutes ces interrogations, en arrivant de Cap Breton, c'est l'adresse de la villa de la jeune femme que j'avais donné au chauffeur de taxi. J'avais toujours le double de clé de mon hébergeuse et, quand bien même notre colocation ne serait plus d'actualité, il me restait des affaires qu'il me fallait récupérer. Alors me voilà donc devant la porte, l'ouvrant, un peu hésitant, ne sachant pas si j'allais trouvé Maria son plumeau en main, ou bien même une villa vide parce que la propriétaire des lieux aurait déménagé... Mais entendre sa voix, provenant du salon, ça, je ne m'y étais pas attendu. Encore moins avec ce ton détaché, me soufflant l'ordre de me déchausser, comme si on s'était vu la veille... Un petit sourire amusé étira mes lèvres alors que j'abandonnai mon sac dans l'entrée, ainsi que mes tongues. Oui parce que j'étais en T shirt, short, teint hâlé, en mode vacances, comme si mon look allait un peu faire perdurer l'ambiance estivale. Je vins me planter devant les yeux de la demoiselle, devant le canapé donc, dans lequel elle était nonchalamment restée allongée, et avec humour je répliquai : "Y'a autre chose que tu veux que j'enlève ?" En plus de mes chaussures ? Ok, c'était peut être pas une bonne idée d'attaquer ainsi, ça risquait de remettre sur le tapis le dérapage de l'autre fois, et histoire qu'elle n'aille pas penser que je cherchais à la mettre mal à l'aise, j'ajoutai, avec sincérité : "Tu m'as manqué Hippo. Comment tu vas ?"
Je savais pas trop si ça me faisait du bien de le revoir ou au contraire, si ça m'énervait plus qu'autre chose. Parce que oui, il y avait ce petit truc inexplicable entre nous qui s'est conclut d'ailleurs juste avant mon départ mais, en même temps est-ce que j'avais vraiment envie de ce petit truc entre nous justement ? Clairement, non. Je n'en voulais pas, il était bien loin de la personne parfaite dont je m'était imaginé pour tenir à mes côtés où ne serait-ce que la personne qui me faire vibrer.. Ça pouvait pas être lui, même si son physique pouvait faire chavirer n'importe quelle femme, il n'avait rien qui allait avec ça. Ni le charisme, ni la classe, ni la richesse à laquelle moi je prête attention. Mon image et celles de ceux qui m'entourent m'importe, je n'avais pas envie de m'afficher au bras d'un pauvre campagnard du dimanche. J'entends son sac s'écraser au sol, ça sonne presque comme un replay de notre première rencontre.. Presque ! Jusqu'à ce qu'il arrive jusqu'au salon, crachant ces quelques mots qui me rappellent indirectement ce à quoi on s'était laissé aller pendant le Summer camp. Je me redresse, m'asseyant sur le canapé et je me permet enfin de lever les yeux en sa direction. - Non ça ira, j'ai déjà vu le paquet et il n'y a franchement rien d'intéressant.. Soufflais-je sur un ton sarcastique avant de me pencher vers la table pour y poser mon livre. - Alors garde tout ce que tu peux enlever. C'est bien mieux comme ça ! Un sourire mesquin sur les lèvres, cachant mon hypocrisie et mes pensées sincères qui hurlent dans un coin de ma tête. OUTCH. Les paroles qui suivent me font presque froid dans le dos, j'avais pas besoin de ce genre de phrase, pas maintenant. Déteste-moi Denys, prie pour que je dégage de ta vie sinon tu risquerais d'en souffrir amèrement. - C'est bon à savoir. Répondis-je sèchement en détournant le regard. Lui avouer que lui aussi me trahirait, j'avais pas mal réfléchit pendant que j'étais à Paris et m'attacher à Denys n'était qu'une très mauvaise idée, ça ne m'apportera rien d'intéressant à part détruire tout ce que je suis, tout ce que je montre depuis des années.. Ça trahirait surtout et pire que tout mes convictions et mes principes de toujours. - Je vais bien comme tu peux le constater et toi ? Comment c'est passé tes vacances dans ce coin perdu ?
Je tentais l’humour, histoire non pas de l’embarrasser, mais plutôt de lui soutirer un sourire. Mais ce ne fut ni l’un ni l’autre de ces effets que j’obtins. J’eus son attention quelques secondes, c’était déjà cela. Son regard se releva sur mo alors qu’elle répliquait, cassante, que je n’avais rien d’intéressant à lui montrer, que je pouvais donc tout garder sur moi. Mon sourire s’estompa un peu. J’essayais de ne pas laisser ces mots m’atteindre, mais je ne pouvais m’empêcher de me repasser notre nuit ensemble, ses soupirs, son souffle contre le mien, sa peau qui frémissait… Elle avait très bien su donner l’illusion d’apprécier dans tous les cas. Le problème c’était qu’avec Hippolyte, on ne savait vraiment jamais sur quel pied danser : était-elle juste piquante là ? Ou avait-elle sincèrement été déçue de notre moment ensemble ? Je chassais ces questions là, trop gênantes, préférant retrouver mon sourire et lui avouer qu’elle m’avait manqué, que j’étais heureux, au delà de ma surprise, de la retrouver là. Nouvelle réponse glaciale de la demoiselle. Son regard se détourna et c’est sur les vacances qu’elle renchérit, qualifiant cap breton de –coin perdu- « C’est l’endroit qui t’a fait décamper alors ? » Oui, dis moi que c’est à cause de la nouvelle écosse, de l’hôtel sous étoilé, ou du champagne pas assez frais au bar de l’hôtel. Toutes ces excuses m’allaient bien mieux que de me savoir ne serait-ce qu’un peu impliqué dans les raisons de sa fuite. « C’était sympa quand même tu sais, tu aurais du rester. On s’est bien amusé. J’avoue que la rentrée ne m’enchante pas vraiment, mais il faut bien reprendre… Tu crois que je peux rester chez toi jusqu’à ce que j’aie choisi une confrérie ? Je n’ai pas encore fait mon choix, j’hésite toujours… »
Et les images de ce qui s'était passé à Cap Breton avec Denys me reviennent en tête, me tord le ventre juste en imaginant ce moment qui, ça me tue de le dire, était magique. J'avais prit plaisir à me laisser tenter par le plaisir de la chaire avec lui, je me souviens même de chaque sensation qu'il avait pu me provoquer, la chaleur entre nos deux corps en parfaite harmonie et ça me tue. Ça me dégoûte de me revoir avec cette image là, le reflet d'une faiblesse qui n'aurait jamais dû être, le reflet d'un interdit auquel je n'aurais jamais dû succomber. J'ai toujours su marcher droit, aucun écart et là, l'hécatombe, il débarque avec son sac et ses chaussures de bouseux pour faire trembler mon quotidien, mon esprit, mon corps. Je passe ma langue sur mes lèvres nerveusement quand tout ça me revient en tête, quand je me remet en question le temps d'une seconde avant de chasser ces idées d'une réponse froide à son égard. Je froisse la bouche en secouant négativement la tête de gauche à droite à sa question. - Non, je suis partie pour d'autres raisons.. Personnelles. Je ne regrette pas vraiment au final, je n'aurais pas pu rester dans cet hôtel minable plus que ça de toute façon. Lançais-je en haussant les épaules avec indolence. J'étais surtout partie par rapport à Cole, à ce que j'avais apprit et ce que je préfère oublier d'ailleurs mais en tout les cas je n'aurais pas pu faire long feu entre l'hôtel pathétique et les étudiants qu'ils le sont encore plus.. Non merci, je passe. Je l'écoute faire les éloges sur ce fameux voyage, tant mieux s'il s'était bien amusé, en même temps c'est un peu un mec du voyage, une sorte de roumain, gitan où je ne sais quoi à sa manière, donc même s'il avait dû dormir sous une tente en plein milieu d'une forêt pendant tout le long de son séjour, ça ne l'aurait pas dérangé. Encore quelque chose qui nous sépare une fois de plus, on avait tout pour nous éloigner et rien pour nous séparer et pourtant.. - Tant mieux si tout s'est bien passé pour toi.. Tu as rencontré de nouvelles personnes du coup ? Je voulais surtout savoir quelle autre femme il avait pu se mettre dans son lit, combien, pourquoi, le genre de question qui ne devraient même pas me passer à l'esprit et qui sont pourtant bien là. - Confrérie ? Tu n'es pas censé être chez ces gays refoulés de Winthrop ? Je fronçais les sourcils en me levant d'où j'étais assise. Je ne comprenais pas trop ce qu'il voulait dire par "le temps que je choisisse une confrérie".. J'étais pourtant certaine qu'il était rouge comme Emrys avant le début de ce Summer camp. - Vin rouge ou blanc ? Demandais-je en le contournant pour me diriger jusqu'au mini bar à quelques mètres.
Si mon retour chez elle la perturbait, en tout cas, moi, je n’en remarquais rien, la demoiselle s’appliquant à n’en laisser rien paraître. Froideur et détachement. C’est une Hippolyte fidèle à elle même, et imperturbable qui me faisait face. Elle m’expliqua que ce n’était pas juste la destination qui ne l’avait pas séduite, qu’elle avait eu d’autres raison de décamper, mais que l’hôtel n’était pas de son standing, qu’elle n’aurait jamais tenu tout le séjour là bas de toute manière. « Je t’avais dit de venir me voir dans mon bungalow. Je suis sûr que là, au moins, ça t’aurait dépaysé. » rigolai-je, m’amusant toujours des goûts de luxe de la belle et de son éternelle insatisfaction. Tout nous séparait, on n’était clairement pas du même monde, énorme raison pour ne pas m’attacher à mon hébergeuse, raison pour effacer ce qui c’était passé entre nous… Et pourtant le mal était fait, je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter un peu pour la demoiselle, malgré tout : « Il s’est passé quoi ? » demandai-je, plus sérieux, au sujet de son départ précipité et de son silence radio de l’été. Je m’approchais ensuite d’elle, lui confiant que mon SC s’était bien passé et quand ses questions s’orientèrent sur les rencontres que j’y avais faits, je saisis l’occasion pour la « tester » en quelque sorte. Si Hippo en avait vraiment rien à faire de moi, si je n’étais que sa BA de l’année, elle en aurait rien à faire du nombre de filles que j’avais pu avoir ton plumard. Je tentais donc une réponse assez équivoque, ne reprenant pas le mot –personnes- mais bien le mot adapté : « J’ai rencontré plein de filles oui… » Petit regard en coin, pour analyser sa réaction avant de lui retourner la question : « Et toi, t’as fait quoi de beau ? » Comme je la sentais particulièrement distante, je lui demandais si notre colocation était toujours d’actualité, au moins le temps que j’aie déterminé quelle confrérie je désirais rejoindre, puisque j’y prendrais surement une chambre. Mes paroles l’intriguèrent et elle se leva en parlant de la winthrop en des termes peu élogieux. « Gays refoulés ? Je pensais t’avoir fait une démo assez claire de mon hétérosexualité… » lançai-je alors, nouvelle allusion à notre nuit ensemble. J’avais le sentiment que tant qu’on n’aurait pas clairement mis des mots, des explications là dessus, il planerait toujours cette ambiance étrange entre nous. Peut être qu’il valait mieux en parler cash une bonne fois pour toute. Bref, au sujet des confréries, je repris, expliquant mon dilemme : « Je sais plus si je vais retourner chez les rouges… Mon frère, Emrys, y a été VP, je sais que là bas je serais toujours comparé à lui… » Un peu comme à la dunster, je serais toujours comparé à Priape. « Du coup j’hésite encore.. » Je ne précisais pas encore que c’était avec la MH, redoutant d’avance la réaction de ma Eliot préférée… Elle me proposa ensuite à boire. J’aurais bien dit –bière- mais ça ne faisait pas partie des choix que la demoiselle me proposait. Boisson du petit peuple. Je répondis donc : « Blanc pour moi. » Je la rejoignis alors pour saisir mon verre et lui demandai : « On trinque à quoi ? Nos retrouvailles ? »
Une sorte d'atmosphère bizarre plane entre nous, sûrement ma crispation qui se faisait ressentir et déteignait sur lui.. Je n'en sais trop rien à vrai dire, tout ce que je sais c'est que quand il est près de moi, il ne me laisse pas indifférente malgré ma lutte acharnée contre tout ça. Je laissé échapper un mince sourire, le regardant du coin de l'œil quand il me parle de son bungallow, l'idée n'aurait pas été pour me déplaire si ça voulait dire passer quelques nuits avec lui loin de tout le monde, loin de tout ce qui nous différencié. - Je préfère encore Paris que ton bungallow.. Soufflais-je doucement avec peu d'intérêt. À l'intérieur de moi c'était chaud, bouillant, en ébullition, et en apparence tout est glaciale, froid, tout pour mettre un terme à tout ça, à cet attachement dans lequel on s'est laissé prendre, dans lequel JE me suis laissé prendre comme une bleue. Bêtement, naïvement, je finirais pas avec Denys. C'est certain, mon avenir est déjà tout tracé parait-il d'après ma chère mère qui s'est mise l'idée absurde et insensée de vouloir organiser des fiançailles à la con. Pff.. Pauvre femme ! Si elle pense une seule seconde pouvoir me tenir en laisse comme ça, ne serait-ce que d'avoir une once de pouvoir sur moi sur cette partie-là, j'allais lui prouver amèrement qu'elle a tort. Le sujet rebondit sur les raisons de mon départ précipité, je baisse le regard vers mes mains, mes doigts qui jouent ensemble. - Mon meilleur ami en quelques sortes. Ma réponse était brève et sèche, parler de moi, ce que je ressens c'était un gros travail. Je ne m'était jamais vraiment exprimé sur ce que j'avais pu ressentir vis à vis de Cole mise à part ce soir-là, il m'avait mise à terre.. Ce qui était le plus blessant, c'est quand cette personne compte le plus pour moi ici. - Une histoire compliquée.. Je termine par avouer pour clore cette conversation. Je n'avais pas envie d'y repenser ni d'en reparler. Encore moins avec Denys, il ne comprendrait pas et surtout ce serait le comble, faire la morale à son meilleur ami de sortir avec une moins que rien et, moi, me taper un bouseux de base. J'avais envie de savoir comment s'était déroulé la fin de son séjour, appréhendant la réponse. Réponse que j'aurais mieux fait de ne pas entendre, de ne pas savoir. Une étincelle de.. Jalousie ? Brûle en moi à ce moment-là. Je serre les dents, les battements de mon cœur s'accentuent et je relève les yeux vers lui. - Si j'avais su que tu étais ce genre de mec facile comme il y en a plein sur le campus.. Jamais je n'aurais couché avec toi. Dis-je sur un ton sarcastique avec un brin de haine derrière mon désintérêt sur son aveu. Mon visage s'était décomposé pendant une fraction de seconde, imaginant le nombre de filles qui avaient pu passer dans son lit. J'étais.. Déçue, je ne pensais pas que Denys était de ce genre-là mais apparement il cache bien son jeu de mort de faim. Il me retourne la question, je relève la tête fièrement, accrochant mon plus beau sourire sur mes lèvres. - Moi ? Je me suis fiancée. Que je lâche sur un ton faussement enjouée, venant faire bouger mes doigts où ornait une bague avec un diamant qu'on ne peut pas louper sous son nez. Tu veux jouer Denys ? On va jouer. Autant que ce Sebastien, ce Baptiste ou je ne sais qui serve à quelque chose. Et j'entends son désir de changer de maison, ça me laisse perplexe, je ne vois pas quelle autre maison il pouvait intégrer à part les rouges ou encore les violets.. Il avait une gueule et un style à être chez les amoureux de l'art un peu Space. Mon regard se glace quand il fait une énième allusion à notre moment passé ensemble, je me retiens de sourire bêtement. - Certes, en tout cas ce que je sais, c'est que ça n'était qu'une malheureuse erreur. Lançais-je aisément, naturellement, impossible de lire dans ce mensonge la vérité accablante de l'effet qu'il peut avoir sur moi. J'hoche la tête en sa direction, me levant alors de ma place pour me diriger vers le mini bar, s'il voulait changer de maison.. Pourquoi pas ?! Après tout, je ne vois pas où est le mal. - Tant que tu ne va pas chez les verts, pourquoi pas.. Que je dis comme si cette idée était juste impensable pour lui. Denys chez les verts ? Je ne crois pas, il n'a pas le profil du petit étudiant bien misérable qui plonge son nez dans la farine tout les quarts d'heures. J'ouvrais une bouteille de blanc, deux coupes et je nous servais ce fin alcool. Il me rejoint, je lui tend son verre et relève le mien légèrement. Je froisse la bouche, levant le regard en l'air comme pour réfléchir. - Non, à toutes les filles qui sont passés dans ton lit ! Dis-je fièrement, faisant claquer nos deux verres l'un contre l'autre, un sourire arrogant aux lèvres et je mène ma coupe à ma bouche pour me délecter du doux parfum sans le quitter du regard.
Hippolyte était sur la défensive, sur l’attaque, aucune de mes tentatives d’humour ne prenait et je la sentais encore plus inaccessible que jamais. J’avais eu le sentiment que l’on s’était un peu rapprochés, elle et moi. Avant qu’elle ne parte… Avant qu’on ne couche ensemble aussi… Est-ce que c’était cela qui avait brisé le petit lien qui commençait à se tisser entre nous ? Est-ce que c’était cela qui la rendait si distante ? L’énigme Hippolyte semblait insolvable. Je tentais une approche, l’invitant à plus de confidence au sujet de ses tracas, ce qui l’avait poussé à partir : il s’agissait de son meilleur ami. « Je suis désolé Hippo… » soufflai-je, sincère et compatissant. « C’est rien de grave j’espère… Tu veux en parler ? » Ou bien non, elle ne voulait pas. C’était une histoire compliquée, voilà comment mon interlocutrice escomptait peut être clore le sujet. Puis c’est rapidement sur mon été, qu’elle recentra la conversation à coup de questions auxquelles je m’amusais à répondre sans détour, sorte de test pour scruter sa réaction. J’aurais presque pu croire que je l’avais blessée, mais ça ne dura qu’un quart de seconde, le temps d’un battement de paupière et le masque de l’indifférence la plus totale avait refait surface sur son joli minois, comme si son seul regret dans l’histoire avait été de s’être offerte à moi. « Un mec facile ? » rigolai-je à ses mots, loin de me laisser atteindre. Qu’elle m’appelle comme elle le voulait. J’avais passé l’été en chasse, enchainant différentes conquêtes, sans jamais m’engager avec aucune d’elle, parce que c’était à mes yeux ce pourquoi était fait le summer camp : des rencontres sans lendemain, des moments de bon temps. La suite, les questions, l’engagement, les problèmes en somme, ça, ça aurait bien le temps de me poursuivre à Harvard. Fallait croire que l’engagement ne faisait pas peur à mon interlocutrice par contre, puisqu’elle lâcha qu’elle était fiancée. « Fiancée ? » répétai-je alors, la surprise se lisant sur mes traits alors que mes prunelles fixaient, un peu ahuries, la bague qui brillait à son doigt. « Je… » savais pas quoi dire ? J’imaginais qu’il n’y avait qu’une chose à prononcer dans ces cas là, mais pour le coup, ça manqua franchement de sincérité : « Félicitations… » Je déglutis difficilement. Si elle, elle arrivait très bien à cacher ses sentiments, je n’excellais pas pour ma part dans cet art et c’est avec un franc malaise que j’accueillais l’annonce de ses fiançailles. Peut être que c’était aussi pour cela que subtilement, me servant de sa description de la WH, je remis notre moment ensemble sur le tapis. En vain, parce que le mot était clairement posé : UNE ERREUR. Une malheureuse erreur même. Et bien, c’était dit. Et moi, j’aimerais quand même drôlement qu’elle la fasse encore cette erreur. Sauf que c’était probablement impossible, surtout quand elle saurait la maison que j’hésitais à rejoindre. « On verra bien, on n'y est pas encore… » Allez, levons nos verres, trinquons… Si j’aurais voulu que ce soit à nos retrouvailles, Hippo, elle, levait son verre à toutes les filles qui étaient passées dans mon lit. « Et à toutes celles qui y passeront encore ! » Mon regard se planta dans le sien, essayant de me faire aussi provocateur qu’elle alors que j’amenai le breuvage à mes lèvres pour en savourer une gorgée.