cameïa • we don't go anywhere

Plusieurs mois avaient passés depuis que moi et Veïa nous étions rencontrés. Je m'en rappelais encore parfaitement; la petite discussion dans un rayon de la bibliothèque, le baiser furtif, le livre dont elle ne voulait pas me dire le nom, chaque détail. Et avec le temps, nous avions fini par devenir de très bons amis, et nous nous racontions littéralement tout. Enfin, ça c'était à mes yeux, je ne savais pas de son côté si c'était réciproque mais moi, je lui disais tout. Si j'avais quelque chose qui me pesait sur le coeur, je lui disait tout parce que je savais qu'elle allait me conseiller. La dernière semaine avait été pleine pour nous deux par contre, nous avions un gros rôle à jouer pour nos équipes respectives et pas beaucoup de temps passé ensemble, et à part quelques textos... je ne savais pas grand chose sur sa semaine. Me voilà donc, en fin d'après-midi voire début de soirée, à être assis sur un rocher près de la plage sablonneuse (pas du beau sable fin, mais sablonneuse quand même). J'attendais que le temps passe, qu'elle point le bout de son nez ou qu'elle me montre un signe de vie, parce que je m'attendais à ce qu'elle vienne passer ce petit moment avec moi. Une petite balade, pas trop spéciale mais spéciale quand même, juste entre nous deux. J'avais hâte qu'elle arrive, on avait tant à se dire.

J'étais sûr qu'elle allait venir, on était franchement trop proches pour qu'elle puisse m'oublier comme ça. Elle me pris tout de même par surprise, à surgir comme ça de nulle part. Quoi que le câlin était très agréable, ca me faisait plaisir et c'était super de pouvoir sentir la chaleur de ses bras à nouveau. Je souris, et nichais ma tête dans le creux de son cou en l'entourant de mes bras, tout en chuchotant à son oreille."Veïa... ça fait trop longtemps..." Je me retirais, fis un pas en arrière, la contemplais un moment. Toujours aussi mignonne, angélique sur les bords mais je la connaissait assez bien pour savoir son vrai caractère au détail près. "J'ai hâte aussi, même si ça va me manquer un peu la Nouvelle-Écosse... On marche?" Je lui tendis la main, et descendais du rocher attendant qu'elle m'accompagne.

Je ne pouvais pas lui dire un million d’excuses, c’est moi qui avait trop eu la tête ailleurs depuis le début de l’été et je ne crois pas qu’il se doutait en fait de ce qui m’avait chamboulé dernièrement. Il prenait part à mon étreinte en me serrant fort contre lui, logeant aussi sa tête au creux de ma nuque au même moment. Est-ce que je pouvais oser lui dire que j’avais eu peur qu’il me remplace pendant cet été, j’avais un mince espoir en voyant comment il était heureux de me voir. «Oui trop longtemps, j’aurais du prendre le temps de passer du temps avec toi, je m’excuse… » Ma voix était remplie de regret et une certaine tristesse était logée au coin de mes prunelles. Je fis oui de la tête lorsqu’il me proposait une balade sur la plage, après m’avoir dit qu’il avait hâte aussi de rentrer, même si la Nouvelle-Écosse allait lui manquer. Oh si tu savais comme moi aussi ça va me manquer, j’ai transformé cet endroit en petit bout de paradis laissant derrière Boston comme une simple image floue en arrière plan. Ma main dans la sienne je me blottissais contre son bras tel un chaton en manque d’affection. «Raconte moi tout. » Oui je veux tout savoir, comment tu as vécu cette saison estivale, est-ce que quelqu’un c’est emparé de ton petit cœur ?

Elle accepta ma proposition de commencer à marcher ensemble comme ça sur le bord de l'eau, et pris ma main alors que je sautais de mon petit rocher, pour qu'on commence à marcher. Elle se blottis dans mes bras, tandis que je réagissais avec un amour (ou une amitié?) réciproque, la serrant dans mes bras et en posant ma main sur son épaule tandis que sa tête se reposait sur mon torse. Il y avait un léger vent, mais la température était agréable et rafraîchissante, parfaite pour une petite balade en fin de soirée. Je chuchotais, en essayant de ne pas faire trop de bruit. "Je ne te blâmes pas, t'en fais pas... Si tu n'avais pas assez de temps, on peut rien y faire..." Je souris, et l'écoutais continuer, tandis qu'elle me demandait ce qui se passait avec moi, quoi de neuf dans ma vie depuis la dernière fois ou on s'était parlés. "Je suis assez inintéréssant je pense, pas grand chose à signaler de mon côté. J'ai discuté avec le proprio de l'appartement au fait, et il m'a dit qu'on pourra commencer à l'habiter seulement à partir du 4 septembre. Donc il va falloir trouver un endroit ou dormir pour la nuit entre la fin du Summer Camp et notre jour de déménagement..." Je continuais de marcher, en attendant sa réponse, bien que je n'avais pas vraiment posé de question. Mais j'attendais une réaction tout de même, une suggestion sur l'endroit ou on allait dormir, n'importe quoi concernant son opinion.

Une petite balade sur le bord de l'eau, rien de mieux comme retrouvailles. Il n'y a que le sons de la nature qui nous entoure comme si les étudiants étaient maintenant trop épuisé pour fêter, Qu'ils étaient tous rentré à l'hôtel dans leur bungalow pour se raconter leurs souvenirs de l'été et surtout rêver un peu. Pour mon plus grand bonheur il ne m'en voulait pas et donc je repris mon calme habituel à la suite de ses mots. «T'es le meilleur !» Nous avions une amitié plutôt particulière qui était disons tout ce qui a plus de fusionnel, je sens que nous allons bien nous entendre sous le même toit. Il sera mon protecteur dans mes nuits où je me sens un peu trop apeuré et égaré. Je fus surprise lorsqu'il m'annonçait que nous n'aurions pas accès aussi rapidement à notre appartement que je le pensais, mais mon sourire revenait rapidement sur mes lèvres, car j'avais déjà une idée en tête. Il ne pouvait pas s'attendre à moins de moi et il le savait. «C'est pas grave on fera du camping sur le campus ou on dormira à la belle étoile quelque part. » Toujours optimiste et un peu trop rêveuse cette idée était farfelue, mais elle me semblait si belle à la fois.

Elle avait été assez spontanée pour le coup, mais j'étais loin d'être surpris, on tenait à cette balade c'était un des rares moments qu'on avait pour nous. Bref, on continue de marcher avant que je lui annonce que finalement nous n'aurons pas accès à l'appartement pendant un moment. Et voilà, comme prévu elle me sort une idée, même deux. Je ne peux me retenir de sourire face à son innocence. "Du camping? Jamais de la vie, même pas en rêve..." Je ris légèrement, autant dormir à la belle étoile quelque part c'était pas si mauvais (et encore, ca dépendait ou) mais du camping, jamais de la vie c'était impossible. Pas de confort, pas d'intimité, pas de clim, pas de sécurité, je voyais pas pourquoi on irait faire ça. Enfin, j'imagine qu'on peut trouver un compromis. "Tiens, tu comptes toujours avoir une chambre à la Lowell ou tu leur a déjà dit qu'on emménageais ensemble?" On pouvait toujours essayer, de mon côté ca faisait une bonne année que j'étais plus à la Winthrop, mais elle je savais pas du tout. Ca me donnait des frissons de penser qu'on allait pouvoir partager un appartement à nous tous seuls, j'avais pas eu de coloc' depuis une bonne année... Fallait encore s'habituer à la vie en commun.