(Flashback) finally, we meet ! » ft Angel

Ce jour n’était pas comme les autres. Happy se trouvait près d’un hall d’arrivée, en plein aéroport, se demandant s’il avait bien fait de ne pas prendre de carton avec pour nom dessus : « Angel ». Son pote de jeux vidéos, celui avec qui il délirait en ligne depuis des lustres, et qu’il avait l’impression de connaître par cœur. Mais puisque ce dernier débarquait à Boston, impossible pour les deux de ne pas se donner rendez-vous pour enfin se rencontrer en face à face. Pour le moment, l’américain attendait, impatient comme jamais, gesticulant dans tous les sens. Normalement, le vol d’Angel n’avait pas de retard, et tout ce qui restait à espérer, c’est qu’il le reconnaisse…

Les allers-retours se sont accumulés ces temps-ci et j’avoue que je n’ai qu’une seule envie, arriver enfin dans mon nouveau pays, mon nouveau chez moi et dormir des jours durant. J’ai annoncé à Happy que je débarquais en ville parce que mon père en avait décidé ainsi. Je lui ai donné rendez-vous à l’aéroport quand mon avion atterrira, j’espère qu’il sera là. Je connais son visage, pendant nos parties de jeux en ligne parfois on branchait nos caméras pour se voir. J’ai bien enregistré chacun de ses traits, il est d’ailleurs très beau, je ne vais pas le nier mais je ne vais pas non plus le crier sous tous les toits. Je ne voudrais pas qu’il s’imagine que je le drague ou autre chose. Toujours est-il que je suis dans l’avion depuis pas mal d’heures maintenant, je n’ai pas compté. La voix du pilote nous annonce qu’il entame la descente vers la piste d’atterrissage. Je suis crevé et affamé, ça fait beaucoup de choses d’un coup. Mes parents sont arrivés en ville par la mer et j’ai décidé de prendre l’avion parce que c’est plus simple pour ce dernier voyage. Je baille aux corneilles et peine un peu à garder les yeux ouverts mais, il faut que je résiste. […] Je sors enfin de l’avion et me dirige d’un pas plutôt lent vers l’arrivée des valises. Heureusement que je n’ai pris qu’une seule valise ce coup-ci. Je rejoins le hall des arrivées et balais la foule qui patiente. Je repère rapidement Happy et un large sourire prend place sur mon visage. Je m’approche de lui et lui tends ma main : Salut Happy, on se rencontre enfin…

Angel n’était pas le seul à avoir mémorisé le visage de son coéquipier de jeu. Happy en avait fait autant, et ce dès la première fois où ils avaient branché la caméra pour se voir lors d’une partie. Pratique d’avoir un cerveau qui n’oublie jamais aucun détail, au moins pour ce genre de choses. L’américain ne craignait donc pas vraiment de ne pas le reconnaître, juste qu’une foule noie son ami pour l’empêcher de le reconnaître rapidement. Par chance, il sortit rapidement, valise déjà en main, le reconnaissant manifestement aussi vite que lui. Happy ne manqua pas de saisir la main qu’il lui tendait, offrant au passage un sourire radieux à son interlocuteur et ami qu’il rencontrait enfin. « C’est le mot ! La vache c’est marrant de te voir en vrai… la webcam ne te mettait pas à l’honneur ! » plaisanta-t-il de bon cœur, constatant au passage qu’Angel n’avait qu’une valise. Il devait avoir voulu voyager léger, sûrement. « Ce sont tous tes bagages ? Ma bagnole n’est pas très loin, je peux te conduire où tu veux… si t’as faim ou quoi on peut s’arrêter quelque part en prime ! »

Il est encore mieux en vrai, les caméras ne mettent vraiment pas en valeur quand j’y pense. Il me serre la main et j’en suis ravi. « C’est le mot ! La vache c’est marrant de te voir en vrai… la webcam ne te mettait pas à l’honneur ! » Je ris doucement. Ouais, les webcams, c’est de la shit pour voir les autres. Le mieux c’est encore Facetime ou Snapchat. « Ce sont tous tes bagages ? Ma bagnole n’est pas très loin, je peux te conduire où tu veux… si t’as faim ou quoi on peut s’arrêter quelque part en prime ! » Oh oui, je meurs de faim et d’ailleurs, le bruit que fait mon ventre me trahis et me fait rougir. Je me gratte nerveusement le derrière de la tête en riant comme un idiot. « Ouais je n’ai que ça parce que le reste est déjà dans ma nouvelle maison… je ne dirais pas non à un bon repas si tu connais un endroit sympa, je suis preneur ! » Un simple McDo fera l’affaire j’avoue. Je regarde le ciel, on dirait qu’il est un peu gris, ou alors c’est peut-être les vitres qui sont teintées ? Bref… « Je te suis pour la voiture. Je ne suis pas capable de marcher jusqu’à un arrêt de bus, je suis tout engourdi et je meurs de faim, clairement. La bouffe dans les avions, c’est pas top du tout… »

Si les webcams rendaient vraiment une image nette de la personne l’utilisant, cela se saurait. Happy savait par avance qu’Angel serait forcément mille fois mieux en vrai, cela ne faisait aucun doute dans son esprit. Mais le sujet de la visio fut vite relégué aux oubliettes face au bruit manifeste d’un ventre affamé. S’il s’empêcha d’en rire, par respect pour son interlocuteur et ami, il ne put décemment réprimer un sourire. « Je pense que ton ventre va porter plainte si on ne le nourrit pas vite ! Bah écoute au plus près il y a un bon vieux McDo de derrière les fagots, mais si tu veux quelque chose d’un peu plus raffiné, je peux t’y conduire aussi, tout dépend ce que tu aimes manger… » fit-il valoir. Happy avait beau connaître par cœur les réflexes d’Angel en matière de jeux vidéos, il restait un novice pour ce qui concernait ses goûts. « La bouffe dans les avions est limite toxique tu veux dire ! T’en fais pas, je me suis garé au dépose minute, donc si on a cent mètres à faire, c’est le bout du monde » expliqua-t-il en l’emmenant sur le champ, prouvant qu’effectivement, sa voiture était à deux pas lorsqu’il en ouvrit le coffre pour inciter Angel à y mettre sa valise.

« Oh God tu as dit les mots magiques, j’ai tellement faim que je pourrais me goinfrer d’une dizaine de burgers du McDo ! Je vote pour le bon vieux McDo de derrière les fagots. » Je le suis alors que nous allons à sa voiture et y range ma valise. « Ta voiture, c’est ma nouvelle meilleure amie aujourd’hui. » ; dis-je en riant. Je le laisse déverrouiller les portes et m’installe sur le siège passager avant de verrouiller ma ceinture. On démarre tranquillement et je remarque avec plaisir qu’Happy est un gars prudent. A peine a-t-on fait cinq cents mètres, que je m’endors. Ouais, le foutu décalage horaire a eu raison de moi. En gros, j’ai faussé compagnie à Happy, j’espère qu’il ne m’en voudra pas. Je n’ai pas pu dormir correctement dans l’avion, du coup la fatigue s’est accumulée et la route fluide m’a bercé plus vite que ce que je pensais. Mes muscles se sont détendus et le résultat a été rapide. Un sommeil sans rêve comme je les aime, que demander de plus ? Mon nounours qui doit être dans ma nouvelle chambre, c’est triste. Je me demande comment réagirait Happy si un jour je l’invitais à dormir, face à mon pyjama. Je pense que ça pourrait être drôle à faire.

« Le bon vieux McDo de derrière les fagots est tellement un ami fidèle en cas de grosse dalle ! » rit-il de bon cœur, sachant que ledit restaurant n’était vraiment pas loin pour le coup et que s’ils y allaient en bagnole, ce serait uniquement pour qu’Angel n’ait pas à trimballer au passage sa valise à la main. Ce serait con… outre le fait qu’Happy soit légèrement sur le dépose minute et risque une prune si jamais il ne dégageait pas rapidement. « Ma titine aime être caressée dans le sens du poil… elle sera ta meilleure pote aussi ! » Pas tristounet pour trois ronds de serviette, le jeune homme ne tarda pas à démarrer, ceinture de sécurité en place, sans forcément dégoiser un mot. Il voulait d’abord sortir de l’aéroport en un seul morceau, et cela impliquait une concentration sans faille. Une fois sur la route du McDo, il constata rapidement qu’Angel avait succombé à Morphée, ce bon vieux soporifique type qui usait du décalage horaire de son pote. L’américain le laissa bien entendu dormir quelques minutes, pensant que cela lui ferait du bien, du moins jusqu’à ce qu’il ne se gare sur le parking de la restauration rapide la plus connue au monde. Il détacha ensuite sa ceinture, sans brutalité, et commença à secouer tout doucement l’épaule de son ami, histoire de ne pas le faire sursauter. « Tu préfères Morphée ou un burger bien gras et bien délicieux ? »

Une légère secousse me ramène à la réalité et j’ouvre les yeux. Mes joues s’empourprent, ouais, je me suis endormi comme une merde et j’ai laissé Happy en plan, c’est vraiment pas cool. « Tu préfères Morphée ou un burger bien gras et bien délicieux ? » Je passe ma main dans mes cheveux : « Morphée est cool mais ça ne vaut pas un burger de chez McDo. » ; dis-je en défaisant ma ceinture. Je m’étire rapidement et sors de la voiture après avoir récupéré mon sac. « Désolé de m’être endormi, ce n’est pas très poli… » J’arrange ma veste, car oui, je porte tout le temps une veste, qu’importe la saison, et m’avance vers l’entrée du fastfood. « Damn ça sent tellement bon… » J’entre sans trop me faire prier, suivi par Happy, et me dirige vers une borne. « Alors, qu’est-ce que je vais prendre ? Un burger de chaque ? Trois menus ? Dur de choisir… Commande avant moi si tu veux Happy, je ne sais pas ce que je vais prendre encore… » Par contre, est-ce que je devrais lui offrir son repas ou le laisser payer le sien et je paye le mien ? « Quand tu auras commandé, je ferais pareil et je payerais pour nous deux ! » ; dis-je en souriant. Ouais, c’est la moindre des choses que de lui offrir son repas parce qu’il a fait le déplacement jusqu’à l’aéroport pour venir me chercher, je lui dois bien ça.

S’il y avait bien quelqu’un qui ne tiendrait jamais rigueur à quelqu’un de subir un décalage horaire, c’était bien Happy. Il ne pouvait pas dire qu’il comprenait, étant donné qu’il ne s’était jamais rendu qu’à New York et jamais trop en dehors du pays, mais tout de même. Question de bon sens. « Bien ce que je pensais, Morphée ne peut pas rivaliser avec un estomac affamé ! » rit-il, amusé d’avoir réussi à réveiller Angel sans lui flanquer une frousse à se pisser dessus. Il s’en serait voulu pour le coup ! « Tu déconnes, pas la peine de t’excuser ! C’est pas comme si tu sortais pas de l’avion… » fit-il valoir en sortant de la bagnole, pénétrant de concert avec son pote dans le fastfood qu’il préférait au monde, et où il se rendait souvent par manque de moyens pour aller ailleurs… mais aussi par goût. Pour le coup, Happy ne pouvait que donner raison à Angel : ça sentait si bon que si son appétit était déjà entamé, il se sentait désormais affamé. « Trois menus carrément ? » L’américain partait du principe qu’avoir bon appétit restait bon signe, il esquissa donc un sourire amusé avant de choisir lui-même ce qu’il voulait. « Tu m’invites ? C’est super sympa merci mon pote ! Faudra remettre ça que je t’invite à mon tour alors ! » s’exclama-t-il, le cœur sur la main. Impossible pour lui de ne pas rendre une gentillesse… « Perso je vais prendre un menu big mac avec potatoes et Coca, et avec ça un McFlurry Daim et un autre hamburger simple… j’avoue, je meurs de faim aussi… tu vas prendre quoi du coup ? »