Avery J. Perkins - Chloé Bennet

Ma mère est morte quand j'avais dix ans. La vie est tout de suite devenue différente, elle m'a semblé chaotique, sombre alors que j'étais si jeune. J'avais perdu tout espoir,  toute lueur dans mes yeux. J'avais tout de suite compris, lorsque mon père prit ma main et me dit doucement, plein de tristesse : Avery, elle ne reviendra pas. Elle est partie, mais tu l'as retrouveras plus tard. Mon monde ne tournait plus rond après cet accident de voiture. On l'avait attendu plus que prévu avec mon père. Elle rentrait des courses, et les trajets les plus réguliers et le plus courts sont les plus dangereux. Perte de vigilance, de concentration. On l'avait attendu, plus longtemps que les autres fois. Les sirènes de pompiers retentissant  près de chez nous nous avaient intrigué. Ha. J'aurais préféré ne jamais être intriguée, ne jamais sortir de chez moi pour voir la mort de ma mère. Cette image restera gravée dans ma mémoire à tout jamais. Ce sera la dernière image que j'aurais en tête lors de ma mort, parce que pour moi, ma vie s'était arrêté ce jour-là.

2005. Deux ans que j'étais morte. Ce décés avait été claque pour moi, j'avais été relativement mature pour mon âge, car j'avais tout perdu. Valentina avait essayé de me réconforter de me changer les idées, j'appréciais sa démarche mais je n'en avais pas besoin. Je n'avais pas envie qu'on m'aide à ce moment-là, je voulais être seule. Je m'étais trouvée un nouveau meilleur ami, mon père. Ma soeur commençait à sortir du deuil à ne plus pleurer tous les soirs comme je le faisais encore. La seule chose positive était que je m'étais rapprochée de mon père, vraiment. Il avait vraiment bien géré ça, et contrôlait la situation parfaitement. Il se comportait en papa aimant, lui qui faisait mes sandwichs avant d'aller en cours. Au début, il avait du mal. Ils étaient moches et il y avait parfois trop de beurre de cacahuète, mais c'était parfait quand même. Je l'avais surpris à regarder des vidéos sur youtube (un site internet qui venait de voir le jour pour regarder des vidéos) pour apprendre à faire le ménage. Il voulait bien s'occuper de nous, prendre la relève après deux ans de sommeil. Il avait engagé une femme de ménage, et on se faisait souvent livrer à manger. Mais du jour au lendemain, il a tout arrêté. Pour commencer à se démerder. Et lorsque je le surpris à regarder ces vidéos, je souris, mais un vrai sourire sincère. Comme je n'en ai pas vu depuis deux ans.  Il m'accompagnait à l'école, m'aidait à réviser, s'occuper des papiers, faisait du vélo avec moi. Tout ce que faisait ma mère auparavant. Et ces petites attentions ont contribué à notre amitié, qui est aujourd'hui plus solide que jamais.
Ces deux dernières années avaient été rudes pour lui. Je n'avais fait aucun effort. J'étais désagréable, méchante, peste, j'en voulais à la terre entière, je détestais tout le monde. Mais avec la prise de responsabilité de mon père et sa volonté à nous sortir de cette impasse, je ne pus rester indifférente.

2006. J'avais recoulé. J'avais réussi à m'en sortir grâce à mon père, et maintenant, j'étais revenue froide et distante. J'avais toujorus le soutien de Valentina, mais ça ne suffisait toujours pas. Je savais que tout ça partait d'une bonne volonté mais je n'y arrivais pas. Je savais que ma mère ne reviendrait pas mais j'osais espérais qu'un jour, elle descende le temps d'un instant pour me dire aurevoir, comme il se doit. Un câlin, un baiser sur le front. On était en été, et les étés sans elle étaient beaucoup moins ensoillés. Au dernier moment, sur un coup de tête mon père décida de partir en voyage. Pour me changer les idées. Non pas dans les hamptons, ni à Paris. Non, Pérou. Histoire d'être totalement dépaysée de voyager, de découvrir une nouvelle culture. Il voulait qu'on soit couper du monde, que ce voyage n'ait aucun rapport avec des vacances familiales dans un centre de vacances. Mais il voulait que ce soit un vrai voyage, sac à dos dans le dos. J'étais encore jeune, je rêvais de voyages. Et ça c'était le plus beau cadeau. Ce voyage me donna envie de découvrir d'autres pays, m'avait guéri, m'avait fait accepter le décés, je vivais bien mon deuil désormais. De ce voyage est né ma curiosité pour les différentes cultures et civilisations.

2012. Ces six derniers années avaient été des plus banals, enfin presque. Avec mon père, on avait enchaîné les voyages. Je finissais par grandir dans les aéroports, dans les escales, dans les différentes cultures. Chaque vacances, c'était la même rengaine. Avec mon père on avait trouvé un remède. Un remède contre la tristesse,  la solitude et le renfermement causés par le deuil. Même si mon père le vivait mieux que moi. Ou peut-être qu'il le cachait bien. Tout ses voyages, ça nous avait rapproché. Pérou, Japon, France Afrique du Sud, Kenya, Australie, Norvège. Je n'étais pas fan de ses parcs d'attraction ou de ses stations balnéaires. Alors que j'étais encore jeune pendant certains voyages. Ils m'ont permis d'être mature un peu plus vite. Malgré qu'à côté de ma maturité, mon côté calme et ouvert d'esprit, j'ai un caractère de peste. D'ailleurs c'est lui qui a pris le dessus lorsque Valentina a décidé de partir en France. Comme ça, sans me prévenir. Pour une année abbatique. J'avais pété un câble. Elle était partie comme ça, sans rien dire. Je n'étais même pas tenue au courant. Je l'avais perdu de vu après, ça aucune nouvelle rien. Je lui en voulais vraiment.  Je ne savais pas ce qu'elle faisait là-bas.

2014. J'avais attendu avec impatience le retour de Valentina, pour lui demander des explications. Mais la vie en avait décidé autrement. Lorsque Valentina est rentrée de France, je partais vivre deux ans à Los Angeles.

UC