Au secours d'un inconnu || Graham

Malgré le fait que j'étais partie à la Nouvelle-Écosse pour les vacances, j'avais dû revenir pour le week-end. Ça ne m'amusait pas réellement vu la raison de mon retour mais j'étais, malgré tout, heureuse de pouvoir revoir ma soeur et mes nièces qui me manquaient terriblement. J'étais arrivée la veille au soir. Les petites dormaient déjà. J'en avais profité pour discuter avec ma grande soeur. Le lendemain, je devais me rendre à la station de police pour faire une autre déposition sur ce que j'avais vu, ce soir-là, dans ce bar. Une jeune fille accusait un garçon de violence envers elle. J'avais bien vu que ce n'était pas vrai du tout. Je ne sais pas pourquoi elle cherchait à lui faire du mal. J'avais beau pas le connaître, je n'aimais pas qu'on mente pour faire mal aux autres. Il ne méritait pas de se retrouver derrière les barreaux.
Donc, le lendemain matin, après avoir passé un peu de temps avec mes petites amours qui sautaient de joie, je me rendis en autobus jusqu'à la station de police de Boston où le jeune homme faisait son séjour en prison. Je me présenta à l'officier de l'entrée et on m'amena dans une salle d'interrogatoire où je répondis à toutes les questions du policier. Je me demandais si j'allais avoir le droit de voir le jeune garçon ou au moins de savoir s'il allait s'en sortir. Après tout, il n'avait rien fait.

Enfermé, accusé. Je devrais m’y être habitué depuis le temps. Et pourtant… Toujours cette amère impression de ne pas être à ma place, de ne pas avoir mérité une telle peine. J’ai mis plusieurs mois à développer un tel sentiment la première fois, comment ne pas se sentir coupable quand la vie de son propre père s’est arrêtée de manière dramatique à cause de soi. Leandra m’a travaillé au corps pour qu’enfin je comprenne que cet enfoiré n’avait eu que ce qu’il méritait ce soir-là et que s’il n’était pas mort j’aurais probablement été celui dont le nom figurerait aujourd’hui sur un marbre beaucoup trop cher pour ce que l’on en fait au cimetière. Je n’ai pas commis le moindre crime passible d’une peine exemplaire cette fois, accusé à tort par la pire des garces, un bel exemple de la naïveté des autorités. Une justification supplémentaire pour toutes les actions que peuvent entreprendre les proches de victimes, légales ou non, afin de faire éclater la vérité. Quelques témoins sortis de nulle part, une petite gamine qui chouine et fait appel à quelques-unes de ses capacités en matière d’acting et surement des enquêtes beaucoup plus pressantes pour s’attarder sur un cas comme celui-ci. Voilà les ingrédients d’une recette bien fumeuse, le résultat ? Je moisi en prison depuis plus d’une semaine, je ne suis pas en garde-à-vue, non, je suis emprisonné dans une putain de cellule dans une prison de sécurité minimale en attendant un procès qui arrivera dans les six mois si tout va bien. Je n’ai pas les moyens de m’offrir un avocat digne de ce nom, on m’en a commis un d’office même si Nemo a promis de me dégoter l’un des avocats de sa famille… Ironie quand tu nous tiens, nous n’avons même pas encore officialisé notre relation auprès de ses proches, secret défense, comment va-t-il justifier l’appel à cet avocat ? C’est peut-être la raison pour laquelle je suis là, comme un abruti, à attendre. Attendre quoi ? La question se pose. « Singleton, quelqu’un te demande au parloir ! » Mon chéri ? Un peu de joie dans ce monde cruel et brutal, je sauterai presque de joie, un sourire naissant au creux de mes lèvres. Point le temps de me faire une beauté, avec quoi le ferais-je de toute manière ? Cet uniforme de taulard orange ? Je n’ai pas grand-chose ici ! Le gardien ouvre la cellule et m’escorte jusqu’à mon rendez-vous du jour. Surprise, il ne s’agit pas de mon petit-ami mais d’une jeune femme dont le visage me dit vaguement quelque chose. « Bonjour ? » Difficile de savoir ce qu’elle me veut, mon petit doigt me dit que je suis sur le point d’obtenir réponse à mes interrogations.

Jamais, au grand jamais, je n'aurais pensé que je mettrais le spieds dans une prison. J'aurais même parié là-dessus. Je ne traînais pas avec des gens qui s'attiraient des ennuis. Je me disais donc que je n'aurais jamais à un faire un petit séjour. Pourquoi j'y étais en ce moment? Pour venir en aide à un type que je ne connaissais même pas. J'avais vu ce qui c'était passé ce jour-là au bar, cette fille qui criait au viol alors qu'il ne l'avait même pas touché.Ce genre de fille n'avait aucun respect pour les autres selon moi. Elle criait au loup alors qu'il n'y avait rien et ce cri avait complètement chamboulé la vie de ce jeune homme qui se retrouvait derrière les barreaux. Innocent jusqu'à preuve du contraire, non? Apparemment, pas pour lui.
Je m'étais présentée et on m'avait amené un peu plus loin et demandé de m'asseoir. J'attendis jusqu'à ce que le jeune homme en question se retrouve face à moi. "Euh... bonjour." dis-je timidement. Qu'est-ce que je foutais ici? Ce n'était pas du tout mon genre de me mêler de ce qui ne me regardait pas. En même temps, je ne pouvais pas le laisser vivre l'enfer en prison alors qu'il était innocent. La fille qui lui avait causé tous ses problèmes ne devait pas le porter dans son coeur. Elle devait avoir une dent contre lui pour vouloir gâcher sa vie ainsi. "Je.. Je suis Clarke." me présentai-je.