WYATT S. GUERIN ► Wade Poezyn

Il y a des ruptures inévitables et des absences inévitables. C’est ce dont il avait eu besoin. Partir loin de l’agitation d’Harvard pour retrouver un semblant de liberté. Travailler en extérieur, lui avait permis de terminer rapidement son année. Il était revenu seulement quelques jours à Boston pour valider ses derniers examens. Ainsi, se mêlant à la masse étudiante, il s’était comme rendu invisible à ceux qu’il avait connu.

A bord de sa vieille jeep américaine, les pneus usés par le temps, foule le désert du Nouveau-Mexique avec une constante rapidité. De retours à Roswell, il n’avait pas vu son fils –resté à Santa Fe avec sa mère- depuis plusieurs jours. Entouré par ses proches, il avait tourné son séjour à la réflexion. De cette manière, il s’était retrouvé à tourner en rond exactement comme il y a six ans. Pour la première fois, depuis ses dix-huit ans, il s’était mis à penser, que sa place n’était pas ici. Que faisait-il à Roswell ? Il y avait bien autre chose que Roswell au Nouveau-Mexique. Puis, les souvenirs d’Harvard, avaient assaillit son esprit. Une autre vie l’attendait. C’était la conclusion qu’il avait faite. Cela allait inévitablement, le ramener à une existence plus complexe, mais en bénéfice, il retrouverait des gens qu’il chérissait.

Balayant son visage, l’air chaud collait davantage la poussière du dessert sur ses vêtements. Sa peau brunit par une trop grande exposition au soleil, perlait de sueur. Ce qui n’était pas trop avantageux pour ce qu’il avait prévu de faire. Enfin, prévu était un bien grand mot. Le jeune homme avait plus agit sur un coup de tête. Loin de Boston, les seuls personnes qu’il avait vu était sa famille, son fils et Torrey. Presque involontairement, ils s’étaient tous les deux rapprochés. Un imperceptible rapprochement, mais qui malgré leur passif, n’avait fait que renforcé une idée nouvelle. Celle de rentrer à Boston. Là-bas, il pourrait reprendre sa place dans l’équipe de natation et donné quelques cours. D’ailleurs, l’université avait fait appel à lui. Cela avait achevé les dernières réticences. Pour son fils, il voulait se permettre de lui donner la meilleure éducation qui soit.

Dépassant le panneau indiquant son entré à dans la ville de Santa Fe, il roulait en direction d’une demeure familière. Accrochant le volant avec force, il se forçait à ne pas faire demi-tour. Si elle acceptait de revenir, cela allait forcément l’amener à faire face à certaines choses qu’il avait laissées à Harvard. Dans un crissement de pneu, la jeep s'arrêtait devant la propriété des Morgan. Coupant le moteur, il restait là, à contempler son volant, inspirant de toute ses forces pour s'armer de courage.