No shame + Milan

JUKEBOX
Olalala, je n’ai aucune idée de ce qu’est ce truc que m’a file le mec tout à l’heure, mais ça fait un effet de dingue. Je n’arrête pas de monter, j’ai l’impression d’être au dessus du bar, de regarder les gens de loin. La musique est amplifiée dans ma tête, j’ai des bouffées de chaleur de dingue et je n’arrête pas d’avoir soif. Alors je me balade et je pique les verres que je croise sur les tables pour de désaltérer. Sérieux, à cet instant précis, je ne sais pas si je suis trop défoncé ou trop bourré, mais ouaaah ! C’est juste planant, et j’en oublie complètement le reste ! J’ai besoin de pisser un coup, la bière me martèle la vessie alors je vais aux toilettes. Je ne sais même plus avec qui je suis venu ce soir, et peu importe, je m’en branle. Les toilettes pour homme. Rah, je ne sais pas pourquoi ça me parait insurmontable. Je ne sais pas, mon cerveau ne veut pas, mes pieds refusent d’entrer dedans, sans doute une grosse hallucination, ou en tout cas, une appréhension bizarre lié à la drogue. Je ne peux pas y rentrer. Y a une voix dans mon esprit qui me dit que c’est à côté que je dois aller pisser. Alors j’entre dans cette pièce, je crois que c’est les toilettes des filles, y en a même une qui m’a donné un coup d’épaule en me voyant entrer ici et j’ai éclaté de rire. Je suis face aux lavabos et aux grands miroirs et bon sang, mon visage est tout déformé, je ressemble à rien, j’ai les pupilles dilatées à l’extrême, on dirait un alien. Et je me mets à rire tout seul en me regardant, presque un fou rire, avant de me décider enfin à pisser. Là, dans ce lavabo, mon zizi est au chaud, je ne sais pas pourquoi. Et j’ai l’impression que ça me prend une éternité. Je m’amuse à dessiner des formes, j’ai l’impression que mon urine change de couleur à chaque fois que je cligne des yeux, genre un arc en ciel, c’est trop beau. Et y a ce raclement de gorge qui m’interpelle. Je l’ignore d’abord. Avant qu’il ne recommence, et là je tourne ma tête vers la personne en question. Une fille vraisemblablement : « Ah ouai j’ai presque finit ». Ouai, en fait ça faisait cinq bonnes minutes que j’avais déjà finit, je m’étais juste perdu dans l’illusion d’être encore entrain de pêcher. Sérieux, je ne sais pas ce que m’a filé ce type, mais l’effet est dément. Je range mon matos dans mon pantalon et me tourne vers elle pour de bon : « Tu veux que je t’aide à monter dessus, que je te fasse la courte-échelle ? », convaincu que c’était dans les toilettes que tout le monde devait pisser.