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FORGIVE ME
the monsters in my head are scared of love feat. noam
J'ai les doigts crispés sur mon téléphone, je relis le dernier message de Noam avec l'adresse et l'heure du point de rendez-vous alors que je suis déjà sur place. J'appréhende de le retrouver à nouveau, surtout après m'être tiré comme un lâche l'autre jour, puis je vais devoir prendre sur moi, faire comme si ça n'était jamais arrivé, comme si tout allait bien. Je vais faire semblant comme d'habitude et malgré le fait que ce soit devenu mon quotidien, j'ai jamais su être très doué dans ce domaine.
Je les rejoins sur la plage, après avoir hésité l'équivalent de dix vies et tombe sur un vieil ami que j'avais en commun avec Noam à l'époque où on était limite comme des siamois, l'époque où on disaient « ils » pour nous désigner lui et moi. « Hey vieux t'es vivant ? Ça fait quoi deux ans que t'as disparu ? » Il me chope par l'épaule, il pue déjà la bière, j'ai envie de faire demi-tour. « T'étais parti où ? » Je le pousse pour qu'il me lâche, il commente pas. « Je suis allé au Japon avec ma mère. » C'est un mensonge qui tient la route non ? « Cool, t'as fait quoi là-bas ? » Je cherche Noam du regard ( c'est très difficile de chercher quelqu'un sans laisser croire que c'est le cas. ) « Voir de la famille. » Je n'ai que ma mère mais ça il n'est pas censé le savoir. « Oh cool, moi j'ai fait un stage dans une entreprise de... » Il me raconte sa life alors que je m'en branle puissance mille, heureusement pour moi je le vois enfin au loin discuter avec ses sœurs. Je soutiens son regard deux secondes, juste assez pour lui faire comprendre de rappliquer mais pas au point de lui faire croire je ne sais quoi de trop gênant pour être dit tout haut... Je subis encore un moment l'histoire « passionnante » de Lucas jusqu'à ce que Noam me libère. Il prétexte qu'on doit aller chercher un truc dans le coffre de sa voiture, je le suis donc et le remercie à mi-mots. Une fois devant sa caisse garée à cinq minutes du lieu de la fête, je le regarde avec cette fragilité qui m'est devenue propre à présent. « J'ai quand même fait ça pour tes sœurs. » Je sors de ma poche deux bracelets scoubidous rose et orange. J'ai choisi ça car quand j'étais chez eux, elles passaient leurs journées à en faire, au point que je dois en avoir une vingtaine qui trainent encore chez moi. « C'est très mal fait mais tu noteras que y'a une démarche artistique assez osée, j'ai essayé de faire passer des perles dedans mais en fait ça a juste rendu le truc encore plus moche. » … Bon voilà, je sais pas quoi dire d'autre. Mis à part qu'il est super beau et que ça me rend con, je sais plus quoi faire de moi. Si je le fixe il va me prendre pour un malade, si je le regarde pas, il va me demander ce que j'ai... Quoique je fasse, je vais avoir l'air d'un psychopathe, faut que je comble le vide. « Pardon d'être parti l'autre jour. » J'aurais mieux fait de me taire.
©junne.
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