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Aza Ҩ Raph
« It's a beautiful night, we're looking for something dumb to do »
Shopping shopping on alone. J'avais besoin de ça, besoin de vider ma tête autant que mon compte en banque, blinder mon armoire autant que le gouffre qui me bouffait. Mais l'un comme l'autre n'était pas prêt de se résorber. Pas tant qu'il manquerait si cruellement à mon existence. Alek m'avait plantée pour se rendre au Summer Camp. Idiot futile. Comment avait-il pu songer une seconde à la quitter ? A laisser livrer à elle-même ? A partir prendre du bon temps avec des étudiantes aux moeurs douteuses. Je lui en voulais pour ça, bon dieu. A chaque jour sa petite mort. Mais à chaque jour suffit sa peine. J'en pouvais plus d'être minable tous les jours, comme une loque, une coquille vide. Ca me rendait pas service, ça rendait pas service à la société. Fallait que je réagisse, que je fasse semblant au moins, que je m'accroche à quelque chose même si j'en avais pas envie.
Alors ouais, j'avais décidé que j'emmerdais mon frère et j'emmerdais le manque. Que j'avais besoin d'une putain de bouée pour pas boire la tasse. Et je l'avais cette bouée. Plus que le shopping, c'est Raphaël que j'avais eu envie de voir. Lui et moi on formait une équipe d'en faire et si vous croyez que je m'en sers comme d'un substitut, vous vous gourrez royalement. Ce mec, je l'aime. Pas dans le sens amoureux hein ? Dans le sens courant et premier du terme, dans le sens littéraire. Lui et moi, on était pareil et je n'avais aucun mal à ne pas l'associer et le confronter à mon frère. Il était indépendant de mon jumeau dans mon esprit, c'est peut-être pour ça qu'on était si proche. C'était mon meilleur pote, le meilleur pour faire le mal, le meilleur pour me faire du bien, le meilleur pour se fringuer. Y'a pas à dire, j'ai pas à me plaindre. Alors ouais, j'allais en profiter sans modération, quitte à lui dire de rester à la maison, j'en ai rien à foutre, c'est ma barraque, mon personnel, mon pognon. Mais on en était pas encore là. Une journée pour commencer, c'était pas du luxe. En fait, si parce que je sens que la Black AmEx allait en prendre un coup. Mais y'a la marge, on peut se faire plaisir.
Vers 14h, quand j'ai émergé, j'ai plaqué un texto sur le clavier tactile de mon iphone, avant de partir me débarasser de la crasse de la nuit précédente. C'était le week end, un samedi de merde en plein milieu des vacances d'été mais je savais sans me forcer que lorsque je serais prête, il serait déjà en train de m'attendre. Et je ne m'y étais pas trompée. On s'était foutu dans son bolide de compétition et on avait écumé tous les boutiques les plus chères de la ville: Gucci, Armani, Prada, Vuitton... Y'a encore besoin de vous dégoutter ? On a dépensé des sommes astonomiques en vêtements, sacs, accessoires, bijoux... Et le tout sans jamais compter. C'est la rançon de la richesse, le secret du bonheur. Peu peuvent se le permettre mais nous on peut; on le fait et on vous emmerde bien profond pas vrai ? Vous rêvez que de ça, être à nos places mais sérieusement, vous croyez que parce qu'on donne des sous à des soirées de bienfaisance qu'on en a quelque chose à foutre de votre malheur ? On est bien trop occupé à combler les nôtres à coup de millions alors démerdez vous tout seul un peu. Si vous vous sortiez les doigts du cul de temps en temps, on aurait pas besoin de polémiquer et d'épiloguer toutes les deux heures. QU'on parle de nous un peu, ça donne du baume au coeur.
C'est bien beau de faire du shopping mais ça donnait faim. J'avais demandé à Raph' de se garer le long d'un restaurant hors de prix. Enfin, pour vous un, soyons bien clair. J'avais plus envie d'une bonne côte de boeuf plutôt que d'une salade verte à faire pâlir d'envie un elfe. Chuis pas du genre à me priver, vous le savez non ? Bah avec la nourriture c'est pareil. J'aime la bonne bouffe et la bouffe me le rend bien. Je sais absolument ce que je mange sur le bout des doigts et je grossis jamais d'un gramme. Vous me détestez d'autant plus, je le sais et j'aime ça, croyez-moi.
Je m'étais laissée tomber -gracieusement soyons d'accord- sur une chaise bien molletonnée et j'ai posé mon menton dans mes mains tandis que Raph' s'installait en face de moi. Le gouffre était toujours là mais j'avais pu l'oublier au moins une journée et c'était grâce à lui. Je plaquais un sourire désinvolte sur mes lèvres et lançait:
« Encore une jolie journée rentable pour les commerçants et de jolies sueurs froides pour nos banquiers, pas vrai ? »
fiche par century sex.
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