Matthew Miller ► Tyler Hoechlin

Citadin, on pourrait penser que je le suis et pourtant je ne le suis pas. Mais je vais vous raconter mon histoire afin que vous compreniez mieux le pourquoi. Ma mère, une brillante infirmière à l'hôpital de Boston à l'époque est tombée amoureuse d'un brillant avocat, ce fut le coup de foudre entre eux et très rapidement ma mère a su qu'elle était enceinte de moi. Mon père était heureux à l'idée d'être père mais ma grand mère paternelle ne le fut pas vraiment car ma mère n'était pas de leur monde de riches. Pourtant ma mère m'a gardé et je suis arrivé le soir de Noel, faut croire que je voulais faire comme le Père Noel à l'époque. D'ailleurs, j'ai eu la chance de connaitre très peu de temps mon père et de voir mes deux parents ensemble, même si je dois admettre que je ne me rappelle pas énormément de ses courts moments passés avec mon père car je n'étais qu'un bébé. Mais ma mère qui adorait tout garder et prendre mille photos de moi bébé a gardé des traces de mon court passé dans le Massachusetts. En effet, lorsque j'eus deux ans, ma mère qui en avait assez de passer après la famille de mon père et après son travail, elle a rencontré un autre homme via des amis à elle venus passer un peu de temps à Boston pour nous voir. Cet homme vivait en Ohio à Cleveland, du moins non loin de la ville puisqu'on a quitté la grande ville pour une ferme et étant donné qu'elle venait de là, elle a décidée de repartir dans sa région natale avec moi sous les bras pour refaire sa vie avec un homme qui l'aimera pour la personne qu'elle est et puis elle a été rapidement acceptée par la famille de mon beau père. Pourquoi ai je toujours le nom de mon père me direz vous ? A l'époque, je ne me posais pas la question car je n'avais que deux ans à notre arrivée à Cleveland mais par la suite ma mère m'a expliqué qu'elle ne voulait pas que j'en veuille à mon père car il m'aimait, il l'aidait même quand j'étais plus jeune en lui versant une petite pension pour moi c'est pour dire. Pourtant à mes yeux, le seul véritable père que j'ai jamais eu est et restera mon beau père, c'est d'ailleurs à lui que j'ai dit le mot "papa" et c'est lui qui m'a inculqué ses valeurs de travail, de respect, de fidélité ou toutes les choses qu'un petit garçon pouvait faire avec son père. Ainsi j'ai grandi en fils unique, entouré d'un beau père et d'une mère qui savaient me montrer tout leur amour pour moi, j'ai grandi au sein des vaches, des chevaux, des cochons, des chiens, des chats, j'ai été site habitué au bruit des machines que mon beau père car il n'avait que des animaux à la ferme mais aussi il était céréalier. Mes premiers pas n'ont donc pas été fait sur le bitume mais dans la terre où j'aimais faire le casse cou comme n'importe quel petit garçon qui se respecte, je pouvais être aussi un vrai petit clown, toujours le premier à faire rire ma maman ou mon beau père.

Mais très vite, quand j'eus six ans, ma mère est tombée enceinte de ma première petite sœur, Alison. Au départ, j'ai eu du mal à me faire à l'idée que j'étais grand frère et que l'attention de ma mère ne sera plus jamais concentré que sur ma personne mais je n'avais que six ans à l'époque mais très rapidement j'ai compris que c'était faux, que ma mère nous aimait tous les deux autant. Certes nous n'avions pas le même père avec Alison mais ça ne m'a jamais empêché de prendre soin d'elle, de m'occuper d'elle sous l’œil attentif de maman évidemment. Bref je suis devenu un grand frère protecteur avec sa petite sœur. L'école, j'aimais bien y aller pour y retrouver les copains et je n'étais ni mauvais ni bon, je préférais être à la ferme. Qui aurait cru qu'un petit gars né en ville allait devenir un vrai bonhomme de la ferme hein ? Mais après tout quand on est petit garçon, on s'adapte plus facilement à une nouvelle vie non ? Et bien on peut dire que j'aime la vie à la campagne plus que la ville en tout cas car au moins je peux être libre sans que maman s'inquiète pour moi. Quatre ans après la naissance d'Alison, ce fut au tour de ma deuxième petite sœur d'arriver dans ce monde, Lucy. Elle était un bébé tout aussi adorable qu'Ali' à mes yeux mais en grandissant, elle voulait souvent reproduire les bêtises qu'on pouvait faire avec Ali', ce qui faisait que maman ou mon beau père passait leur temps à nous gronder d'avoir une mauvaise influence sur Lucy. Malgré tout, j'étais toujours aussi protecteur avec elle que je l'étais avec Ali'. Elles étaient un peu mes deux meilleures amies, même si j'avais 10 ans quand Lucy est née. De nouveau, quatre ans après l'arrivée en fanfare de Lucy parce qu'elle était pas née à l'hôpital -elle a voulu arriver plus vite que prévu et est née à la ferme la chipie-, ce fut au tour du dernier bébé de la famille d'entrer dans ce nouveau monde. Zoé c'est mon bébé, celle à qui j'ai du faire aimer faire le plus de câlins et de bisous et pourtant à son arrivée j'avais déjà 14 ans. J'étais donc devenu un adolescent mais cela ne m'empêchait pas de continuer à protéger mes trois sœurs du monde extérieur, surtout des abrutis qui aimaient bien taquiner Ali ou Lucy sur le fait qu'elles étaient un peu des fermières, vu qu'on ne vivait pas en ville. Autant dire que même si j'étais le seul homme parmi ces trois filles, j'ai toujours pris mon rôle de grand frère à cœur malgré les bêtises que j'ai pu faire. Parce que l'hôpital de Cleveland doit se souvenir de moi et les cascades que j'ai pu faire. Je m'explique, lorsque j'ai eu 15 ans, mon beau père m'a légué sa vieille moto cross et autant dire que je me faisais un plaisir au grand désarroi de ma mère d'aller faire un tour dans la campagne environnante, ce qui m'a valu de me rétamer à plusieurs reprises et d'avoir souvent le bras dans le plâtre, rien de grave hein ? Mais le danger m'excitait et je pouvais pas m'empêcher de recommencer à chaque fois. Un vrai casse cou de première je pouvais être !

D'ailleurs quand je suis arrivé au lycée, j'ai directement choisi de pratiquer un sport collectif et pas n'importe lequel, un sport connu et réputé en Ohio, le Baseball. Mon beau père et moi aimions y jouer quand j'étais plus jeune alors je connaissais un peu les bases et je suis rapidement devenu capitaine de mon équipe et aussi très populaire dans mon lycée. Parce que l'équipe de Baseball est une institution au même titre que peut l'être la Maison Blanche à Washington. C'est donc à partir de là que j'ai commencé à profiter de ma popularité en allant à des fêtes le soir ou en sortant avec plusieurs filles sans perdre de vue de les respecter car je ne suis pas un goujat non plus. Pourtant mon entrée au lycée ne s'est pas faite directement dans la bonne humeur, j'ai été victime quelques temps de moqueries car mon beau père tient une ferme alors certains aimaient m'appeler "le fermier" mais ils ont très vite arrêtés quand je suis devenu capitaine de l'équipe, à l'exception de quelques rageux mais je n'y prêtais pas vraiment attention. Malgré le fait que j'ai toujours aimé profiter un peu de ma popularité car j'étais parfois un vrai petit con de première et puis la jeunesse nous fait faire des choses, il y a eu une seule fille dans mon cœur, celle qui a su percer la véritable personne que j'étais, celle qui n'a pas simplement vu que le capitaine de l'équipe, celle qui supportait mes blagues pas drôles. Elle s'appelait El', enfin c'était plus un surnom que j'aimais lui donner car je trouvais que ça lui allait bien. Avec El', je me sentais moi, elle était plus ma meilleure amie que ma petite amie, on n'a jamais été ensemble en couple mais parfois je me prenais à rêver quand j'étais dans la machine de mon beau père à couper le blé à une vie avec elle. Mais voilà je n'ai jamais réellement trouvé le courage de lui dire mes sentiments à ses yeux, je n'étais que son meilleur ami, celui vers qui elle hésitait à venir pour se confier et cela me convenait tout à fait au final. Par ailleurs, c'est avec moi qu'elle a voulu avoir son premier baiser, on avaient 15 ans à l'époque puis deux ans plus tard, elle m'a demandé d'être sa première fois. Certes elle n'était pas ma première fois mais savoir que j'étais son premier me touchait et me faisait sentir que je l'aimais plus que comme ma meilleure amie. Sauf qu'elle en a choisi un autre et à la fin du lycée, j'ai choisi de partir pour l'armée. J'avais besoin d'oublier certaines choses comme mes sentiments pour El' ou encore la maladie de mon beau père. J'aurais du rester à ses côtés mais ma famille a compris que je voulais devenir un homme comme j'ai si bien dit.

C'est ainsi qu'à 18 ans et avec seulement mon diplôme de fin d'études qui a marqué la fin du lycée pour moi que je décide de m'engager dans l'armée. Malgré ce départ, je reste proche de ma mère et de mes soeurs par lettres où ma mère me donne quelques nouvelles de mon beau père et de sa santé qui va de plus en plus en déclin. Cette saloperie de maladie va elle réussir à l'avoir ? Je ne l'espère jamais quand je lis les lettres de ma mère et je me bats pour survivre au combat pour leur revenir en entier. Mais certains jours sont plus durs que d'autres, je me suis fait des amis à l'armée mais je n'arrive pas facilement à me confier à eux. Pas facile de se confier à des gens qu'on ne connait que depuis peu sur des sujets comme la famille et pourtant je finis par y arriver avec un soldat qui vit sensiblement la même chose. William, il s'appelait. Il est de Portland en Oregon et avant de s'engager dans l'armée par choix aussi, sa mère est tombée malade, un cancer du sein alors il sait ce que je vis, même si ce n'est que mon beau père il reste mon père, celui qui m'a supporté durant 18 putains de longues années, lui qui a entendu mon premier mot, mes premiers pas, mes premiers matchs au lycée. Mes premières années à l'armée m'ont permis un peu d'oublier les raisons qui m'ont poussés à en venir là mais je sais très bien que le jour où je reverrais El', mes sentiments pourraient resurgir telle une bombe atomique qu'on lâcherait au dessus d'une ville. Mais pour l'heure, je profite de mon temps passé à l'armée pour apprendre des choses sur moi même car on en apprend tous les jours sur soi quand notre corps est mis à rude épreuve n'est ce pas vrai ? Mais ce questionnement de moi même n'aura duré que deux années, deux années où je me suis fait des amis parmi les soldats qui étaient avec moi, où j'ai appris de nouvelles valeurs comme l'entraide, que la vie peut s'arrêter très vite et qu'il faut en profiter. En fait c'est cela que j'ai le plus retenu de mon passage dans l'armée.

Et d'ailleurs un exemple très concret va venir me le prouver puisque mon départ de l'armée à 20 ans est lié au décès de mon beau père et au fait que ma mère a besoin de moi à la ferme. Parce que je deviens l'homme de la maison et qu'elle sait que la ferme a toujours fait partie de moi. Sauf que voilà depuis mon départ, je n'ai plus eu de contacts avec mes amis de Cleveland, du lycée mais surtout j'admets avoir eu peur de croiser de nouveau El'. Mais durant l'année qui a suivi le décès de mon beau père, une nouvelle tuile nous est tombé dessus avec mes sœurs, notre mère est tombée malade à son tour, comme si notre famille était maudite. Alors tous les quatre on s'est plus que rapprochés autour de notre mère pour ne pas qu'elle soit seule, la ferme a continué de tourner un peu, juste de quoi subvenir à nos besoins vu les soins de notre mère étaient prises en charge par l'assurance qu'elle avait prise. Mes sœurs ont hérités de leur père une certaine somme d'argent qui fut placé sur un compte en attendant leur majorité car c'était pour leurs études plus tard. Je n'avais que 20 ans et je devais apprendre à gérer au mieux une ferme et trois enfants car mes sœurs étaient jeunes comparé à moi qui suis l'aîné et pourtant j'ai tenu bon, j'ai mis de côté mes émotions. Même si le soir dans ma chambre d'adolescent, je lâchais tout, je ne voulais pas perdre ma mère que je me suis presque construit une carapace, plutôt j'ai renforcé la carapace que j'avais au lycée pour endurer les rageux qui ne supportait pas les gens populaires comme moi. On aura pu au final partager quelques mois avec notre mère avant qu'elle ne rende l'âme à la maison, elle est morte avec ses enfants et elle a rejoint l'homme qu'elle aimait c'était ce qui compte pour moi mais cela m'a fait bizarre de me retrouver aussi jeune car elle est décédée peu avant mes 21 ans à devoir élever mes trois sœurs qui étaient encore petites.

Les débuts sans maman ont été compliqués, l'assistante sociale venait régulièrement voir comment je m'en sortais, les voisins de la ferme nous aidait en nous apportant de quoi manger et après l'enterrement de maman, très rapidement on a du revendre la ferme car on y arrivait plus financièrement parlant et puis tout nous rappelait nos parents, c'était trop dur de faire notre deuil. Voilà pourquoi à mes 21 ans, j'ai pris la décision d'embarquer ma tribu pour continuer notre vie mais à Boston, je savais que la famille de ma père y vivait toujours et puis c'est un peu chez moi aussi vu que j'y suis né et j'y ai passé deux années de ma vie plus jeune. Mais mes soeurs n'ont jamais connus la ville alors j'appréhendais un peu notre arrivée dans cette nouvelle ville où tout va leur être inconnu et pourtant elles ont réussis à s'adapter et à se faire des amis. Oh bien sur certains petits vauriens les ont embêtés, surtout Ali' qui venait d'entrer au lycée, une période charnière pour n'importe quelle adolescente après tout non ? Pour ma part, après avoir réussi à trouver une petite maison pour nous quatre où chacun a à peu près sa chambre seule et avoir inscrit les filles dans les différentes écoles de la ville, j'ai réussi à décrocher un boulot de mécano dans un petit garage de la ville. La mécanique a toujours été une grande passion pour moi et puis je n'ai pas seulement réparé le tracteur en cas de panne, je m’entraînais le soir sur une vieille voiture que mon beau père avait et que j'ai réussi à refaire marcher. Ainsi on a pu venir avec cette vieille voiture jusqu'à Boston et je compte bien réussir à me payer une nouvelle moto car la voiture est la sécurité pour emmener mes sœurs à l'école mais la moto, c'est mon moment de liberté et si je ne l'ai plus, je risquerais de voir mes nerfs lâcher, déjà que depuis le décès de ma mère, je fais mon possible pour masquer ma peine à mes sœurs afin de ne pas les inquiéter. Parce que pourquoi inquiéter des enfants hein ? C'est moi l'adulte à présent et c'est à mon tour de les protéger comme l'ont fait maman et mon beau père avant moi. Voilà donc presque deux ans que nous sommes sur Boston, notre nouvelle vie nous plait bien, mon métier de mécano m'épanouit, mes sœurs semblent aller bien, même si on est rarement expressifs dans la famille. Bref tout va pour le mieux en apparence du moins. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que la mort de maman nous a affecté chacun à sa manière avec mes sœurs et parfois j'ai peur de les voir basculer dans la drogue ou ce genre de choses, surtout qu'Ali a presque 18 ans et que je ne voudrais pas qu'elle rate la chance qu'elle a de pouvoir aller à l'université d'ici une année. Me concernant, autant dire que je ne suis pas à l'abri de voir revenir dans ma vie ma meilleure amie du lycée mais pour le moment je profite de la vie sans me retourner et sans montrer ma fragilité, ma carapace s'en est trouvé plus que renforcée à la mort de ma mère et à présent je fais ce que je veux de ma vie et ce même si le danger est là, j'ai besoin de ma dose d'adrénaline quotidienne. Mais je sais que jamais je ne basculerais dans les trafics de drogue ou autres choses peu catholiques, mes sœurs sont là pour me rappeler à quel point je dois me raccrocher à elles pour vivre et ne pas craquer. Nous sommes une famille plus que soudée face aux galères et personne ne pourra nous séparer, à tel point que chaque été, un peu avant la rentrée, je n'hésite pas à poser un mois de congé auprès de mon employeur afin qu'on puisse profiter de l’événement organisé par la ville, le Summer Camp et cette année c'est au Canada. So let's go avant la rentrée et voyons ce que nous allons voir comme paysages ou faire comme rencontres.