Invité
est en ligne
Invité
Qu'importe les chemins que nous prendrons ensembles, qu'importe sous quels cieux seront nos mains qui tremblent.
En plus d’être dévasté, je suis anxieux. Parce que j’ai reçu un message de mon frère, Lachlan. Je n’en avais pas eu depuis des semaines. Là, tout à coup, il réapparait. Je suis bien trop perturbé pour réaliser à quel point c’est complètement … déroutant comme situation. Je suis debout face aux portes glissantes de l’aéroport, le regard perdu dans le vide. J’ai même mis un long manteau noir oubliant que c’était l’été. Mon visage fermé, mes yeux vitreux, rougis par la fatigue. Ma mère est partie, et je m’en veux. Affreusement. Je m’en veux parce que je n’étais pas là, je m’en veux parce que je ne l’ai pas soutenu, je m’en veux parce que j’ai agis comme un putain de connard égoïste en venant ici, en Nouvelle Ecosse, au lieu de l’accompagner dans ses derniers instants. Je m’en veux parce que je suis littéralement un connard égoïste, je ne suis pas allé à Amsterdam, je n’ai pas dit adieu à ma mère, je ne l’ai pas vu être ensevelit sous terre, je n’ai pas été à l’enterrement. Et je crois qu’inconsciemment, ça signifie pour moi que ça n’existe pas vraiment. Je veux dire, tant que je ne l’ai pas vu, mon esprit ne fait que le supposer. Alors, je ne réalise pas tout à fait. Alors, je me protège et j’évite de me confronter à la réalité. Vide. Eteint. Je suis debout dans mon long manteau noir une cigarette toute tordue à la main. Pas allumée, non. Je ne sais juste pas depuis combien de temps elle est là. Et j’attends, avec anxiété, qu’il arrive. J’attends sans attendre, ectoplasmique dans ce décors de rêve. Je jure avec le soleil, et ma peau pâle avec le bronzage de toutes les filles qui passent à côté de moi. Je sais que Lachlan va me sermonner. Enfin je crois. Je ne sais pas, je ne sais plus. Ça fait deux ans que je ne l’ai pas vu et là tout de suite, je suis incapable de mettre la main sur mon cœur, incapable de savoir ce qu’il ressent. Vide. Eteint. J’attends qu’on me bouscule, qu’on me réveille de mon somnambulisme. Mon frère arrive. Noah, eh, Noah, Lachlan débarque en Nouvelle Ecosse ! Je me mets à rire comme un fou furieux sous les regards interdits des gens. Et je m’arrête, essoufflé, quand les baies vitrées s’ouvrent et que je vois les premiers passagers débarquer. Je pue l’alcool et l’insomnie, la soumission et le mépris.
(Invité)