My friends all dead, my dreams on the floor - Maëlys

Dévasté. Anéantis. Complètement fait. Je n’ai pas de mots pour décrire mon état. Ma mère est partie. Et comme un grand abruti, je suis encore incapable de le réaliser. Je sais que plus j’attend, plus ça va être difficile. Mais je ne peux pas. Ma mère c’était … tout. Absolument tout. Je savais qu’elle était malade, je l’avais vu à Amsterdam il y a deux mois. Je le savais qu’il ne lui restait pas longtemps, et pourtant, j’ai refusé d’admettre la vérité. Refusé de me rendre à son chevet. J’ai préféré venir me la jouer bad boy au Summer Camp, plutôt que d’aller soutenir ma mère et … bordel, ce que je culpabilise. Je m’en veux. Toute la colère que j’ai d’habitude envers tous les autres, là, elle se concentre contre moi. Je voudrais m’exploser le crâne, m’éclater la gueule contre tous les murs de la ville, m’enterrer vivant dans le sable. Disparaitre, m’éteindre, et arrêter de ressentir cette douleur insupportable dans le cœur. Alors, il est trois heures du matin, et je traine. Comme un connard, je traine, une bouteille de whisky presque vide à la main, les pieds nus dans le sable, ma chemise débraillée. Je voudrais putain de tout éclater. Et comme un enfoiré je me mets à courir. Je me mets à courir de toutes mes forces, espérant que quelque chose se passe, que tout s’arrête, que je me réveille et que maman soit toujours là. Je cours comme un demeuré et grimpe sur un rocher qui borde l’eau. La houle sombre s’y cogne, je reçois les éclaboussures sur mon visage et j’ai juste envie de pleurer. Mais je n’y arrive pas. Je suis bloqué. Complètement bloqué. Ma bouteille à la main, mes bras tendu comme Jésus sur sa croix, je me mets à hurler : « HAAAAAAAAAAAAAAA » avant de m’arrêter, l’envie de m’effondrer, et de me laisser tomber assis sur mon rocher, les pieds qui flirtent avec les vagues sauvages.

Il n’y a pas de mots pour décrire l’insoutenable lourdeur de mon être tout entier. Dans mon ventre grouille le vide, comme si tout à l’intérieur se décomposait. J’ai cette affreuse envie de pleurer, de m’écrouler, de m’effondrer, et … et rien ne se passe. Je suis bloqué. Depuis le jour de la nouvelle, je suis bloqué. Comme un con, incapable de réaliser ce qui lui arrive. Je voudrais que ça s’arrête, que tout s’arrête, me réveiller comme s’il ne s’agissait que d’un vilain cauchemar. Je voudrais être à Amsterdam, courir dans les bras de ma mère, lui dire encore à quel point je l’aime, à quel point je suis incapable d’imaginer une vie sans elle. Et rien. Rien de rien. Le néant. Affamé d’émotion dans mes limbes intérieurs, je résiste malgré moi face à la vérité. Je ne peux pas réaliser que ma mère est morte, parce que si je le fais, c’est le début de la fin pour moi. Comment vivre après ça ? Je ne sais pas, je ne sais pas. Et je suis là sur ce rocher, haletant, le cœur éteint, la gorge en feu après avoir hurler à plein poumon. Les vagues sombres s’échouent à mes pieds, ça me fait presque mal. Et mes sens en alerte n’ont pas pu rater mon prénom. Je tourne brusquement la tête et reste quelques fractions de seconde scotché. Il me faut du temps pour voir et comprendre qu’il s’agit de Maëlys. Du temps, parce que j’ai les yeux rougis par la peine et la fatigue et le cerveau embourbé par le bourbon. Mon regard se durcit. Je suis en colère contre moi, de nouveau, cercle vicieux, je l’exprime contre un autre. Notre dernière rencontre m’a blessé. Maëlys qui prend la défense de Wade alors que je la pensais ami … C’est irrationnel, mais ça me remonte là, d’un coup, comme un haut le cœur. L’air sévère, masquant tant que possible ma détresse, je lui lance un froid : « Qu’est-ce que tu veux ?! ». Avant de me redresser sur mon rocher et d’avancer vers elle nerveux, froid, presque effrayant tant on a l’impression que je vais lui rentrer dedans : « Te foutre de ma gueule encore une fois ?! Barres-toi ! ». Dis-je, tandis que je me retrouvais nez à nez avec elle.