Too long, and I'm mad at you :: Willow

Sauf que Happy n’avait pas l’intention de céder. Non pas pour prouver à Pierre, Paul ou Jacques qu’il avait de l’orgueil ou qu’il était parfait, non. Au même titre qu’il s’en contrefoutait que Willow soit parfaite ou pas - la perfection étant synonyme d’ennui total selon lui, préférant largement l’imprévisibilité et la folie - il ne comptait pas abonder dans son sens et revenir vers elle comme si de rien n’était, repartir en mode copains comme cochon alors qu’elle l’avait pris pour un con. Très désagréable impression, du reste. En colère, il se serait bien descendu sa propre bière d’une traite, mais ce serait donner raison à cette vaste fumisterie, aussi la dégustait-il, sans même accorder le moindre regard à la blonde.

Willow finit par revenir vers Happy, dans son dos, et énoncer des premières paroles qui déjà le détendirent. Ce n’était pas parfait mais au moins, le jeune homme admettait que cela soit un bon début. Il ne pensait sincèrement pas qu’elle craquerait, et cela prouvait notamment qu’elle devait se sentir mal vis-à-vis de ce qui s’était passé et du silence de mausolée qu’il faisait régner entre eux. Par principe, pour ne pas devenir une vulgaire carpette au passage. « L’important ce n’est pas uniquement que je veuille l’entendre, même si effectivement cela me fait plaisir à l’attendre, mais l’important c’est qu’il faut que tu le penses surtout. »

Happy ne demandait pas grand-chose, et n’attendait pas non plus grand-chose. Juste quelques mots, rien d’autre. Ils finirent par arriver à ses oreilles, dont l’ouïe défaillante ne lui faisait heureusement pas défaut ce soir. Aussi, aux propos suivants de Willow, le jeune homme se tourna enfin, esquissant un faible sourire. Faible mais néanmoins bien présent. « Alors c’est le principal pour moi » acheva-t-il l’agonie de son amie, l’incitant d’un signe de tête à s’asseoir. « Tu veux bien te joindre à moi maintenant ? » proposa-t-il verbalement, ayant à cœur qu’ils ne restent pas juste sur ce mauvais moment. Après tout, elle lui avait manqué, c’était indéniable.

Happy espérait bien que la situation se décoincerait au cours de la soirée, sans quoi il était parti pour ne pas en dormir de la nuit. Se disputer ainsi avec une amie si proche lui aurait bouffé le rognon d’une manière insupportable. Mais fort heureusement, sûrement un peu aidée par l’alcool, Willow avait fait le seul pas qu’il attendait et pour cela, tout était pardonné. Comme quoi, il ne fallait pas grand-chose pour qu’il passe l’éponge, et fort heureusement. Avant même de rajouter quoi que ce soit d’autre, il la regarda prendre place à ses côtés et l’entendit lui demander ce qu’elle avait manqué dans sa vie. Techniquement parlant… plein de choses. « Sûrement le fait qu’à mon retour à Boston, je vais devoir débrancher ma mère, puisque son coma ne paraît pas finir… et je me suis récemment mis en couple. Et toi ? »

Happy, après avoir recommandé à son tour un verre auprès du barman, esquissa un petit sourire. Willow venait de glisser sa main contre la sienne, sûrement en l’entendant parler de sa mère et de la difficile rentrée qui s’annonçait pour lui. Difficile, c’était même un euphémisme, car l’américain ne savait pas au juste comment il allait pouvoir faire une chose pareille. « C’est gentil ma belle… » ajouta-t-il simplement. Que pouvait-il dire d’autre ? Le jeune homme restait très secret et pudique sur ce genre de sentiment, et puis il n’avait pas envie d’obscurcir plus encore la soirée en parlant de choses profondément déprimantes. A la place, il finit son explication avec le fait qu’il se soit mis en couple, et s’intéressa aussitôt à sa meilleure amie. Toujours détourner l’attention lorsque l’on est gêné, toujours. Les autres aiment bien parler d’eux, non ? « Tout dépend ce que tu entends par ‘ça va changer’ en fait… pour Tate, vaut mieux que tu laisses tomber, au moins pour le moment. Concentre toi sur ce qui te rends heureuse. Te fais du bien » reprit-il en serrant légèrement sa main dans la sienne.