Il n’y a pas de début à l’histoire que je raconte. Pas plus qu’il n’y a de fin à celle que je m’apprête à vivre. L’insolente ivresse de mon ventre gourmand me pousse à venir vous hanter. Vous accaparer. Et sourire de votre fébrilité. Du champagne et des bonbons, on fête vos testaments.
Chef de meute : le noble insoumis.Klara Bergen op Zoom (Marquise) : Ma mère m’aime. Parce qu’elle est obligée. C’est ma mère, elle ne peut pas ne pas m’aimer. Elle m’aime d’un amour forcé. Mais je sais, au fond, que je n’ai jamais été son préféré. Si elle ne m’avait pas fait, elle ne m’aurait jamais regardé. Noah, elle le chérit comme le plus précieux des cadeaux. Elle se voit dans lui, il lui ressemble. Moi, elle me fuit comme le pire des fléaux. Peut-être parce que de mon odeur à mes pieds, tout, absolument tout, lui rappelle mon père. Je suis mon père. Aux yeux de ma mère, je suis mon père. Alors ma mère ne m’a jamais vraiment aimé. Et ça ne m’a jamais rendu triste. Pas même arraché une larme. Au contraire, c’était l’occasion d’en profiter. A ma mère, je lui fais peur. Je le vois dans ses yeux, quand je me mets à hurler, ou parle comme mon père. Je lui fais peur, et ça me rend fier. Ça me rend fier, parce qu’elle est obligée de m’aimer. D’aimer ce manipulateur insoumis qu’elle a sorti de ses entrailles, l’enfant honnis qui marque le début de son calvaire résigné, la fin de sa bataille perdue. Elle a peur, et je le sens, quand je la prends dans mes bras, que tous ses muscles se crispent. Qu’elle hésite à me repousser mais ne peut pas le faire parce que je suis son enfant. Elle est obligée de m’aimer. Ma mère ne me connait que trop bien. Mon regard fourbe, mes pensées machiavéliques. C’est elle qui reconnait le mieux mon masque d’ange, le diable en dessous. Et pourtant, elle n’a rien pu faire. Elle devait se taire. Et je l’ai transformé en esclave de mon hypocrite vertu. Parce qu’elle culpabilise de ne jamais m’avoir voulu.
Arjen d’Aremberg (Duc) : Dire que mon père est un homme bien serait diablement mensonger. Mon père est un salaud, un connard, froid comme la glace et dur comme l’asphalte. Le principe premier de son éducation c’est la flagellation. Noah et moi, on en a reçu des coups. On en a reçu beaucoup. Mais quand Noah perdait des larmes dans ses yeux, moi je continuais de sourire. Je continuais de sourire et je voyais bien que malgré la frénésie de ses coups de poings de plus en plus fort sur ma gueule, ça rendait fier mon père. Parce que je ne pliais pas. Parce que je résistais. Parce que je ne pleurais pas, et que je prenais ça comme un mauvais quart d’heure à passer. Alors, mon père me taper plus fort encore, comme si toute notre relation était fondée sur ce geste : lui qui teste mes limites, voir quand j’allais fléchir, et moi qui lui mettre dos droit, tête dressé, que rien ne pourrait me faire tomber. Notre affection est née de ce duel. Même si on ne s’en dit rien. Pourtant, je le vois quand il me regarde, qu’il est fier, mon père. Quand il parle de moi, son héritier, l’honneur de la famille, je le vois à quel point il est fier. Là aussi, je l’ai transformé. Pas avec la culpabilité mais grâce à son honneur exacerbé. Il est devenu mon esclave quand il a compris qu’il avait plus besoin de moi que moi de lui. Quand il a compris que j’étais lui, un éternel insoumis.
Noah Arjen d’Aremberg : Mon frère, sans doute la relation la plus forte que j’ai éprouvé. La plus sincère, la moins calculatrice aussi. Mais c’était facile avec Noah. Parce que Noah, malgré ses airs de salaud, est un grand sensible. Noah déteste l’injustice, déteste le mensonge, déteste l’hypocrisie et la mauvaise fois. Noah a un cœur beaucoup trop grand, personne ne le sait, mais moi je le vois. Je l’ai toujours vu. Noah, c’est ma mère. Noah se débat avec son humanité, la rejette et l’écrase derrière son armure de plomb, parce qu’elle est la raison pour laquelle notre père l’a toujours détesté. « Pauvre fiotte qui pleure, les vrais hommes n’agissent que par intérêt, tu n’es pas un homme ». Avec Noah c’était facile, parce que Noah est fragile. Docile. Éternel soumis. Noah obéit. Il veut tellement satisfaire la terre entière, rendre fier sa famille et son père, qu’il passe son temps à se briser le cœur, à aller contre ses émotions, pur instinct d’obéissance. Ça aurait pu me dégouter. Mais ça ne l’a pas fait. Parce que quelque part, sans l’admirer, je respecte l’effort impitoyable qu’il fait pour fermer son cœur, éteindre son humanité. Alors, j’ai toujours voulu le protéger. Parce qu’un chef de meute, pour être chef, doit faire sentir aux autres loups qu’ils ont besoin de lui. C’est ce que j’ai fais. J’ai protégé Noah. J’ai pris les coups à sa place, maintes et maintes fois. J’étais là, toujours derrière, à surveiller que rien ne lui arrive. Et il est devenu dépendant de moi. Je le sais qu’il m’adule, il parle de moi comme un héro. Je sais qu’il ferait n’importe quoi pour me satisfaire. Exactement comme il fait avec mon père. Je ne mentirais pas, j’en ai souvent profité. Parce que pour un narcissique invétéré comme moi, c’est toujours plaisant de lire la fascination dans les yeux des autres.
Lieven Klara d’Aremberg : Ma petite sœur. Je ne me suis jamais senti proche d’elle à l’inverse de Noah qui frôle l’obsession avec elle. Peut-être parce que je ne fais que peu de cas des relations hommes-femmes. En toute franchise, je n’aime pas les femmes comme on aime les êtres humains. J’aime les femmes comme on aime promener son chien. Alors même quand elle s’est faite violée, même quand elle a passé des jours et des nuits à pleurer, ça ne m’a rien fait. Noah, lui, était comme un fou. Je vous l’ai dit, il a un cœur trop grand, c’est presque marrant. De voir à quel point tout le touche, de voir l’intensité avec laquelle il éprouve les choses. Mais moi, les malheurs des autres, mêmes ceux de ma sœur, je n’en ai que faire. Je n’ai jamais été proche d’elle, et ce n’est pas parce qu’elle a vécu ça que tout d’un coup je serais devenu son meilleur ami.
Renko Naals d’Aremberg : Le benjamin. Le petit muet. J’adore l’appeler Simplet ou lui dire « quoi ? Je ne t’entends pas ! » Quand il s’agite pour attirer l’attention. Renko c’est comme Lieven. Je ne suis pas proche de lui, je n’en ai rien à faire. Il décore la maison, le quota coterep du sang probablement. Là encore, Noah est à mon strict opposé. Lui s’est toujours acharné à défendre notre petit frère. Il a même appris la langue des signes. Chez nous, tout le monde signe. Sauf mon père et moi. No importa.
Mon sourire naïf, ce mensonge.Né le 23 mars 1991 à Amsterdam. Avec une cuillère en argent dans la bouche ? Avec le vaisselier tout entier, oui ! Je suis le premier, le descendant direct, l’héritier au titre de Duc d’Aremberg. Alors, forcément, ma naissance a été une fierté pour mon père, une fête nationale pour tous les nobles du pays. Ce que mon frère a connu de mondanités, de réceptions, de fêtes ostentatoires, je l’ai vécu en pire. En plus grand. Moi et mes costumes De Fursac, et mes nœuds papillons, et mes chaussures italiennes. J’ai toujours apprécié ces soirées, comment pouvait-on ne pas les apprécier ? Je veux dire, tout les regards sont sur vous, vous faites parties d’une sorte d’organisation secrète, l’élite du monde. Ce qu’on fait là, nos ancêtres, il y a des siècles, l’entretenaient déjà. Alors oui, j’ai toujours adoré. Me promener avec une coupe de champagne à la main, séduire les filles d’ambassadeurs, les princesses, les aristocrates, et même les roturières. Je leur faisais croire que c’était différent, que j’étais sincèrement tombé amoureux d’elles. C’était mignon de voir dans leurs yeux à quel point elles y croyaient, « Quoi ? Moi la bonne qui fait la vaisselle chez toi, tu m’aime ? », « Mais oui je t’aime », comme on crache au vent. Je n’en ai jamais pensé un mot, mais c’était marrant. De leur faire croire à toutes ces filles qu’elles étaient exceptionnelles, qu’elles avaient quelque chose en plus, qu’elles étaient spéciales. En rien spéciale. Tout ce que j’appréciais, c’était la manière qu’elles avaient de ramper à mes pieds. La manière qu’elles avaient de s’en vouloir quand je leur retournais le cerveau en leur faisant croire que ça m’attristait de les quitter, « Mon père m’a encore frappé, il m’a choisit une femme, j’ai le cœur brisé ». Foutaises et larmes de crocodiles. A chaque fois elles tombaient dans le panneau. A chaque fois, j’étais le gentil de l’histoire. Moi, faire du mal à quelqu’un ? Impensable pour toutes ces gamines. Alors, oui, j’adorais les mondanités, les grandes réceptions, rallyes et les soirées. Parce que je l’ai fréquenté toutes, je les manipulais toutes, et j’avais réussi à leur faire croire qu’elles étaient la seule, l’unique. Elles étaient amies les unes avec les autres et ne se disaient rien. Chacune pensant avoir touché mon cœur. De quel cœur tu parle ? Mon cœur, je l’ai, mais il ne peut aimer qu’une personne. Et cette personne, c’est moi. Les mondanités, mon théâtre personnel. Mon jeu de marionnette. C’est là que tous mes talents de stratège se sont affinés. Et quand on trompe le monde tout entier, de qui voulez vous avoir peur ?
Stratège. Probablement un des mots qui me qualifie le mieux. Et ce n’est pas pour rien que dès mon plus jeune âge, je me suis mis à jouer aux échecs. C’est l’activité la plus fascinante qui soit ! Sérieusement, abattre un ennemi avec intelligence, en calculant, en manipulant, en ayant toujours trois coups d’avance dans la tête, c’est carrément bandant ! Noah ne m’a jamais battu, c’est encore plus jouissif, ma supériorité inébranlable. Et comme je suis l’héritier du duché, cette faculté plait beaucoup à mon père. Parce que l’héritier, celui qui portera les insignes de la Maison d’Aremberg, doit apprendre les métiers de la guerre. C’est comme ça. Les métiers de la guerre et de la politique. Stratégie et Séduction. Ça me va comme un gant non ? Alors, si j’entre à Harvard, naturellement, j’étudierais les Relations Internationales, et la Science Politique.
J’ai été diagnostiqué HPI à mes six ans. Ce truc que les gens appellent « surdoués ». C’est marrant, parce que quand vous regardez des articles, les HPI sont considérés comme les personnes les moins empathiques de la terre, les moins propices aux émotions. Le cerveau est en constant ébullition, il saisit tout autour, comprend les choses vingt fois plus vite qu’un cerveau ordinaire, et absolument tout s’agence dans une linéarité parfaite, comme une opération de mathématique. Mais sans aucune humanité. Je n’ai jamais beaucoup aimé les arts, la musique, et tous ces trucs de masturbateurs intellectuels. Moi, ce qui me plait, ce sont les sciences pures. Il n’y a rien de plus fascinant qu’une équation résolu, qu’un problème de géométrie réglé, qu’un nouvel algorithme inventé. Et cette facilité à saisir toutes les sciences dures m’a valu d’être quelqu’un de très rationnel. Stricto sensu. Je veux dire, là où les gens s’embêtent à réfléchir aux émotions, aux qu’en diras-ton, à la douleur ou aux risques, moi je propose à mon cerveau une équation toute simple : la finalité, est mon intérêt. Et pour y arriver il faut, 1) Multiplier les plaisirs, 2) contrôler les gens notamment en leur faisant croire qu’ils ont plus besoin de vous que vous d’eux, 3) Avoir toujours trois coups d’avance et une solution de replis. C’est vous le gentil de l’histoire.
Liberté, mon amour.Il y a deux ans, j’ai foutu le camp. Ce n’est pas tant que j’en avais marre d’être enfermé dans mon rôle d’héritier, mais plus par provocation obscène. Ouais Papa, tu pense être le plus fort, mais tu vas faire quoi maintenant si je me barre ? J’étais obsédé par l’idée de le surpasser. Obsédé par l’idée de lui faire comprendre qu’en tout point, je valais mieux que lui. Que j’étais un homme plus fort qu’il ne l’a jamais été. La progéniture pire que le géniteur, l’enfant du diable en fusion. Imaginez le regard effrayé de ma mère. Alors je l’ai regardé quand il m’a menacé de me couper les vivre. Je l’ai regardé et j’ai souris comme sourit un insolent, comme sourit une personne qui ne vous croit pas, qui pense tout bas « chante encore, ça me plait ». C’est la première fois que je l’ai vu si désemparé. Si … soumis ? Ouais, je crois que j’ai réussi à le soumettre. Pendant une fraction de seconde, quand on était dans le salon, sous les yeux vitreux de Noah et de ma mère, quand on se donnait à ce duel des égos, je l’ai soumis. Je l’ai regardé, j’ai mis mon balluchon sur l’épaule, j’ai croqué dans une pomme sans le quitter des yeux et je suis parti. Bien sure, il a dit à tout le monde que j’étais allé étudier au Japon. J’ai été au Japon. Mais pas pour les études. En fait, j’ai été un peu partout. Moi et mon sac, sans attache ni émotions. J’ai passé deux ans éparpillés aux quatre coins du globe, à gouter la vie la vraie, à accumuler les histoires à raconter, de quoi me vanter face aux médiocres qui n’ont rien connu. J’ai voyagé, j’ai gouté à tous les plaisirs, j’ai été libre, putain de libre. Éternel insoumis, regarde-moi, c’est moi qui ris les bras tendus tout en haut du Machu Picchu. Et de temps en temps j’écrivais à Noah. Pas tout le temps. La dépendance s’entretient par le manque. Il fallait que je lui manque pour qu’ils soient encore plus attachés. Encore plus à mes pieds.
Lachlan parle de liberté, d’indépendance, de plaisirs. Il parle de ces deux années comme si elles avaient été une merveilleuse épopée. Mais on est bien loin du compte, bien loin de la vérité. Hypocrite forcené, bien sure, il vous fera croire qu’il s’est surpassé. Qu’il a quitté sa famille parce qu’il trouvait le système de classe injuste, qu’il voulait vivre comme le peuple, le vrai, se satisfaire du nécessaire. Il vous fera croire qu’il a fait ça par bonté d’âme, qu’il a senti un éveil spirituel dans les temples bouddhistes au Népal, ou que rien ne l’a plus touché que ce petit garçon aveugle à Madagascar. Il vous racontera tout ce que vous rêvez d’entendre, se présentant comme un héro sans le dire, la fausse modestie pour appuyer son propos. Mais la vérité c’est que Lachlan n’a jamais été indépendant. Lachlan n’a fait qu’obéir à un nouveau caprice, se déresponsabiliser pour mieux profiter. De sa jeunesse, des filles, du reste. Il n’a jamais été indépendant parce que sa mère, soumise, renflouait sans arrêt ses comptes bancaires. Lachlan n’a jamais travaillé. Et il a passé deux ans de sa vie a dépenser des cents et des milles dans des soirées plus ostentatoires les unes que les autres. Ça, il ne vous le dira pas. Que Maman était là. Tout comme il ne vous dira pas la vraie raison de son retour. Sa mère est morte, c’est vrai. Mais, vous commencez à le connaitre, vous pensez vraiment que c’est pour ça qu’il est rentré ? Bien sûre qu’il est touché. Il est touché, comme quand on a mal quand on cogne son petit orteil contre le coin du mur. Un peu et ça passe, on tire avantage de la situation. Mais Lachlan ne fait jamais rien sans réfléchir. Pire encore, il n’obéit à rien d’autre qu’à son propre intérêt. Alors, s’il est rentré, ce n’est pas du tout parce que sa mère est décédée. Ce facteur peut le toucher dans le sens où c’est elle qui lui envoyait de l’argent, à la limite. Mais en réalité, s’il est rentré, c’est parce que Lachlan a voulu se la jouer gangster. Lachlan a fait ami-ami avec des mafiosos de Bogota, il leur a promis tout un tas de choses et a finit par disparaitre avec plus d’un kilo de cocaïne. Evidemment, sa tête est mise à prix. Evidemment, dans la nuit, il a appelé son père. Son père lui a annoncé la mort de sa mère et il a fait mine d’être attristé. Son père lui a payé son billet, il est rentré. Et quand il est rentré, tout a changé. Lachlan a gardé ses secrets, il ne parle que de paysages magnifiques et de personnes formidables. Le reste, il ne dit rien. Après tout, ça passera, se dit-il, inconscient du danger dans lequel il s’est fourré. Danse avec moi, allez.Alors voilà. La mère de Lachlan et Noah est décédée. Lachlan est rentré. Sans rien dire. Tout le monde a fait comme si ces deux années n’avaient pas existés. Lachlan a reprit sa place de chef de meute. Maintenant, il s’assoit à la place de son père à table, et son père s’assoit à la place de sa mère. Lachlan a troqué ses chemises ouvertes et ses Ray Ban contre de nouveaux costumes. Son père est fier de le voir à la maison, enfin, l’enfant prodige est de retour. Noah lui, ne sait pas comment réagir. Bien sure qu’il est heureux, Lachlan est son frère, son héro, son tout. Mais lui qu’avait réussit à construire un semblant de personnalité, un semblant d’indépendance, à s’affirmer un petit peu, le voilà revenu au point de départ. Dans l’ombre de cet être magnétique et charismatique qu’est son frère. Même s’il culpabilise de l’admettre, Noah a peur. De perdre tout ce qu’il a, parce que si ça plait à son frère, son frère le prendra. C’est comme ça. Qu’il s’agisse de ses amis, de sa vie, de son amour. Lachlan prend tout ce qu’il veut, et il le fait très bien. Noah avait trouvé un nouvel espace d’expression à Harvard, un endroit où il pouvait être lui-même sans être spolié par son père ou soumis à son frère. Mais là, son frère a décidé qu’il était temps pour lui de reprendre ses études. L’air sérieux, les épaules carrées, une main dans celle de son père, « Père, je pense qu’il est temps pour moi d’assumer mes responsabilités, de reprendre mes études et de devenir le digne héritier de la Maison». Jamais on n’avait vu autant d’émotion dans les yeux d’Arjen. Et bien sure, c’était hypocrite. Lachlan venait simplement de trouver son nouveau terrain de jeu, là où son sadisme pouvait à nouveau s’exprimer. Avec un larbin à ses pieds, son frère adoré.
Le diable a la gueule d’ange.Gueule d’ange, gueule d’amour, yeux charmeurs, air naïf. Je souris tout le temps. Constamment. Comme si mon visage transpirait la bonté. Pour me rendre encore plus agréable à regarder. Même aux inconnus, je souris. Je leur donne l’impression d’être regardé, d’exister. Et ils sourient en retour. Personne ne se braque. Personne ne se dispute avec moi. Parce que je me porte volontiers victime. Je joue les coupables désolés, et toujours, je passe pour le gentil. Personne ne me tient tête, parce que je fais mine de plier. Et par-dessous, sans que la personne ne s’en rende compte, je viens l’asservir, la dominer. Je suis un faux gentil, je passe pour le mec ouvert d’esprit, drôle, attachant, toujours là pour les autres, très humain. Ils ne savent pas, ils ne savent pas à quel point je suis hypocrite. A quel point je suis calculateur, manipulateur, stratège. J’en profite, je tourne absolument toutes les situations à mon avantage. Si je n’ai rien à y gagner, alors c’est qu’elle ne mérite pas d’être vécue. Ma seule motivation est le profit. De préférence, la satisfaction des narcisses : être adulé et commander, sans le montrer. En faisant comme si ce n’était pas ce que je cherchais. Insoumis. Réfléchis. Intelligence du mal. Il n’est jamais tombé amoureux. Vous plaisantez ? Ce n’est même pas que ça ne l’intéresse pas, c’est juste que … il aurait quoi à y gagner ? On est au 21ème siècle, on n’a plus besoin d’être amoureux pour baiser. Vous allez m’aimer, et vous n’avez pas idée d’à quel point vous allez le regretter.