JOY HOLLOWAY ► olivia holt.

Quand tu arrives sur terre, tu ne sais pas encore comment sera ta vie. Tu ne connais rien de ce monde, tu n'es qu'un petit être vivant et tu te retrouves propulsé dans la vraie vie. Tu ne sais pas si tu seras heureux ou malheureux. Tu ne sais pas comment sera ta famille. Moi, je n'ai pas eu énormément de chance. Je suis tombée dans la famille la plus bancale de la planète.

Le 14 avril 1992, je suis née. 3 minutes après mon frère jumeau, Lewis. Je me suis retrouvée dans une famille pauvre. Il y avait déjà mon grand-frère, qui sacrifiait doucement sa vie pour nous tous. Ma mère était une femme adorable, elle faisait son maximum pour notre bien même si c'était compliqué. Puis mon père, il s'est envolé à la naissance de mon petit frère. Celui-ci étant trisomique. Pourtant, je ne l'ai jamais traité différemment. Pour moi, il est comme nous et ça restera mon frère quoiqu'il arrive, je l'aime énormément et j'ai une relation spéciale avec lui. Alors quand mon père a disparu, mon grand-frère a dû travailler deux fois plus. Il n'a jamais pu faire réellement ce qu'il voulait, il a tout sacrifié pour nous et je lui en serais à jamais reconnaissante, c'était une évidence. Mais moi, plus je grandissais, plus j'avais des rêves ambitieux. Je ne voulais pas rester ici, je voulais vivre, je voulais évoluer.

Dans la vie, tu as toujours le choix. Tu peux choisir de répandre le bien, ou le mal. Tu peux choisir d'être un bosseur, ou un glandeur. Tu peux choisir d'être heureux, ou d'être malheureux. Moi, j'avais choisis d'être quelqu'un de bien, j'avais décidé d'être heureuse et j'avais décidé de me rendre fière, d'être fière de moi et de mes choix.

Les études, c'était devenu ma principale préoccupation. Je voulais réussir ma vie, je voulais grandir en étant heureuse, je voulais vivre dans de bonnes conditions. Je connaissais la pauvreté, je connaissais la galère, je ne voulais pas vivre ça toute ma vie. Alors les études étaient un bon échappatoire. Je ne pensais plus à rien quand j'étais plongé dans mes bouquins, quand je m'obstinais pour avoir les meilleurs résultats, pour être la première dans tous les domaines. Je savais qu'avec un bon métier, je pourrais avoir de bonnes conditions pour vivre. Je pourrais aider ma famille restait à Toronto, je pourrais me sentir apaisée. J'étais de nature ambitieuse, je ne lâchais rien tant que je n'avais pas obtenue ce que je voulais, peu importe à quel point cela était dur. Je me sentais plus forte que tout le reste.

Même quand on essaye d'être heureux de toutes ces forces, même quand on essaye de tout bien faire, on ne peut pas contrôler sa vie. Parfois, même en essayant de toutes ces forces, les choses finissent mal. Malheureusement, quand notre ange gardien a décidé de nous faire souffrir, on fait avec, on encaisse, mais parfois on explose et on fait des conneries. Moi, j'avais fait une très grosse connerie.

Je l'avais tué. J'avais tué mon démon. J'avais tué celui qui hantait mes nuits. Il était là, il était mort. Je n'arrivais pas à croire que j'avais fait ça. Pourtant, c'était réel. Mais après tout ce qu'il m'avait fait, c'était tout ce qu'il méritait. Il m'avait violé, il m'avait brisé, il m'avait salie. Même si je ne me rendais pas totalement compte des conséquences de mes actes, je ne regrettais pas le moins du monde. Parce que je me sentais libre, j'avais l'impression d'être libérée d'un énorme poids. J'avais l'impression de pouvoir vivre maintenant, j'avais l'impression que je pouvais laisser cela derrière moi et m'enfuir loin d'ici pour définitivement tout oublier. Mais je décidais de garder cela pour moi. Je ne voulais mettre personne dans la confidence, je ne voulais pas de complices. Maintenant, c'était fait et je vivrais avec cela. Mais je vivrais heureuse, sans regrets.

La plupart du temps, on se sent seule dans la vie. Peu importe si on a une grande famille, peu importe le nombre d'amis que l'on a, il y a toujours quelque chose qui nous manque. Il y a toujours un certain manque dans notre vie. Sauf quand notre moitié était là, sauf quand notre moitié était proche de nous. Quand on avait un jumeau, on ne ressentait pas ce manque. Il était entièrement comblé.

Lewis. Il était mon jumeau et pourtant, on était si différents l'un de l'autre. Mais c'était ce qui nous rendait plus forts, on se complétait. Il était la plus belle chose de ma vie, même s'il me faisait souvent peur. Il jouait avec la mort, il jouait avec les limites et je détestais ça. Je savais que je ne supporterais pas de le perdre un jour, alors je ne voulais pas qu'il soit comme ça. Mais je ne pouvais pas le changer, alors je restais juste près de lui. Avec moi, il était différent. Il était doux, il était gentil, il était adorable. C'était mon allié, mon pilier. Je l'aimais plus que n'importe qui sur cette planète. Je me fichais pas mal que cela déplaise à certaines personnes, notre relation pouvait paraître étrange. Mais elle était belle, elle était sincère. Je ferais n'importe quoi pour lui et je savais qu'il ferait n'importe quoi pour moi. Il était l'un des seuls en qui j'avais une confiance totale. Il était mon jumeau, il était mon double, il était ma vie.

Les rêves nous permettent de garder espoir. L'espoir arrive à nous garder en vie. La vie arrive à nous surprendre chaque jour. Parfois, il faut juste saisir la chance qui se présente face à nous et arrêter de réfléchir, se lancer, foncer tête baissée et tenter l'impossible. Parce que les rêves ne sont pas impossibles à réaliser, ils sont juste impossibles à oublier.

Partir. Aujourd'hui, c'était l'heure de quitter Toronto et de partir à Harvard. Après deux longues années, on avait réussi à avoir une bourse avec Lewis et on pouvait intégrer cette merveilleuse université qu'était Harvard. J'étais la plus heureuse du monde, surtout que je partais avec mon jumeau, alors je ne pouvais qu'être heureuse. C'était un changement important, mais un changement qui allait m'aider à avancer. Je ne pouvais rester à Toronto avec tout ce que j'avais vécu ici, même si quitter ma famille était compliquée. Mais je fonçais, on partait. Puis, les années ont passé et j'étais toujours aussi heureuse d'être à Harvard. J'avais réussi à me faire ma petite place ici, je m'y sentais bien et tant que mon jumeau était près de moi, alors tout se passerait bien. Du moins, c'était ce que je pensais. Car ma vie allait changer, avec l'arrivée d'une personne que j'aurais aimée ne jamais voir. Comme quoi, la vie réservait bien des surprises.