SAZIA • " Make the bad time good and the good times unforgettable "

J'avais quitté la chambre d'Alek depuis deux, trois heures, gambadant autour de l'hôtel pendant tout ce temps sans savoir quoi faire, qui voir, comment gérer la situation. Je faisais les cent pas, un joint entre mes doigts sans oser le péter, ce bébé est là.. Et je sais pas quoi faire, j'ai envie d'exploser en larme, de joie, de tristesse, le tout mélangé et fait gonfler mon cœur un peu plus. À la limite de la crise cardiaque, je ne contrôle plus mes battements qui se sont intensifiés depuis que j'connais ce putain de résultat. Au finale, j'me dit que peut-être, peut-être ça aurait était mieux de ne rien savoir, de rester dans l'ignorance. Là, seule face à toutes ses questions, à ce truc bizarre qui arrive de nulle part et qui me tombe sur la tête au beau milieu d'une relation amoureuse désastreuse, chaotique, malsaine.. Comment je pourrais en parler à Noah ? Comment je peux lui dire que j'porte son enfant alors que j'suis encore qu'une gosse moi aussi. Que j'ai pas envie d'être la pauvre fille qu'il a honte d'avoir mit enceinte mais qu'il se sent obligé d'assumer, d'être celle à qui il donne un paquet de fric secrètement pour que je la boucle sur cet enfant illégitime pendant qu'il s'occupera tranquillement de sa femme parfaite et riche, ainsi que de ses gosses tout aussi parfait. J'serais que la vulgaire tâche au tableau, "l'erreur de parcours." Et j'prends mon portable, le seul prénom qui me vient en tête c'est Marzia, c'est la seule chez qui j'peux aller chialer comme une grosse merde.. " J'ai besoin de toi, j'arrive.." Hop, envoyé. J'avais pas envie de voir Kyla, j'sens qu'elle me cache des choses, cet article sur ce blog qui n'arrange rien et c'est la sœur de Kyla, alors impossible qu'elle ne sache rien. Devant la porte, je déglutis et je tape jusqu'à ce qu'elle m'ouvre. Je regarde son visage quelques secondes avant de m'effondrer dans ses bras. - Zia'.. J'sais pas quoi faire.. Dis-je entre chaque sanglots, enfouissant mon visage un peu plus dans le creux de sa nuque, laissant couler mes larmes sur la peau dénudé de sa clavicule.

"J'ai besoin de toi, j'arrive.."
C'est le texto que j'ai reçu, dans les alentours de cinq heures l'après-midi. Sage ne me laissait pas d'autre choix que de lui prêter mon épaule... de toute façon, je suis rarement indisponible et ça me faisais toujours plaisir de l'accueillir. Elle était après tout, ma meilleure amie. L'une des personnes sur qui je pouvais compter si j'avais aussi besoin d'elle spontanément comme ça. Ma chambre n'était rien d'autre que dans le bordel absolu et rapidement avant son arrivée, je me suis occupée de la ranger. Peu de temps ensuite, elle est apparut à ma porte et je lui ouvris un petit sourire désolée aux lèvres. Pour qu'elle m'écrit comme ça, il fallait vraiment qu'elle en ait besoin et je ne pouvais pas lui répondre toute joyeuse si ça n'allait pas : c'est une loi non-écrite entre copines. Tout le monde la connait.

Zia'.. J'sais pas quoi faire..
Un petit soupir, je la serrai un peu plus dans mes bras et lui caressai le dos.
Et si tu commençais par me raconter ce qui ne va pas... ?
Je la relâchai, puis posai ma main sur son visage. Cette fois, je me permettais un petit sourire vrai. Il fallait après tout qu'elle voit que ça me faisais plaisir de l'entendre. S'il fallait, je sortirais mon petit stock d'alcool juste pour l'aider à faire passer la pilule bien comme il faut. 

La seule porte que je me voyais franchir et les seuls bras où je me voyais fondre en larmes, c'était ceux de Marzia. J'pouvais pas aller chez quelqu'un d'autre pour chercher mon réconfort, tétanisé face à cette nouvelle, c'est censé être un événement heureux, apportant la joie et les larmes de bonheur, c'était comme ça que je voyais la chose, le jour où ça m'arriverait.. Mais non, c'est l'effet complètement inverse, et j'écrase un peu plus le joint calé entre mes doigts quand je la serre plus fort dans mes bras. Océan de tristesse dans lequel je me noie, je suffoque, sans pouvoir trouver la sortie, le souffle dont j'ai besoin. Je ferme les yeux plus fort, laissant couler mes larmes le long de mes joues rougis par les sentiments. Elle casse l'étreinte, posant sa main sur mon visage, sourire sincère sur ses lèvres et j'essuie mes larmes la respiration haletante. J'hoche la tête en faisant un pas à l'intérieur de sa chambre, je fouille dans mon sac pour chercher la preuve de ce tourment. - Tient.. Dis-je la voix tremblante en lui tendant le test de grossesse. - Noah.. Je souffle avec difficulté, ma voix dégringolant en citant ce prénom qui m'écorche au plus profond.

Voir ma meilleure amie débouler dans ma chambre à la recherche de confort ne me faisait pas de bien, bien évidemment. Elle n'était pas souvent comme ça et lorsqu'elle l'était, je cherchais toujours un moyen de lui rendre le sourire. Mais vous savez, moi... Les peines d'amour, les dramas, ce genre de chose, je me tiens loin. Il m'est donc très difficile de bien conseiller quelqu'un mais pourtant, ça fait partie des choses que je sais le mieux faire. Elle devait commencer par me dire ce qu'il n'allait pas d'abord.
Tient..
Elle pleurait, je pouvais le voir maintenant. Sa main moite me tendit un bâtonnet et je n'avais même pas besoin de le regarder pour comprendre ce que c'était.
Noah...
Et sans avoir à lui poser la question, elle me donna un nom. Celui du mec qu'elle kiffait, celui qui... en fait je ne suis pas trop certaine de qui il est. Mais ils ont couchés ensemble et maintenant elle portait son morveux.
Ah, euh...
Fuck. C'est dans ces moments-là que je déteste être moi. Pourquoi est-ce que je bloque au pire des moments hein ? Je la serrai un peu plus fort dans mes bras, puis tentai d'essuyer ses larmes.
Il le sait... ? Et t'en penses quoi... ? Tu... vas le garder ?

À ce moment-là.. J'avais juste l'impression que le ciel venait de me tomber dessus, de m'écraser bien comme il faut. J'étais pas prête, pas prête à encaisser, à être mère, j'en serais une sûrement pitoyable, ridicule. Franchement, moi, Sage Lewis, maman ? Non, non, c'était pas possible. Je pouvais pas et juste de penser à ce petit être qui pousse en moi ça me répugne, ça me fait sourire en même temps, et ça me fait chialer. Pourquoi ?! Pourquoi la vie aime autant se jouer de moi, me mettre plus bas que terre dans les moments où je me sens enfin mieux. Avec Noah, c'était le coeur depuis quelques jours, tout se passait bien, on commence à peine à envisager la possibilité qu'on soit un couple et.. Et voilà où ça me mène. Voilà où je finis, dans les bras de ma meilleure amie, tachant son épaule de larmes et de mascara. Impossible de m'arrêter, de me calmer et je lui tend la cause de tout ces maux. Elle a un bug, je la regarde, incapable de baisser les yeux vers ce petit bâton qui vient de réduire mon bonheur en poussière. Je secouais la tête à sa première question, une boule au fond de ma gorge qui m'empêche de parler. - Personne sait.. À part toi, et un ami.. Comment pourrais-je lui dire ? C'est juste pas possible, j'ai beau m'imaginer lui en parler en faisant mille scénarios dans ma tête et tous en viennent au même point. Un fin douloureuse. J'entre dans sa chambre pour aller m'installer sur le lit, essayant de reprendre un rythme cardiaque à peu près normal. - T'as un truc à boire ?.. Fallait que j'bois, pas d'alcool, non, j'arriverais pas à en ingurgiter, c'est mort. - Il le sait pas.. Je peux pas lui dire, j'suis la pauvre fille qui tombe enceinte d'un riche héritier, jamais sa famille l'acceptera, jamais LUI il l'acceptera.. J'suis pas la femme qu'il lui faut ! Et encore moins une femme parfaite pour porter un anneau à mon doigt. - J'y ai pas pensé.. J'y ai pas encore réfléchi, j'ai déjà du mal à avaler la pilule là que j'sais pas, j'sais rien ! Je m'agité toute seule sur son lit, enfouissant mon visage à l'intérieur de mes mains. J'avais vraiment le cerveau en ébullition là.