MARZIA MCKINNEY ► bryana holly

Il se tient là, devant moi, sur la plage de Nova Scotia. Son regard est vide, il réfléchit. Pour être honnête, moi aussi. Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas parlé... et si je ne trouve rien à lui dire ? Tout un monde s'est construit entre nous, c'est comme si nous étions des inconnus, désormais.

Je marchais sur la plage. J'adorais la mer, le souffle du vent salée dans mes cheveux et les rires d'enfants. Mais ma maison me manquait, mon ordinateur plus précisément. Les aventures du Docteur sauraient m'attendre pour encore quelques temps. C'est fou, le fonctionnement humain. Une fraction de seconde, une odeur familière, un son, une musique suffit pour nous ramener 6 ans en arrière... Cette voix, je la connaissais. J'aurais pu la reconnaître parmis milles.

Aujourd'hui, la température annonçait le beau temps. Les vacances tirent bientôt à sa fin et les étudiants retournerons bientôt à l'école, les travailleurs au travail. Contrairement à l'avis populaire, je suis plutôt excitée de retourner dans les locaux d'Harvard. L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt comme on dit... mais surtout à ceux qui ont de l'ambition. Tout ça c'est pour bientôt mais en attendant, la plage m'attend !

Enfin, la lettre est arrivée. Je l'attendais avec impatience. Et si je ne suis pas acceptée ? Harvard est mon seul et unique choix. Je me sens capable, tout le monde connait mes motivations et ceux qui me connaissent bien savent à quel point j'en ai envie. J'ouvris enfin l'enveloppe, le coeur dans l'estomac. Je ne me rappelle pas de la dernière fois où j'ai été aussi nerveuse...

Alois m'embrassa l'épaule, puis me regarda avec un petit sourire aux lèvres. Il avait une surprise pour moi. Je le sais, sans même le savoir... Parce qu'il devient toujours un peu mielleux lorsqu'il en a une, ou lorsqu'il a une bonne nouvelle. Après tout, nous sommes ensemble depuis un bon moment déjà et c'est mon meilleur ami. Il me tend une enveloppe, m'assurant que quoi qu'il arrive... je pourrais toujours compter sur lui. Si je le voulais, je pourrais faire le tour du monde avec lui.

Mon père est un humain formidable. Il est là, a toujours été là pour moi et c'est mon plus grand fan. Je m'entends aussi très bien avec ma mère, mais ce n'est pas tout à fait pareil... Faut dire, je suis une petite fille à papa. Pas dans le sens qu'on croirait, parce que mon père n'est pas riche et n'essaie pas de me gâter mais parce qu'on passe énormément de temps ensemble et on s'aime plus que tout. Notre relation s'est forcifié à la mort de mon grand-frère en dépression... Alors que celle avec ma mère s'est un peu dégradée. Faut dire, elle s'est vraiment détachée du monde entier. Comme si elle s'était éteinte. Et ça me fait beaucoup de peine...

J'ai beaucoup de poids à perdre. Dans la cours d'école, on se moque de mon poids, on se moque de mon apparence et de ce que j'aime. Les filles de mon âge ne comprenent pas pourquoi je porte des tee-shirt imprimés de mes animes favoris, ou de mes bands et séries préférés. Mes converses à motif de Doctor Who ne plaisent pas ? Je m'en fou. Je n'ai pas besoin d'amis de toute façon, je m'autosuffit très bien. Mais il y a ce garçon qui me plait bien... le meilleur ami de mon grand-frère. Alois. Mais je suis bien trop orgueilleuse pour l'admettre... de toute façon, mon frère risque de ne pas vraiment être à l'aise avec tout ça.

Mon père panique, je pense que je panique un peu aussi. Beaucoup de sang coule et je me sens partir. Les médecins me transportent dans une salle où très rapidement, on s'occupe de me faire des points de soutures. Je l'entends me promettre que tout ira bien, qu'il retrouverait celui qui m'avait poussé et qu'il chercherait une compensation. Je ne pouvais parler, mais je hurlais intérieurement de ne pas faire ça. Il n'a jamais voulu me faire mal, Royce n'a jamais voulu de mal à personne.

Tu sais Royce... il n'y a pas de honte à avoir.
Je le soulais, avec ça. C'est un sujet qui l'énervait beaucoup et je le savais. Mais ça n'avait pas besoin d'être tabou. De nos jours, beaucoup de gens accepte très bien l'homosexualité, alors la bisexualité ? Il n'avait pas besoin de cacher à quel point il était ouvert d'esprit. L'amour c'est beau, peu importe sa forme. Il commençait à me crier dessus, s'énerver. Il était toujours un peu grognon lorsque je commençais à lui parler du sujet. Cette fois-ci c'était la fois de trop, il faut croire... Il a mis les mains sur mes épaules pour me pousser, sauf que j'ai trébuché sur mes lacets et ma tête a attérit sur un rocher.

Mon prénom c'est Marzia.
Marzia, hein ? Toi aussi tu te fais chier ? Moi c'est Royce.
Je riais. C'était presque évident... une blonde adossée au mûr, un verre à la main en regardant les gens parler et s'amuser. Je ne connaissais personne ici, seulement mon grand-frère qui lui connaissait tout le monde. Je n'étais que sa petite soeur, mais il tenait à moi et tenait à ce que je me fasse des amis... "Il ne faut pas mourir seule", apparemment.
C'est ça. Je suis venue avec mon frère... Julian, tu connais peut-être ?
Le garçon haussait les épaules et je lui souriais encore une fois. Nous avions parlé toute la soirée et au final, nous avions échangé nos numéros... Il était vraiment cool, comme gars.